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Citations sur L'appel de la forêt (L'appel sauvage) (211)

Sa progression (ou, si l'on préfère, sa régression), fut rapide. Ses muscles acquirent la dureté du fer, il devint insensible à la souffrance. Il acheva sa métamorphose, tant dans son aspect physique que dans son métabolisme. Il réussit à manger à peu près n'importe quoi. Répugnant ou indigeste, l'aliment se métamorphosait sous l'action des sucs digestifs qui parvenaient à en extraire jusqu'à la plus infime parcelle de substance nutritive ; puis ces forces vives rayonnaient comme un soleil dans tout son corps pour accroître encore la résistance des tissus. La vue et le flair de Buck s'aiguisèrent: son ouïe devint si fine qu'il arriva à percevoir, même dans son sommeil, le plus ténu des bruits et à savoir s'il annonçait un danger. Il apprit à arracher les glaçons avec ses dents lorsqu'ils s'incrustaient entre ses pattes, et, s'il avait soif et que la glace l'empêchait de boire, il savait se dresser sur ses pattes arrière pour retomber de tout son poids et la briser avec ses griffes. Sa faculté la plus étonnante : sentir le vent, être capable de le prévoir une nuit à l'avance. Même s'il n'y avait pas le moindre souffle d'air quand il creusait son
abri près d'un arbre ou d'un talus, les premières rafales le trouvaient toujours confortablement installé, bien protégé du vent.
Il n'eut pas que l'expérience pour maître : des instincts disparus depuis une éternité ressurgirent également. Plus rien ne semblait le rattacher aux générations d'esclaves qui l'avaient précédé. De vagues souvenirs des origines embrasaient sa mémoire endormie : la sauvagerie de la horde, l'errance dans la forêt primitive, les bêtes que l'on traque et que l'on égorge. Taillader, déchiqueter, broyer, faire jaillir le sang à la vitesse de la foudre, tout cela, qui est l'art de combattre du loup, il l'apprit sans effort. C'est ainsi que s'étaient battus ses féroces ancêtres. Le sang de sa race se remettait à bouillonner en lui. Les habitudes immémoriales, inscrites dans ses gènes, reprirent possession de Buck. Elles s'imposèrent à lui aussi naturellement que s'il n'en avait jamais connu d'autres. Et quand, dans le silence des ténèbres glacées, ses hurlements de loup montaient jusqu'aux étoiles, interminablement, c'étaient ses ancêtres que l'on entendait et qui hurlaient, hurlaient, du plus profond de la nuit des temps : les mêmes cadences sauvages, les mêmes rythmes lancinants, et cette mélopée terrible du malheur, née du froid, du noir, et du silence.
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« D’autres voix lui parlaient encore. Des profondeurs de la forêt, il entendait résonner tous les jours plus distinctement un appel mystérieux, insistant, formel ; si pressant que parfois, incapable d’y résister, il avait pris sa course, gagné la lisière du bois. Mais là où finissaient les vestiges de vie, près de fouler la terre vierge, un sentiment plus puissant encore que cet appel, l’amour pour son maître, arrêtait sa course impétueuse, le forçait à retourner sur ses pas, à venir reprendre sa place parmi les humains. »
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Thornton se remit à façonner son manche de hache. A quoi bon, songeait-il, essayer de retenir un imbécile, s'il est bien décidé à commettre une imbécilité ? Deux ou trois imbéciles de moins n'ont jamais empêché la terre de tourner.
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Il devait dominer ou être dominé; toute manifestation de pitié était signe de faiblesse. Dans la vie des origines, la pitié n'existait pas. On la prenait par erreur pour de la crainte, et de tels malentendus menaient à la mort. Tuer ou se faire tuer, manger ou se faire manger : telle était la loi; et il obéissait à ce commandement issu des profondeurs du Temps.
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Le monarque absolu de ce beau royaume était, depuis quatre ans, le chien Buck, magnifique animal dont le poids et la majesté tenaient du gigantesque terre-neuve Elno, son père, tandis que sa mère Sheps, fine chienne colley de pure race écossaise, lui avait donné la beauté des formes et l'intelligence humaine de son regard. L'autorité de Buck était indiscutée. Il régnait sans conteste non seulement sur la tourbe insignifiante des chiens d'écurie.
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Maintenant, l'appel était tout proche, si facile à déchiffrer ! Buck s'assit à son tour et hurla. Il était resté adossé à la barrière de graviers. Le concert terminé, il s'avança et la bande forma cercle autour de lui. On le flaira presque sans méfiance. Quelques loups lancèrent un jappement et filèrent vers la forêt. Tous les autres le suivirent, jappant en choeur. Et Buck jappa lui aussi, en galopant côte à côte avec le frère sauvage.
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On entendit un coup de revolver. Le conducteur revint rapidement, les fouets claquèrent, les clochettes tintèrent gaiement, les traîneaux battirent la neige ; mais Buck et les autres chiens savaient ce qui s'était passé derrière les arbres de la rivière.
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Sa ruse était celle du loup, une ruse féroce ; mais son intelligence, celle du chien de berger et du saint-bernard ; et tout cela, ajouté à une expérience acquise à la plus féroce des écoles, en faisait une créature aussi redoutable que toutes celles qui parcouraient les étendues sauvages.
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Il se savait vaincu mais n’etait pas dompté. Une fois pour toutes, il avait appris que, contre un gourdin, il ne pouvait rien. Ce gourdin était pour lui une révélation, une première initiation à un monde nouveau où régnait la loi primitive.
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Pour lui, un combat ne pouvait se terminer que par la victoire ou la mort. Pas de milieu. Quant à la pitié, ce n'était qu'une faiblesse. Elle n'existait pas dans le monde sauvage. Elle était soeur de la peur. Ce malentendu conduisait droit à la mort. Tuer ou être tué, manger ou être mangé: telle était la loi.
[L'appel Sauvage]
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