Petit Piment est un roman initiatique de
Alain Mabanckou, l'éveil du jeune Moïse est émouvante dans cet orphelinat où le petit enfant abandonné à sa naissance doit trouver sa place découvrir son identité de jeune Congolais et peu à peu son histoire.
Le livre débute par l'étape heureuse, celle du pasteur Papa Moupelo qui veille sur lui, l'entoure d'une chaleur humaine, lui ouvre l'esprit et le coeur, le fait danser.
Mais arrive le mirage Révolutionnaire Communiste et Scientifique ,"les orphelinats sont des laboratoires de la Révolution, et vous autres les cobayes sur lesquels ils font leurs expériences " !
le renvoie de Papa Moupelo signe son deuxième abandon.
Il comprend qu'il faut être hypocrite pour survivre, face à l 'autorité, et fort face à ses camarades, son jeune ami Bonaventure Kokolo restera prisonnier de ses rêves.
La douloureuse confession de la femme de ménage Sabine Niangui qui la recueilli bébé, celle qui lui a donné un nom si difficile à retenir, tellement long qu'il vous échappe, lui raconte sa vie, celle au delà des murs, une vie qu' il n'a pas appris à affronter, un testament que sa mère aurait pu lui laisser, un doute " est- ce ma vrai mère qui me parle ?"
Ce seront leurs derniers mots ensemble, elle aussi est mise à pied, il y avait urgence à se dire, avant de poser ses pas vers un autre destin.
Son troisième abandon signe une fracture, il doit partir, lui aussi ?
Il ne va pas croiser le bon chemin, très vite il devient l'un des piliers du gang des" 4 moustiquaires " sous le nom de
Petit Piment, ils vont écumer le marché de Pointe Noire jusqu'à campagne de Maire pour éradiquer la vermine qui rançonne les marchands.
Il est réélu .
Ses errances le mène un jour vers Maman Fiat 500 on les appelle parfois les Nana Benz, il va retrouver la joie de vivre entre Maman Fiat 500 et ses dix filles de joie. Sa première vraie adoption, et un beau cadeau un terrain vers le front de mer.
Maman Fiat 500 est zaïroise, et le maire cherche un moyen de se faire réélire, le combat est lancé contre les " putes Zaïroises". le combat de trop pour
Petit Piment.
Maman Fiat 500 a disparu sa maison est rasée aucune trace de ses filles !
L'abandon de trop !
Petit piment retrouvera t-il la paix ?
Ce livre avec le recul est un superbe témoignage de ce que ressent, vit, éprouve un orphelin, et la fin n'est pas si singulière, le récit si poignant de sa quête d'identité, est peut être montré d'une façon qui fait rire ou sourire, mais combien perdent les pédales !
La langue de Mabanckou est si géniale, on croirait entendre la verve radiophonique ivoirienne ou gabonaise, unique, dans un français si inventif.
L'art de faire passer des messages très cinglants, il aborde des tabous aussi, sur la corruption, la ridicule utilisation d'idéologies dépassées, la traite des noires et l'implication de certains africains.
Je me suis vu arpenter les rivages africains, entendre leurs voix, ce français si fleuri à travers leurs rires.