AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782818056714
240 pages
P.O.L. (05/01/2023)
3.29/5   35 notes
Résumé :
« Je suis une archive à moi tout seul », déclare ici Mathieu Lindon avec ironie. Il se raconte donc comme archive vivante témoignant de son père, Jérôme Lindon, directeur des éditions de Minuit de 1948 jusqu'à sa mort en 2001, de sa famille et de la « famille des auteurs », dont Sam (Samuel Beckett), Alain Robbe-Grillet, Marguerite Duras, Jean Echenoz, et beaucoup d'autres. C'est un livre qui parle de passion, d'amour et de famille, de pouvoir, de succession et de t... >Voir plus
Que lire après Une archiveVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
3,29

sur 35 notes
5
1 avis
4
4 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
1 avis
L'auteur qui a toujours refusé d'écrire une biographie de son père – l'éditeur Jérôme Lindon, mort en 2001 après un demi-siècle à la tête des Editions de Minuit –, se lance dans un récit qui, piochant dans ses souvenirs intimes et personnels – n'est-il pas une archive à lui tout seul, lui le témoin depuis l'enfance des relations paternelles avec les auteurs, à la maison comme à la Maison ? –, dessine un portrait tendre du grand homme.


« C'est ça, être fils quand ça tourne bien, c'est être le valet de chambre du grand homme avec un amour tel qu'il fait que le grand homme reste grand homme même lesté de vérité. » Cet exercice d'équilibriste, Mathieu Lindon le réussit avec une émotion contenue, nuançant juste ce qu'il faut le portrait de ce père légendaire pour faire revivre l'homme du quotidien jusque dans ses ambiguïtés parfois.


Il faut dire qu'il est impressionnant cet homme de passion et de combat qui influença tant les Lettres françaises. Promoteur du Nouveau Roman, découvreur de plusieurs générations de futures immenses figures de la littérature, dont rien moins que deux prix Nobel, il paya de poursuites judiciaires, de l'incendie de ses bureaux et du plasticage de son appartement, la publication d'ouvrages contre la torture pendant la Guerre d'Algérie et continua sa vie durant à se battre pour la défense du livre et de la librairie indépendante, au travers notamment de la législation sur le livre à prix unique.


On le découvre aussi pas toujours facile à vivre, intransigeant, perfectionniste, pingre parfois, manipulateur souvent, mari pas toujours fidèle, père que ses enfants n'appelèrent jamais Papa, effondré de ne pas connaître son petit-fils, qu'en raison d'une brouille, son autre fils André lui interdit de voir, lui écrivant alors d'inlassables lettres qu'il lirait peut-être un jour : enfin, un homme avec ses vulnérabilités, à rebours de son imposante légende.


Ecrit dans un style déconcertant parfois, certaines phrases à la syntaxe très libre restant incompréhensibles après plusieurs lectures, ce texte ne s'en lit pas moins avec le plus grand intérêt, tant il est peu ordinaire de se retrouver, comme l'auteur, une sorte d'archive vivante, le témoin récipiendaire de l'inestimable mémoire d'un véritable génie littéraire.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          807
Achat à Cultura , dimanche 15 janvier 2023- lecture 16 janvier 2023

"J'ai grandi dans une vision à la fois légendaire et quotidienne des éditions de Minuit.Elles représentaient une sorte d'humilité triomphante, le petit faisant la nique aux gros, qui profite de leurs manques pour y tracer son grand chemin en s'en nourrissant, se faufilant entre eux dans une indépendance perpétuellement préservée. Cette image a été diffusée à juste titre bien au-delà du cercle familial.

Il n'était qu'un fils de famille quand il reprit les éditions en 1948 après y être entré un an plus tôt comme chef de fabrication.Elles avaient été créées durant l'Occupation, et Vercors s'était révélé aussi mauvais gestionnaire que grand résistant."

Un immense plaisir de trouver une librairie ouverte ce dimanche où le temps sinistre était rempli de froidure...
En fouinant au hasard, comme je le fais toujours, en plus des titres précis que je viens chercher, je suis " tombée " sur le dernier texte d'un des trois enfants LINDON, et c'est une très bonne surprise...

Alors que j'ai tenté sans succès il y a quelques années de lire un texte de Mathieu Lindon qui m'avait laissée aussi ennuyée qu'exaspérée, à cause de fortes lourdeurs stylistiques et un nombrilisme lassant ! A tel point que je n'ai pas même le souvenir du titre !!

Dans cet ouvrage, l'enthousiasme prend aussitôt le pas, nous offrant un portrait très vivant et nuancé de l'un de nos plus audacieux éditeurs, l'histoire de sa maison, les découvertes audacieuses qu'il a engrangées pour le patrimoine littéraire mondial; et dans un même élan, le récit intime de l'amour et de l'admiration d'un fils pour son père....

On revisite les écrivains atypiques que Jerôme Lindon a eu l'audace d'éditer...parallèlement je "parcours"les débuts de ma carrière de Libraire dans les années 1980-1981, alors que " L'Amant" de Marguerite Duras, auteure- maison des éditions de Minuit obtient le prix Goncourt, ainsi qu'un record de ventes époustouflant, sans oublier le monument d'érudition concernant la Capitale que j'ai conseillé et vendu des années durant !

Je veux nommer le célébrissime " Dictionnaire des rues de Paris" de Jacques Hillairet.J'apprends s par ce récit l'incroyable concours de circonstances et d'audace d'un jeune éditeur qui aura la primeur du manuscrit,alors qu'à l'origine la publication devait être assurée par Flammarion!


Incroyable portrait qui ne manque ni de malice ni de
tendresse !

Juste un bémol, et u étonnement certain qu'à la relecture du manuscrit, la lourdeur de certaines phrases maladroites ou encombrées de parenthèses superflues n'aient pas été allégées....

Très excusable ! Car à la lecture de certaines phrases
" débordantes" semble correspondre un trop plein d'amour et de vénération d'un fils cadet pour son père , qui, en dépit de ses failles, de ses défauts, restaient en tous points " admiré et admirable " !

Cela n'empêche ni la qualité, ni l'impression de grande sincérité d'un fils aimant , reconnaissant et admiratif !
Même si l'éditeur fort brillant ne fait pas oublier le chagrin et l'échec cuisant d'un père complexe et tourmenté, avec son fils aîné, avec qui il sera brouillé jusqu'à la fin....
La forte personnalité qui assumera 50 années durant la vie et la prolongation fidèle des éditions de Minuit sera la fille unique, Irène Lindon !

Très beau livre d'hommage filial et professionnel...fort instructif et éclairant sur le parcours de Jerôme Lindon , de ses convictions, goûts littéraires hors balises...pour construire le catalogue unique et singulier que représente aujourd'hui les éditions de Minuit !
Commenter  J’apprécie          388
Je dirais que ce livre – cette archive rappelant le prestigieux passé des éditions de Minuit bâties autour de la personnalité atypique de Jérôme Lindon – est celui de la réticence. Que dire et ne pas dire ? Comment évoquer les talents d'un père sans trop étaler ses défauts ? Comment révéler les dissensions familiales tout en masquant leurs origines ? Que tamiser des cendres du passé pour conserver l'éclat des succès et passer sous silence les défections et les rejets ? Il y a tant d'écueils à surmonter que l'embarras de l'auteur est manifeste à certains moments et que la pudeur du récit est teintée du silence de bon aloi chez les familles de la haute bourgeoisie.
Mathieu Lindon a eu raison de refuser de faire l'autobiographie de son père, personne n'y gagnerait. Alors il raconte les éditions de Minuit, comme un petit enfant qui suit son père au travail et s'amuse de toutes les choses qu'il voit. Mais, à trop de légèreté, l'archive perd son poids de témoignage et l'entreprise s'enlise à mi-chemin. Au bout du compte, on n'apprend presque rien de ceux qui nous intéressent, Samuel Beckett, Marguerite Duras, Michel Butor, Nathalie Sarraute et les autres, sauf que l'une avait mauvais caractère et l'autre un besoin de reconnaissance. Mais rien ou presque sur la fabrique de littérature, le travail de ces écrivains, leurs préoccupations, etc.
J'ai donc lu l'ouvrage comme une sorte de marivaudage littéraire, quoique le style de Mathieu Lindon s'affranchisse trop souvent de la clarté, ce qui donne des passages quasi incompréhensibles. Mais un éditeur peut-il reprocher au fils de Jérôme Lindon ses coquetteries de style et sa syntaxe fantaisiste ? Pas sûr.
Commenter  J’apprécie          130
J'ai voulu lire ce livre car il parle des Éditions de minuit, dont j'apprécie beaucoup leurs livres. le succès de cette Maison d'édition est dû à Jérôme Lindon. Ce livre, écrit par son fils, Mathieu Lindon, raconte ses mémoires de cette époque.

Quelle merveilleuse plongée dans les "archives" de cette maison d'édition mythique, entrer dans l'intimité des Lindon (peut-être un peu trop), découvrir un autre visage de l'éditeur, ce père tantôt froid, tantôt tyrannique, orgueilleux, manipulateur. Mais aurait-il arrivé aussi loin sans ces "qualités" ?

Ces mémoires donnent envie de se plonger dans toute la bibliographie des Éditions de Minuit, surtout dans l'époque où ils étaient les seuls à dénoncer les horreurs de la Guerre d'Algérie et ont subi des menaces, voire même un attentat. Bref, mon admiration pour cet homme, Jérôme Lindon, n'a fait qu'augmenter. Hâte de lire le portrait fait par Jean Echenoz dans son roman "Jérôme Lindon".

Sur le fond, j'ai apprécié cette découverte. Sur la forme, c'est une autre histoire ! Lecture absolument P-E-N-I-B-L-E (et je pèse mes mots !). Je n'ai pas du tout apprécié le style d'écriture, un peu brouillon, un peu "vas-y je balance ce qui me passe par la tête sans me relire", un peu "allez, hop, je vais dire un truc simple de la manière la plus tarabiscotée possible", le côté cryptique à parler des choses qui ne sont connues que par l'écrivain et peut-être par ses habitués (la fameuse dispute avec son frère dont on ne saura pas plus, mais qui revient tout au long, un prénom qui revient sans cesse et on comprend juste vers la fin qu'il s'agit de son son petit ami) et aussi cette auto-promotion de l'auteur à tout ramener à lui, à ses livres et à son vécu avec son propre éditeur (Paul Otchakovsky-Laurens, éditions P.O.L.).

Bref, lecture passionnante et pénible à la fois (oui, oui, cela arrive parfois), qui donne envie de découvrir les auteurs des Éditions de Minuit.
Commenter  J’apprécie          42
Le fils, l'écrivain, le journaliste, raconte en phrases tortueuses où le sujet se perd tant pensées et souvenirs piétinent au portillon d'une glorieuse maison d'édition décrite sous l'angle mi-distant, mi-tendre d'un membre de la famille.
Les anecdotes fourmillent, les querelles d'ego claquent à fleurets mouchetés, l'amour de la littérature transparaît au long d'une vie militante (prix unique du livre, indépendance de l'Algérie, cause palestinienne) et aussi un indécrottable penchant pour l'originalité des styles, à commencer par le Nouveau Roman.
J'ai lu en me concentrant sur les petites histoires d'auteurs, sources de grands romans. Que le nom doive se faire un prénom, rien de nouveau entre les lignes. Néanmoins, des pages touchantes témoignent d'un amour et d'une admiration indéniables de Vincent envers Jérôme, comme se faisait appeler un père charismatique.
J'ai préféré L'éditeur et son double, d'Hubert Nyssen, fondateur d'Actes Sud.
Commenter  J’apprécie          73


critiques presse (4)
LeMonde
06 février 2023
Rempli de scènes qui donnent à voir le quotidien de la création littéraire mais aussi les tourments propres au destin familial, Une archive signe les retrouvailles poignantes entre un père qui fit de l’archive un instrument de pouvoir et un fils qui, rassemblant ses forces et les traces, retourne la malédiction en élection.
Lire la critique sur le site : LeMonde
OuestFrance
03 février 2023
Dans « Une archive », il esquisse son portrait professionnel et familial à travers le bouillonnement littéraire, intellectuel et politique des années 1950 à nos jours, dont les Éditions de Minuit furent un acteur de premier plan
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LeMonde
30 janvier 2023
Après maints détours, l’écrivain et journaliste dit tout ce qu’il doit à son père, Jérôme Lindon, longtemps patron des Editions de Minuit.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LesInrocks
05 janvier 2023
Il lui aura fallu plus de vingt ans pour livrer sa version de Jérôme Lindon et des éditions de Minuit par le prisme de l'intimité. Un très beau texte traversé d'amour et de grand·es mort·es hypervivant·es.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
La phrase de Proust qui ouvre une édition de Contre Sainte-Beuve : « Chaque jour j’accorde moins de prix à l’intelligence », prend son sens de ne pas être écrite par un imbécile patenté et ça me frappe de voir cette remarque faite dans une nouvelle édition des Essais de Proust parce que je me rends compte de quelque chose se référant autant à mon intelligence qu’à mon imbécillité et de mon rapport aux livres tel qu’il m’a été inculqué : quand je lis dans un livre quelque chose que j’ai déjà pensé, aussitôt je trouve que ça le dévalue, comme si quelque chose que j’avais déjà pensé n’avait pas sa place dans un lieu aussi sacré. Je dis ça à mon amie Nathalie, spécialiste de Proust, qui me répond que Proust a écrit quelque chose comme ça et, surtout, évoque Groucho Marx assurant qu’il ne restera pas une minute de plus dans un club où on accepte des gens tels que lui.
Commenter  J’apprécie          200
J'ai grandi dans une vision à la fois légendaire et quotidienne des éditions de Minuit.Elles représentaient une sorte d'humilité triomphante, le petit faisant la nique aux gros, qui profite de leurs manques pour y tracer son grand chemin en s'en nourrissant, se faufilant entre eux dans une indépendance perpétuellement préservée. Cette image a été diffusée à juste titre bien au-delà du cercle familial.

Il n'était qu'un fils de famille quand il reprit les éditions en 1948 après y être entré un an plus tôt comme chef de fabrication.Elles avaient été créées durant l'Occupation, et Vercors s'était révélé aussi mauvais gestionnaire que grand résistant.
Commenter  J’apprécie          120
De même, j'ai été frappé quand Irène m'a dit un jour :" Jérôme aurait été surpris qu'Annette lui survive aussi longtemps "- Elle est morte treize ans après lui.Ma mère racontait souvent ce que lui avait raconté la directrice de l'école où nous étions enfants avec qui elle avait sympathisé, que ses parents à elle avaient vieilli dans une extrême proximité et que, un soir, l'un était mort, et l'autre au matin suivant- c'est comme ça que ma mère disait vouloir mourir, elle qui a toujours aimé le romanesque. Les deuils sont ininterprétables.


( p.72)
Commenter  J’apprécie          140
Jerôme ( Lindon) avait d'abord théorisé l'inverse, qu'au livre que la publicité présente comme " celui que tout le monde attendait ", il préférait celui que personne n'attendait ni ne voyait venir
( ce n'est pas lui qui aurais pris pour slogan " déjà traduit en quatorze langues, un succès international ", comme si c'était aguicheur)

( p.44)
Commenter  J’apprécie          140
J'ai vingt ans.Je ne sais pas quoi faire de ma vie et, déprimé, apeuré, j'ai une discussion avec lui dans son bureau des éditions. Pour faire comprendre mon état, je lui dis que même si on me proposait d'être président de la République, ça ne me tenterait pas.
" Alors ne sois pas président de la République ", me dit-il.

( p.53)
Commenter  J’apprécie          120

Videos de Mathieu Lindon (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mathieu Lindon
"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L. Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
+ Lire la suite
autres livres classés : éditionVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (97) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
849 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..