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Dans Cannibales, Montaigne raconte l'effarement du chef indien qui visita le Royaume de France au temps de Charles IX, lorsqu'il découvrit une société où « des gens sont repus de tout, et d'autres maigres à faire peur, mendiants à leurs portes, nécessiteux qui pourtant acceptent de “souffrir une telle injustice [sans prendre] les autres à la gorge, ou [mettre] le feu à leurs maisons” ». Analysant un débat public suite au décès d'un bébé alors qu'une maternité venait d'être fermée dans la Drôme, une émission télévisée, des interviews, Sandra Lucbert décortique, dans un exceptionnel exercice littéraire, la langue employée par l'État pour justifier et imposer ses mesures et, mobilisant la science des rêves de Freud, les mécanismes déployés pour faire accepter l'inacceptable.
(...)
Un petit ouvrage d'une puissance critique implacable et redoutable. Absolument indispensable !

Article complet sur le blog :
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Magnifique réflexion, une intelligence séduisante, un pamphlet inédit, l'audace est une vertu féminine.


Peut-on encore se définir pamphlétaire dans l'agitation sans fin du numérique. Une jungle d'invectives, de coups bas, de slogans dans lesquels je me noie. Qui arrive encore à surnager pour atteindre la mer des Sargasses. Les 687 anguilles lancées par les chercheurs ont été perdues entre l'Europe et cette destination ancestrale, évanouies les anguilles conserveront leurs mystères. Même Freud n'a jamais pu élucider comment les mâles se reproduisaient, c'est dire !

Les mots atteignent-ils eux les bons rivages, comme les civelles, j'en doute. Sandra Lucbert trouvera t-elle des lecteurs, ses livres surnageront surement aux îles Caïmans ?


Pourtant son propos est de dénoncer ces mots normaux et agrégés qui à force de surnager patiemment, finissent par exister (à la différence du sexe des anguilles) , et s'imposent comme des vérités, raisonnables, évidentes et bientôt incontournables.
C'est comme ça et pas autrement dirait Manoa 3 ans devant le chat qui ne sait pas aboyer, car il miaule.

Le premier chercheur en acoustique ayant identifié ces proverbes libéraux ou issus de la finance est tout simplement d'Orwell, une musique qui tourne sur quelques phrases magiques :le véritable ennemi c'est le gramophone dit Orwell ; ou "la voix de son maître". Il est ainsi devenu romancier.


Pour conduire les hommes à renoncer à leurs facultés politiques, Il a suffit d'une musique d'ambiance.

Cette injonction est ensuite décortiqué par Sandra Lucbert, parmi des dizaines d'ordres qui flottent en mer ou sur nos bassins à la française, comme celui très représentatif du Sénat .
Faut-il fermer une maternité ou la maintenir pour une population finissante et tomber dans le piège de la dette,

Le piège de la dette, fera l'objet d'un reportage réel sur France 5, dans C dans l'air, une maman Caroline perd son bébé, dans la stupeur des habitants de Die ( célèbre pour sa clairette). Malgré l'absence de piège ( la maternité ayant fermé) il est tombé entre les mailles de la raquette, l'hélicoptère était tombé en panne.


La magnifique image, une musique d'ambiance, que reprendront les journalistes de la 5 est entendue. Cette phrase est avancée par le préfet de la Drôme, "le monde ne peut pas être parfait il y a toujours des trous dans la raquette".

Cette dette publique devient une tranche du discours automatique, et le retour à l'équilibre des comptes publique un enjeu, qui efface toute velléité de répondre à l'intérêt général.
Notre droit bâti par les lumières sur cette notion d'intérêt général visant tous les citoyens et non seulement les élites est poussée dans le fossé des campagnes qui se vident.

Le vocabulaire des députés est à la hauteur de la menace, "le piège mortel de la dette", ou, si elle s'accroît la France décroît.
La BCE a toutes les vertus. La France réalise le casting parfait, elle ramasse toute la sagesse du trébuchet , c'est Jean Claude Trichet l'incarnation de l'Euro.


Didier et Caroline ruminent, on manque de lits, en pleine crise sanitaire, on semble leur répondre, " hâtons nous d'en supprimer d'autres."
Il faut lire dans la foulée Les seigneurs de l'argent, où Mr de la Rosière s 'éclate à la BIRD après son passage à la Banque Mondiale...


Pour atteinde sa cible Sandra Lucbert déroule l'histoire implacable des argentiers français, depuis Edouard le magnifique jusqu'à Gérard. Les discours évoluent peu , la cours des comptes réalise le décompte scrupuleux des erreurs c'est à dire des dépense inutiles un comble pour un état qui affiche la dette publique c'est mal! Vous ne baissez pas assez vite la dette !

Pour une écrivaine cette forme d'écriture est un délice. Elle achève sa plaidoirie pas La littérature, qui peut ramener de l'Indicible dans le dicible, figurer de l'infigurable.
L'indicible tient un mot qui tourne comme un disque. J'y pense !!!
Les éditions Verdier ont le nez pour déguster les lourds parfums, les belles plumes.

Cette brillante réflexion sur les préjugés et les idées toutes faites méritait ces quelques lignes. Comme dans tous les domaines sans un questionnement inlassable et rigoureux on sera encore, et encore plié, là, devant les trous de la raquette.

Le courage d'être c'est le courage d'écouter et de ne jamais devenir victime de la servitude volontaire cher à Montaigne. Ses écrits seront interdits pendant 2 siècles et demi !
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Petit livre. Grand plaisir . Sandra Lucbert analyse discours et images d'une émission de France 5 « Dans le piège de la dette » et s'en sert pour « déconstruire » le discours dogmatique qui sert à conforter l'ordre néo-libéral. Elle use pour cela d'armes diverses, l'analyse du discours, , celle des rêves, et surtout ,la littérature : éclairer le jargon économico-médiatique par « Mme Bovary » et « Alice au pays des merveilles » c'est original et percutant. Sans oublier une réjouissante vacherie dans les portrait des sectateurs du discours sur la dette ,grands mamamouchis des institution ou truchements zélés des médias. Un plaisir de l'intelligence , du style , porté par la colère que je partage devant les mensonges dont on nous abreuve pour justifier le système qui nous opprime.
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Dans ce court essai, l'autrice, depuis une phrase de Montaigne dans «  les cannibales » (des gens sont repus de tout, et d'autres maigres à faire peur) jusqu'à des emprunts à «  Alice au pays des merveilles » explique pourquoi LaDettePubliqueC'estMal et les conséquences sur la dégradation de la qualité des services publics au nom de la toute puissance des marchés qui gouvernent le monde en imposant leurs vues aux Etats. Les attitudes d'un certain nombre d'acteurs de L'Etat, nommés par leur prénoms seuls, mais qu'on reconnaîtra sans peine, Edouard, Didier, Jean-Claude….sont décrites pour convaincre que La DettePubliqueC'estMal. Un bel exemple nous est fourni avec le rappel du plaidoyer de Yanis Varousakis, ministre grec des finances venu plaider la cause de son pays auprès de Michel qui lui dit bien comprendre son problème, mais le renvoie à la cure d'austérité imposée par l'Europe. Belle réflexion, faisant émerger une parole qu'on aimerait rencontrer plus souvent.
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Une salutaire bouffée d'antidote, aussi drôle que tragique, à la mise en coupe réglée du langage de la « grande économie » déclinée dans nos vies quotidiennes, au service d'une domination sans partage d'élites repues dont la boutonnière craque.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/10/22/note-de-lecture-le-ministere-des-contes-publics-sandra-lucbert/

Comme elle l'avait pratiqué de façon très directe dans « Personne ne sort les fusils » (2020), en exposant à la lumière du procès France Télécom les présupposés les plus immondes de la langue managériale vulgaire, au plus haut « niveau », comme elle le sous-entendait déjà auparavant, de plus d'une manière, en pointant affectueusement certains tics de langage déjà délétères d'une jeunesse culturelle en plein flottement (« Mobiles », 2013), ou en démontant plus agressivement les manipulations autorisées par les nombreux dialectes issus des univers mélangés des start-ups et de l'art contemporain mécanisé (« La toile », 2017), Sandra Lucbert, dans ce « Ministère des contes publics » publié chez Verdier en septembre 2021, s'attaque en beauté et en efficacité au vaste storytelling néo-libéral ayant d'abord infiltré puis conquis sauvagement et sans faire de prisonniers la parole publique, politique et médiatique, permettant in fine toutes les coupes possibles et imaginables dans le vivre-ensemble des moins nantis au nom d'une mystérieuse divinité agissant en mode automatique total, à savoir la dette des pays, incarnation du Mal absolu et de l'absence de vertu.

En jouant avec une immense habileté à la fois de scènes médiatiques captées dans les creux parfois involontaires, malgré tout, de la communication permanente des élites à destination de leurs sujets, et en y insérant une lecture psychanalytique exhumant les actes manqués, les lapsus révélateurs et les rêves délétères qui y sommeillent plus ou moins paresseusement, et en mobilisant avec brio « Alice au Pays des Merveilles », Sandra Lucbert régénère et actualise la sinistre gouaille des banquiers et dirigeants jadis si savoureusement mis en scène (et en vers) par le Frédéric Lordon de « D'un retournement l'autre » (2011), et nous offre, en 120 pages de petit format, une décidément salutaire bouffée d'antidote, urgent, à la mise en coupe réglée du langage, remplaçant à force les cerveaux complexes par des moelles épinières simplifiées résignées à TINA. le langage de la domination est arrogant ou insidieux, pervers ou détestable, mais il percole à gros bouillons dans nos quotidiens et dans nos vies : le cerner dans ses automatismes, le saisir dans ses clichés et ses fausses évidences, c'est se donner des moyens supplémentaires de combattre, et c'est ainsi que ce « Ministère des contes publics » est particulièrement précieux.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Petit livre très bien écrit, un joli style littéraire. L'ironie mêlée à une analyse brillante me rappelle le style de François Begaudeau.

"On nous assène des verdicts techniques décidés ailleurs,entre techniciens.
Des formules, toujours les mêmes, sont proférées. dormez, je le veux.
Et nous dormons. Marchez, je le veux.
Et nous marchons. "
Un livre qui a de quoi nous réveiller.
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Quel étrange petit livre que ce Ministère des contes publics.
En moins de 150 pages, Sandra Lucbert nous démonte le discours officiel sur la dette publique et l'absolue nécessité qu'il y aurait à rembourser la dette publique. Grinçant et précis comme un uppercut, ce petit ouvrage convoque de nombreux personnages réels ou imaginaires pour démontrer que la gestion capitaliste des crises, mettant la réduction des dettes publiques et l'austérité au centre des politiques de ces trente-sept dernières années n'est que manipulation. Usant du langage littéraire pour parler économe, l'autrice surprend et pique là où il faut.
A lire
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Voilà un petit pamphlet brillant, moqueur, aiguisé sur cet éternel refrain politique : la dette. C'est intelligent, excessivement bien tourné. Au-delà de sa plume souriante et impitoyable, Sandra Lucbert raconte l'absurdité de cette énoncé performatif, déployé sans fatiguer depuis la Cour des comptes à la Banque centrale, et qui voudrait que le trop de dépenses entraine le trop d'endettement. La prouesse de ce « conte » : ne pas parler de l'inégalité face à l'impôt. Quel plaisir!
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Que dire ? A part qu'il faut le lire. Comme avec son précédent livre, Sandra Lucbert décortique la langue néolibérale. C'est une contribution parmi d'autres pour comprendre. Après, le langage du management mis à nu dans "Personne ne sort les fusils" , c'est le langage de l'idéologie dominante sur la dette publique qui est ici remis à sa place de verbiage des bourreaux qui tuent en costard-sourire. La démystification est salutaire, mais ce n'est qu'une première étape. La suite nous appartient.
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j'ai lu pas mal de livre sur l'économie et j'y suis à l'aise dans la présentation de cette discipline faite de chiffres,tableau et aussi théories sociales. j'avoue que l'ouvrage de S. Lucbert m'a dérouté par son abord littéraire. Peut-être cela donne-t-il encore plus de force a la démonstration faite de l'absurdité des courants de sciences économiques qui domine en ce moment. N'ayant pas mes repères habituels, je crois être passé un peu a côté de cet essai pétri de références qui me font visiblement défaut mais cet abord du néolibéralisme qui nous étouffé sera le bon pour bien des personnes, j'en suis persuadé.
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