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Critique de larmordbm


Je viens de faire une connaissance attendue et espérée depuis longtemps, celle de Clarice Lispector et je suis d'entrée de jeu conquise, admirative et charmée.
Les nouvelles qui composent le recueil Bonheur Clandestin, m'ont permis de rentrer dans l'univers si particulier de l'autrice, un univers à hauteur d'enfants dans la plupart d'entre elles ; des enfants qui se livrent à des expériences, testent leurs capacités, découvrent le monde, les relations avec les autres, avec les adultes. L'une vole des roses dans les jardins, l'autre découvre la perversité d'une camarade de classe qui la tyrannise en lui promettant inlassablement un livre jamais donné, une autre interrompt son dialogue avec Dieu en rencontrant un rat mort dans la rue, et une dernière se pare de papier crépon pour participer au carnaval.
Clarice Lispector se fait fort de décrire les perceptions déformées des enfants et parvient à pénétrer le psychisme des tout petits, comme dans la nouvelle le petit garçon dessiné à la plume, où elle accompagne les pensées balbutiantes et les sensations d'un bébé dans son lit. L'effet est bluffant.
Comme il l'est également dans la nouvelle La bonne, où elle dresse un portrait surréaliste d'un personnage qui se replie dans les profondeurs d'une forêt intérieure.
Je retiendrais également Une espérance où une mère et son fils se perdent dans la contemplation d'un insecte dénommé espérance, et devisent sur la double acception du mot.
Les animaux pointent le bout de leur nez, instillant la peur ou victimes de la cruauté des hommes.
Comme nombre de ses consoeurs, parmi lesquelles je citerais Virginia Woolf, Katherine Mansfield, Ingeborg Bachmann ou la japonaise Yoko Ogawa, Clarice Lispector prend appui sur son acuité sensorielle, sur des impressions et des visions du quotidien pour élargir son propos et basculer dans la réflexion métaphysique.
La réalité est diffractée, les frontières entre le réel et l'imaginaire sont ténues, l'extérieur et l'intérieur communiquent et se répondent. Nous sommes parfois à la limite de l'hallucination, de la clairvoyance, du réalisme magique.
Une femme pénètre dans la mer, dans Les eaux du monde, fusionne avec l'eau, se bat avec elle, la boit goulument, et en ressort avec les cheveux d'une naufragée.
Après cette introduction à son oeuvre, je poursuivrai sans limite son exploration.
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