La dette publique dans la littérature, en voilà un sujet ambitieux et tout trouvé pour l'autrice de "
Personne ne sort les fusils", qui s'attaque ici à ce "cauchemar familier" avec lequel on réduit au silence la grogne populaire. La vie publique, truffée de concertations à simple vocation cosmétique ou marketing, est ainsi faite qu'elle décourage les citoyens les plus engagés. Dans cette courte étude
Sandra Lucbert revient sur une de ces réunions qui les confronte à leurs fossoyeurs.
Mais au delà de l'aspect local c'est bien une vaste entreprise sa sabotage et de sabordage de la fonction publique, un mécanisme de démantèlement délibéré des services publics qui est à l'oeuvre en France depuis quelques années. Alors que les dirigeants brandissent cette dette comme un étendard, justifiant toutes les mesures d'économie imposées à la fonction publique, la dette est devenue l'alibi facile de ceux-là même qui n'hésitent à rémunérer grassement des cabinets de conseils privés. Alors que l'aptitude politique de la population est soigneusement découragée, déniée ce discours dominant et imposé, à force d'être rabâché, est désormais ancré profondément dans l'inconscient collectif.
Les discours marketing des responsables politiques n'ont d'autre vocation que de maintenir cette hégémonie, nous réduisant à l'impuissance. Ce phénomène de verrouillage de la pensée est décrypté, les différents serruriers identifiés (BCE). Les chantres d'une "fin de l'abondance" habilement provoquée invoqueront donc la dette pour tout justifier, restriction des droits, privatisation, casse des services publics, réduction des prestations sociales.
Sandra Lucbert dévoile le processus, détaillant les étapes qui permettent aux puissants de fermer le clapet des revendications populaires, ramenées à de simples vociférations par certains médias : Ridiculiser, moraliser, inverser, terroriser, techniciser, escamoter. L'habile confusion opérée entre dette et dépense achèvera encore le subterfuge, faisant peser sur les plus pauvres la culpabilité, ramenant les aides sociales à de pures pertes.