Les livres me protègent. Je peux toujours m'y recroqueviller, bien à l'abri, comme s'ils instauraient un autre univers, entièrement coupé du monde réel. J'ai le sentiment paradoxal que rien ne m'y atteint alors qu'ils me bouleversent d'une façon maladive.
Il faut du temps pour comprendre ce qu'aimer veut dire.
La dernière phrase de la lettre posthume de mon père est : « J’espère seulement que j’aurai le sentiment, le moment venu, de ne t’avoir causé aucun tort grave, ce qui me donnera le droit de te demander, en t’embrassant, de m’oublier. »
Pour mon bonheur et mon malheur, j'adore lire, la solitude m'est une amie qui me délivre de la peine d'en chercher d'autres.
Lorsque j’étais jeune, je trouvais que j’étais intelligent. Puis je me suis rendu compte que j’étais bête, aussi, mais cette constatation m’a parue un signe d’intelligence. puis je n’ai pu faire autrement que de découvrir que quand j’étais bête, j’étais bête, le savoir n’y changeait rien.
Désormais il faut espérer moins de l’existence. Je croyais avoir accédé à quelque chose d’éternel et cet éternel s’est dérobé. Je croyais que c’était la vie et c’était la jeunesse.
Ma calamiteuse adolescence infinie, j'en avais enfin vu le bout pour m'immerger dans la vie, comprendre que des êtres humains partageaient la même planète et avaient donc quand même un certain degré d'accessibilité, tout simplement que le bonheur était possible, et c'est comme si cette découverte, dépassée, n'avait soudain aucune valeur. Désormais il faut espérer moins de l'existence. Je croyais avoir accédé à quelque chose d'éternel et cet éternel s'est dérobé. Je croyais que c'était la vie et c'était la jeunesse.
Pour qui a été élevé dans les normes familiales, manquera toujours de ne pas avoir rencontré ses parents ni été rencontré par eux. Il n'y a pas eu de coup de foudre naturel, objectif, ni libre apprentissage de l'autre. L'amour préexiste d'un côté, est nécessité de l'autre – c'est un plus et c'est un moins. Seule l'adolescence m'avait échappé, je comprenais soudain pouvoir vivre dans le bonheur et la constance une manière d'arrière-saison qui n'aurait pas eu de printemps, comme bienheureusement arrêté dans l'été.
Je suis nécrophile : je persiste à aimer des morts.
Vivre, c’est vivre autrement.