"Quelle chance vous avez d'être écrivain ! Vos journées doivent être passionnantes ! "
C'est ce que je lis.
C'est ce que j'entends .
C'est ce que je devine parfois dans le regard incrédule et envieux de celui à qui je viens d'énoncer ma profession .
Et à chaque fois je me retiens de répondre :" Si vous saviez , il n'y a rien de plus ennuyeux er répétitif ."
Non , la journée d'un écrivain n'a rien de passionnant , sinon dans l'imaginaire de ceux qui la fantasment .L'écrivain , lui , il s'emmerde.Voilà pourquoi il invente des histoires .La routine morne et soporifique est donc nécessaire à son métier. Pour lui , les journées " passionnantes " représentent le plus grand risque de page blanche , tout comme elles sont synonymes pour son éditeur d'un manuscrit hors délais. ( p 19 )
J’avais dix-huit ans.
Un âge égoïste.
Un âge où l’on fuit les murmures de l’enfance.
Où l’on devient sourd.
Jusqu’à ce que les murmures des souvenirs évanouis ne reviennent nous hanter, des années plus tard.
Sa folie avait un nom à consonance allemande : Alzheimer. Ce kraken pris au piège dans l’océan céphalorachidien de cette pauvre femme avala le moindre de ses souvenirs. Voilà ce que disaient les adultes une fois revenus de ces soirées lorsque, fatigués ou honteux de leurs moqueries étouffées, ils prenaient conscience que cette maladie risquait un jour ou l’autre de se lancer à l’abordage de leurs propres esprits.
Les grandes amitiés naissent ainsi, en un simple sourire.
Ce soir-là David comprit que passé une certaine frontière de malheur, les adultes n’arrivaient simplement plus à mentir.
David comprit que passé une certaine frontière de malheur, les adultes n'arrivaient tout simplement plus à mentir.
-Un écrivain ! Des « thrillers », comme ils disent pour se donner un genre. Pff… On se demande qui peut lire des histoires de meurtres alors que parfois la réalité suffit !
- D'ailleurs, qu'est-ce qu'il devient, le David ?
- Toujours pareil, écrivain.
- Mouais... Je m'en doutais, que c'était un fainéant...
Il y a des personnes qui se nourrissent de cela. Elles posent des questions, absorbent vos réponses qui sont autant de combustible pour les questions à venir. Elles pompent votre énergie en vous forçant la parole.
Si tu veux devenir un homme, tu ferais mieux de m'écouter moi, et pas elle. Les femmes ont toujours fait des enfants, mais jamais des hommes.