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Au travers de ce récit de vie, Virginie Linhart dénoue les fils maternels, les transmissions inconscientes qui se sont répercutées sur son histoire. Sa mère, vampirique et immature est éprise de liberté au point d'usurper la place de sa fille, de la plonger dans une confusion qui ne lui laisse aucun repère. Une mère instable à l'amour bancal et conditionnel.

Virginie Linhart nous parle aussi de son propre rôle de mère qui s'est fait dans le chaos et la douleur. Elle évoque la place du père, du sien enfermé dans le silence et la maladie qui la laisse terrifiée et mélancolique, mais aussi de celle inoccupée d'un père absent pour sa fille.

Son histoire s'écrit dans le fracas de la solitude, de la peur de l'abandon. Elle analyse, décortique au fil de son récit les liens inconscients qui la relient à sa famille, à ses parents, aux leurs, mais aussi à la famille qu'elle s'est construite.
Petit à petit, ce qui n'était que fissures et éclats se recollent, se régénère et donne à voir une femme résiliente.

J'ai beaucoup aimé ce récit tout en pudeur mais sans froideur. La façon dont à l'auteure de nous partager ses blessures et ses réflexions dans lesquelles peut être certains d'entre nous pourront se reconnaitre un peu car elles touchent à l'universel.

Un beau portrait de vie qui suggère à quel point être parent c'est parfois prendre le risque d'abimer son enfant.
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Ce livre a très certainement été nécessaire à son auteur. Il est à la fois très personnel, puisqu'il déroule une histoire singulière, mais tend aussi à l'universel en s'efforçant de démêler le lien mère-fille, ce qui peut intéresser beaucoup de lectrices qui connaissent l'impact de cet « effet maternel » soit en tant que fille ou en tant que mère, ou alors les deux, comme l'auteure elle-même qui écrit pour comprendre mais aussi pour émanciper sa fille de cet effet-là.
Virginie Linhart est documentariste. Elle a l'habitude d'enquêter et d'assembler des matériaux recueillis dans l'objectif de « faire sens » d'offrir une lecture et d'aider à la compréhension de son sujet. Avec ce récit qui n'est pas toujours chronologique et qui est entrecoupé des explications qu' elle s'est donnée pour comprendre, on découvre certaines conséquences éducatives d'une époque dite de libération. Libération de la femme qui ne veut plus de l'asservissement maternel, libération des stéréotypes familiaux où le divorce est banalisé, libération sexuelle des adultes qui méconnaissent certaines frontières.
Si je devais retenir et qualifier d'un mot ce qui a été vécu, je dirai « confusion ». Une confusion générationnelle qui a été violemment perturbatrice pour Virginie Linhart qui a dû s'extirper d'un magma que je vous laisse découvrir.
La jeune Virginie se réfugie dans la réussite scolaire et intellectuelle. C'est sa colonne vertébrale, c'est aussi ce qui dissimule un grand désordre intérieur qu'elle nous livre avec sincérité.
Beaucoup d'opiniâtreté et de courage pour sortir de cet état, beaucoup de temps aussi, et des mains tendues, des soins, des rencontres dont une en particulier qui ouvrira sur la reconstruction.
J'ai lu le livre d'une traite, trop vite, prise par la biographie ( il y a des évènements qu'on n' oserait pas mettre dans un roman !) passionnée par l'élucidation proposée par l'auteure et puis je l'ai relu tranquillement, posément, avec une certaine gourmandise et un esprit plus critique.
Quant à l'écriture, elle est accessible, directe, vivante et soignée.
Ce n'est pas si fréquent, mais là, j'aimerai bien prolonger le livre, discuter avec l'auteure, l'interpeller, aller plus loin dans les réflexions qu'elle nous propose.

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À propos de la mère, Marguerite Duras disait : "Jusqu'au bout, la mère restera la plus folle, la plus imprévisible des personnes rencontrées dans toute une vie".
La mère, centre névralgique de combien de récits, romans, films, la mère origine du monde, la mère sangsue, la mère manquante… Qu'elle soit modèle ou défaillante, elle sera, on l'a compris, toujours jugée comme la pire ou la meilleure.
C'est dans la démarche de comprendre la sienne que Virginie Linhart entreprend ce récit. Pourquoi cette dernière lui assène cette phrase terrible, 17 ans après la naissance de sa petite-fille, « Tu n'avais qu'à avorter, il n'en voulait pas ». C'était une mère vampire, obsédée par l'été et les hommes, une mère qui sortait les soirs sans prendre de baby-sitter. Elle confondait les rôles, les âges et ne laissait aucune place à la féminité de sa fille. Elle lui prenait ses amants, ou l'inverse.
On n'a pas le choix que d'aimer sa mère, c'est notre premier amour et chaque relation sera jugée à l'aune de celui-ci. Ce n'est plus tard que l'analyse a lieu, la remise en question, et parfois la dépression. Ici, vous ajoutez un père borderline, le spectre de la Shoah et vous avez tous les ingrédients pour vous interroger sur le sens de la réalité.
Comme c'est en devenant maman que l'on comprend mieux la sienne, l'auteure revient sur ses maternités traumatisantes, la solitude des hommes et les abandons successifs.
Le choix stylistique est celui d'une écriture claire, journalistique, sans suggestion, pour frapper fort et refléter le souhait d'être enfin comprise. Il n'y a pas de lamentation, seulement la succession des événements qui ont jalonné sa vie d'enfant, de jeune fille et de femme. J'ai été très touchée par l'histoire et les combats intérieurs de l'auteure, émue aux larmes par son Bébé Lune.

À lire si vous aimez les récits de femmes fortes aux parcours tourmentés.
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Ayant envie de lire « Une sale affaire » de la même autrice, il me fallait d'abord prendre connaissance de l'objet du délit, soit ce livre paru il y a 4 ans et où une fille règle ses comptes avec une mère qui este en justice , accompagnée de son ex beau-fils parce qu'elle se sent diffamée par celle ci, soit sa propre fille.
C'est en effet un livre douloureux, celui d'une jeune femme dont la flamboyante mère est une soixante huitarde  dans toute sa splendeur, qui ne pense qu'à sa propre émancipation.
Ce qui nous amène au rôle joué par des hommes souvent jeunes qui passent par le lit , font un petit tour et s'en vont.
C'est dans ce tourbillon que la fille qui essaie d'exister tombe enceinte, et que le désordre continue dans sa vie entre un père dépressif et une mère qui ne pense qu'à elle. Jusqu'à ce que 17 ans plus tard, une phrase terrible de la mère envoie la fille dans les cordes et que naît ce récit.
Ce roman (autobio) relate le mal-être et le manque de transmission des petits -enfants de 68.
L'écriture est fluide mais me semble formatée par les « psy » de tout poil qu'a rencontrés notre héroïne, c'est le mot, jusqu'à ce jour.
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Un roman qui m'a beaucoup plu !

Le titre du roman est déjà une belle promesse de lecture, bravo pour ce choix judicieux.

L' effet maternel : C'est une définition scientifique. Pour faire simple, c'est la transmission entre une mère et son enfant de certaines données.

Et lorsque la maman est une mère toxique ou déviante, l'enfant aura une vision du monde altérée par ces comportements inadaptés et maltraitants.

Dans ce roman autobiographique,Virginie Linhart nous raconte son enfance jusqu'à l'age adulte élevée par une mère toxique.
L'auteure revient sur ses relations difficiles avec sa mère et ses dérives qu'elle a subi pendant toutes ses années.

Elle nous parle de la transmission, de relations mère-fille, de maternité, du poids des origines, à une époque marquante de l'Histoire : Mai 68 et les années qui suivirent.
Elle nous donne une vision édifiante de cette période des années 70 avec ses changements, ses mérites mais aussi les abus que cela a pu aussi amener par la suite.

« Des mères très belles et très folles qui font beaucoup souffrir leur fille. Des mères qui veulent tout. Parce que c'est leur moment et qu'elles n'en peuvent plus d'attendre. Parce qu'elles ont vu leur propre mère se soumettre au patriarcat et que reproduire ce schéma est insupportable. Parce que le temps de la révolution sexuelle et de la libération de la femme est arrivé, mais aussi celui de l'ambition et de la réussite professionnelle. Petites, elles ont été élevées dans un carcan insupportable ; on leur demandait d'être gentilles, mignonnes, polies ; on leur répétait de se taire aussi. »

« Quand arrivent les années 1970 et leurs promesses de liberté, elles s'y engouffrent avec l'énergie du désespoir. Elles ne supportent plus d'être enfermées dans une structure oppressive, qu'il s'agisse du mariage, de la famille ou de la maternité. Et quand on mesure ce qu'est la place de la femme dans la société française avant le séisme de 68, il est impossible de ne pas adhérer à cette impérieuse nécessité de renverser l'ordre établi, de jeter à bas réflexes et mécanismes qui permettaient, jusqu'alors et dans la satisfaction générale, leur asservissement. » p 200.201

L'auteure nous confie aussi le parcours de son père, un homme politique et écrivain qui basculera dans la maladie.

J'ai beaucoup apprécié sa manière de se dévoiler avec honnêteté, réalisme et justesse.

C'est écrit sans détour et avec beaucoup de sincérité. Il y a une pudeur qui m'a beaucoup touchée dans ses mots.
L'auteure ne fait pas le procès de sa famille, elle explique avec authenticité, les faits et son ressenti sur ce qu'elle a vécu.

C'est toute la question de la transmission qui est mise en avant dans ce texte.
L'incidence que cela peut avoir sur la construction d'une personne et sur l'adulte qu'il deviendra.

Ce récit que nous confie Virginie Linhart m'a passionnée du début jusqu'à la fin.

Je recommande vivement cette lecture.

Un roman à découvrir de la rentrée littéraire.
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La première page et les mots sont dures et sans concession "Tu n'avais qu'à avorter : il n'en voulait pas, de cette gosse !". Comment une mère peut dire ça à sa fille au sujet de sa petite-fille ? C'est à cause de cette phrase que Virginie va s'interroger sur sa mère, sur son comportement et l'impact de cette dernière sur sa vie.
C'est un roman sans concession sur cette relation mère-fille souvent à sens unique. Cette mère qui a vécu à fond l'époque de mai 68 et de la libération de la femme. Cette même femme qui décide de faire passer avant tout ces besoins et ses envies avant ceux de ses deux enfants. Elle les laisse seule la nuit chez elle pendant qu'elle sort. Elle va avoir une emprise sur sa fille que cette dernière identifiera que bien plus tard. Cette mère la fera culpabiliser sur ces choix, sur ces désirs ou dictera sans qu'elle s'en rende compte sur le moment sur ses relations/visions avec les hommes.

J'ai commencé ce livre en fin de soirée pour le finir en milieu de nuit car je ne pouvais le lâcher tellement cette relation, cette effet maternel avait un impact sur cette enfant/jeune fille et femme. On a parfois envie de dire à cette fille de se rebeller, de ne pas accepter ce que demande ou sous entend cette mère. On voit les chocs arriver, les déceptions. Et on a du mal à comprendre comment cette fille peut culpabiliser alors qu'elle est dans son bon droit quand elle veut prendre sa vie en main ainsi que ses envies d'écriture.
Un roman coup de poing dont l'écriture fluide nous entraîne au fil des pages sans que l'on puisse s'arrêter. J'ai mis plusieurs jours avant d'écrire cette chronique car j'avais besoin de digérer cette lecture.
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J'avais été plutôt intéressée par l'essai consacré par l'autrice à son père, qui m'avait permis de découvrir L'établi, ce livre formidable écrit par Robert Linhart.
J'ai eu envie de lire cet essai analysant cette fois ses relations avec sa mère, grâce à une série d'articles sur Une sale affaire, qui raconte comment cette mère et l'ex-amant de l'autrice ont saisi la justice pour empêcher la parution de L'effet maternel qui les mettait en cause. Lesdits articles étant très favorables à V. Linhart, je m'étais dit que leur comportement était vraiment dégueulasse, pas du tout fair-play.
En lisant le livre, je les comprends un peu mieux. Les accusations portées contre eux sont d'une virulence inouie et l'autrice se livre à une psychanalyse sauvage pour tout expliquer à sa sauce. A un moment, elle pense que le comportement individualiste, mal aimant, manipulateur de sa mère, pourrait découler d'un inceste qu'elle aurait pu subir quand elle était enfant. Quand sa mère la détrompe, elle est déçue parce que ça ne rentre pas dans ses schémas !
J'ai vraiment trouvé ce livre antipathique.
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L'effet maternel est un récit en forme d'introspection. L'autrice tisse ou défait au fil des pages les liens avec sa mère pour chercher à les comprendre, pour chercher à mettre des mots dessus. Et cela, depuis son enfance dans les 70's jusqu'au jour où elle deviendra mère. Cette relation singulière avec sa mère et l'environnement dans lequel elle grandit vont directement impacter sa conception de la maternité, de la vie conjugale ou de la vie familiale.

Virginie Linhart, d'une plume concise et tout en retenue, brosse un très beau récit sur sa vie et sur ses proches, avec tout ce que cette démarche peut charrier. Les jolies moments comme les moins reluisants. L'autrice écrit un livre qui peut parler à de nombreuses femmes au-delà de son histoire personnelle. Elle y aborde la maternité et ses injonctions, le statut des mères célibataires, les relations mère fille ou encore le rôle de la parole dans une famille. Autant de sujets sondés avec beaucoup de nuances et de justesse.

« Avec l'écriture je me libère de la toute-puissance maternelle, je prends ma part de responsabilité dans le parcours qui a été le mien et je comprends aussi la place centrale qu'y a jouée ma mère. L'écriture n'est en rien un remède, c'est un instrument d'émancipation. »
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Un récit très intime et poignant sur les relations de l'auteure avec sa mère. L'écriture est belle, fluide, pleine d'émotions, tellement réaliste et difficile voir cruelle par moment. En tant que maman j'ai eu la boule au ventre et j'ai été parfois dans l'incompréhension de ces relations, mais je n'ai pas pu le lâcher avant la fin. C'est beau, bien écrit, bouleversant, troublant, et au final plein d'amour. Je pense que je vais lire ses autres livres. Et si nos mères nous ont mal aimé, nous saurons aimé nos filles sans problème ❣️
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Dans ce récit très intime, Virginie Linhart revient sur les délicats rapports qu'elle entretien avec sa mère. Cette femme aussi envoûtante, que mère dominatrice. Si l'auteure aurait pu rester à la surface et n'offrir qu'un énième témoignage sur les rapports – parfois conflictuels – mère-fille, il n'en est rien ici.

Ici, il est question d'atavisme, d'hérédité, du poids du passé, des dégâts psychologiques de la seconde guerre mondiale, dont les descendants n'arrivent pas à se libérer. Il est question de féminisme et de liberté sexuelle.

Il est question de vie, tout simplement.

Il y a quelque chose de pudique, dans la façon qu'à Virginie Linhart de revenir sur sa vie, ses souvenirs, ceux de ses aïeux. Quelque chose de pudique et de terriblement puissant.

Avec L'effet maternel, Virginie Linhart « se libère de la toute-puissance maternelle, (…). L'écriture n'est en rien un remède, c'est un instrument d'émancipation. »

Un récit à la fois troublant et poignant que je vous encourage à découvrir !
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