Simplement, elle ajouta d’un air neutre :
- Avez-vous besoin de quelque chose ?
Edwy Mémo eut tout à coup l’air de s’apercevoir de sa présence.
- Oui, Marie-Ange, répondit-il de sa voix nasillarde qui tranchait étrangement avec son physique de play-boy des années folles, je voudrais que vous appeliez tous les services d’urgence des hôpitaux et cliniques de la région parisienne pour vous informer de l’endroit où une jeune accidentée de la route prénommée Evelyne a pu être hhospitalisée.
- Evelyne comment ?
- Ne vous occupez pas de ça ! Evelyne tout court. L’accident a eu lieu sur la Nationale 7, près de Fontainebleau, vendredi soir. Dépêchez-vous !
Le transport s’était effectué sans encombre. Un client pas ordinaire, celui-là. Il songea avec délice à la grosse liasse de billets de cinq cents francs qu’il allait toucher à la fin de cette opération. De quoi se retirer à la campagne pour le restant de ses jours, ce qu’il ne ferait en aucun cas, d’une part parce qu’il détestait la nature qui avait fait de lui un albinos et, d’autre part, parce qu’il s’était lié de sympathie à son nouveau patron.
- Bonsoir, monsieur Mémo ! lança Marie-Ange sur un ton joyeux.
Il n’y eu aucune réponse. Munie de son bloc-notes et de son stylo, la jeune femme traversa le bureau de son patron, en balançant les hanches. Elle fut étonnée de l’expression taciturne de celui-ci, mais suivant son habitude, elle ne dit rien, sachant qu’il détestait les remarques.
A la porte de Passy, in contourna une pendule qui marquait 3h10. A cette heure de la nuit, les demeures bourgeoises du boulevard étaient plongées dans l’obscurité. Max jeta un rapide coup d’œil à son passager ; à travers les verres fumés de ses lunettes.
« Allez venez, milord, vous avez l’air d’un môme. »
La pluie avait cessé depuis un moment. Seuls les trottoirs mouillés et les feuilles des marronniers attestaient encore du passage de l’orage.
Tout en pilotant son side-car, Max chantonnait une vielle rengaine d’Edith Piaf :
« Allez venez milord ».