Le livre de
Jacques Lorcey fut le premier ouvrage utile sur
Herbert von Karajan. Aujourd'hui, on peut juste le citer pour mémoire, car c'est surtout le travail d'un admirateur "inconditionnel" et non une analyse en profondeur ; fort heureusement, la bibliographie s'est étoffée après la mort du maestro. Et l'on dispose aujourd'hui de biographies et d'études solidement documentées.
Karajan n'en finit pas de marquer les générations qui ont fait sa connaissance par les concerts, le microsillon puis le Compact Disc dont il fut l'un des pionniers en matière d'enregistrement de musique classique. Qui ne se souvient de ses brillantes apparitions télévisuelles dans les enregistrements filmés de symphonies et de concertos, la caméra centrée sur lui qui ne cessait de garder les yeux fermés (sauf pour la Messa da Requiem de Verdi devant Clouzot) et la mèche rebelle et haut dressée, donnant dans ses gestes et sa direction l'impression de l'énergie et d'une obsession de l'esthétique. Même s'il se mettait trop au centre de ces exécutions, il sut populariser par sa manière de faire des oeuvres classiques, romantiques et post-romantiques qui n'avaient pas toujours d'aussi bons avocats auprès du grand public, à l'exception de Bernstein, Solti, Haitink, Boehm, Abbado, Giulini et quelques autres. Aujourd'hui encore, Karajan est un "dieu" pour beaucoup de ses admirateurs, et ce malgré les révélations sur son adhésion au Nsdap sous le IIIe Reich.Il fut "blanchi" par des amis qui ne le tenaient pas pour un antisémite, et un célèbre violoniste,
Yehudi Menuhin intervint en sa faveur.
Ce qui a pu se passer à l'époque et l'espèce de star-system qui a pu se mettre en place n'empêchent pas ce salzbourgeois et ce chef à vie de l'orchestre philharmonique de Berlin (partenariat qui cessa peu avant la fin de la carrière de Karajan en 1989) d'avoir été l'un des meilleurs représentants de la direction d'orchestre entre 1950 et 1989.
Le livre de Lorcey, malgré une réelle volonté de bien faire, restait assez sommaire, mais il avait le mérite d'exister quand aucun travail solide n'avait encore été entrepris en France.
François Sarindar, auteur de :
Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
François Sarindar