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3,6

sur 208 notes
Un livre plaisant où l'on suit, trois jours durant, les tribulations de Michel, jeune collégien rêveur. Tout se passe à Pointe-Noire au Congo-Brazzaville. C'est une plongée jubilatoire en Afrique subsaharienne où les détails de la vie quotidienne et des univers familiaux des Ponténegrins sont évoqués avec d'autant plus de couleur et de poésie qu'Alain Mabanckou se place à la hauteur des yeux d'un tout jeune adolescent. le style naïf qu'il emploie participe par ailleurs d'une certaine autodérision. Toutefois, en choisissant de situer son action au lendemain de l'assassinat du camarade président Marien Ngaoubi le 18 mars 1977, l'auteur crée un décalage qui révèle avec un humour sans fard l'instabilité politique et la violence qui gangrènent son pays. Il dénonce ainsi non seulement le cynisme de ses élites mais aussi l'instrumentalisation dont elles sont l'objet de la part des grandes puissances qui luttent pour s'assurer le contrôle du continent africain. Les soubresauts de ces journées funestes conduiront le héros à murir malgré lui par amour pour sa mère.
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Un certain mois de mars 1977, le destin de la République du Congo bascule, avec l'assassinat de son président.
Le naïf et touchant Michel, alors adolescent, pose son regard sur ce pays bousculé.
Vie familiale et vie politique se rencontrent sans jamais totalement se rencontrer. Parce que le tremblement de terre se fait ressentir sous chaque pied, jusque chaque maison de planches et de tôles.
Michel est un rêveur mais plus le temps de rêver. La violence éclate, trop longtemps couvée.
Alain Mabanckou nous dépeint l'Afrique, son Afrique.
Un Congo fraîchement libéré du colonialisme et pris au piège par les guerres ethniques.
A travers celui de Michel, c'est un regard à la fois tendre et franc qu'il pose sur l'histoire.
Un roman voué à être, tel les cigognes, immortel.
Et à voyager de main en main, de pays en pays.
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La partie description de la vie quotidienne dans le Congo des années 70 est savoureuse ! La partie didactique sur la vie politique est un peu plus ennuyeuse...
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Ce livre est un roman, mais fortement inspiré de la jeunesse de l'auteur à Pointe Noire entre maman Pauline et Papa Roger. Mais ici Alain est représenté par Michel, collégien rêveur, témoin des bouleversements de l'Histoire de son pays. Mars 1977, le président est assassiné et à la grande surprise de l'enfant, cela ne sera pas sans répercussion sur sa famille.
Michel est le narrateur. Et c'est donc à travers le regard de ce garçon que nous voyons ce qui se passe dans la famille, à Pointe Noire et au-delà. Les écrits sont de l'oral couché sur le papier. J'aimerai entendre ce livre lu avec le ton, le rythme marqué par la ponctuation, tel que je l'entends dans ma tête en le lisant. C'est frais, vivant, parfois naïf, très affuté, grâce à la distance donnée par le regard enfantin.
Michel est un prétexte, un passeur, un outil pour décrire le Congo des années 70, la relation France-Afrique, a colonisation tel que les habitants la vivaient. C'est un cours d'histoire vu du Congo et raconté par un congolais. Je pourrais recopier des pages en exemple. Un régal pour moi.
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Dépaysement total, on est emporté (presque) dès les premières pages. Un fil narratif bien construit, fluide, un brin poétique, tendre de par la vision de cet enfant. Bel ouvrage, belles émotions, contexte historique méconnu.
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Après le succès de " Petit Piment " en 2015, Alain Mabanckou, écrivain franco-congolais, revient à Pointe-Noire, trois jours dans l'histoire post coloniale du Congo. Avec un fort goût autobiographique, son nouveau roman " Les cigognes sont immortelles " est paru en cette rentrée littéraire 2018 aux éditions du Seuil.
p. 14 : " On va encore dire que moi Michel j'exagère toujours et que parfois je suis impoli sans le savoir. "
C'est par la voix de Michel, jeune adolescent, que cette histoire est narrée. Fils unique de papa Roger - employé à l'hôtel Victory Palace - et maman Pauline - grossiste en bananes, il est le spectateur des bouleversements politiques du Congo.
p. 83 : " - Dans ce pays on a tout connu, Michel... Et le voilà qui commence à parler de l'époque ancienne, quand les Français nous ont colonisés, puis quand ces mêmes Français ont décidé que ce serait un abbé polygame, Fulbert Youlo, un Lari, donc un Sudiste, qui serait notre Premier Ministre. "
Dans le pays les différentes ethnies vivent ensemble : les sudistes et les nordistes. Mais c'est avec les capitalistes noirs que la cohabitation est plus compliquée.
Papa Roger, maman Pauline et leur fils Michel habitent le quartier Voungou, dans des "maisons en attendant", rêvant d'un avenir meilleur...
p. 195 : " - Mon fils, avant de se lancer dans les grandes batailles, il faut déjà gagner les petites... "
L'histoire se déroule sur trois jours, dont l'élément déclencheur est l'assassinat du président congolais Marien Ngouabi, le 18 mars 1977, à Brazzaville.
p. 41 : " [...] vient par l'entremise d'un commando-suicide d'attenter lâchement à la vie du dynamique chef de la Révolution congolaise, le camarade Marien Ngouabi, qui a trouvé la mort au combat, l'arme à la main, le vendredi 18 mars 1977, à 14H30. "
Au pied d'un manguier et en compagnie de papa Roger, il prend des nouvelles de la situation du pays, aux sons de la radio Grundig par la Voix de la Révolution Congolaise.
p. 33 : " Cet arbre est un peu mon autre école, et mon père s'amuse parfois à l'appeler "l'arbre à palabres". Il écoute toujours la radio ici lorsqu'il revient de l'Hotel Victory Palace. Comme son travail est très fatiguant, les week-ends il se repose là du matin jusqu'au coucher du soleil, assis dans sa chaise en lianes avec sa radio à zéro mètre."
Et c'est au plus profond de la violence après la décolonisation du Congo et de l'Afrique, via les nouvelles transmises à la radio, et les habitants du quartier que Michel offre au lecteur le témoignage d'une enfance passée dans un pays instable politiquement.
Michel a la réputation d'être un rêveur, toujours un peu maladroit.
p. 171 : " Je m'en fous que dans la cours de récréation les élèves me surnomment maintenant "le rêveur". Ils ne savent pas que sur un de ses bouts de papier où elle me félicitait, Louise avait écrit, avec sa belle écriture : "Fais-moi rêver". Et elle avait aussi dessiné deux coeurs, avec une ligne qui les traverse. Ça voulait dire que, lorsqu'on est amoureux, les coeurs font du cheval sur l'équateur, et c'est pour ça que ceux qui ne savent pas chevaucher tombent et se font très mal... "
Il se définit comme une cigogne blanche de la Révolution socialiste congolaise, en référence au chant soviétique qu'il entonnait au collège "Quand passent les cigognes".
Alain Mabanckou nous conte l'Afrique, dans une écriture très poétique et exotique, par les yeux d'un adolescent, dont le discours paraît naïf, mais qui est  finalement très perspicace. Alliant majestueusement la légèreté et l'humour à la gravité du contexte, la plume de cet auteur est inimitable ! Une belle découverte en cette rentrée littéraire !
p. 139 : " Ce sont les Nordistes qui l'ont tué, mais il est devenu une cigogne, et moi je sais que les cigognes sont immortelles. "
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Après Petit Piment, Alain Mabanckou revient de nouveau dans sa chère ville de Pointe-Noire avec Les cigognes sont immortelles, au fort goût autobiographique. L'écrivain avoue d'ailleurs dans ses interviews que ce roman est une sorte de "chaînon manquant" dans son oeuvre, celui qui ne pouvait être écrit qu'après tous les autres. le livre se concentre sur 3 journées, en mars 1977, celles qui ont suivi le meurtre du président du Congo-Brazzaville, Marien N'Gouabi. C'est à hauteur d'un enfant de 11 ans que Mabanckou nous raconte une histoire familiale impactée par l'épuration qui a suivi cet assassinat. Avec un style inimitable, gouailleur et empreint d'innocence, devant des rebondissements imprévus pour ce garçon, tant dans sa sphère proche que dans un environnement politique qu'il essaie de comprendre. Et les personnages qui l'entourent sont inoubliables : père, mère, oncle mais aussi un chien qui s'enfuit sans demander son reste en apprenant à la radio ce qui est arrivé au président (sic). A travers une plume apparemment légère, l'écrivain franco-congolais évoque avec force les ravages du colonialisme et l'instabilité et versatilité des dictatures qui ont suivi les indépendances africaines. A l'aide de cercles concentriques, le roman part d'une foyer congolais, s'étend à un quartier, à une ville, à un pays et plus largement à un continent tout entier. Et Mabanckou de rappeler au passage que la plupart des grands hommes de progrès de cette époque (par exemple Lumumba) ont été assassinés avec la complicité de l'occident. Derrière l'humour de Les cigognes sont immortelles, il y a une blessure originelle de l'Afrique qui n'a sans doute pas cicatrisé aujourd'hui. Ce message ne s'oppose pas, loin de là, à l'écriture chatoyante, débridée et picaresque d'un livre souvent irrésistible où l'on découvre le quotidien du Congo sous un régime marxo-léniniste vu à travers le regard d'un gosse intrépide que la candeur ne peut plus protéger. Avec ses multiples lectures et son impressionnante fluidité narrative, Les cigognes sont immortelles ne serait-il pas le roman le plus accompli et même simplement le meilleur d'Alain Mabanckou ?
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Michel 13 ans, vit avec maman Pauline et papa Roger ses parents dans une maison en planches à Pointe-Noire. Papa Roger travaille dans un hôtel et il passe son temps à écouter sur sa radio Grundig la voix de la révolution congolaise. « Une radio ne doit pas mentir, surtout si elle a coûté très cher et que les piles sont encore neuves. » Maman Pauline fait le commerce des bananes.

Michel est un garçon qui passe son temps à rêver, à noter des choses sur des bouts de papier, comme si des cafards se battent à l'intérieur de son cerveau. Il perd en permanence la monnaie lorsqu'il va faire les courses à l'épicerie de Mâ Moubobi. « Les prix ne sont pas fixés pour de bon, ça dépend de si vous connaissez ou pas Mâ Moubobi, voilà pourquoi la boutique s'appelle “Au cas par cas”. » Michel évite de parler de ce qui se rapporte au sexe, car il ne veut pas que l'on pense qu'il exagère toujours et être impoli sans le savoir.

Avec ses mots à lui, remplis d'innocence et de poésie Michel nous raconte les trois jours qui ont suivi l'assassinat du camarade président Marien Ngouabi, le chef de la révolution socialiste congolaise. Trois jours qui vont changer sa vie et celle de sa famille. « Il faut que je pleure moi aussi, j'essaye, mais c'est difficile. La seule façon c'est de mettre du piment dans les yeux comme font les veuves quand elles n'arrivent pas à pleurer leur mari. »

J'ai beaucoup aimé la façon dont Alain Mabanckou nous raconte l'Afrique post-coloniale. Il utilise la voix naïve et toujours teintée d'humour d'un jeune garçon pour nous raconter l'indépendance, les luttes entre ethnies pour prendre ou garder le pouvoir, la corruption, les arrangements, l'importance de la famille, l'influence de l'ancien colonisateur qui décide qui sera président. Un sujet grave donc, mais traité avec légèreté. L'auteur nous raconte le quotidien pittoresque de cette famille congolaise et c'est un monde coloré qui s'agite devant nous, où la polygamie fait partie de la vie.

À travers le jeune Michel, il sait se moquer des pays occidentaux dont les présidents sont incapables de rester chefs jusqu'à leur mort, il rend hommage à la langue française « Les fables de Jean de la Fontaine qu'on aimait parce que dedans il y avait des animaux intelligents qui parlaient le français sans faire de fautes de grammaire ou d'orthographe, comme s'ils étaient allés à l'école. »
Ce roman est donc avant tout un témoignage qui nous ouvre les clefs du fonctionnement politique des pays africains, en choisissant comme narrateur un jeune garçon dont la fraîcheur, la spontanéité et le naturel nous emportent, Alain Mabanckou réussit son pari de ne jamais nous ennuyer.




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A vrai dire, la quatrième de couverture est un brin trompeuse. Elle nous promet une fresque de la décolonisation et l'on suit surtout les déambulations d'un enfant et jeune adolescent dans les ruelles de Pointe Noire, ville tentaculaire du Congo de son enfance. Et de son retour, une fois adulte, dans cette même ville.

Il est notifié Roman sur la couverture et j'ai un peu du mal à le croire. L'inspiration autobiographique en imprègne franchement les paragraphes, chaque page.

Cette enfance africaine et le retour de l'écrivain reconnu, de l'homme qui a réussi, sont les médias de Alain Mabanckou pour partir de l'anecdotique familial, de la spiritualité locale pour nous parler du fracas de la décolonisation, des errements dictatoriaux des potentats qui ont suivi et de leur doxa marxiste catastrophique. J'ai lu que LE MANIFESTE des pères Engels et Marx fut même l'une des sources d'inspiration de ces CIGOGNES. Cela ne m'a pas sauté aux yeux.

Le pari n'est pas réussi pour parler franchement. Parfois trop allusif, rarement plus direct, LES CIGOGNES SONT IMMORTELLES ne dépassent pas du cadre stricto intime pour déboucher sur quelque chose d'universel.

Néanmoins, ce livre n'est pas désagréable, loin de là. La plume précise, empathique de Mabanckou fait merveille et transpire par moments les regrets d'occasions manquées, toujours sans se départir de cette distance, cette nuance ironique, sans verser dans le panégyrique de "l'Afrique éternelle", sans en nier la beauté ni les travers ni les effets pervers d'une décolonisation qui perpétue une dépendance toujours présente. Et s'il se cantonne au petit bout de la lorgnette, la vue est belle.

Immortelles ces cigognes ? Non, peut-être pas. Mais elles volent droit et juste. C'est déjà ça.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Pour ouvrir cette rentrée littéraire, on retrouve un auteur qui a su s'imposer comme l'un des grands romanciers francophones d'aujourd'hui : Alain Mabanckou. Il est un des rares écrivains contemporains à construire, livre après livre, une oeuvre. Avec Les cigognes sont immortelles, Alain Mabanckou se penche à nouveau sur l'histoire de son Congo natal, pour la rendre personnelle. Non pas autobiographique, mais personnelle dans le sens qu'il arrive à ancrer des enjeux politiques et sociétaux dans le quotidien d'un personnage de fiction, Michel, sans que ce soit démonstratif. Comme à son habitude, Mabanckou nous brosse le portrait d'un pays en pleine mutation historique sous un ton léger, parfois badin. À Pointe-Noire, dans le quartier Voungou, la vie suit son cours. Autour de la parcelle familiale où il habite avec Maman Pauline et Papa Roger, le jeune collégien Michel a une réputation de rêveur. Ces personnages, nous les avions découverts dans Demain j'aurai vingt ans ! Par petites anecdotes, on découvre la vie du quartier et ses habitants, leurs querelles et leurs petits commerces. Mais bien vite, leurs existences tranquilles sont troublées par un fait majeur. En ce mois de mars 1977 qui devrait marquer l'arrivée de la petite saison des pluies, le camarade président Marien Ngouabi est brutalement assassiné à Brazzaville. Dès lors tout change pour Michel et sa famille. Des oncles surgissent de nulle part, les relations avec les voisins sont plus tendues… Pour Michel le rêveur, c'est un apprentissage brutal qui commence. L'apprentissage du mensonge aussi…

C'est avec une habileté remarquable qu'Alain Mabackou nous fait vivre les tensions qui émaillent le Congo en cette année 1977. Sans avoir l'impression d'assister à une tournure politique majeure, nous assistons aux répercussions directes de celle-ci sur le quotidien d'habitants sans lien apparent avec le régime. Puis peu à peu la fresque se dessine et c'est un pays morcelé entre le Nord et le Sud, entre le colonialisme et la décolonisation, entre les rivalités et luttes des différentes tribus qui se dévoile. Un Congo familier, aux odeurs et saveurs du souvenir. Mêlant l'intimisme et la tragédie politique, Mabanckou explore les nuances de l'âme humaine à travers le regard naïf d'un adolescent qui, d'un coup, apprend la vie et son prix. Il use d'un processus romanesque assez commun — en partant du microcosme, il élargit peu à peu au macrocosme — mais le fait si intelligemment qu'on ne perçoit pas le glissement. S'attablant à rendre des faits historiques aussi limpides que percutants, Mabanckou s'attache à rendre la grande histoire aussi transparente que possible, jusqu'à la faire croiser les destinées particulières. Ainsi ce qui n'était que des détails insignifiants au niveau historique prend une importance capitale en façonnant différemment la vie des personnages. À travers une langue marquée par son oralité, il construit des personnages qui ne s'estompent pas. le petit Michel, rêveur maladroit, va se retrouver pris dans l'engrenage des faux-semblants de la révolution bien malgré lui… Que l'on s'intéresse ou non à l'histoire ou la politique, on se laisse emporter par la prose de Mabanckou et on dévore ces pages d'histoire sans même avoir l'impression d'être face à un récit de source historique. En mêlant politique, histoire et tranches de vie, le romancier les fait se croiser pour construire un autre événement charnière ; celui de l'enfance. Mabanckou est passé maître dans l'art de nous livrer des fresques historiques sous l'apparence d'histoires simples. Et c'est le propre des grands romanciers je pense que d'avoir une telle fluidité au risque de passer pour trop simple.
Lien : https://eterneltransitoire.w..
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