Je n’aime pas les gens et les gens ne m’aiment pas, confie Koba. Mais ça me convient très bien – vouloir être aimé, avoir besoin d’être aimé est un handicap fatal pour quiconque veut aider à diriger le pays.
Malgré tout, nous étions nerveux. Je pense qu’il n’aurait pas été faux de dire que nous avions affreusement peur de ne pas vivre assez longtemps pour devenir adultes.
Le Vieux : Tu ne vois pas que je plaisante?
C'est vrai, je ne savais jamais s'il plaisantait ou s'il ne plaisantait pas, peut-être parce qu'il disait parfois des choses blessantes et au lieu de s'excuser, il essayait de faire passer ça pour une blague.
Le Secrétaire général pensait que Hitler avait raison avec son modèle "libre de juifs". Il n'est donc pas surprenant que Staline soit en train de mettre au point un plan du même genre. Il va déporter les juifs, la totalité de ces deux millions d'enfoirés, au Birobidjan, au fin fond de la Sibérie, près de la frontière chinoise. Il juge que ce sera plus facile d'avoir à l'œil ces saboteurs idéologiques s'ils sont tous réunis dans le même panier. Ces satanés sionistes ont des éjaculations nocturnes quand ils rêvent d'une nouvelle Galilée. Staline va leur en offrir une à huit mille kilomètres de Moscou.
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Je n'ai pas d'ulcère, j'en donne
Ce sont les femmes qui ont fait la révolution, m'a-t-il expliqué. Les paysans ont un dicton selon lequel les petites étincelles déclenchent de grands incendies.
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Moi : Youpin est un vilain mot. Il faut dire Israélite. Il faut dire Juif.
Le vieux: Doucement petit. Tu n’es pas ma conscience, bordel. Jusqu’à présent, je m’en suis toujours très bien passé, merci.
Koba : Dans la tête, l'ai-je entendu murmurer, nous purgeons tous une peine à perpétuité pour des crimes que nous ne nous rappelons pas avoir commis.
Ordinairement, je compte les bienfaits dont je bénéficie sur les doigts de ma main gauche. Après le rêve, j'ai ajouté un doigt de ma main droite. Dieu soit loué, je ne suis pas un membre du Politburo.
Koba s'esclaffant : Demander au Seigneur, qu'il existe ou non, d'avoir pitié de toi, c'est un peu comme prendre une police d'assurance sur la vie.