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3,29

sur 137 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les Éditions du Seuil pour ce livre reçu dans le cadre d'une masse critique privilégiée.

Eunice ne va pas bien. Après s'être fait larguer par son petit ami, elle apprend que sa mère, Jane, vient de perdre la vie, en tombant accidentellement à l'eau, après une soirée bien arrosée. C'est le choc ...
Connaissait-elle vraiment sa mère ?

"On peut sortir du ventre d'une femme, on peut être nourrie par elle durant près de vingt ans , on peut vivre sous son toit, dormir toutes les nuits à une cloison d'elle, et ne s'être jamais demandé qui était vraiment cette femme. Qui s'intéresse à ce que sa mère ressent en tant que femme ? Qui se souvient même que sa mère n'a pas toujours été une mère ?
Pourquoi faut-il toujours attendre de retomber sur un vieux collier de nouilles peintes en violet pour se rappeler que les mamans aussi sont mortelles ? "

Une belle découverte à l'écriture vive et particulièrement bien rythmée. Des mots qui claquent, frappent percutent, qui cherchent, interrogent, mordent, mais qui aussi caressent, réconfortent, guident et aiment.
Parfois crûe et dure, mais toujours juste, l'histoire d'Eunice nous conte la vie telle qu'elle est, tout simplement. On saigne, on chante avec elle ...

"Tu ne connais pas beaucoup de personnes qui supportent les longs silences. Après un long silence, on dit souvent des conneries. Madou n'échappe pas à la règle. Entre deux taffes sur sa clope, elle commente les funérailles. Elle te fait penser à Stéphane Bern ... C'est parfait ! Absolument parfait ! Jamais vu ça dans une église, autant de monde, autant de soutien ! Jamais entendu des textes aussi poignants, surtout celui de cette élève, la noire, la déléguée de classe ! Jamais vu des graviers aussi blancs ! "



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Reçu dans le cadre d'une masse critique privilégiée proposée par Babelio, j'ai eu le plaisir de découvrir en avant-première le dernier roman de Lisette Lombé, Eunice qui sort le 18 Août. Je remercie donc Babelio, les éditions Seuil et l'autrice pour cet envoi.

C'est l'histoire d'une jeune fille, Eunice, qui vient de se faire larguer et qui apprend de surcroît le décès de sa mère.

Un roman très moderne à la prose incisive. Phrases courtes, ponctuation marquée. Dès les premiers lignes, j'ai ressenti le besoin de l'auteure de heurter le lecteur, de le malmener. Des mots durs, violents et crus. Ce n'est pas une lecture reposante, sa hargne transpire de chaque son et ses mots crient. On entend sa souffrance. le roman est court mais mérite des pauses, pour le digérer.

J'ai beaucoup aimé sa vision du temps qui passe et de la femme-produit. Tout en révolte, elle retrace les derniers jours de sa mère avec ses yeux de dix-neuf ans.

Marquant, singulier, ce livre ne plaira pas à tous. C'est une véritable expérience littéraire que je vous recommande. On sort de la littérature classique et on se prend une claque ! Peut-être faut-il être un peu maso…
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Dans une écriture entrainante, musicale-triste, poétique-énergie, déroutante et décomplexée Eunice s'incarne, "animal inconsolable" à la suite de la mort de sa mère, jeune fille perdue dans "l'anarchie du monde", de ses amours défuntes et de sa famille.
C'est un roman mais le slam est là, derrière chaque fin de phrase, il s'adresse à Eunice, l'aide à passage le cap (Couper, recoudre, cicatriser et vivre), la tutoie de son manque de mère, l'interroge sur sa famille bancale, sur Me-Too aussi et balance ta vie, sur la recherche d'une vérité parmi toutes celles qui s'offrent à elle.
Merci en grande aux Editions Seuil et à Masse Critique pour m'avoir fait découvrir l'autrice, Lisette Lombé. Bonne pioche.
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J'ai eu la chance de débuter sur les scènes slam à l'époque où Lisette Lombé y faisait également ses premières apparitions. J'ai ainsi découvert la puissance de son écriture, de sa présence, de son oralité qui passe par le corps. Lisette est arrivée au slam après un burn-out, invitée à proposer un texte pour accompagner sa poésie qui prenait alors la forme de collages. Suite à une agression raciste, elle choisit d'écrire à partir des mots de Patrice Lumumba : « Qui oubliera qu'à un noir on disait « tu » non certes comme à un ami, mais parce que le « vous » honorable était réserve aux seuls blancs ? » « Qui oubliera ? » répétait-elle. Et le public lui répondait en choeur : « Pas nous ! »

Les engagements de Lisette sont d'emblée tournés vers les voix des autres et en particulier vers les femmes qu'on entendait alors peu sur les scènes. Avec d'autres, elle crée L-Slam qui va travailler la sororité pour permettre à de nombreuses femmes de retrouver de la confiance, des mots et leur place dans le monde du slam. À tel point, que Lisette estime aujourd'hui qu'elle pourrait arrêter d'écrire et de monter sur scène, mais pas d'animer des ateliers d'écriture.

Dans ses premiers recueils « Black Words » (dans la très belle collection iF d'Antoine Wauters) et « Brûler brûler brûler » (chez l'Iconoclaste qui lui amène la reconnaissance en France et le Prix Grenade de la RTBF), Lisette déploie une poésie en prise directe avec le monde, une poésie qui s'élève contre les injustices et dit la puissance des corps. Dans son premier court roman « Vénus Poetica », elle raconte la jeune femme qui se frotte à la force de la sexualité et aux parts d'ombre de la société.

Tous ces aspects de l'écriture de Lisette Lombé se retrouvent dans son nouveau roman « Eunice » sorti lors de la rentrée littéraire au Seuil. On y découvre une jeune femme de 19 ans, athlète et étudiante qui en l'espace de 24 h vit un double deuil : une rupture sentimentale douloureuse et l'annonce du décès de sa maman. Pour tenter de comprendre cette mort, Eunice se lance alors dans une enquête à la découverte de la face cachée de la vie de sa mère, qui se révèle être aussi une quête à la découverte d'elle-même, pour tenter de reconstruire sa propre vie.

Eunice sera tour à tour confrontée aux violences faites aux femmes, aux inégalités des classes sociales, à l'ineptie du monde du travail, aux dérives du milieu de la nuit. Mais elle croisera aussi la route de l'art, de l'amour, de la sororité et se découvrira une nouvelle famille de coeur dans le slam. Tout cela au rythme haletant d'une langue dont la musicalité et la modernité doivent beaucoup à l'oralité. Même si Lisette n'a pas écrit de la même manière qu'elle le fait pour le slam, puisqu'elle explique qu'elle n'est pas passée par l'étape de la réécriture nécessaire pour se mettre le texte en bouche et l'étudier pour la scène. Pour preuve, elle reconnaît avoir dû retravailler le texte et couper des passages pour en donner une version scénique, accompagnée de la musique de sa comparse Chloé du Trèfle.

Pour ma part, je ne peux pas lire le roman de Lisette Lombé sans entendre sa voix et sans voir son corps l'incarner sur les planches. Alors, je ne peux que vous encourager à plonger dans ce coup de coeur, ce roman cohérent où la puissance du style est en adéquation avec l'urgence du propos, avant ou après être allé l'écouter sur scène, notamment dans son spectacle « Brûler Danser » en duo avec la musicienne Chloé du Trèfle, actuellement en tournée et dans plusieurs grands festivals de musique de cet été 2024.
Lien : https://lejardinierpoete.org..
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J'aime les livres courts, les chapitres rythmés, les phrases syncopées. Ça tombe bien, Lisette Lombé est poétesse et slameuse. Son premier roman claque, il est cru et ne fait pas de concessions. Il est aussi écrit à la deuxième personne, ce qui est quand même assez rare. En s'adressant à elle-même, la narratrice s'adresse aussi à sa lectrice, la poussant dans ses retranchements. Et ça marche!

J'ai beaucoup apprécié cette lecture qui m'a pas mal touchée et même bousculée. Un roman définitivement moderne et féministe…
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Je suis très fan de Lisette Lombé. J'aime son débit, j'admire son engagement, je savoure ses mots et me réjouis de son accessibilité. Elle a pour moi tous les traits de la Belle Personne et j'ai salué son accession au titre de poétesse nationale. Poétesse donc… mais pas ici. J'étais curieuse de la découvrir romancière.
Une histoire familiale, écrite à la deuxième personne. le style reste incisif, les phrases brûlantes de sexe, de désespoir, d'amour et d'écriture.
J'ai aimé. Encore une fois.
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Merci aux éditions du Seuil et à Babelio pour la réception de ce roman inattendu.

Les moments passés avec Eunice ne sont ni lisses ni anodins.

Après la rupture amoureuse et le deuil, quasi simultanés, il y a à la fois une gêne et une fascination à observer Eunice, ce personnage intense, submergé par le chagrin et la confusion, chercher la vie dans son corps souffrant, dans le sexe mécanique, être envahi par des fulgurances du passé familial, tenter de trouver du lien avec cette mère soudain mystérieuse, et tellement absente, avec une famille dysfonctionnelle.

L'écriture de Lisette Lombé peut être brutale et crue, comme l'est parfois (souvent ?), la vraie vie, notamment pour les filles, les femmes, les mères, les grand-mères.

Eunice est une jeune femme d'aujourd'hui, lucide, sans illusions sur les dominations systémiques, le sexisme intériorisé, ses propres trauma. Dans la douleur, vivre intensément s'est se sentir vivante. On la regarde prendre des risques, aller vers de la déception, se décevoir elle-même. le texte est tissé de prises de conscience qui sont autant de points d'appui pour avancer, partager des sororités revivifiantes, agir en liberté. Il y aura l'écriture, la rencontre, une soirée slam.

Les révélations familiales sont réalistes, la pauvreté n'est pas romancée, et la découverte du pouvoir de l'écriture qui éclate comme une bombe, comme une dynamite d'émotions et de puissance illuminera la seconde partie de l'histoire.

J'avais aimé Brûler brûler brûler, recueil de poèmes incandescents.
Je retrouve la puissance de la plume de Lisette Lombé, qui casse le rythme de la phrase, du paragraphe pour libérer une émotion, qui invoque des images crues, des corps vivants et émotionnels pour exprimer la douleur, qui dit sans fioriture la multitude subissante (les petites et grandes violences parsèment l'histoire).

Ce n'est pas un texte facile. J'ai accepté de me laisser surprendre, dérouter, choquer. Au bout de ma lecture, j'ai réuni grâce à Eunice et avec elle, des morceaux d'espoir. Ils étaient éparpillés sur le chemin que nous avons parcouru ensemble : l'écriture, la poésie, la sororité, l'amour...
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J'ai vécu avec ce livre de Lisette Lombé une expérience assez déconcertante.

L'histoire, la mienne, commence avec Babelio qui me propose de lire ce livre, je lis le résumé, parce que malgré la proposition, je ne vais participer que si le livre qui m'est proposé m'inspire. J'ai été sélectionné, et reçois le livre. Je n'attends pas et commence la lecture sans me souvenir vraiment du résumé que je ne relis pas, on verra bien.

J'ai très vite été gênée par la plume, un style un peu télégraphique, sans les stops, peu de dialogues qui sont intégrés au texte sans distinctions. Au début je me suis dit que c'était dû au contexte de l'intrigue du livre, ça s'y prêtait. Mais ça continuait après. J'ai failli abandonner la lecture. Parce que ça y est je commence à admettre l'abandon quand c'est le cas, jusqu'à présent j'avais tendance à me voiler la face en mettant le livre de côté et me disant que je reprendrais la lecture plus tard, ce qui arrive très rarement et alors vraiment plus tard, ça se compte souvent en année...

Bref, j'ai continué la lecture, étonnamment le livre se lit très rapidement, quel paradoxe, je n'aime pas la plume mais dévore le livre. Un jour posé sur la face, je tombe sur la quatrième de couverture, et sur la présentation de l'auteure qui est une slameuse. Là tout s'éclaire, ce style télégraphique c'est du slam ! Moi qui n'aime pas ça, j'en ai lu un livre entier. J'admets que c'est original, néanmoins pas ma tasse de thé, je ne pense pas renouveler l'expérience. Certes, je me suis faite à la plume, mais juste pour cette lecture, je n'ai pas été immergée dans l'histoire, encore moins dans les personnages. Ça va trop vite pour s'imprégner des personnages, de leur vie, de leurs pensées, là je ne parle pas de la densité ou longueur du livre, un livre peut être court mais dense et immersif, ici dû à la plume c'est rapide mais pas immersif, je n'ai ressenti aucune émotion pour les personnages. En revanche j'ai apprécié l'histoire au global, je m'attendais à une quête de vérité sous fond d'enquête plus ou moins policière, il s'agit en fait d'une quête de vérité familiale, et d'une quête de soi du personnage principal.

Comme mentionné tout au début, ça a donc été une lecture déconcertante, je n'ai pas accroché sur la forme, ni vraiment sur le fond en tout cas sur certains aspects du personnage principal, mais le tout a contribué à créer une histoire au global cohérente et convaincante.
Lien : https://deslivresetmaude.wor..
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Eunice se réveille avec la gueule de bois, celle des lendemains de rupture. Elle ne va pas bien et découvre de surcroît de nombreux messages sur son téléphone. Sa mère est morte, noyée dans la Meuse. Ne voulant croire à l'accident, Eunice mène une enquête assez embarrassante sur sa famille, ses amis… Et si sa mère menait une double vie ? Elle veut connaître la vérité.

« Comment être certaines que nos mères ne mentent pas lorsqu'elles affirment que nous sommes la prunelle de leurs yeux et qu'elles sacrifieraient tout pour nous ? Comment être certaines qu'il ne s'agit pas d'une posture, d'une formule rhétorique pour donner le change en société ? Est-ce que, à force de se répéter un truc qu'on nous a enfoncé dans la caboche au maillet, on ne finit pas par y croire, forcément ? »

Un roman en vers libres qui vous explose en plein visage. Les mots sont crus et l'urgence est là. Lisette Lombé ne fait pas dans la dentelle et c'est ce que j'aime dans son écriture. Découverte avec son recueil Brûler, Brûler, Brûler (L'Iconoclaste) l'autrice frappe de nouveau très fort avec des thèmes d'actualité comme le sexe, le féminisme, le deuil… J'ai lu de nombreux passages à haute voix, comme une explosion de colère. Il me fallait dire, sans attendre, le mal-être dont souffre Eunice, que cela sorte de quelque manière que ce soit. Et puis, la pression redescend, m'apaise et le rage qui me possédait s'adoucit. La vie est ainsi faite, de vraies montagnes russes et ce roman l'illustre parfaitement.

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2023/10/01/40057081.html
Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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J'avais lu le recueil de poésie de Lisette Lombé qui m'avait beaucoup plu. Je n'ai donc pas hésité une seconde à tenter ma chance pour la masse critique privilégiée proposée par Babelio pour ce roman de la rentrée littéraire 2023.
J'ai retrouvé la langue, le rythme et la poésie de l'autrice. Ce roman est l'histoire d'une jeune femme, Eunice, 19 ans, Belge. Son petit ami vient de la quitter. Elle s'est saoulée pour oublier et n'a pas vu les nombreux messages sur son téléphone que ses proches lui ont envoyés pour lui annoncer la mort de sa mère. Un décès a priori accidentel mais elle refuse d'y croire et mène sa propre enquête auprès de sa famille, des collègues de sa mère, de sa coiffeuse, etc.
Eunice est une jeune femme très vivante, athlète, étudiante en psychologie, adepte des soirées et ouvertes aux rencontres amoureuses avec les deux sexes. Elle recherche l'amour, le désir. Elle se cherche aussi. Des secrets du passé ressurgissent. Elle essaye de comprendre qui était sa mère. Durant son deuil, elle rencontre Jennah lors d'un atelier d'écriture. Jennah, l'écriture et le slam l'aident à s'apaiser.
Le roman est découpé en 4 parties : couper, recoudre, cicatriser, vivre. La narratrice s'adresse à Eunice en la tutoyant, donc le roman est principalement rédigé à la deuxième personne du singulier.
Le ton et le style d'écriture de Lisette Lombé en font une voix unique de la littérature francophone contemporaine. le lecteur se retrouve plongé dans la tête d'une jeune femme en proie aux doutes mais aussi très ancrée dans la société actuelle, libre sexuellement. Il y a parfois des mots crus. C'est un livre qui parle beaucoup des femmes et de la façon dont la société perçoit les femmes. Une lecture coup de poing comme le dit très bien la quatrième de couverture.
Si vous cherchez un roman singulier dans cette rentrée littéraire, une voix, si vous aimez être surpris par vos lectures, je vous recommande « Eunice » de Lisette Lombé !
Merci Babelio et le Seuil pour cette lecture.
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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