Dans ce nouveau livre des éditions Dystopia,
Livia Llewellyn, traduite par
Anne-Sylvie Homassel, propose douze nouvelles oscillant entre l'épouvante et le fantastique.
Tavelures, toiles d'araignée et pourritures décorent ces histoires baignant dans une étrangeté, glissant parfois jusqu'à l'horreur.
Et du sang, partout du sang, des viscères, des os, du sperme.
De la violence qui jaillit parfois sans crier gare.
Des nouvelles sur les corps, sur le temps qui passe, et qui corrompt. Sur le temps qui passe, et qui harcèle. Sur le temps qui passe, et qui régénère.
Sur le temps dans le ciel également. On y lève souvent les yeux vers les cieux.
Des histoires de familles, souvent racontées par des petites filles ou des adolescentes qui observent les fissures du monde. Quand elles ne sont pas elles-mêmes le grain dans l'engrenage menant à la déreliction.
Des femmes qui s'unissent pour affronter les horreurs, les attaques. Les pas de côté de la normalité.
Au fil des histoires, des noms reviennent, des mots aussi. Comme des ombres menaçantes.
On craint alors de trop bien comprendre le piège dans lequel on est attrapé.
Livia Llewellyn tisse sa toile et nous démambre dedans.
Ainsi voici notre condamnation pour avoir osé l'aventure : tenter de recoller les morceaux et nous persuader que tout ceci, que la vie même, a un sens.
C'est une aventure terrible, qui ne pourra pas convenir à tout le monde. C'est parfois insaisissable, et il faut s'en accommoder ou bien passer son chemin.
L'objet est magnifique. Aussi bien la couverture que les illustrations de
Stéphane Perger.
L'interview en fin de volume apporte une valeur ajoutée.
J'ai particulièrement apprécié :
Cinereous
À toi le droit de commencer
Le Seigneur de la chasse
C'est plus agréable quand on mord
Les mystères
Mention spéciale pour "Dernier été dans la pureté et la lumière" qui est sûrement l'un des textes les plus âpres à avoir jamais échoué sous mes yeux.
Jusque dans les titres de ses nouvelles,
Livia Llewellyn fait preuve d'une maestria éclatante.
Je le pense rarement, donc l'écrit tout aussi rarement, mais
Fournaise est un recueil marquant. Au fer rouge et en pleine gorge.