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La narratrice fait ressurgir son regard de douze ans et, comme on décrirait un tableau, en s'arrêtant sur l'environnement, sur les physiques des uns et des autres, leurs vêtements, leurs attitudes, sur la lumière déclinante, le soleil étant parti se cacher derrière la montagne, elle nous ramène dans la Vallée d'Aoste en août 1943.
Une partie de tennis a eu lieu entre jeunes. Ettore est là, frêle, dans son chandail à rayures rouges et bleues à côté De Paola, sa blancheur laiteuse comme « una Paloma blanca » de la chanson qu'ils écoutent en boucle sur le gramophone. Dans sa chemise bleu ciel, il y a Augusto qui rejette en arrière ses belles boucles noires. Pirro est un jeune impétueux, aux paroles agressives qui ne font pourtant pas fuir sa soeur amoureuse. Et quelques autres…
Ils sont venus se mettre à l'abri de la guerre, fuyant les villes de Milan, Turin ou Rome que les Alliés bombardent. Ils attendent que l'Histoire continue de dérouler ses funestes évènements.

Mal fagotée du fait de la guerre, mal nourrie dans cet hôtel, le corps dérivant vers l'adolescence, notre narratrice dont on ignore le prénom (peut-être l'auteure elle-même au même âge et à la même époque ?), se découvre malheureuse mais pour une tout autre raison. Elle vient de quitter le fleuve paisible de l'enfance pour éprouver le tumulte et la tristesse d'un premier amour non partagé. Avec sa peine de coeur, elle observe alors les amours qui se forment, les personnes et tensions qui ont marqué cet été 1943 jusqu'à la démission de Mussolini et l'invasion allemande qui sonneront le retour dans leurs villes respectives.

Ce très beau récit, très court, dont on savoure pleinement la magnifique plume, laisse le temps de s'attarder sur des instantanés qui décrivent une jeunesse ordinaire rattrapée par l'ignoble machine de la guerre déployant son sinistre ouvrage. C'est un double tournant qui s'opère, celui de la capitulation du fascisme face aux forces alliées avec ses futures conséquences sur le devenir de ces jeunes et, dans le malheur, l'adieu à l'insouciance de l'enfance de la narratrice.

Tristement, la musique de la Paloma sur le gramophone à manivelle s'éloigne, laissant le terrain de tennis à l'abandon, une cicatrice de la première peine de coeur et des destins marqués par la Seconde Guerre.

Je remercie l'amie babéliote qui m'a fait découvrir, à travers ces quelques pages, l'intensité de ce souvenir d'une auteure italienne talentueuse.
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Un journal écrit plus de 60 ans après les faits par l'auteur elle-même.
Récit à hauteur d'une enfant de 12 ans dans une Italie au bord de la crise politique et de l'effondrement du régime du "Ducé"; elle revient aussi sur le quotidien d'une bande d'enfants, réunis avec leurs familles, tous réfugiés dans un hôtel du Val d'Aoste.
Parties de tennis, amourettes, passions, peines et peurs de l'avenir sont les thèmes abordés dans ce petit livre de 72 pages.
Un peu gênée par le style d'écriture choisi, on passe des souvenirs d'une pré-adolescente avec des phrases peu structurées à d'autres qui relèvent de la poésie bien plus mature.
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Récemment je me suis fait la réflexion que je connaissais peu de choses sur l'Italie pendant la Seconde guerre mondiale. En recherchant des ouvrages sur le sujet, j'ai trouvé ce petit roman de 70 pages de Rosetta Loy. Il est autobiographique, puisque la narratrice est l'auteure elle-même.

Rosetta Loy nous raconte l'été de ses douze ans en 1943. Avec ses parents et sa soeur Etta, elle est partie de Rome. Comme beaucoup d'autres familles bourgeoises, la famille de Rosetta s'est réfugiée dans la Vallée d'Aoste. Au Grand hôtel Brusson, malgré les restrictions alimentaires, les conditions de vie semblent plutôt agréables. Rosetta passe son temps auprès d'un groupe d'adolescents (pour la plupart un peu plus âgés qu'elle) : Giorgio, Milly, Pirro, Ettore, Paola, Marcella et Etta bien sûr.

Les parties de tennis s'enchaînent dans une certaine insouciance. La narratrice observe les interactions des uns et des autres. Faisant son entrée dans l'adolescence, elle évoque les changements qui s'opèrent en elle, de ses premières règles à ses premiers sentiments amoureux pour Augusto. Celui-ci, originaire de Turin, rêvait de devenir un grand concertiste avant d'avoir un accident.

Parallèlement, la jeune adolescente est témoin des évènements qui traversent son pays. Elle raconte quand, quelques jours après leur arrivée, en juillet 1943, ils ont appris la démission du Duce. Elle évoque aussi l'armistice du 8 septembre 1943 avec les Anglos-Américains.

Au début de ma lecture, j'ai eu beaucoup de difficultés à entrer dans le récit. Que de personnages pour un roman si court ! C'était un peu dur de s'y retrouver. La seconde partie du livre m'a davantage intéressée. Les chemins de vie de ces jeunes adolescents se séparent : chemises noires, partisans ou encore Juifs. Les destins des personnages se dessinent.

Ce n'est pas une lecture marquante mais il s'agit d'une découverte intéressante.
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C'est un récit tout simple. Un récit qui se situe dans une époque bien précise dans un endroit tout aussi précis : août-septembre 1943, au Val d'Aoste. C'est là que se sont réfugiées quelques familles ayant fui Rome et ses bombardements. C'est là que la vie semble s'être arrêtée. Semble, ai-je dit. Mais la vie est en perpétuel mouvement, surtout quand on a douze ans et que la moindre activité, un regard troublé ou troublant, un geste équivoque, prennent des allures d'événements susceptibles de changer le cours de l'Histoire, au même titre que cette guerre qui se joue au loin et qui va rattraper ce petit monde qui se croyait à l'abri.

Avec le 8 septembre et la chute du régime fasciste, les jeunes vont devenir des adultes d'un seul coup ou presque. Finis les matchs de tennis, les soirées à danser et à flirter. Une nouvelle vie va commencer. Il y aura des drames et des départs. Et une gamine qui se souviendra de cela des années plus tard.

Récit composé de souvenirs décousus, finement relatés par Rosetta Loy, un des grands noms de la littérature italienne, Ay, Paloma, qui tire son nom d'une chanson de l'époque, est un petit bijou. Rien de moins.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Si l'histoire de Rosetta Loy commence sur une note légère, l'évocation d'une chanson italienne "Ay, Paloma"... Son récit prend, en quelques pages, la gravité des romans sombres. L'insouciance jusqu'alors éprouvée se transforme en décision mûrement assumée. Histoire tragique, Ay, Paloma devient un conte moderne dans lequel s'affrontent les démons de chacun sur fond paisible d'un été révolu. Une écriture intense et dépouillée pour un regard mur et sans compromis sur la jeunesse bourgeoise d'une époque souvent méconnue. Une mémoire belle et grave, insouciante et terrifiante...
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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Ils sont jeunes, ils ne sont plus des enfants, mais ils ne sont pas encore des adultes.
Ils sont confinés dans un coin de la Vallée d’Aoste, ils habitent le grand Hôtel Brusson et la guerre est à leur trousse.
Nous sommes en août 1943, ils ont des chaussures trouées, ils ont faim.
Pour tromper l’ennui ils jouent au tennis, mais ils jouent aussi la comédie de la vie : tomber amoureux, souffrir, sentir le plaisir de souffrir parce qu’un autre ne vous aime pas.
Nous sommes dans la tête de l’héroïne : elle ressemble étrangement à l’auteure au même âge, elle s’appelle Paula, elle a 12 ans, et avec ses parents et ses deux sœurs plus âgées elle découvre la vie. Elle tombe amoureuse de Antoine, qui a perdu son bras dans un accident de vélo, mais lui se moque bien d’elle, elle n’a rien pour elle comme on dit alors.
Antoine est amoureux de Milly, comme tous les garçons du village, mais elle se fiche d’eux, elle n’a d’attention que pour Pierre.
Et la comédie amoureuse se poursuit sans que personne n’y trouve son compte.

« Ay, Paloma » c’est le nom d’une chanson qui dit : « Ay, una Paloma blanca como la nieve, como la nieve, ay, me has arruinado et alma, como me duele, como me duele… » et c’est la disque qui tourne sans arrêt sur le gramophone qu’écoutent les adolescents réunis le soir.
Mais bientôt le mois d’août se termine et nous sommes le 08 septembre 1943, c’est la destitution de Mussolini du Grand Conseil fasciste. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Les esprits se déchaînent, les adultes se déchirent et les enfants assistent aux empoignades.

Après ? Après, chacun ira rejoindre son destin : celui qui est juif sera renvoyé vers les camps, celui qui opte pour le Duce rejoindra les rangs de la République, le troisième choisira le camp des partisans qui ont pris le maquis.
L’héroïne, elle, n’aura pas choisi, mais plus rien ne sera comme avant.
En redescendant de la vallée d’Aoste pour Rome ou pour Milan, ils auront définitivement quitté la pays de l’enfance.

C'est la curiosité qui a constamment guidé l'écrivain, comme un courant souterrain. La curiosité va de pair avec la mémoire. Rosette Loy joue avec les souvenirs de sa propre enfance pour nous rendre vibrante la présence de cette petite qui n’est déjà plus une enfant, et qui souffre de ce que personne ne s’intéresse à elle.
Une écriture dense, très proche des personnages qui s’incarnent sous nos yeux.
L’un des romans les plus resserrés de cette auteure italienne de renom (ses autres romans « la bicyclette », « un chocolat pour Hanselmann » … sont connus dans toute l’Europe) , peut-être son plus beau.

Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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J'ai été plutôt déçue par ce roman de 70 pages. Une oeuvre littéraire ne s'évalue pas au nombre de pages, mais là, c'est presque une esquisse. J'en ai un peu appris sur la période tragique entourant l'armistice italien de septembre 1943. Sinon, il me semble avoir déjà lu 100 fois ces évocations de premiers émois amoureux dans une veine impressionniste.
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Je viens de lire le délicieux Ay, Paloma. Un récit très court, situé au Val d'Aoste en août 1943 (la Seconde Guerre Mondiale est l'époque de prédilection de l'auteur). Dans l'ambiance surannée d'un grand hôtel de villégiature, plusieurs familles bourgeoises sont venues se mettre à l'abri des bombardements. A travers le regard de la narratrice, une très jeune fille, timide, on assiste aux derniers moments d'insouciance (un mois environ) d'un petit groupe d'adolescents, qui jouent au tennis, flirtent, tombent amoureux, sur l'air languissant de la Paloma. Moment charnière de leur existence, à plusieurs titres, cette adolescence préservée sera rattrapée par l'histoire lorsque le régime de Mussolini s'écroule: l'heure est au choix (fuite, maquis, fidélité au fascisme ?). Un récit subtil, dense, servi par une écriture vraiment merveilleuse, qui ressuscite les émotions uniques et intenses des premières fois adolescentes, tout aussi bien que la fraîcheur de l'ombre du soir qui s'installe sur les prés, dans l'odeur de l'herbe coupée. Un récit qui ne me semble pas loin de la perfection, tant l'écriture, le sujet, la durée du récit, les images, le point de vue utilisé, se correspondent, créant une grande harmonie.
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Rien n'échappe à cette gamine à laquelle nul ne prête attention. Par contre sa soeur aînée, Marcella, attire tous les regards des garçons. La cadette est donc réduite à observer la bande de jeunes gens qui dansent et flirtent en écoutant "la paloma" :
« Ay, una paloma blanca como la nie como la nie ay, me has arruinado el alma, como me duele, como me duele.. ».
Son coeur bat aussi pour Augusto et elle passe devant chez lui :"
Si j'ai de la chance, il arrive qu'Augusto soit sur le balcon , son bras unique posé sur la balustrade, et je tourne alors rapidement la tête de l'autre côté parce qu'en même temps que le bonheur de croiser son regard m'arrive un coup au coeur, pour le malheur inéluctable d'être moi, la disgracieuse.
Pour n'avoir rien, moi, de Marcella, ni ses charmantes petites dents de lapin, ni ses sandales de toile avec plein de lanières verticales qui s'entrecroisent sur ses orteils délicats. Ou quelques-uns des attraits de ma soeur aînée : un beau sourire, des cheveux bouclés et soyeux. J'ai moi des sabots qui font du bruit et ma robe à vermicelles qui fait mal rien qu'à la regarder, des cheveux courts et lisses d'un châtain indéfini. le coeur battant, contre tout ce que je désire, j'accélère le pas.
Toute cette société estivale est insouciante vit agréablement au val d‘Aoste, quand surviennent des évènements extérieurs qui entraînent des disputes : la démission de Mussolini, ou les lointains bombardements.
Les Allemands sont bientôt là : chaque ado choisit son camp - et son rôle, dans la tragédie qu'on n'avait pas vu - ou voulu voir, venir.
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J'ai lu ce livre en 2003, je me souviens l'avoir aimé et j'ai enchainé avec
d'autres romans ,tous dans cette période douloureuse de la seconde guerre mondiale,du fascisme et du rejet des juifs.
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