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Istanbul sublimée sous la plume magnifique de Pierre Loti.
Dans les années 1900, les jeunes filles de l' aristocratie ottomane, instruites et cultivées, vivaient dans des prisons dorées, derrière des fenêtres grillagées, à l'abri des regards masculins.
André Lhéry, diplomate à l'ambassade de France est un écrivain célèbre.
Il est convié , mystérieusement, à un rendez-vous clandestin , par trois jeunes stambouliotes, ombres noires , belles et émouvantes.
Au fil des pages, se succèdent des chassés croisés obscurs, des conversations feutrées, des tendresses
furtives.
L'écrivain, avec talent et intelligence, entraîne ses héroïnes et son lecteur, dans des lieux magiques, un
décor éblouissant pour un orient rêvé et magnifié.
Beauté et tristesse, charme et désir, amour et enfermement s'entremêlent dans ce récit aux couleurs sépias, aux tons fanés, mais, cependant, d'une brûlante actualité.
Des mots superbes s'entrechoquent, le désespoir des jeunes musulmanes envahit l'espace, la poésie triomphe.
En terminant, hélas, cette histoire envoûtante, j'ose espérer que les harems ont fermé leurs portes et
que les mariages forcés suivent une courbe descendante.


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N°1715 – Février 2023

Les désenchantéesPierre Loti – Éditions safrat.

André Lhéry, romancier célèbre et diplomate résidant pour l'heure au pays basque reçoit une lettre de Djénane, une jeune femme turque qui l'admire et qui ose s'adresser à lui avant son mariage. le seul nom d'Istanbul réveille en lui non seulement la fascination de l'Orient où il a été en poste mais surtout le souvenir d'un amour vieux de quinze ans. Il lui répond et bien entendu la rencontre dans cette ville. Avec deux autres de ses compagnes ottomanes cultivées et francophones, "trois petits fantômes noirs", elles le convainquent d'écrire un roman pour parler de leur condition de vie, contraintes à une existence cloîtrée dans un harem et astreintes à des mariages arrangés conclus sans leur consentement. Ces rencontres amicales se déroulent dans un contexte dangereux, souvent dans un cimetière ou une maison secrète d'autant plus que Djénane tombe amoureuse d'André .
Ce fut un immense succès à sa parution, en juillet 1906. Pour autant et sans vouloir donner dans le jeu de mots, Loti ne fut-il pas lui aussi "désenchanté"?
Comme le reste de son oeuvre romanesque, ce roman, qui est aussi le dernier de Pierre Loti, est indissociable de sa vie. Il est personnellement turcophile et turcophone et en sa qualité de commandant d'un bâtiment français et membre d' Académie française, son séjour à Constantinople à partir de 1903, dans un contexte diplomatique difficile, est remarqué par les autorités. A partir de 1904 il reçoit une lettre d'une jeune turque qui va se marier et qui signe Djénane. Elle est accompagnée de deux autres femmes, Zeyneb et Meleck, et sollicite une rencontre en faisant référence à aziyadé, une jeune femme que Loti a aimée lors d'un précédent voyage à Istanbul. Elle sera suivie d'autres aussi mystérieuses que dangereuses dans des endroits comme des cimetières ou des maisons retirées. A cette époque, l'écrivain est en pleine gloire et il saisit cette occasion pour confier à ses lecteurs, dans ce roman cependant un peu long, son sentiment sur la mélancolie, la fuite du temps, sur la vie et sur la mort (à travers celles de Djénane et de Mélek) tout en dénonçant les conditions de vie de ces femmes recluses, enfermées dans des harems, contraintes de se voiler et victimes de mariages arrangés conclus sans leur consentement. Il saluera plus tard l'action de Mustapha Kemal en faveur de l'émancipation de la Turquie sans en voir cependant les effets puisqu'il mourut en 1923 et on peut imaginer ce que serait sa réaction aujourd'hui face à certains pays musulmans qui bafouent les droits et la personne de la femme, la considérant comme une simple chose domestique.
On sait l'importance des femmes dans la démarche littéraire de Pierre Loti. Non seulement ses premiers romans sont dédiés à des femmes, à Sarah Bernard qu'il fréquentait et à Juliette Adam qui fut sa "protectrice littéraire" notamment, mais elles sont importantes dans sa vie et sont aussi les personnages principaux de ses romans, qu'elles lui inspirent de la passion comme dans "Le mariage de Loti" ou un certain ennui comme dans "Madame Chrysanthème". Parfois dans sa vie personnelle, elles ont laissé la marque d'un échec. L'écrivain voit-il dans cette lettre l'occasion d'une aventure supplémentaire dans un Orient qui le fascine malgré le souffle de l'occident qui brouille un peu sa vision idyllique des choses dans le contexte d'une ville pleine pour lui de souvenirs amoureux? A la fin de sa mission, obéissant aux ordres de sa hiérarchie Loti quitte Istanbul avec seulement l'espoir que les choses changent pour elles tout en étant sans doute conscient que ce roman, s'attaquant à un des fondements de la société turque, ne pouvait que choquer les autorités ottomanes. D'autre part, il apparut évident que si Melek et Zeyneg étaient d'authentiques turques, Djénane était française nourrissant ainsi une mystification de l'auteur. En fut-il réellement conscient en écrivant son roman et est-ce pour cela que, dans l'avant-propos il prend soin de préciser que cette histoire "est entièrement imaginée"? Fantaisie d'écrivain ou volonté de relativiser les choses?
Certes, de son vivant, Pierre Loti connut la consécration. Écrivain du XIX° siècle, il est aujourd'hui injustement oublié malgré l'empreinte qu'il a laissée dans la littérature. Soyons justes, le nom et l'oeuvre de la plupart des actuels "immortels" sont pratiquement inconnus du grand public. L'appartenance à cette prestigieuse assemblée est largement supplantée par la notoriété dispensée par les manifestations "culturelles" dédiées auxquelles la télévision et les réseaux sociaux servent de caisse de résonance.
Son style est toujours somptueux surtout dans les descriptions, entrecoupées de lettres de ces trois femmes. C'est pour moi, comme à chaque fois, un réel plaisir de le lire.
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J'ai commencé ce livre avec beaucoup d'enthousiasme, car j'y voyais un documentaire sur la condition de la femme en Turquie au début du XXe siècle. Puis j'ai appris que Pierre Loti avait été abusé, et que l'une des 3 femmes qu'il avait rencontrées et qui faisaient l'objet de cette autofiction était en fait une journaliste et féministe française. Cela a jeté du coup un discrédit sur ce que je lisais et lui a enlevé tout intérêt à mes yeux... Donc j'ai laissé tomber cette lecture.

https://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2017/11/10/26010-20171110ARTFIG00318-1906-quand-loti-publie-les-desenchantees-il-ignore-le-piege-tendu.php

Livre lu dans le cadre du challenge solidaire https://www.babelio.com/groupes/24/Challenges-de-lecteurs/forums/24/Discussion-generale/28543/CHALLENGE-SOLIDAIRE-2022
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Pierre Loti est un écrivain français un peu oublie et c'est bien dommage car il possede une des plus belle ecritures de sa génération.Son style fluide est un regal pour le lecteur et cette plongee dans ma culture orientale est un regal à lire et relire sans moderation.Vous deciuvrirez le style de l'auteur et j'efpere que,comme moi vous serez conquis par le talent de conteur de l'auteur.
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Une BD « évadés du harem » présentée comme étant une adaptation d'un roman de Pierre Loti, écrivain lu dans mes jeunes années, « les désenchantées » titre lu il y a bien longtemps déjà, ce qu'il m'en reste, la magie de Constantinople ou Stamboul (1), les odeurs et les saveurs de l'Orient, un vague sentiment de béatitude qui demande à être revécu.
Redécouverte vécue plutôt de façon distante, un peu méprisante avec les descriptions un peu surannées …
L'histoire d'une femme, l'histoire des femmes, chouchoutées, éduquées, choyées jusqu'à leurs 13 ans …
Jusqu'au moment de prendre le tcharchaf, l'exil entre quatre murs,la disparition du monde …
Ce qui l'attendait après, la même prison dans un espace clos sans autre vision du monde extérieur que celle obtenu derrière les grilles de fer et des croisillons en bois, (le claustra intérieur de chaque fenêtre), en attendant le bon vouloir des visites éventuelles du mari …
Ces femmes Djénane Feridé Azâdé, Mélek, Zeyneb, ces petits fantômes noirs qui hantent ce récit …
Et me revoici piégée par l'évocation d'un monde qui avait ébloui mes jeunes années, transformant mes longs voyages en métropolitain en vision orientale enchantée.
Chaque fois que j'ai reposé ce livre, j'ai eu besoin d'un peu de temps pour revenir à mon présent pour interrompre mon voyage dans le temps.
Une relecture … un vrai plaisir !

(1)
Au xixe siècle et au début du xxe siècle, des sources ouest-européennes et américaines utilisent souvent « Constantinople » pour la métropole dans son entier et Stamboul pour la partie centrale sur la péninsule historique, c'est-à-dire la Constantinople byzantine à l'intérieur des murailles, car jusqu'en 1928, l'agglomération s'appelait officiellement Constantinople, et Stamboul ne désignait que la vieille ville (la péninsule historique).
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Ayant déjà lu plusieurs récits de voyages ou romans s'inspirant plus ou moins de la vie même de Loti et de ses différentes escales autour du monde, j'ai trouvé celui que je préférais.
Dans toutes les oeuvres de Loti, j'ai toujours admiré la qualité de son écriture, une prose poétique qui met en valeur les paysages vus, fantasmés, rêvés ou jamais oubliés, qu'il parle des lumières du désert ou des parfums de rose d'Ispahan, des brumes japonaises ou des mosquées de Stamboul. Ici, on sent tout le goût de Loti pour Stamboul, dont il décrit les changements d'atmosphère selon les saisons. Cela lui permet un ton souvent mélancolique, avec la très belle scène de la visite en automne dans le cimetière abandonné. Ces scènes mettent en valeur la Corne d'Or, on comprend pourquoi son souvenir y est toujours présent aujourd'hui. On retrouve également le refus de la modernité de Loti : la Stamboul qu'il aime, ce n'est pas celle des hommes d'affaires en costumes européens - le quartier de Péra, ce n'est pas non plus celle des navires à vapeur. Non, il veut de l'orientalisme, ce dont se moquent d'ailleurs ses amies : il veut des confitures de rose, des narguilés, des fez... c'est-à-dire l'Orient des clichés.
De façon générale, les belles descriptions du paysage - qui devient presque un personnage des différents récits de Loti, donnent parfois l'impression que le personnage de l'oeuvre - Loti lui-même, un Narrateur qui lui ressemble, un homme inspiré de lui-même - est plus amoureux du paysage étranger que des femmes qui l'habitent. Et c'est là ce que je reproche autres oeuvres de Loti : le personnage principal a une relation - souvent tarifée - avec une femme, qui est une très jeune fille, parfois à peine nubile, caractérisée par son physique sans allusion à ses sentiments ni à ses pensées : je pense à Fatou et à son visage "simiesque" dans Journal d'un spahi, à Chrysanthème "la petite poupée jaune"... Avec un regard moderne, c'est assez dérangent...
Ici, au contraire, si le Narrateur André Lhéri semble être un décalque de Loti lui-même, les personnages féminins existent et ont une existence propre en-dehors d'être uniquement là pour et avec l'homme. Djénane a ainsi des pensées, des émotions, et une voix. Elle a même une écriture, puisque le texte commence par une lettre de Djénane. La focalisation sur le personnage féminin permet de lui donner une réelle importance.
Djénane est donc la voix des "désenchantées", toutes ces jeunes femmes turques riches, belles, parlant plusieurs langues, sachant peindre, jouer du piano, s'habillant à la parisienne... Ce sont des femmes accomplies, mais enfermées, devant vivre enfermées, soumises au mari qu'on leur a donné sans qu'elles l'aient jamais vu. Leurs ancêtres étaient moins malheureuses, car moins conscientes qu'une autre vie était possible, ailleurs, dans un autre monde. "Désenchantées" semble être un terme trop faible d'ailleurs, ces femmes souffrant de violences conjugales, étant enfermées...
Djénane livre donc un plaidoyer féministe pour l'éducation des filles, pour être libre de ses mouvements, pour un certain droit au plaisir et au désir... J'ai lu que Loti lui-même avait été trompé, croyant discuter avec une femme turque, c'était en réalité une journaliste féministe française qui lui parlait cachée sous un voile. Cela peut expliquer les accents engagés du texte.
Mais quant à la tonalité de l'oeuvre, c'est la mélancolie qui domine comme je l'ai dit. Léry sait que son séjour est limité dans le temps, il regrette le passé et son premier amour, il sait qu'il ne reverra jamais ses amies. Léry est désenchanté lui aussi, face à cette modernisation et cette occidentalisation du monde qui n'est plus la Turquie mystérieuse qu'il a connu. "Désenchanté" aussi car il vieillit, ses cheveux blanchissent, et il comprend qu'il ne peut inspirer de désir à Djénane.
Et Djénane, elle, a donné dès le début une prévision de son sort : "pour une musulmane amoureuse, il n'a d'y a d'autre issue que la fuite ou la mort".
J'ai donc été plutôt touchée par la force des émotions de ces personnages féminins et la beauté du décor.
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Je n'avais jamais rien lu de Pierre Loti mis à part des extraits de Pêcheurs d'Islande… Ce qui ne m'attirait pas beaucoup. C'est en cherchant un titre à lire pour le challenge Solidarité que je l'ai découvert et cette lecture m'encourage à poursuivre l'exploration de son oeuvre. Son métier d'officier de marine l'ouvre sur le monde et des modes de vie qui le fascinent. Les désenchantées est un roman qu'il a écrit en 1906 alors qu'il revient à Constantinople, pour la seconde fois. Trente ans plus tôt, lors d'une escale en Turquie, il tombe amoureux du pays mais aussi d'une femme Hatidjé, jeune circassienne qui appartenait au harem d'un dignitaire turc avec laquelle il vivra une très grande histoire d'amour. Il en tirera deux romans « aziyadé » et « Les fantômes d'Orient ». Dans ce roman, les désenchantées, Pierre Loti se met en scène sous les traits de André Lhéry, écrivain et diplomate français en poste dans l'ancienne Constantinople qui rencontre trois femmes de la haute société stambouliote, européanisées, cultivées, ayant reçu la meilleure instruction … et qui connaissent et admirent l'écrivain. Mais, prisonnières des traditions et de la religion, elles n'ont aucun avenir si ce n'est d'être mariées sans leur consentement, recluses dans un harem, subissant la violence de la polygamie et arborant le tcharchaf, voile intégral, dès lors qu'elles sortent de leur prison dorée. Ces trois femmes, révoltées et frondeuses, demande à l'auteur d'écrire un livre pour plaider leur cause… des rendez-vous secrets entre eux quatre, des cérémonies officielles auxquelles tous sont invités, des courses maritimes sur le Bosphore seront les lieux des échanges, des confidences, des regards croisés et de la supplication d'écrire ce livre… Un jour se pose la question du titre de l'ouvrage à venir. La recherche aboutit à la proposition de « Les désenchantées » qui ne paraît pas assez dénonciateur pour Djénane, la jeune femme dont Lhéry semble le plus proche. « Les Désenchantées », dit-elle, « On est désenchanté de la vie quand on a vécu ; mais nous au contraire qui ne demanderions qu'à vivre ! … Ce n'est pas désenchantées, que nous sommes, c'est annihilées, séquestrées, étouffées… » Ce roman bien qu'écrit au début du 20ème siècle résonnent avec des faits d'actualité où les droits des femmes sont bafoués au nom de la religion. L'écriture sensible, l'ambiguïté entretenue dans les sentiments amicaux voire amoureux entre les protagonistes, le fantasme de l'insoumission et les descriptions envoûtantes du vieil Istanbul et du Bosphore m'ont ravie et bouleversée à la fois. C'est sûr, je referai un voyage avec Pierre Loti !
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Pierre Loti nous décrit l'univers de la femme turque et particulièrement de la vie du harem. Il faut sortir du cliché des mille et une nuit, car la Turquie de ce début du vingtième siècle va vers une tendance à la monogamie. le harem étant par définition l'endroit où la femme vit, à l'abri des regards, elle s'y retrouve souvent seule à mourir d'ennui. Les sorties solitaires lui étant interdites leur vie a un accent de désespérance.
Il faut noter que l'auteur ne parle que d'une certaine catégorie de femmes... les nanties. Celles qui viennent de familles riches et qui ont reçu une éducation pointue. Elles parlent plusieurs langues et connaissent la poésie.
A cette époque Loti vivait en reclus sur un bateau sur le Bosphore, en solitaire, cherchant le calme, la solitude et l'inspiration.
Tout commence avec « aziyadé ». Roman publié en janvier 1879 dans lequel il raconte les amours d'un officier de marine britannique fraîchement débarqué à Salonique et d'une jeune femme d'un harem d'un riche vieillard turc. Ce livre publié sous pseudo connut un succès exceptionnel.
En réalité, Loti fut piégé par trois femmes. Celle qui a imaginé cette mystification est Hortense Marie Héliard dite Marie Léra, journaliste et féministe française.
Le résultat est un roman de belle facture avec de très belles descriptions.
Le succès littéraire fut fulgurant, les rééditions défilèrent et pourtant de nos jours il semblerait que ce titre soit un peu tombé dans l'oubli.
Il est vrai que certains sujets fâchent tout le monde !
A lire



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La richesse d'un groupe de lecture, c'est toute les découvertes que nous y faisons et que sans le groupe, nous n'aurions peut-être jamais fait ou bien plus tard! Encore une fois, je dois à Jérome Charvenet une magnifique découverte de plus! Merci 🙏❤!

Je vais être honnête, je crois que sans cette lecture commune, je n'aurais jamais ouvert un livre de Pierre Loti! Déjà parce que j'ai une PAL qui ne cesse d'augmenter 😁 et ensuite, honte à moi, j'associais surtout l'auteur a des récits de voyage, un domaine de lecture qui ne fait pas partie de mes favoris... du coup, j'ai pris une belle claque littéraire et j'en suis plus qu'heureuse! Avec l'envie de découvrir d'autres oeuvres de lui...

Il y a plus de 20 ans, j'ai eu la chance de voyager avec ma famille à Istanbul. Un voyage qui pour moi, m'a laissé un arrière-goût de rv manqué hélas... Une ville qui m'a impressionnée mais pour laquelle je n'avais pas les balises que pour la vivre... Ceux - ci sont venus bien plus tard par mes études, mes lectures, mes rencontres et mes amis.

En lisant les mots de Pierre Loti, j'ai eu la sensation d'y être, d'y retourner... de sentir le soleil sur ma peau et sa chaleur. J'ai retrouvé les couleurs qui peuplent mes souvenirs. J'ai retrouvé l'impreinte vivante de chacune des parties d'Istanbul qui a marqué ma mémoire... Comme Pierre Loti, j'ai goûté Istanbul au point de me la rendre inoubliable!

Je comprend, du coup, combien dans Les Désenchantées, il en ai fait une sorte de personnage à part entière tant le cadre imprègne autant que la vie qu'on peut y mener. On peut même se poser la question de savoir qui fait battre le coeur d'Istanbul? Si c'est la ville et son climat ou ceux qui l'habitent, voir les deux ensembles...?

Dans ce véritable décor vivant, Pierre Loti a choisi de personnifier une partie de l'âme de cette ville avec Djénane, Zeyneb et Mélek. Trois jeunes femmes recluses dans le harem de leurs familles. Trois destins de femmes que nous rencontrons à la veille de leur mariage arrangé et que nous allons surtout suivre au moments des désillusions....

Pierre Loti à rendu pour moi l'histoire d'une modernité auquel je ne m'y attendais pas et surtout de la part d'un auteur masculin de début du XXe siècle! Et là où j'ai été plus que touché, c'est qu'il a donné à ces jeunes femmes une profondeur faite de nuances. Imprégnées et fières de leur culture, leurs souffrances ici abordées ne viennent pas d'un rejet de valeurs, mais d'une inadéquation entre l'éducation qu'on leur a dispensé et le but auquel elles se sentent destinés!

Elles qui ont eu les meilleures préceptrices, accès aux mêmes savoirs que l'élite européennes, contrairement à cette dernière, ne pourront jamais faire vivre cette instruction. Leur mariage arrangé sans leur avis, les vouant à n'incarner que leur corps qu'elles sont poussés à magnifier au quotidien pour garder les faveurs de leur époux.

C'est dans ce contexte de leur vie, dans ce déchirement que l'auteur Andre Lléry va bouleverser leurs vies par ses mots, par ses livres dont un particulièrement. Il avait su trouver les mots pour exprimer leurs réalités... La Turquie n'étant pas une terre étrangère pour lui. Dans sa jeunesse, il avait vécu un Amour avec une certaine Nedjibé... Avec elle, il avait aussi appris à aimer son pays, ses valeurs et ses coutumes...

Lorsque bien des années plus tard, André Lléry est à nouveau envoyé en poste à Istanbul, rien ne prévoyait qu'il rencontre ses plus grandes admiratrices... le monde des harems étant bien dissociés du restant de la vie urbaine... Mais c'était sans compter sur le déchirement intérieur qui touchait la jeune génération de jeunes femmes... Lui donnant une énergie de bravade touchant à la survie pour contourner tout les obstacles! Djénane, Zeyneb et Mélek avaient le but de rencontrer André et de le pousser à écrire un autre roman qui plaiderait leur cause...

Entre rencontres à haut risque, également moments perçus comme étant vivant pour elles, et vie stambouliote pour André, nous assistons à la naissance d'un fossé entre l'imaginaire et la réalité... Comme deux espaces temps qui n'arrivent pas à se rencontrer... Celui de Djénane, Zeyneb et Mélek d'un côté. de l'autre, celui d'André Lléry qui prisonnier du charme exercé par l'Orient sur ceux qui avaient eu la chance de le découvrir, ne recherchant de l'authentique là où il n'existe que dans une sorte d'imaginaire... de moins en moins dans la vie réelle! le privant un peu plus chaque fois, d'une certaine façon, de pouvoir vivre ses rencontres avec ses trois amies pour ce qu'elles étaient...
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Un vibrant hommage aux femmes turques, notamment celles du harem, pour qui, de principes en principes, de devoir en devoir, croient ne livrer que leur corps et préserver leur âme mais au fil du temps, elles finissent par se prendre pour de simples ombres, car leur âme a pris la descente aux enfers...
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