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Citations sur Dans la Russie des Soviets (13)

Le vent menait un assez joli vacarme dans le bois et venait siffler sur le toit de la « datcha ». Et nous ne vous cacherons pas que c’était une de ces soirées où l’angoisse n’est pas loin du cœur.
Avidement, mon étrange compagne me posait des questions :
-Lave-t-on toujours le linge, à Paris ?
-Quelle idée ! faisais-je.
-Alors, il y a encore des voitures qui circulent et on peut les prendre pour sortir ?
-Mais…
-Il y a encore des magasins ?
-Madame, disais-je, vous avez faim, je le vois ; mangez.
-L’habitude en est prise. Nous n’avons plus faim, maintenant.
Elle continuait :
-Alors, on peut rendre visite à ses amis ? recevoir des lettres ? tenir les propos que l’on veut ?
Et, le cœur alors éclatant :
-On peut dormir en paix dans son lit, sans être réveillé par d’affreuses mains qui vous secouent et qui viennent perquisitionner ! per-qui-si-tion-ner !
Elle voulut prévenir ses larmes et changea de ton. Passant rêveusement ses doigts sur ses cheveux lisses, gracieuse, elle demanda :
-Alors, on peut encore se faire coiffer, à Paris ?
L’invraisemblable tête-à-tête dura jusqu’à trois heures du matin. Quand la conversation tombait, outre ce fameux vent, on entendait des colonies de rats qui menaient une folle sarabande dans l’étage. Elle ne me dit ni son nom ni son crime. Quand je lui parlais de la Russie de Lénine, elle ne répondait pas et me faisait comprendre que, même lorsqu’il n’y a que des ombres, il faut prendre garde à ce que l’on dit dans cette Russie où j’arrivais (..)
Sur une chaise longue pouilleuse, au milieu du steeple-chase des rats, s’acheva ma première et mystérieuse nuit de Russie. Je l’avais vécue dans l’antichambre de la prison.
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Trotski ne nage pas dans tant d'idéologie. Son but n'est pas de démontrer que, s'il est au pouvoir, c'est que l'heure du marxisme, à l'horloge sociale, a sonné, mais que, puisqu'il y est, il est de taille à s'y maintenir.

Pour réaliser son règne, il ne reculera devant rien. Il ne sait pas toujours ce que le peuple russe désire, mais il sait ce qu'il désire du peuple russe, et ça lui suffit.
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Le bolchévisme n'est pas l'anarchie, c'est la monarchie, la monarchie absolue, seulement le monarque, au lieu de s'appeler Louis XIV ou Nicolas II, se nomme Prolétariat Ier.
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Quand on en arrive à ce point, ce n'est pas pour s'arrêter. Comme d'invisibles vagues de gaz, prêtes à asphyxier les complots, dans ces cadres, les espions furent lâchés. C'étaient les membres de la "brigade pure". La brigade pure ne compte pas un homme dont la foi communiste ne soit transparente. Ces fanatiques sont dans toute l'armée comme autant d'oreilles de Trotski. Une dénonciation et c'est le poteau. Et c'est ainsi que l'armée rouge est muette, immobile, sans murmures – autres que ceux de l'âme.
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L'homme ne doit plus exister en tant qu'homme, mais en tant qu'atome de la communauté.
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Reprise de fonction ne signifie pas rentrée en confiance. Trotski le leur fit voir. Seuls aux officiers possédant une famille pouvant servir d'otage les hauts postes furent réservés. Les sans-parents ne dépassèrent pas les bas grades. Un aviateur – qui peut répondre d'un aviateur alors qu'il a quitté le sol ? –, un aviateur ne pouvait prendre son vol s'il ne laissait en gage, dans un rayon de dix verstes de son escadrille, quelqu'un des siens, pas plus loin que le troisième degré. Il y avait des tentes spéciales pour cela.
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Qu'un homme portât l'uniforme d'officier, qu'il eût vingt ans, qu'il en eût soixante, il était égorgé. des mois et des mois dura la battue aux épaulettes. Les cadets, des gosses, dix-huit, vingt ans, réfugiés sur le toit d'un hôtel de Petrograd, du haut furent précipités sur la chaussée. Et les "cargaisons" sur des chalands, la nuit venue, chaque semaine, de la Neva, voguaient vers Cronstadt. C'était l'armée qu'on déportait – au fond de la mer !
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La Révolution française avait proclamé les droits de l'homme, la révolution bolchevique proclame les droits de l'État sur l'homme.
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Et c'est encore le côté le plus ahurissant de cette excentrique aventure : que l'aristocratie ait été égorgée, bon ! cela nous le savions, c'est le premier pas de toutes les révolutions ; que la bourgeoisie ait été attachée au poteau, flagellée et laissée là expirante, bon ! cela nous le savions, c'était le cri de guerre des bolcheviques, mais que dans "la dictature du prolétariat", vous découvriez que le prolétariat , le prolétariat à l'enseigne de qui tous les crimes les plus répugnants furent commis, le prolétariat à qui l'on dit : "Maintenant, c'est toi le tsar" ; que ce prolétariat ne marche que sous la schlague et la menace de mort de ceux qui proclament détenir de lui les pouvoirs qu'ils lui infligent, voilà qui déroute vos idées d'extrême gauche.
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Les cobayes de Lénine, ce sont des hommes. Il en a tué déjà des centaines de mille . La formule n'est pas encore au point. Mais dans un pays grand comme la Russie, il y a de la marge...
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