Dès qu'il fermait les yeux, il la voyait. Elle hantait ses pensées. lui donnée envie d'accomplir des prouesses merveilleuses pour elle et de devenir digne de sa couronne.
"Je ne vous ferai certainement pas d'excuses pour avoir dit la vérité, déclara-t-il.
- La vérité ? Vous m'avez traité comme une dangereuse criminelle !
- Et vous, vous avez affirmé me haïr plus que n'importe qui au monde.
- Et je le pensais."
Mais un sourire fit frémir le coin de ses lèvres, et elle en discerna le reflet sur le visage de Chaol. Il lui lança un bout de pain, qu'elle attrapa d'une seule main et lui renvoya. Il l'intercepta avec adresse.
"Idiot, lança-telle sans plus dissimuler son sourire.
- Criminelle, rétorqua-t-il en lui rendant son sourire.
- Je vous hais vraiment vous savez ?
- Mais moi, au moins, je n'ai pas fini à la dix-huitième place."
Keleana sentit ses narines se dilater et Chaol esquiva de justesse la pomme qu'elle lui lança à la tête.
C'est avec une arme d'Eyllwe que vous devez les vaincre. Sa voix monta. Que le bois des forêts d'Eyllwe l'emporte sur l'acier d'Adarlan ! Que le champion du roi soit celui qui comprend les souffrances des innocents.
Des larmes lui brûlèrent les yeux. Le fouet claqua de nouveau. Ce coup la tuerait. La douleur la tuerait.
Elle fit claquer sa langue.
- Êtes-vous bien né ? demanda-t-elle.
- Suffisamment bien, répondit-il, et il releva imperceptiblement le menton.
-Duc ?
-Non.
- Lord ? » Comme il ne répondait pas, un sourire se dessina sur les lèvres de Keleana. Lord Chaol Westfall, prononça-t-elle en s'éventant de la main. Comme ces dames de la cour doivent se pâmer devant vous !
- Ne m'appelez pas ainsi. Je ne porte pas ce titre, dit-il calmement.
Peut être s'était-il rendu compte qu'il n'avait aucune chance de gagner le tournoi et qu'il valait mieux mourir que d'être renvoyé Dieu sait où. S'il avait voulu s'évader, il aurait attendu la nuit, le moment où il serait seul. Elle croyait comprendre ce que Sven avait voulu affirmer par ce geste.
- Avez-vous fini ? lança-t-il, excédé.
Elle sortit de la salle, en proie à une envie irrésistible envie de lui faire avaler ses dents.
- Apprendre à perdre avec élégance ne fait-il pas partie de votre entraînement ? demanda-t-il.
- Non, répondit-elle avec aigreur. Arobyn m'a dit et répété que la place de second n'était qu'un terme poli pour désigner le premier perdant.
- Puisque vous êtes mon ami, vous devriez m'y emmener, ou, à défaut, me tenir compagnie ce soir-là.
- Votre ami?
Elle rougit.
- Mon chaudron furibond serait une description plus juste, repondit-elle. Ou ma connaissance contrainte et forcée, si vous préférez.
À sa grande surprise, il sourit.