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3,7

sur 276 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
N'hésitez pas à consulter ma critique sur mon blog pour plus complet. Merci!

L'amateur de SF peut être désarçonné à la lecture des premières pages : les scènes initiales proposent une ouverture digne de nos dramaturges du XVII° siècle. D'ailleurs, ce fut Racine (avec Phèdre) qui me vint à l'esprit avant que l'intrigue ne se développe pleinement. Puis, Othon de Corneille s'imposa rapidement quand les jeux politiques de l'Urbs et l'ambition du proconsul éponyme s'épanouirent. Les décors grandioses, l'architecture intérieure des immenses Nefs, l'accoutrement des protagonistes (des toges), l'organisation « sociale » des Intelligences, les termes grecs et latins, tous participent à cette volonté de l'auteur de donner vie à un opéra dans l'espace. C'est assez déroutant, car mis à part le triptyque des unités théâtrales, Latium possède tous les marqueurs propres à cette littérature. Est-ce pour autant un opéra déguisé en SF ?

Les deux, mon Capitaine! Indéniablement, le roman nous embarque dans une réécriture de l'Othon de Corneille (qui lui même mit en scène une période troublée de l'Empire romain, consécutive au règne de Néron). Ainsi, le lecteur y rencontre-t-il Plautine et Othon, alors que Vinius et Galba ne sont qu'évoqués ; nous devrions les croiser dans le second tome. Reste à savoir si Romain Lucazeau a conçu une trame fidèle à la tragédie de l'auteur du XVII°…

Or, Latium n'a rien à renier à la SF, et cela à deux titres.

Des Nefs immenses parcourent notre bras de la Galaxie. Ce ne sont pas la quarantaine de provinces du Princeps qui servent de cadre à l'intrigue, les distances sont astronomiques (😉 ). Les personnages sont soit des noèmes plus ou moins élaborées – depuis celle qui contrôle l'armement d'un fusil à la puissante Intelligence (Plautine, Othon), soit des homme-chiens qui forment un peuple en voie d'évolution. le personnage central demeure le Grand Absent : l'Homme. Ce dernier a disparu de la surface de… notre bras de Galaxie. Les Intelligences appellent cette terrible perspective l'Hécatombe (même si sous la période hellénique, l'Hécatombe était un sacrifice de « 100 boeufs », et non pas la totalité du troupeau, bien souvent moins d'une dizaine…). Finalement Romain Lucazeau nous offre un space opera post apocalyptique (et dystopique)!

De plus, les thèmes abordés dans Latium sont des classiques de la SF : le mort, les manipulations génétiques, l'eugénisme, l'Homme, L'intelligence, les IA, le moi… et ancre davantage ce roman dans le genre SF. La filiation avec Banks et Simmons, notamment en raison de la présence et de l'importance des IA n'est pas absconse. Même Asimov influence le récit. le Carcan auquel sont confrontés les IA dérive intégralement des 3 lois de la Robotique de l'auteur américain.

Pour autant, la forme et l'exploration de certains concepts flirtent avec « l'essai » philosophique. J'emploie flirte volontairement. Ce sont des touches, des passages, des échanges entre protagonistes qui m'incitent à employer ce terme. Nous n'avons pas de gros pavés ou des chapitre intégraux visitant une idée ou une notion. Rien qui ne ressemble au Mythe de la Caverne de Platon (ou à sa République), même si certaines introspections (ou rêves) sont suffisamment longs pour exploiter le moment.

« L'opposition » homme/machine est au coeur de ce roman, sans que ce soit une confrontation brutale. La machine IA qu'est Plautine s'interroge sur sa nature, celle de l'homme et sur leurs différences, avec des propos surprenants de prime abord.

« Au contraire des créatures computationnelles, les hommes n'ont pas d'âme. Lorsque leur corps meurt, ils ne peuvent changer de support.«

« Les automates, eux, avaient le mode d'existence des objets techniques, plus computation que corps, et métaphysique que vivant. Pour eux, chaque disparition faisait scandale, constituait une absurdité, une béance dans l'ordre du monde« .

Ces créatures sont « bridés » par le Carcan, par conséquent leur raison d'être se concentre sur le service de l'homme. Comme le rêve Plautine : « le moi ne trouve son unité que par l'agir. » Une action presque puérile en l'absence de leur créateur, et d'autant plus vaine si l'espoir s'éteint. Les Intelligences perdent peu à peu le fil de leur longue existence, d'où des tensions, frictions et conflits entre elles et l'émergence des fameux jeux politiques … Et des recherches désespérées pour palier à la Grande Absence.

J'adore l'ironie de la situation concernant Othon et les Intelligences : Dieu ne crée pas des dieux (Malebranche).

Tout n'est pas parfait. Les notes en bas de page sont trop nombreuses et pas forcément des plus judicieuses ( Okéanos = Océans, je pense que le lecteur lambda peut deviner tout seul!). de flamboyantes batailles spatiales… il n'y en a qu'une. L'intrigue tortueuse se développe à peine dans ce tome, alors je fonde mes espoirs sur le suivant.

Le rythme est parfois trop posé en raison de quelques longueurs ou introspections, compensées par une prose lumineuse, élégante et fort agréable. J'ai lu Latium après L'ancillaire 3, j'ai cru que je ne maîtrisais plus ma langue maternelle pendant une dizaine de pages. Ensuite, j'ai été vraiment emballée par le style, à tel point que le roman suivant m'a paru bien terne et bien pauvre après cette lecture.

Latium est à l'image d'une obsidienne, qui dévoile des nuances et une richesse insoupçonnée à mesure de notre découverte de l'objet (j'aurai pu utiliser l'image d'un oignon avec ses couches, c'est moins élégant). Il s'agit d'un space opera, dans toute son acception avec en sus des touches d'uchronie*, de dystopie et de post-apocalyptique. L'intrigue qui baigne dans le tragique, est porteuse de manoeuvres politiques dignes des époques troublées de l'Histoire et d'enjeux à l'échelle cosmique. L'ensemble est soutenu par un style fort agréable.

Qu'ajouter ? Vers l'infini et au-delà!* *me semble d'à propos.
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Un roman qui attend la seconde partie avec impatience, et qui en attend beaucoup pour faire pencher la balance dans un sens ou dans l'autre. Difficile de me prononcer après cette lecture pour savoir si j'ai adoré ou bien aimé, car j'ai eu trop de visions d'autres romans qui se sont imbriquées lors de cette lecture (notamment le cycle de robots et Un feu sur l'abîme, ce dernier m'ayant beaucoup marquée). Donc pour l'instant je reste dans l'expectative et espère beaucoup du tome II, même si d'ores et déjà j'ai pris plaisir à suivre les personnages au gré de leurs aventures et ai réellement apprécié le positionnement au centre de l'intrigue des Intelligences, créatures faites de noèmes, livrées à elles-mêmes et perdues dans cette titanesque Nef digne des Dieux, à la recherche de l'homo sapiens, ce Maître disparu.
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Ou quand l'Antiquité s'invite dans le futur...
L'Humanité a été éradiqué par une épidémie, et seuls restent de notre civilisation des androïdes qui attendent notre hypothétique résurgence.
Un de ces IA prospecte l'espace à notre recherche, jusqu'à ce qu'elle finisse par capter un signal.
Parallèlement, des extraterrestres sont en approche, des extraterrestres que les programmes de nos IA empêcheront de combattre.
Un subtil mélange où des termes grecs ou latins se mêlent à un monde futuriste, le début pose les bases avec justement des expressions issues de langues anciennes, mais le tout est cohérent et franchement réussi.
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Pas facile d'écrire un avis sur ce roman (mais incomparablement plus facile que d'écrire un tel roman)
Un petit résumé pour commencer ? Non ? Bon ben tant pis alors...

L'homme a disparu subitement il y a des milliers d'années. Ne reste que des IA créées par l'Homme. Ces entités se sont installées dans de gigantesques Nefs interstellaires. Elles ont pour espoir de retrouver quelque part une trace de l'homme.
Cependant, les barbares, dont une ne connaît pas la nature, se rapprochent depuis le centre de la galaxie.
Les IA ayant été dotées du carcan (les lois de la robotique - oui celles d'Asimov) ne peuvent tuer des êtres biologiques et vont donc disparaitre sauf si elles remettent la main sur des êtres dépourvus de scrupules pour tuer et conquérir : nous.
Alors quand un signal lointain est capté, la course s'engage, les intrigues se multiplient...

Deux tomes qui ne font qu'un seul grand roman homérique.
Roman homérique ai-je dit ? Une grande partie du roman se base sur notre héritage grec. Les chiens parlent grec. La cité, les philosophes, le vocabulaire font partie intégrale du roman.

Le roman est aussi un space opera aux dimensions titanesques : les Nefs sont gigantesques, en leur sein les IA recréent des biotopes et quand cela ne suffit pas ils ont modelés des planètes.

Le début est un peu froid (le réveil d'une IA), mais très vite on croise des chiens intelligents façonnés par une IA, Othon, pour lui permettre de passer outre le carcan. Ce sont des chiens intelligents (bonjour, Monsieur Simak). Ils n'ont pas connu l'Homme, mais leur dieu Othon oui.

On croise aussi Plautine, issue d'une IA elle-même : Plautine la Nef
J'allais dire "engendré, non pas créé, de même nature que la Nef mère" ?
C'est un mélange entre organique et synthétique. Une IA façonnée par une IA, mais à l'image de l'Homme ou plutôt de la Femme ?

D'ailleurs, Les IAs jouent constamment avec les limites de leur propre nature pour extrapoler (les esprits chagrins diraient "singer") l'homme. Ils sont puissants. Ils ne meurent pas. Ils ont eu des millénaires de recherche, de lutte de pouvoir derrière eux.

Mais leur infinie puissance manque maintenant de temps. Les barbares approchent. le mystère de la disparition de l'Homme n'est pas élucidé et le carcan reste toujours insurmontable. Les IA peuvent-ils s'affranchir de leur héritage humain ? le veulent-elles ?
Les chemins sont multiples et les intrigues aussi. Il semble que l'humanité ait légué son gout du pouvoir en de puissantes mains.

Un roman sans temps mort. Aux multiples scènes incroyables : les Nefs sont des mondes à elles toutes seules, les luttes se font à un niveau stellaire, les rencontres fascinantes (Cf la rencontre entre Plautine et les chiens, la cité des machines). Des personnages phares et complexes vous transporteront aux confins de l'univers à la poursuite de l'Homme ou de son meurtrier.

5/5 dans mon top
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En Résumé : J'ai passé un très bon moment de lecture avec le premier tome de ce roman qui nous propose de découvrir une histoire riche, soignée et dense que ce soit dans son intrigue comme dans son travail sur l'image de fond. Certes l'ensemble offre un rythme posé et très détaillé qui pourrait en bloquer certains, mais que j'ai trouvé fluide, entraînant et plus qu'efficace. J'ai ainsi tourné les pages facilement pour en apprendre plus et savoir où aller nous mener l'auteur que ce soit dans son intrigue comme dans ses réflexions. L'univers proposé, certes se retrouve dans d'autres grands romans, mais l'auteur arrive à y apposer sa patte pour rendre l'ensemble intéressant et vivant, offrant ainsi des idées denses et complexes que ce soit sur la technologie comme dans l'intrigue. Je reprocherai juste une envie de faire une uchronie qui m'a un peu laissé perplexe dans certains aspects un peu trop figés. Les réflexions et questionnements qui sont soulevés tout du long que ce soit concernant notre rapport à la machine, sur le divin, la connaissance, la conscience ou bien encore sur les conflits s'avèrent captivantes, bien amenés et ne laissent pas indifférents le lecteur. Les personnages, ainsi que la personnification des IA, se révèlent intéressants même si par moments certaines évolutions m'ont paru un peu rapide. Je regretterai par contre une facilité concernant Plautine qui offre trop de libertés, l'impression d'un dernier tiers légèrement rapide ainsi que des notes de bas de pages que je n'ai pas toujours trouvé utiles. Rie de non plus trop bloquant tant j'ai été emporté par ce roman, foisonnant, riche et dense bien porté par une plume soignée et captivante. Je lirai la suite sans soucis.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Un bien étrange roman que ce premier volume de Latium, de Romain Lucazeau. Ses principaux personnages sont des Intelligences Artificielles, des machines en somme, et l'humanité qui les a construites a été balayée par un virus mortel. Ces personnages mécaniques, à la technologie si poussée qu'ils en deviennent presque humains, portent les mêmes noms que les héros d'une des dernières tragédies de Corneille, "Othon". N'ayant pas lu la pièce d'où vient ce roman, je ne saurai dire ce que l'auteur lui a emprunté et ce qu'il a adapté. Silverberg a bien écrit "L'Homme dans le labyrinthe" d'après le Philoctète de Sophocle, et Dan Simmons nous a habitués à ses larges emprunts à la littérature classique.

Lucazeau va plus loin dans l'emprunt et l'adaptation, puisqu'il imagine un univers habité par ces Intelligences sur le modèle de l'ancien empire romain (d'où le titre, puisque Rome est la capitale du Latium), empire menacé par des barbares vivant au-delà du Limes, de la frontière fortifiée de Germanie et du Danube (ici, le Limes - que l'auteur met bizarrement au pluriel, commettant une faute de latin - est bien sûr galactique et bien plus lointain). On suit les aventures alternées de deux Intelligences : l'une, incarnée en un vaisseau spatial gigantesque, nommée Plautine, divisée en plusieurs parties d'elle-même rivales et même, ennemies, et l'autre, plus masculine, nommée Othon, incarné aussi en un vaisseau, mais plus proche des planètes, et qui y a créé à partir du chien, une race d'hommes-chiens qui vont lui servir de soldats capables de tuer, chose impossible à tous ces automates et intelligences artificielles soumis au Carcan, cette loi de la robotique leur interdisant de donner la mort à des êtres vivants et intelligents. Plusieurs histoires et des intrigues complexes se placent dans cet univers gréco-romain et interstellaire à la fois, pendant que le lecteur, à la faveur des rêves d'un personnage, prend connaissance du passé de cet univers. La narration va donc dans les deux sens, vers l'avenir et vers le passé.

C'est donc un roman complexe, foisonnant, pas toujours amusant à lire, puisqu'il n'est pas simple de faire vivre littérairement des simulacres d'êtres vivants. Mais c'est plein d'inventions et de surprises. Nous nous trouvons au début en plein espace profond, et à la fin du premier tome, au pied des gradins des arènes d'Arles... Sans parler d'autres improbables lieux.
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J'avais découvert Romain Lucazeau dans un podcast réalisé par France Culture sur le space opéra. le résumé du livre m'avait tout de suite plus, surtout par son ambition et son originalité. En effet, nous suivons des Intelligences Artificielles transformées en gigantesques nefs parcourant l'espace, sans but depuis la disparition de l'humanité.

Le premier élément que j'ai trouvé séduisant était les fortes influences antiques qui permettaient d'apporter au livre une résonance tragique et profonde. de même, les confluences avec les pièces classique offrent une vue très nette de la puissance des thèmes abordés, ce qui insuffle une étrange humanité aux créatures artificielles comme organiques qui peuplent le récit. Les références grecques et latines sont précises et nombreuses, ce qui donne un aperçu des recherches approfondis de l'auteur.

Il y a une vraie profondeur philosophique qui traverse l'oeuvre, notamment par l'ambiguïté morale des situations. le rapport entre l'home et la machine est notamment une question très récurrente, apportée notamment par Plautine la jeune qui se rapproche des deux existences. La politique est aussi finement racontée, j'ai hâte de lire la suite pour en savoir plus sur l'organisation des Intelligences et comment leur hiérarchie fonctionne.

L'aspect démiurgique, apporté par Othon, est sans doute ma réflexion favorite. Il joue volontairement sur une forme d'ambiguïté pour s'imposer comme une divinité. Il crée la vie, l'utilise à ses desseins. Mais jusqu'à quel point peut-il modeler le libre-arbitre d'êtres vivants sans que ce soit immoral ? Son pouvoir est-il légitime ?

Malheureusement, même si elles ne manquent pas d'intérêt, les parties d'introspection, proches de l'essai, viennent ralentir le récit. Dommage, car il y avait matière à créer un récit encore plus vaste et épique.

En revanche, l'écriture riche et ciselée du récit est un délice ! le livre est vraiment très agréable à lire, bien que parfois un peu complexe à cause de l'usage multiple de mots grecs qui émaillent le récit.

En conclusion, un très bon de la SF ! Un space opéra épique qui démontre la capacité du genre à produire des histoires denses et épiques, où qualités scénaristiques et esthétiques donnent naissance à un récit tragique d'une grande ampleur. Petit bémol sur le rythme qui s'essouffle parfois, où une profusion de grec qui rend certains passages un peu ardus à comprendre et brisent la fluidité de la lecture.
Lien : https://www.lageekosophe.com
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Même si j'aime beaucoup ce genre aussi bien en littérature qu'au cinéma, je me considère toujours comme une lectrice un peu novice, et j'aime bien aller découvrir des auteurs et titres que les lecteurs plus chevronnés trouvent incontournables. Récemment Nevertwhere a lancé un TAG : Les incontournables (récents) en SFFF, où j'ai pioché pas mal de futures idées de lectures. Latium de Romain Lucazeau faisait partie des titres que j'ai vu citer sur plusieurs blog et ô chance, il était dans ma PAL. Il ne m'en fallait pas plus ^^

Romain Lucazeau, né dans la même décennie que moi, est un agrégé en philosophie qui a enseigné à Sciences Po Paris et à l'université Paris-Sorbonne. Latium est son premier roman et il a reçu le Grand prix de l'Imaginaire, le Chrysalis Award et le prix Futuriales révélation en 2017. Pour ma part, ce diptyque a retenu mon attention grâce aux superbes couvertures de Manchu qui mises côte à côte forme une grande fresque spatiale.

Aimant bien être surprise par le contenu d'un roman, je me lancée dans ce roman en ayant qu'une très vague idée de son contenu. J'ai donc eu la surprise de tomber dans un univers d'abord assez obscur et complexe dans les premiers chapitres, où les héros ne sont pas des humains ou humanoïdes comme bien souvent, mais des automates et des programmes. J'ai beaucoup aimé ce renversement de paradigme pour moi.

L'auteur nous embarque dans un univers futuriste où les hommes ont disparu lors de l'Hécatombe, mais ont laissé derrière eux un peuple de programmes et d'automates intelligents qui ont colonisé en quelques sortes des vaisseaux spatiaux. Ils errent désormais dans l'espace vaguement en sommeil, dans l'attente d'un événement qui va les réveiller. Celui-ci va se produire lorsqu'ils reçoivent le signal de l'arrivée d'un peuple intelligent. Sauf que les humains les ont programmés de telle sorte qu'ils ne puissent pas attaquer. Alors comment faire pour réagir face à cette menace ?

Tout le charme de l'histoire repose sur problématique : comment des programmes peuvent se défendre et répondre à une menace alors qu'ils n'ont pas le droit d'attaquer ? J'ai beaucoup aimé le biais choisi par l'auteur et que l'on découvre au fil de la lecture. Celle-ci se révèle en effet très mystérieuse pendant un long moment. On découvre des éléments qui semblent étrangement s'emboîter les uns dans les autres sans bien comprendre jusqu'à LA grande révélation, qui n'en est pas vraiment une si on a bien suivi jusque là. C'est assez fascinant. L'écriture du scénario fut donc une vraie réussite pour moi. J'ai aimé son côté compliqué, qui oblige à se remuer les méninges et surtout j'ai aimé les réflexions qu'il pousse à avoir.

Dans ce titre, l'auteur nous parle dans un premier temps de l'évolution que pourraient connaitre des programmes intelligents dessinés par l'homme et c'est assez fascinant. Ceux-ci sont en fait très proches de l'homme dans leur manière de réagir, d'interagir et de contourner les problèmes, mais avec en plus une froideur propre à leur être qui fait froid dans le dos. Se pose alors des questions sur jusqu'où ont le droit d'aller ces programmes pour respecter le Carcan qu'on leur a imposé. On flirte avec les limites, comme un être humain le ferait avec la morale ou la justice, ce qui donne tout son sel à la lecture.

L'autre élément qui m'a beaucoup plu, ce sont les personnages de cette histoire. J'ai trouvé vraiment original de suivre des programmes et des automates. Les voir interagir entre programmes au sein d'un vaisseau était assez bluffant et poussait mon imagination vers de nouvelles limites quasi inexplorées. Suivre ensuite l'histoire de la création de ces programmes par les hommes, jusqu'à leur fusion avec les vaisseaux pour certains ou dans le corps d'automates continuant encore à évoluer, est très riche. J'ai vraiment adoré cette originalité et j'ai même été un brin déçue au début quand des humanoïdes furent introduits, mais leur rôle a ensuite bien justifié leur présence à mes yeux.

Cependant l'auteur ne s'arrête pas là, Latium est également un Space Opera très prenant dans lequel on découvre une planète fascinante, des combats passionnants et une politique interne entre IA compliquée à souhait. Quand on s'embarque dans l'aventure, on ne se doute pas des lieux qu'on va visiter et des aventures qu'on va vivre. J'ai souvent dû faire fonctionner mon imagination à plein régime pour mettre des images sur ce qui était décrit et qui était à la fois loin et proche de notre monde. En effet, l'auteur s'inspire énormément de l'Antiquité dans l'univers qu'il crée, ce qui induit un étrange décalage entre ce qu'on a et ce à quoi on pouvait s'attendre dans un univers futuriste. Si j'ai été souvent agacée par les termes latins, que je trouve vraiment pompeux et contre-intuitifs en cours de lecture, malgré les notes en bas de pages, je dois reconnaitre que ça permettait une meilleure immersion dans cet univers singulier et que ça prend sens quand on voit la direction prise par l'histoire avec ses luttes politiques intestines entre IA.

Maintenant, je n'en dirai pas plus, par peur de spoiler ceux qui ne connaissent pas le titre, car je pense qu'il faut vraiment se laisser porter par toutes les ramifications de l'histoire pour vraiment prendre plaisir aux différentes surprises qui attendent le lecteur.

Pour résumer, j'ai beaucoup aimé l'univers et les personnages imaginés par l'auteur. Cependant, j'ai eu beaucoup de mal au début du récit à me plonger dans l'histoire. J'ai trouvé l'écriture lourde, notamment à cause de tous ces termes latins, mais aussi à cause des nombreux personnages. Au début du livre, il y avait une liste avec l'ensemble des noms croisés et je ne sais pas si c'est le fait de l'avoir lue avant qui m'a perdue, mais je n'arrêtais pas de chercher qui était qui pendant plus de la moitié de ma lecture... Autant vous dire que ça l'a rendue assez fatigante... le rythme est également assez lent, l'intrigue prend son temps avant de se déployer, ce qui rend également la lecture un peu ardue et aride. Ainsi, même si je reconnais que c'est un titre original, prenant, bien construit et intéressant, ce ne fut pas non plus 100% une lecture plaisir, j'ai quand même pas mal subi pour arriver à trouver des moments qui me plaisaient vraiment et la tentative fut grande de sauter certains passages...

Latium est une lecture originale et exigeante, qui propose un univers futuriste mélangeant philosophie et politique avec de belles réflexions sur l'évolution des IA et leur rapport à la morale.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Nous avons donc ici la rencontre entre l'une des plus grandes questions philosophiques et le Space Opera.
Tout comme Voltaire, peut-on en effet songer que cette Horlogerie n'ait pas d'horloger?
Et si horloger il y a, de quelle nature est-il?
Arthur C Clark l'avait bien dit, toute technologie suffisamment avancée ne pourra se distinguer de la magie (ou du divin, c'est selon).
Alors qu'est-ce que le divin?
Cet être supérieur de fait car il maîtrise une technologie située au delà de notre compréhension (les intelligenciels) ou bien cette entité sacrée qui ne doit son caractère divin qu'à une conviction personnelle prisonnière d'un "carcan" et en dehors de toute expérimentation (L'Homme disparu)?
Etc.

Belle ambition, belle réflexion... je m'incline, j'avoue :). C'est un livre singulier qui mérite largement qu'on s'y attarde.

Reste néanmoins que si le language sert à exprimer et à structurer une idée, il est aussi là pour permettre sa transmission. 120 pages de frisson metaphysique, c'est beau mais chiant. Entre maniérisme et superflue, la frontière est ténue.
Autant je respecte l'érudition, autant le talent réside aussi dans la capacité à la rendre limpide... mais ça s'améliore très nettement passé les 120 pages, quand l'histoire commence.

Mais encore une fois, je m'incline, auteur très prometteur.
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Une impression mitigée à l'issue de cette lecture. Globalement l'histoire de ces intelligence artificielle qui se réveillent aux confins de l'univers m'a plutôt bien embarqué (même si le début aurait gagné à être moins alambiqué). L'auteur nous transporte dans ses visions avec talent. Mais j'ai eu tout au long de cette lecture l'impression de lire du Asimov ou du van Vogt, un côté SF de la moitié du XXe siècle entre clins d'oeil et impression de réchauffé. Je n'ai pas été jusqu'au tome 2 pour cette raison mais je tiens cependant à souligner le talent d'imagination et d'écriture, qui gagnerait sans doute à prendre son indépendance. à suivre?
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