L'heure est venue de se retirer dit la réalité aux trois amis, arrivés à l'hiver de leur vie. N'y comptez pas trop madame répondirent les vieux pour qui la réalité et bien...ce n'est jamais qu'un point de vue. C'est un peu ce que pourrait proclamer haut et fort les trois héros de cette histoire.
Pour ceux qui connaissent déjà
Lupano, sans doute êtes vous déjà conquis par son talent, auquel cas vous n'avez peut-être pas besoin de lire cette critique tant il est évident que vous allez, d'une façon ou d'une autre, vous procurez cet album.
Pour les autres, n'ayez aucune hésitation, Les Vieux Fourneaux est un petit bijoux qui augure d'une série de grande qualité (pourvu qu'elle ne se perde pas en route). le récit met en scène les retrouvailles de trois amis, Pierre, Emile et Antoine, à l'occasion du décès de la femme de ce dernier. A l'aube du quatrième âge nos trois héros envoient encore du gros boulet. Il faut dire qu'ils ont un passé libertaire et syndicale bien remplie. Antoine, à qui Lucette, sa défunte épouse, a laissé une lettre, découvre un secret qui va le mener en Italie, chez son ancien patron, avec à ses trousses ses deux amis, accompagnés de sa petite fille, enceinte jusqu'au coup. Il faut dire qu'il est partis sur un coup de tête et qu'ils craignent qu'il fasse une grosse bêtise.
La grande force des Vieux Fourneaux, au-delà d'un scénario bien ficelé, ce sont de truculents personnages (le syndicaliste, l'anarchiste membre d'un groupuscule baptisé "ni yeux, ni maître", le baroudeur) servis par des dialogues finement ciselés. La réflexion est également présente, par l'intermédiaire de Sophie (la petite-fille) dont la présence, enceinte, interpelle nos (au moins) septuagénaires sur leur bilan, en tant qu'hommes mais également en tant que génération et les incite, notamment son grand-père, à remettre, à l'heure du crépuscule, leur existence en perspective. Mais ne vous y trompez pas, le ton de cette histoire est surtout placé sous le signe de l'humour, d'autant plus percutant et vrai qu'il est teinté de cette nostalgie, voir parfois d'amertume. Quant à l'intrigue elle est réellement prenante et la fin ne procure qu'une sensation : la frustration de devoir attendre la suite, tant les possibilités scénaristiques sont nombreuses. le tout est servis par le dessin dynamique et juste de Cauuet.
Vous l'aurez compris, Les Vieux Fourneaux est une excellente BD et, de plus, une très bonne occasion de découvrir
Lupano pour ceux qui ignoreraient encore son talent.