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EAN : 9782072694172
480 pages
Gallimard (16/02/2017)
3.75/5   16 notes
Résumé :
Hackers, esthètes, chefs d’entreprise, Agathe Denner et Guillaume Thévenin fascinent autant qu’ils inquiètent. Ils tissent un réseau de relations complexes et souvent cruelles où leur agence d’art numérique tient une place centrale. Lanceurs d’alerte ambigus, séducteurs troubles, ils jouent des naïvetés et piratent les conversations, exploitent indifféremment les failles de leurs rivaux ou de multinationales. Mais du 11ᵉ arrondissement parisien à la place Taks... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En consultant, après l'avoir lu, des avis sur "La toile", j'ai appris que l'auteure y rendait hommage à Choderlos de Laclos en s'inspirant de l'intrigue de ses "Liaisons dangereuses", tout en adaptant le genre épistolaire à notre modernité. Bon, je le dis en passant, et compte sur vous pour ne pas l'ébruiter, mais je n'ai pas lu "Les liaisons dangereuses", ce qui m'a sans doute valu de passer à côté d'une des facettes du texte de Sandra Lucbert. Mais après tout peu importe, puisque cela ne m'a empêché d'être séduite par sa richesse thématique et sa virtuosité stylistique… du moins au début.
Si de "toile" il est question ici, ce n'est ni au sens artistique, ni en rapport avec le textile et encore moins avec la tente de camping : c'est au coeur des ramifications virtuelles d'internet que nous immerge ce roman, constitué d'une succession de posts, d'échanges de mails ou de textos.

Au centre de cette toile, le réseau social Medium, où se "croisent" tous les protagonistes, y égrenant des avis ineptes ou enflammés, signalant leur présence à coups de "j'adhère", se livrant parfois à des confessions publiques. Y trône le duo formé par Agathe Denner et Guillaume Thévenin, dirigeants de LineUp, start-up spécialisée dans l'événementiel. Un duo incontournable, doué et "tendance", qui fascine autant qu'il crispe. Agathe et Guillaume naviguent comme des poissons dans l'eau dans le bain de la virtualité, tantôt hackers brillants et cyniques, tantôt chefs d'entreprise humiliants et omnipotents. Autour de ces rois du double jeu et de la manipulation, orbitent des quidams plus ou moins soumis à leur sphère d'influence, dont Sandra Lucbert, par le seul truchement de leurs échanges virtuels, détaille les liens, déroule l'évolution de leurs rapports.

L'incessante alternance entre les supports et les interventions généralement brèves des uns et des autres créent une dynamique qui rend la lecture roulante. Toutefois, l'auteure ne tombe pas dans le piège d'un simple exercice stylistique : via les échanges par mail notamment -plus longs et plus personnels-, elle initie une réflexion sur les mutations et les dérives qu'induisent ces nouveaux modes de communication, à l'origine d'une forme de dictature insidieuse et intime, à laquelle se soumet de plein gré l'individu, dorénavant persuadé que la preuve de son existence est indissociable de sa présence sur le réseau. Il accepte ainsi que la notion de vie privée perde son sens, cédant ses données en continu sans réaliser à quoi il consent : une irréversible transparence, la prise de contrôle, le profilage. L'intention qui gouverne et détermine le fonctionnement du web ce faisant lui échappe, occultée par le besoin qu'elle suscite et entretient. Les algorithmes placent l'internaute dans l'environnement identifié comme étant celui auquel il aspire, le but étant de le pousser à cliquer sans fin… La victime consentante se laisse ainsi manipuler par une technologie si complexe et si verrouillée que seule une élite peut décrypter ses codes, et dont la méthode pour atteindre son objectif -l'exploitation des données à des fins commerciales et de contrôle-, au-delà de l'aspect toxique de la simple dépendance, est à l'origine d'une transformation comportementale qui n'est pas sans dangers. Atteint d'une hantise de l'inoccupation, l'individu, par un trouble obsessionnel de la connexion, s'adonne à un bouillonnement souvent inepte et improductif, dans le but, inconscient et inatteignable, d'apaiser un sentiment d'absence provoqué par l'agrandissement croissant de l'espace de ce qu'il y a à dire à l'autre, alors que les écarts temporels de communication eux, ne cessent de réduire.

Une forme dynamique au service d'un propos intéressant donc, mais un roman sans doute un peu trop long pour moi. D'une part, je dois admettre que, peu adepte des réseaux sociaux et guère utilisatrice des dernières technologies, j'ai souvent été hermétique au langage conséquent, dont je ne maîtrise pas tout le vocabulaire... d'autre part, l'aspect répétitif du procédé narratif, certes en parfaite adéquation avec le fond, a tout de même fini par me lasser.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un "page turner" d'une efficacité redoutable... Je n'ai pas pu m'arrêter avant la dernière page!

Deux hackers
Agathe Denner: flamboyante, attirante, mystérieuse et cruelle
Guillaume Thévenin: spectral, secret et machiavélique
L'un et l'autre alternent coups d'éclats médiatiques à la Wikileaks et machinations artistico-perverses. Tout cela sur Medium, ce réseau social où l'on trouve les histoires intimes mêlées aux vagues révolutionnaires.


La prouesse de ce roman est de réussir à la fois à proposer une intrigue digne des Liaisons dangereuses (manipulations, sexe et trahisons...) en même temps qu'il offre un aperçu complet sur toutes les questions que pose Internet: protection des données, soulèvements populaires, création artistique, etc. Une réussite formelle qui marque un grand coup. A lire.
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La construction de ce livre est génial ! La question à laquelle répond l'auteur est la suivante : comment écrire un roman épistolaire au XXI-ième siècle. La réponse apportée par ce roman est très ingénieuse. On est absolument pas perdu entre les différents tchats, mails, publications sur les réseaux sociaux. Malheureusement pour moi, au bout de 150 pages, l'action n'a toujours pas décollé, je m'ennuie et je finis par abandonner. La forme ne peut pas tout faire.
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Vie et mort d'une start-up numérique, formidables liaisons dangereuses contemporaines.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/04/03/note-de-lecture-la-toile-sandra-lucbert/
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Avis au lecteur
Autant prévenir : je m’exprime sous contrat. les phrases, je ne les ai pas écrites. Je n’ai pas choisi un seul mot. Je ne suis pas convaincu par ce livre, je ne veux pas vous convaincre de l’ouvrir. Point de lyrisme ni de démonstration. J’ai mis en ordre des informations, rien de plus. Je compense l’algorithme quand il ne sait pas faire. L’intelligence artificielle ne peut pas tout, quoi qu’on en dise. Elle ne peut pas composer de roman. Même les romans optimisés par les indicateurs de fréquentation des liseuses, il y faut un sens de la narration. Il y aura toujours un humain dans la machine. N’empêche que je ne suis pas l’auteur. Je suis l’opérateur. Catégorie « Tri de données complexes » sur Mechanical Turk, l’application qu’Amazon a créée pour faciliter la vie des patrons. Parmi les offres d’emplois non qualifiés, il y avait un contrat « Assemblage de données épistolaires (roman) », j’ai postulé. Ça ou autre chose. L’épistolaire, je ne m’y connais pas plus que vous, j’ai reçu des mégabits de correspondances et puis débrouille-toi, visionne des tutoriels. En somme, c’est le marché qui m’a choisi ; l’édition française a estimé que je valais mieux qu’un autre, puisque je coûtais moins cher.
Pourquoi je prends la parole, si je ne suis qu’un assembleur produit ? D’abord, l’ « Avis » offert, c’est la ristourne qui m’a permis de décrocher le contrat. Ne rien coûter et en faire plus. C’est une habitude que les éditeurs ont plus encore que les autres employeurs. Avant, ils comptaient sur la vanité des écrivains. Maintenant, ils comptent sur la précarité financière des diplômés. Ils s’adaptent. Ils sont très darwiniens, dans cette profession, même s’ils s’en défendent. Ce n’est pas vendeur, l’exploitation, pour le public lettré, vous comprenez. C’est une clientèle délicate, à états d’âme, il faut la ménager. J’ai cependant été choisi, moi, quadragénaire malgache sans protection sociale, parmi les premiers prix du marché de la narration, parce que je proposais gratis la vraie fausse préface.
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De : Alexandre Drilhon
Date : Mercredi 5 septembre 2012
À : Maud Trévian
Objet : Rép : De la part d’Anastasia, une question
Maud,
pas de malaise pour te donner des infos, Ana m’a raconté. Et que tu es sa pote façon meilleure amie d’avant. LineUp, je vais pas te mentir, c’est plein temps, y compris le week-end, alors option mail pour te répondre, même si je ne suis pas trop à l’aise à l’écrit. Ce sera plus safe que de se dater.
Quoi te dire. Comme tu sais, c’est une boîte qui déchire, depuis dix ans qu’elle existe. Le business model doit se trouver facile sur le Net. En gros, on procure aux artistes l’infrastructure, les compétences techniques, les financements et les réseaux de distribution qu’impose le numérique. Un peu comme la maîtrise d’œuvre pour un architecte. Les artistes nous expliquent ce qu’ils veulent, on trouve comment le faire. On cartonne. On est très bien payés.
Le brand de la boîte clairement, c’est Denner et Thévenin. Ils l’ont créée, ils la dirigent. Ca les autorise à beaucoup de choses. Je veux dire qu’ils ne sont pas portés sur l’économie de leurs employés. Après, perso, je trouve que c’est comme ça que ça doit être. Les boss, ils ne sont pas comme nous, ils sont configurés pour décider, ils ont des responsabilités. Je crois qu’ils étaient ensemble dans une grande école, ils se disent des trucs bien barrés, j’en note certains pour les replacer : « Tu sais, cette idée (cf. Baudrillard) de la beauté comme capital à préserver, depuis l’ère de la consommation massive ? Je crois qu’on devrait jouer là-dessus. » Ça tape, des répliques comme ça. Tout le monde veut bosser avec eux parce qu’ils sentent la gagne et qu’ils ont un traitement de données hors normes. Ils sont au taquet sur les enjeux du numérique, ils saisissent super bien le délire des artistes. Tout ce qui se fait de bien à Paris dans cette branche passe par eux, c’est sans discussion.
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Maud Trévian
Une histoire de droits d’auteur ?
Jeanne Letterman
Oui. Ils nous ont payées au forfait pour ces vidéos, qui sont disponibles en streaming uniquement sur Évolution. Le contrat ne prévoyait pas de nous associer aux recettes publicitaires : ils ont gardé tous les profits induits pour eux. À l’époque, dans notre milieu, personne n’y voyait clair avec les gains spécifiques du numérique. Eux, en revanche, ils avaient parfaitement compris l’enjeu économique.
Maud Trévian
Je ne suis pas certaine que ce soit si limpide aujourd’hui non plus. Le marché, la technique et le droit ne sont pas encore alignés. Les règles de l’échange commercial juste sont loin d’être fixées.
Jeanne Letterman
Ce qui est sûr, c’est que bosser avec eux, jamais plus. Je te déconseille a fortiori de bosser pour eux, pardonne ma franchise. Je sais qu’Ana est moins braquée, et son ami vient d’être engagé, je suppose qu’ils y trouvent leur compte. Quant à moi, ce groupuscule de hipsters menés à la baguette par deux experts en malversations, j’ai rarement rencontré plus repoussant. J’ai vu ça de loin, pourtant. De loin, c’était déjà un plan trop rapproché.
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Mechanical Turk, premier au classement des exploiteurs d’humains.
Car c’est notre credo : ne plus payer les compétences, les individus étant interchangeables et dévalués.
Un travailleur jetable, pour plus de commodité.
Le droit du travail étant infiniment dégradable, de nos jours.
D’ailleurs, les contrats sans protection de l’employé sont le dernier cri, en termes de démarche écoresponsable.
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True, ils imposent du libre et du chiffré, et ils managent comme des mecs de Microsoft. Steve Jobs a fait pareil, si tu y réfléchis. Aujourd’hui, il vend des machines qui sont des prisons dorées, alors qu’au départ le drapeau pirate flottait sur le bâtiment Apple.
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Videos de Sandra Lucbert (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sandra Lucbert
Révolution Permanente était présent pour le lancement de 'Défaire voir. Littérature et politique', de Sandra Lucbert, en discussion avec Nicolas Vieillecazes, directeur des éditions Amsterdam, à la librairie du Monte-en-l’air, à Paris.
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