AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,07

sur 50 notes
5
5 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Petit livre très bien écrit, un joli style littéraire. L'ironie mêlée à une analyse brillante me rappelle le style de François Begaudeau.

"On nous assène des verdicts techniques décidés ailleurs,entre techniciens.
Des formules, toujours les mêmes, sont proférées. dormez, je le veux.
Et nous dormons. Marchez, je le veux.
Et nous marchons. "
Un livre qui a de quoi nous réveiller.
Commenter  J’apprécie          20
Voilà un petit pamphlet brillant, moqueur, aiguisé sur cet éternel refrain politique : la dette. C'est intelligent, excessivement bien tourné. Au-delà de sa plume souriante et impitoyable, Sandra Lucbert raconte l'absurdité de cette énoncé performatif, déployé sans fatiguer depuis la Cour des comptes à la Banque centrale, et qui voudrait que le trop de dépenses entraine le trop d'endettement. La prouesse de ce « conte » : ne pas parler de l'inégalité face à l'impôt. Quel plaisir!
Commenter  J’apprécie          10
La dette publique dans la littérature, en voilà un sujet ambitieux et tout trouvé pour l'autrice de "Personne ne sort les fusils", qui s'attaque ici à ce "cauchemar familier" avec lequel on réduit au silence la grogne populaire. La vie publique, truffée de concertations à simple vocation cosmétique ou marketing, est ainsi faite qu'elle décourage les citoyens les plus engagés. Dans cette courte étude Sandra Lucbert revient sur une de ces réunions qui les confronte à leurs fossoyeurs.

Mais au delà de l'aspect local c'est bien une vaste entreprise sa sabotage et de sabordage de la fonction publique, un mécanisme de démantèlement délibéré des services publics qui est à l'oeuvre en France depuis quelques années. Alors que les dirigeants brandissent cette dette comme un étendard, justifiant toutes les mesures d'économie imposées à la fonction publique, la dette est devenue l'alibi facile de ceux-là même qui n'hésitent à rémunérer grassement des cabinets de conseils privés. Alors que l'aptitude politique de la population est soigneusement découragée, déniée ce discours dominant et imposé, à force d'être rabâché, est désormais ancré profondément dans l'inconscient collectif.

Les discours marketing des responsables politiques n'ont d'autre vocation que de maintenir cette hégémonie, nous réduisant à l'impuissance. Ce phénomène de verrouillage de la pensée est décrypté, les différents serruriers identifiés (BCE). Les chantres d'une "fin de l'abondance" habilement provoquée invoqueront donc la dette pour tout justifier, restriction des droits, privatisation, casse des services publics, réduction des prestations sociales. Sandra Lucbert dévoile le processus, détaillant les étapes qui permettent aux puissants de fermer le clapet des revendications populaires, ramenées à de simples vociférations par certains médias : Ridiculiser, moraliser, inverser, terroriser, techniciser, escamoter. L'habile confusion opérée entre dette et dépense achèvera encore le subterfuge, faisant peser sur les plus pauvres la culpabilité, ramenant les aides sociales à de pures pertes.
Commenter  J’apprécie          00
Petit livre. Grand plaisir . Sandra Lucbert analyse discours et images d'une émission de France 5 « Dans le piège de la dette » et s'en sert pour « déconstruire » le discours dogmatique qui sert à conforter l'ordre néo-libéral. Elle use pour cela d'armes diverses, l'analyse du discours, , celle des rêves, et surtout ,la littérature : éclairer le jargon économico-médiatique par « Mme Bovary » et « Alice au pays des merveilles » c'est original et percutant. Sans oublier une réjouissante vacherie dans les portrait des sectateurs du discours sur la dette ,grands mamamouchis des institution ou truchements zélés des médias. Un plaisir de l'intelligence , du style , porté par la colère que je partage devant les mensonges dont on nous abreuve pour justifier le système qui nous opprime.
Commenter  J’apprécie          81
Que dire ? A part qu'il faut le lire. Comme avec son précédent livre, Sandra Lucbert décortique la langue néolibérale. C'est une contribution parmi d'autres pour comprendre. Après, le langage du management mis à nu dans "Personne ne sort les fusils" , c'est le langage de l'idéologie dominante sur la dette publique qui est ici remis à sa place de verbiage des bourreaux qui tuent en costard-sourire. La démystification est salutaire, mais ce n'est qu'une première étape. La suite nous appartient.
Commenter  J’apprécie          10
Dans ce court essai, l'autrice, depuis une phrase de Montaigne dans «  les cannibales » (des gens sont repus de tout, et d'autres maigres à faire peur) jusqu'à des emprunts à «  Alice au pays des merveilles » explique pourquoi LaDettePubliqueC'estMal et les conséquences sur la dégradation de la qualité des services publics au nom de la toute puissance des marchés qui gouvernent le monde en imposant leurs vues aux Etats. Les attitudes d'un certain nombre d'acteurs de L'Etat, nommés par leur prénoms seuls, mais qu'on reconnaîtra sans peine, Edouard, Didier, Jean-Claude….sont décrites pour convaincre que La DettePubliqueC'estMal. Un bel exemple nous est fourni avec le rappel du plaidoyer de Yanis Varousakis, ministre grec des finances venu plaider la cause de son pays auprès de Michel qui lui dit bien comprendre son problème, mais le renvoie à la cure d'austérité imposée par l'Europe. Belle réflexion, faisant émerger une parole qu'on aimerait rencontrer plus souvent.
Commenter  J’apprécie          80
Dans Cannibales, Montaigne raconte l'effarement du chef indien qui visita le Royaume de France au temps de Charles IX, lorsqu'il découvrit une société où « des gens sont repus de tout, et d'autres maigres à faire peur, mendiants à leurs portes, nécessiteux qui pourtant acceptent de “souffrir une telle injustice [sans prendre] les autres à la gorge, ou [mettre] le feu à leurs maisons” ». Analysant un débat public suite au décès d'un bébé alors qu'une maternité venait d'être fermée dans la Drôme, une émission télévisée, des interviews, Sandra Lucbert décortique, dans un exceptionnel exercice littéraire, la langue employée par l'État pour justifier et imposer ses mesures et, mobilisant la science des rêves de Freud, les mécanismes déployés pour faire accepter l'inacceptable.
(...)
Un petit ouvrage d'une puissance critique implacable et redoutable. Absolument indispensable !

Article complet sur le blog :
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
Commenter  J’apprécie          460
Quel étrange petit livre que ce Ministère des contes publics.
En moins de 150 pages, Sandra Lucbert nous démonte le discours officiel sur la dette publique et l'absolue nécessité qu'il y aurait à rembourser la dette publique. Grinçant et précis comme un uppercut, ce petit ouvrage convoque de nombreux personnages réels ou imaginaires pour démontrer que la gestion capitaliste des crises, mettant la réduction des dettes publiques et l'austérité au centre des politiques de ces trente-sept dernières années n'est que manipulation. Usant du langage littéraire pour parler économe, l'autrice surprend et pique là où il faut.
A lire
Commenter  J’apprécie          20
j'ai lu pas mal de livre sur l'économie et j'y suis à l'aise dans la présentation de cette discipline faite de chiffres,tableau et aussi théories sociales. j'avoue que l'ouvrage de S. Lucbert m'a dérouté par son abord littéraire. Peut-être cela donne-t-il encore plus de force a la démonstration faite de l'absurdité des courants de sciences économiques qui domine en ce moment. N'ayant pas mes repères habituels, je crois être passé un peu a côté de cet essai pétri de références qui me font visiblement défaut mais cet abord du néolibéralisme qui nous étouffé sera le bon pour bien des personnes, j'en suis persuadé.
Commenter  J’apprécie          10
"Pourquoi vous avez beaucoup d'impôts même si nous les baissons ? Beaucoup de dettes ? Parce que vous avez beaucoup de dépenses. Au travers du miroir de Bercy, les énoncés, une fois la prémisse effacée - nous les baissons uniquement pour les plus fortunés et pour les entreprises, et ce faisant les recettes fiscales s'effondrent –, seront mécaniquement inversés. Moins de recettes fiscales par exonération des riches devient : trop de dépenses pour ceux qui payent les impôts à la place des riches." (p.49)

À travers l'analyse d'une émission de télé (C'est dans l'air, intitulé "dans les pièges de la dette"), Sandra Lucbert déconstruit le discours dominant du néolibéralisme qui vise à légitimer la privatisation des services publics. Elle convoque Ema Bovary, Alice au pays des merveilles, Freud et Socrate, mais il ne s'agit pas d'un exercice de style, au contraire, elle nous donne des outils pour analyser les falsifications du langage, comprendre le réel et se mobiliser contre l'ordre établi.

Une claque !
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (135) Voir plus




{* *}