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Juan Doe (Illustrateur)
EAN : 9781935002789
144 pages
Aftershock Comics (28/11/2017)
5/5   1 notes
Résumé :
Meet Sarah, an astronaut traveling from dead planet to dead planet, talking to the ghosts of the dead worlds...as she fights to discover the secret that's killing the universe. But Death doesn't give up its secrets so easily, and as Death hunts her from planet to planet, Sarah struggles to maintain the trust of her crew and her own sanity in the endless ocean of lives. Every world has a story, and if she can find the secret tying them all together, she can save Eart... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre et qui n'appelle pas de suite. Il comprend les 6 épisodes de l'histoire, initialement parus en 2017, écrits par Jeff Loveness, dessinés, encrés et mis en couleur par Juan Doe. Il comprend les couvertures originales, ainsi que les 2 couvertures alternatives réalisées par Elizabeth Torque et Mike Rooth. Ce tome commence avec une courte introduction d'une page, rédigée par Jeff Loveness, indiquant qu'il s'agit d'une histoire qui lui a trotté dans la tête de longues années durant avant d'enfin prendre forme et de trouver un artiste à la hauteur.

Une jeune femme (Sarah) dans une combinaison spatiale avance sur la surface d'une planète extraterrestre, en réfléchissant dans sa tête. Elle se dit qu'elle s'est toujours demandé si nous étions seuls et que maintenant elle a la réponse. Elle arpente le chemin qui s'ouvre à elle en constatant qu'il n'y plus aucun être vivant. Elle s'interroge sur la race qui a pu vivre là, qui a bâti ces constructions abandonnées, et souffrant de l'érosion du temps. Elle utilise ses pouvoir parapsychiques pour se connecter au plan spirituel et absorber les résidus psychiques des défunts, pour lire ce qu'il reste comme trace des créatures ayant vécu sur ce monde. Elle ne parvient pas à maintenir cette connexion suffisamment longtemps, car elle ne maîtrise pas vraiment sa capacité. Sa concentration est rompue par un appel du capitaine Fields qui lui indique qu'il est temps de mettre à un terme à son exploration. Harris l'aide à se relever et négocie par le système de communication, une heure de plus pour effectuer des fouilles, et, par là-même, autant de temps pour Sarah.

Au deuxième essai, Sarah réussit à capter les souvenirs rémanents d'un enfant, et voit par ses yeux sa famille décider de rester à l'intérieur de leur maison, pour éviter de s'exposer aux conflits à l'extérieur. Elle voit les missiles voler et tout détruire y compris cette famille et cet enfant. Elle voit arriver une haute silhouette qui absorbe les esprits des morts. Cette haute silhouette (Avin) se tourne vers elle et la voit. Elle essaye également d'absorber sa forme astrale. Sarah se débat et réussit à reprendre conscience dans son corps. Harris se tient à ses côtés. Il s'inquiète d'elle et elle répond que cette silhouette est le tueur de monde, qu'il tue la vie.

Quelle étrange lecture : très peu de personnages (essentiellement Sarah, Harris, Paul, le capitaine et quelques figurants), beaucoup d'esprits de défunts, des planètes mortes, et des visuels étonnants. Dans un premier temps l'intrigue est linéaire et assez mince. Sarah se pose sur plusieurs planètes pour constater qu'il ne reste que des esprits désincarnés, sans même de cadavres. Elle utilise son pouvoir avec plus ou moins de succès et découvre l'existence d'une grande silhouette qui dévore les esprits. Juan Doe réalise des dessins à l'infographie, dans un registre assez épuré. Il avait déjà réalisé un tome avec Brian Azzarello pour le même éditeur : American Monster malheureusement resté sans suite. le lecteur est tout d'abord impressionné par les couleurs : un violet tirant sur l'orangé pour la première page, puis un très fort contraste entre du rose appuyé et un bleu pétrole lorsque Sarah passe dans le monde spirituel, du violet, du marron, du gris en fonction des séquences. Juan Doe utilise les couleurs à la fois pour faire ressortir les surfaces les unes par rapport aux autres, à la fois pour donner plus de relief à chaque forme, à la fois pour installer une ambiance particulière. le lecteur constate également qu'il les utilise pour régulièrement remplir les arrière-plans avec des arabesques procurant une dimension onirique au récit. Dans plus de la moitié de l'histoire, les décors se réduisent à des zones désertiques, sans beaucoup de particularités visuelles. L'architecture des ruines reste assez basique, presqu'informe. Juan Doe se donne plus de mal pour l'intérieur du vaisseau spatial, ou pour l'hôpital dans lequel Sarah se retrouve le temps d'une page. Pourtant le lecteur ne ressent pas l'impression d'un vide ou d'un manque pictural car les effets spéciaux de couleurs lui donnent l'impression de voir le flux des émotions qui traverse Sarah

L'artiste surprend également le lecteur par sa manière de détourer les formes, souvent avec des traits fins. Il représente des visages épurés sans marque de ride ou de plissure, sauf pour Avin. Il joue parfois sur la forme des silhouettes, allongeant un membre à un endroit, en amincissant un autre ailleurs. Cela reste des effets discrets qui semblent plus relever d'une recherche esthétique, que d'un manque de maîtrise de l'anatomie humaine. Sarah passe la majeure partie de son temps dans une combinaison spatiale qui évoque vaguement celle de 2001 l'odyssée de l'espace, sans qu'on puisse parler de plagiat. Avin porte une longue tunique sans beaucoup de particularités, les uniformes à bord du vaisseau spatial sont près du corps sans être complètement moulants, pas vraiment assimilables à des costumes de superhéros. Juan Doe compose chaque page en fonction des particularités de ce qui est raconté, adaptant le nombre de cases ainsi que leur placement réciproque, introduisant ainsi une variété d'une page à l'autre. Même s'il peut éprouver des réserves au départ, le lecteur a vite fait d'être conquis par cette narration visuelle personnelle, évoquant par moment celle de Frazer Irving, avec moins de courbes et moins de folie dans le comportement des personnages.

Le premier épisode installe un sentiment de fatalité, Sarah étant persuadé qu'à chaque nouvelle planète, elle ne trouvera que les traces d'une civilisation disparue dont elle tentera de communique avec les esprits restants, sans espoir de pouvoir influer sur leur extinction, ou prévenir celle d'autres races. le lecteur en apprend un peu plus sur son histoire personnelle dans l'épisode 3 en particulier sur Paul, l'amour de sa vie, mais le récit se concentre plus sur sa fonction de révélateur que sur sa vie. Elle dispose d'un trait de personnalité majeure qui est sa curiosité et son empathie pour la souffrance des peuples ayant été exterminés, sans beaucoup plus de nuances. de même Harris s'avère être un collègue prévenant, sans être beaucoup développé en tant qu'individu. du point de vue l'intrigue, Jeff Loveness tient ses promesses : la confrontation entre Sarah et Avin a bien lieu, et le lecteur apprend à la fin ce qui a provoqué l'extinction de tant de races. Mais le coeur du récit ne se trouve pas là.

Tout du long du récit, l'auteur donne accès aux pensées intérieures de Sarah, le personnage principal. Cela commence par le constat atterrant que la race humaine n'était pas seule dans l'univers, mais Sarah a la conviction que maintenant elle l'est. C'est le constat d'un terrible gâchis, d'autant d'occasions manquées qui ne se reproduiront plus. Par la suite, elle tient les mains du spectre d'un enfant, et elle se retrouve émotionnellement marquée par ses impressions, ressentant une fois de plus un sentiment de perte quand il est aspiré par Avin. Jeff Loveness introduit encore 2 éléments renvoyant à l'idée de manque et de limite indépassable, avec le mythe de la Tour de Babel (et une interprétation personnelle), et une évocation discrète d'Hal 9000. Avec l'épisode 3, le thème se précise un peu plus quand Sarah se fait la remarque qu'elle aurait bien aimé que quelqu'un l'avertisse qu'on est toujours seul dans la vie. Avec cette remarque, la narration bascule dans la fable ou le conte. le lecteur peut toujours apprécier l'intrigue au premier degré, et s'interroger sur ce qui a causé autant de morts, sur la nature d'Avin. Mais il se rend compte que la phrase sur la solitude est restée dans son esprit et qu'il considère chaque événement sous ce nouvel angle. Chaque nouvelle épreuve chaque nouveau constat devient un développement ou une variation sur ce constat de solitude de l'individu, sur cet état consubstantiel de l'humanité.

Jeff Loveness joue avec les pouvoirs de Sarah. Sa capacité extraordinaire lui permet d'établir un contact avec les spectres, de partager leurs souvenirs et leurs émotions de se faire une idée de ce que fut leur vie, d'êtres proches de ces individus qui ont disparu et qui disparaissent une deuxième fois. Cela fait vraiment d'elle une personne capable de lire les mondes comme l'indique le titre. Dans le même temps, cette capacité la coupe des vivants qui n'y croient pas, avec qui elle ne peut partager le vécu lié à l'usage de sa capacité. Finalement sa capacité à communiquer l'isole encore pus des vivants, une conséquence paradoxale. le lecteur se retrouve à partager un lien d'intimité avec Sarah, plus fort que celui qu'elle peut développer avec ses collègues, même le proche comme Harris.

En surface, le lecteur s'immerge dans une intrigue simple : une histoire de science-fiction au cours de laquelle une femme dotée d'une capacité de communiquer avec les morts essaye d'endiguer l'extinction de populations entières d'une planète après l'autre. L'auteur mène à bien cette intrigue de manière linéaire, avec un retournement de situation final. Juan Doe réalise des dessins avec une forte personnalité graphique, simplifiés du point de vue des formes, très immersifs d'un point de vue émotionnel. Petit à petit, le lecteur se rend compte que Jeff Loveness n'a pas menti dans son introduction et qu'il s'agit bien pour lui de sonder un des aspects de la condition humaine, avec une certaine forme de courage.
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Vidéo de Jeff Loveness
En savoir plus : https://www.lisez.com/9791032406700
L'écrivain Jeff Loveness (Judas, World Reader, Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, Avengers: The Kang Dynasty) et Lisandro Estherren (Redneck, The Last Contract, Catch & Release, Sandman) s'associent pour une histoire hommage aux classiques de la guerre froide et à la science-fiction retro sans jamais omettre de s'enfoncer dans le psychodrame d'une humanité divisé face a l'inconnu et la vérité.
« Un livre important aux dessins ahurissants. » JEFF LEMIRE (Sweet Tooth, Gideon Falls, Black Hammer)
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