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Trois petits tours - Hélène Machelon - Autofiction - Reçu par l'auteure en format PDF, lu ce 12 juillet 2019.
"Avertissements
Des portraits dépeints, seuls les nôtres,
du père et de la mère sont authentiques.
Les enfants-bulle ou bébés-bulle sont de petits patients
dont les défenses immunitaires sont fortement affaiblies,
voire inexistantes, si bien que pour leur survie, ils sont
placés sous une enveloppe de plastique en atmosphère
totalement stérile".

"Pour toi, Jeanne, mon enfant.
Tu n'étais pas née pour cette vie.
Pour Paul, Capucine et Olivia.
Pour Gilles"

Hôpital Necker, hôpital des enfants malades, service d'immunologie.

Rose, Victoire, Adrien...
Enfants dont le destin n'est pas celui de la plupart des enfants.
Ils sont malades, leur système immunitaire est très fragile, voire inexistant.

J'ai vécu le temps de cette lecture dans la chambre de Rose, dans la tête des parents de Rose, de la pédiatre en chef de ce service si particulier, de Margaux Montagne en
Mademoiselle Lilas Sardine, clown assermenté de l'hôpital, de deux infirmières tellement dévouées à ces petits malades, d'Aline, maman d'Adrien, l'amie de la maman de Rose, amitié née dans les couloirs de ce service d'immunologie, de la secrétaire administrative, peau de vache, de l'aumônier qui n'en peut plus, de Jean-François le thanatopracteur qui prépare les enfants avec tant de douceur, de la grand tante de Paul le papa de Rose.
Au travers de chacune de ces tranches de vie, j'ai côtoyé les pensées de chacun(e), j'ai côtoyé la souffrance, physique et morale, j'ai côtoyé la mort de Rose, et je viens de dire adieu à Rose. Sans mélodrame, mais avec son coeur de maman, Hélène Machelon, nous raconte la lente et douloureuse période entre l'entrée à l'hôpital de Rose et son envol vers un ailleurs sans souffrance. C'est beau, c'est doux, c'est triste, c'est poignant, c'est émouvant. Il n'y a pas de plus grande douleur que celle de perdre son enfant.
Comment appeler des parents ayant perdu un enfant ? Il n'y a pas de mot. le dictionnaire n'en a pas. C'est contre nature.

Rose laisse un message :

"La vue est belle d'ici, elle vaut la peine de prendre de la
hauteur.
Ce vieux couple avait raison lorsqu'il disait le jour de
mon enterrement que « de tout ce chagrin sortirait de la
lumière et des fleurs, que je n'avais pas donné ma vie pour
rien ! ».
"Vous comprenez maintenant.
Vous m'avez bercée. Vous m'avez soignée. Vous m'avez
rendu la vie belle. Vous m'êtes fidèles. Vous m'aimez d'un
amour inconditionnel et éternel. Ne doutez pas, je suis dans
chacun de vos pas.
Séchez vos larmes, je n'étais pas née pour cette vie".

Si le thème ne vous effraie pas, lisez ce petit livre qui nous fait comprendre
qu'il faut vivre chaque instant de sa vie le mieux possible, que rien n'est acquis, que la vie peut être très courte et donc qu'il faut dire sans compter, sans pudeur à ceux qui nous sont proches que nous les aimons.
C'est le message que j'en retire.



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« Saviez-vous que les petites filles naissent pour faire tourner leur jupon de princesse jusqu'à s'étourdir, pour massacrer les bâtons de rouge à lèvres en se tordant les chevilles sur les escarpins de leur mère, pour sauter sur les lits et s'admirer dans le grand miroir de l'entrée en récitant des poèmes ? »

Ce passage, premier d'une longue série qui m'aura serré la gorge jusqu'aux larmes témoigne du tableau idyllique que chaque parent peint pour ses enfants, pour sa princesse.
J'ai lu d'une traite ce roman qui m'aura captivée des premières pages jusqu'à la toute dernière. Une vraie claque.

Rose n'aura pas cette chance. Comme si tous les enfants ne naissaient pas tous sous la même étoile protectrice.
Rose n'était pas née pour cette vie. Même si Rose n'était que fécondité.

Un premier roman pour Hélène Machelon que je remercie du fond du coeur pour m'avoir adressé si gentiment son roman. du fond du coeur oui, car ce roman m'a émue et serrée le coeur comme jamais.

Sur la grande et triste scène de la mort grappillent des gens de l'ombre qui à leur façon raconte leur sollicitude, leur travail, leur malheur pour ceux qui regardent s'envoler les anges au ciel. Une infirmière, une bénévole déguisée en clown, une mère, une employée administrative, un aumônier, une tante, un thanatopracteur, le coeur sec ou bien mouillé, ils ont brodé avec ce qu'ils ont et ce que la vie a fait d'eux les ailes de Rose pour son grand départ. le malheur bat aux portes des parents sur le mauvais trottoir de la vie. On ne pourra pas t'enrober tes cheveux dans un beau chignon, toi Rose qui les perdais par poignée. Rose dans un petit tiroir de la morgue au milieu d'autres voisins fantômes. Rose dans un minuscule cercueil blanc.

Le malheur frappe à coups de massue quand un enfant lâche ses derniers battements de coeur après des mois de traitement. Même à son pire ennemi, on ne lui souhaite pareil malheur.

L'infirmière fera ce qu'elle peut en ayant conscience qu'elle ne peut avaler toute la misère de ces parents déchus. Prendre de la distance, se blinder. Un constat réaliste quand on sait la réalité harassante qui fouette au quotidien en milieu hospitalier.
Une femme clown qui ne souhaite rien de mieux rien de plus que de rendre le sourire à ces enfants malades. Parce qu'ils sont enfant avant d'être malade.
Une employée qui ne supporte plus le malheur des autres car comme bon nombre, elle se suffit de son lot de malheurs et tourne le dos à celui des autres.

Tout un monde qui gravite autour des parents de Rose nous délivrant des messages forts.

Un roman qui parle au coeur, qui réveille notre humanité endolorie, pas de pathos, pas de pitié, non, l'écriture d'Hélène se boit, se gorge d'émotions, se fond sur le coeur. Pas un mot de trop. Une précision dans la construction et dans la qualité d'écriture qui mérite l'attention du plus grand nombre. Des mots qui entortillent le chagrin et le deuil pour qu'au seuil des lendemains viennent se chiffonner et danser la lumière d'un possible où les souvenirs auront tant à aimer qu'ils ne pourront habiller la vie que d'amour.

Rose, tu n'étais que fécondité et de toi la vie continue à battre là où tu l'as laissée. Tu ne souffres plus. Tu es en paix auprès des colombes qui sèment pour tes parents la promesse de jours meilleurs.

Bravo Hélène ! Pour votre courage, vos espérances, votre dévouement, votre premier roman digne des plus grands.

À vous mes amis, foncez, lisez ce roman, partagez cette histoire, approchez les colombes, écoutez les anges. Un roman auto-édité qui mérite vraiment un succès digne des plus grands. Vous l'aurez compris, c'est un franc coup de coeur.
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Difficile de juger ce récit sur ses qualités littéraires, pourtant bien présentes : comment dire l'indicible, de partager l'indécente douleur qui accompagne l'une des plus injustes peines que nous vaut la faculté d'être mère, lorsque Dieu ou diable, ou est-ce la cruelle fatalité de notre destin de mortel, vous ravissent le petit être qui vous a été pour un court moment confié?

C'est avec délicatesse et mesure qu'Helene Machelon donne la parole à tous ceux qui furent les témoins éphémères de ce chemin de croix : la pédiatre qui ouvre le récit, l'infirmière, le clown qui vient chercher les sourires, et même la « punaise » de l'administration, maladroite s'il en fût. Les parents enfin, pris dans un cataclysme qui les dépasse, les broie sans indulgence.

Loin de toute rancoeur, c'est plutôt un hommage rendu à tous ceux qui ont accompagné, écouté, pris soin, soulagé et qui se sont unis pour croire jusqu'à la fin au miracle.

Le temps est loin où, avant de me lancer avec passion dans ces longues années d'études, je me délectais des romans de Soubiran, Journal d'une femme en blanc, vivant comme autant de promesses les cas désespérés qui créaient le pathos de cette série naïve. Quelques décennies plus tard, ce sont des prénoms gravés à jamais qui surgissent au fil des pages, des prénoms d'enfants réels, dont les histoires font parfois douter de soi. C'est pourquoi ce récit me touche beaucoup, plus sans doute que ne pouvait l'imaginer l'auteur en me proposant la lecture de ce récit.

Merci à elle pour la délicatesse et la justesse , et pour ce vibrant hommage à la petite Rose, qui a cessé de souffrir mais qui quelque part perçoit peut-être combien elle a été aimée.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Un très joli texte.
Rose est le fil conducteur, Rose est cependant absente, déjà partie et pourtant tellement présente.
Tout en douceur, tout en délicatesse, ce livre exprime le décès d'une enfant. On ne connait vraiment pas son âge, pas vraiment sa maladie. On découvre quelques personnes dans l'entourage, non pas de l'enfant ou de la mère, mais dans l'entourage de cette mort. Alors, effectivement, la mort est aussi synonyme de tristesse, de perte, d'abandon, de descente aux enfers, mais au-delà, il y a la vie. Chaque personne autour de Rose a sa propre histoire, ses propres réactions, ses pourquoi et comment si personnels.
Et oui... la vie continue... Mais Rose, et chaque personne décédée, font et feront toujours partie de la vie des survivants, dans les souvenirs et par ces souvenirs. Rose est vivante et a transformé la vie des personnes croisées.
Un très bel hommage...
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*****

Rose a cessé de lutter... L'hôpital Necker est en deuil aujourd'hui... Rose s'en est allée... Tout le personnel soignant s'accordera à dire que cette petite fille était belle, sage, courageuse. Qu'elle ne méritait pas ça, comme n'importe lequel de ces enfants qui sont ici, au service d'immunologie pédiatrique...

Trois petits tours est un magnifique roman... Et avant d'évoquer son sujet, c'est avant tout pour son auteur et son talentueux travail d'écriture que l'on remarque ce livre.

Hélène Machelon a un ton juste, ni larmoyant ni détaché, avec toute l'émotion que l'on peut mettre sur des mots.
Elle couche sur le papier avec pudeur et poésie, tout l'amour d'une mère, sa tendresse et son désespoir. Mais aussi le sentiment d'impuissance d'un pédiatre, le détachement d'une secrétaire, la culpabilité d'un clown triste ou encore la compassion d'un thanatopracteur...

La maladie et la mort d'un enfant est des sujets sensibles. Mais la construction du récit, alternant les mots des professionnels et de la mère, rendent ce roman humain...

J'ai refermé trois petits tours cette nuit, et c'est en pensant à toutes les belles petites Rose du monde, à leurs parents, que je suis allée embrasser mes enfants, appréciant un peu plus intensément ma chance et mon bonheur...

Merci Hélène de nous rappeler avec talent que nous sommes si petits dans ce monde, que le temps nous est compté et qu'il faut savourer chaque seconde...

Merci à Netgalley et à Librinova pour leur confiance...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2019..
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Il n'existe aucune recette pour apprendre à gérer la mort d'un enfant.
Chacun fait comme il peut, englué dans une chape de tristesse ou de rage, avec l' envie de tout détruire, de tout réduire en miettes, de tout faire cramer autour de soi, et en même temps le besoin irrépressible de se rouler en boule et de rester inerte en attendant qu'une vague immense vienne nous submerger et nous anesthésier définitivement de cette douleur sans fond.
Trois petits tours...et puis s'en vont, certains enfants ne font que de brefs passages sur cette terre, leur vie n'en est que plus intense mais celle de leurs proches s'en trouve irrémédiablement changée pour toujours.
J'ai été très émue par cette lecture qui donne la parole à ceux qui s'occupent au quotidien de ces enfants malades, le médecin, l'infirmière, la femme clown, celle qui gère les dossiers administratifs, le thanatopracteur, l'amie qui elle aussi a un enfant malade et bien sûr la maman.
Ces voix se croisent et sont comme les différents morceaux d'un patchwork, ce sont comme d'étranges petits bouts de tissus colorés, aux formes improbables qui, mis bout à bout, forment un motif subtil, un dégradé de nuances qui donne des couleurs et de la texture à la vie.
L'écriture est belle, simple, brutale par moment, empreinte de douceur à d'autres, toujours juste, jamais mièvre.
J'ai lu ce livre d'une traite, presque en apnée, tant le sujet est difficile, mais j'en ressors avec l'envie de serrer très forts ceux que j'aime, d'aller marcher sous la pluie, de sentir le vent balayer mes cheveux, de penser à ceux qui ne sont plus là en me disant « Qu'est-ce que tu me manques, mais putain, ce que c'était bon de t'avoir connu ».
Je remercie mille fois l'auteur qui m'a proposé et envoyé son ouvrage.
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Au fur et à mesure de ma lecture, et plus encore depuis que je viens de le terminer, je réalise que la rencontre entre ce livre et moi était des plus improbables.

D'abord, quand son auteure, Hélène Machelon, m'a contactée pour me proposer son texte, rien ne me paraissait de l'ordre du possible : difficultés techniques pour le recevoir, pas de disponibilité sur mon calendrier bien trop rempli et, cerise (amère) sur le gâteau, après quelques renseignements pris, le thème de Trois petits tours m'apparut extrêmement éloigné de mes goûts en général, et plus particulièrement de mes aspirations du moment.

Pourtant quelque chose me dictait d'y aller, coûte que coûte. Comme une alchimie magique et ensorcelante entre un texte et une lectrice. Alors, j'ai foncé, et je crois avoir compris pourquoi.

"Rien n'est plus abject que la mort d'un enfant " raconte cette autofiction, qui est aussi un puzzle polyphonique montrant tour à tour les ressentis et les points de vue des différents protagonistes ayant croisé Rose petite fille (bébé ?) anciennement leucémique traitée à l'hôpital Necker et venant de décéder. Ceux-ci ne sont jamais caricaturaux, mais entre interrogation et chagrin, ils se questionnent et interrogent le monde, leur monde.
Seuls les parents y sont de chair, d'os et surtout de coeur. Les autres personnages croisés au cours de ce terrible événement de vie ont, j'imagine, été dessinés à coup de rencontres, de souvenirs et d'interprétations par une maman qui a écrit.

"Avoir des enfants c'est risqué de les perdre "…

Aucun passage facile, aucun pathos, aucune plainte... la narratrice s'avère droite et digne dans ses aller et retour avec le passé et ses souffrances. Son écriture est douce et raffinée à la fois. Elle nous caresse comme elle a caressé sa fille pendant les mois vécus ensemble.
La forme fictionnelle choisie donne un roman parfaitement abouti, parce qu'il est construit à la fois comme un journal de l'intimité, un témoignage de ce qui se passe aussi parfois pour les jolis enfants tant aimés qui disparaissent, et comme un hommage à une jolie Rose qui a fané à peine sortie de terre malgré l'Amour, tous les soins prodigués et les prières dites.

"Je meurs de toi " lui susurre cette "mère en miettes ", à mi-chemin entre spectre et mort-vivante.

Ce texte tricoté par une femme intelligente et pudique nous dit l'innommable : la leucémie récidiviste et incurable, la souffrance du petit patient, la profondeur abyssale du désespoir des parents, le doute des soignants, la peur d'oublier.

Chère Hélène, c'est votre vie que vous avez déposée dans un herbier qui a séché. Mais aujourd'hui, votre coeur n'est plus sec, car vous y avez, malgré votre tsunami émotionnel, arrosé les graines d'amour qui s'y trouvaient en dormance pendant votre long hiver.
L'écriture est-elle thérapeutique ? Je pense qu'elle apaise, un peu.
Ne pas trop lui en demander non plus.
Votre écriture à la fois sensible et belle montre par contre votre subtile âme.

Trois petits tours est un livre sur un drame et sur l' "interminable convalescence ", et il m'a, étonnamment, donné de la force et du courage pour admirer chaque jour un peu plus "les louves " qui, comme vous, se saisissent de leur délicate plume pour tracer dans nos coeurs de lectrice/eurs une petite place à leur fleur disparue.
Maintenant, elle y est, car votre récit donne aussi du sens au monde, qui souffre mais qui vit.
Comme vous.

Pas de larmes au cours de cette lecture, moi pourtant équipée d'une sensibilité à fleur de peau, votre projet d'écriture ne va pas dans cette direction.

Ma première émotion une fois le texte lu, juste une envie folle : vous connaître et vous serrer dans mes bras.
Maintenant, volent au-dessus de ma tête votre douceur et celle de votre personnage, Rose, le tout étant accompagné par une petite musique bienveillante et lumineuse. A jamais dans mon coeur.

Je ne peux pas terminer ma critique sans dire que votre livre que j'ai adoré est à l'opposé d'un roman sur le même sujet d'Eric-Emmanuel Schmitt «Oscar et la dame rose » que je n'ai pas apprécié du tout (voir ma/la critique d'anlixelle sur Babelio https://www.babelio.com/livres/Schmitt-Oscar-et-la-dame-rose/2774/critiques/1231540?modifier=1).
Il m'avait profondément choquée et j'en attendais secrètement un autre...maintenant, il existe, c'est celui que vous avez écrit.

Mais j'aurais tant aimé que personne n'ait eu à le rédiger. Sous forme d'autofiction.

"Quand il faut évoquer la mort, nous savons que ... nous ne savons rien.
Quand il nous faut parler des morts de notre vie - qui vivent encore en nous - , habitent notre coeur -, les mots nous manquent.
De cette perte, de la mort même, nous préférons ne pas parler.
Et pourtant, les absents n'en finissent pas d'être présents."
Les morts de votre vie le Guay / de Tonnac chez Albin Michel

Pour vous, ce ne fut pas le cas, vous avez préféré parler, à votre manière, et c'est bien mieux.
En effet, le monde, parce qu'il est dur, parce qu'il est vaste, a grandement besoin de mots… et notamment pour garder le lien avec ceux qu'on ne pouvait pas retenir.
Lien : http://justelire.fr/trois-pe..
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Lorsqu'un auteur me contacte pour la lecture, c'est à la fois de l'honneur que je ressens mais aussi un peu de crainte car il peut arriver qu'un livre ne m'intéresse pas ou que sa lecture ne m'ait pas plu. Or, savoir dire à une personne que nous n'avons pas aimé son livre doit se faire avec diplomatie et objectivité. Quand Hélène Machelon m'a soumis son livre, j'ai eu peur que le sujet ne soit pas dans ma zone de confort, étant très portée sur les romans noirs, thrillers et autres depuis plusieurs mois.

Et bien finalement, j'ai bien fait de l'accepter car ce livre a été pour moi un vrai coup de coeur qui m'a beaucoup touchée ! Écrire sur la perte d'un enfant doit être de loin un exercice très difficile. Pourtant, l'auteure le fait avec beaucoup de brio, sans jamais tomber dans le pathos, d'une plume émouvante et touchante.

Chaque chapitre est subdivisé en deux parties : la première est consacrée à un personnage en particulier et quel peut être son état d'esprit, son historique personnel, ses pensées… Ensuite, Hélène Machelon revient avec son drame personnel, lorsque son mari et elle ont perdu leur fille suite à une maladie génétique, le couple n'étant pas compatible comme souligné par l'auteure.

J'ai trouvé que c'était un magnifique hommage à tous : que ce soit au personnel médical allant du médecin, aux infirmiers mais aussi les autres. C'est ainsi qu'on rencontre le personnel administratif dont on peut parfois oublier les propres drames qui les touchent, le personnel bénévole qui consacre de nombreuses heures pour offrir un brin de soleil dans le milieu hospitalier à ces petits patients, les parents rencontrés entre les murs de l'hôpital et partageant la même douleur de voir son enfant malade, les membres de la famille qui ont peur de prendre de la place dans ce deuil.

Comme écrit au début du livre, c'est donc une auto-fiction puisqu'il y a à la fois l'histoire personnelle de l'auteure et une part de fiction quant aux gens qui ont partagé ce drame à la fois à l'hôpital mais aussi chez les amis et familles.

Ce livre se dévorant très vite, on ne peut qu'éprouver beaucoup de compassion et d'empathie pour Hélène Machelon et son époux frappés par cette tragédie. Autant certains passages peuvent apporter un petit sourire sur les lèvres, autant d'autres laisseront les yeux remplis de larmes… Vous l'aurez donc compris, je trouve que ce livre mérite d'être connu, d'être lu et partagé.

Comme on le dit souvent, il n'y a rien de pire que de perdre un enfant. C'est quelque chose d'indicible et la preuve est qu'aucun mot n'est assez fort pour l'exprimer. Quand on perd un parent, on devient orphelin, quand on perd un époux ou une épouse, on devient veuf/veuve mais aucune expression n'existe pour ce drame ! Hélène Machelon en a fait un magnifique livre et je la remercie pour cet honneur de m'avoir choisie dans la multitude de blogueurs littéraires.

Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Trois petits tours c'est ce que représente la courte vie de la petite Rose , de la bulle stérile du service de l'hôpital des enfants jusqu'au service de réanimation où l'espoir rétrécit comme peau de chagrin .
C'est aussi un roman choral avec le ressenti de la pédiatre , de la jeune artiste qui vient égayer le quotidien des enfants malades en faisant ' le clown ' , la préposée administrative austère et maladroite , de l'aumonier qui réconforte mais sur qui se déverse la colère légitime des parents quand l'issue est fatale , du thanatopracteur un peu magicien qui essaye de donner une dernière belle vision de l'enfant , cadeau qu'il fait aux parents avec son coeur et son âme .
Il y aussi l'infirmière qui était en charge de Rose et qui était absente quand la petite est morte , j'hésite à écrire ce mot , envie d'écrire partie pour rester dans la douceur du livre .
Il y a la maman d'un adolescent qui fait des séjours réguliers dans le service , maman d'un jeune qui oscille entre rémissions et nouvelles inquiétudes , maman qui connaît tant de choses sur la maladie , les effets de la chimio mais qui a le tact nécessaire pour ne jamais s'imposer , d'ailleurs il y a toujours une grande retenue entre les mamans des enfants malades , le grand malheur ne se partage pas et enfin même si ce n'est pas dans l'ordre , la vieille tante qui elle - même a perdu une fille , histoire que je ne révèle pas ici mais qui m'a fort touchée , cette histoire de pardon .
Mon avis : le sujet est sensible mais il m'a semblé qu'il était traité avec une grande justesse , pas de pathos , de l'émotion mais tellement bien dosée .
Parents meurtris mais pas fermés définitivement à la vie , la perte , le deuil sont terribles mais ils seront surmontés , jamais ils n'oublieront le combat courageux de leur petite fille , ils garderont à vie son souvenir malgré tout la vie reprendra ses droits .
Portrait très juste des soignants qui ne sont pas des héros mais des êtres humains faillibles qui essayent de donner le meilleur d'eux et qui eux aussi une histoire .
Je souhaite le meilleur à l'auteur , très beau premier roman .
Merci à NetGalley.
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L'auteure, pour son premier roman, signe une autofiction poignante. Un jeune couple, parents d'une petite fille prénommée Rose, doivent faire face à sa maladie.

Dès le premier chapitre, nous sommes directement plongés dans l'univers du service d'immunologie pédiatrique, lieu que tout le monde respecte mais que tous redoutent et fuient avec effroi. La narratrice, au début du roman, se trouve être le médecin responsable dudit service. Elle tente de soigner Rose. On ressent directement ses émotions, elles nous traversent tout le corps : ses hésitations, ses doutes, son envie dévorante de sauver tous ses petits patients. Et, pourtant, sans tenter de nous cacher ses angoisses et ses craintes, elle nous renvoie rapidement à sa qualité première : celle d'être humain.

Très vite, dès les premières pages du récit, nous apprenons avec douleur que Rose est décédée. le souffle se coupe. le coeur bat à mille allures. Des sueurs froides nous traversent. Ainsi, le poids du roman s'écroule déjà sous nos épaules. On sent déjà que ce récit, à la première de couverture frivole et au titre presque enfantin, renferme une douleur indicible et inexprimable.

Les différentes scènes sont détaillées avec soin. Elles semblent réelles : nous sommes sur le canapé avec ce couple à tenter d'assimiler cette funeste nouvelle, derrière l'épaule du médecin qui vacille de douleurs de ne pas avoir pu la sauver, dans la chambre de Rose, dans le coeur de ces infirmières dévouées…

Puis, au fur et à mesure des chapitres, les narrateurs se succèdent. Les portraits des différents acteurs de ce drame, tous aussi bien dressés, s'enchaînent. Les voix s'entremêlent : la mère, l'infirmière, la mère d'un autre patient, l'aumônier, le thanatopracteur, etc. Cette polyphonie leur laisse à tous, chacun à leur tour, un espace considérable pour évoluer, exposer leurs sentiments et nous les partager. Elle permet également d'établir en parallèle les différents points de vue des protagonistes sur une même situation, de révéler leurs non-dits et leurs questionnements intimes.

Ce livre est d'abord un hommage fort au personnel soignant qui donne leurs coeurs et leurs temps à leurs patients et leurs proches. Face à la douleur insurmontable de l'entourage, ils cachent leurs peines et problèmes, travaillent dans l'ombre et tentent au mieux de répandre la joie. Ce message ne saurait être accueilli autrement que dans l'approbation, surtout actuellement, où leur désespoir et fatigue sont tant médiatisés.

C'est ensuite, peut-être, ou du moins ce que j'ai voulu voir, un auto-questionnement sur la place de la religion dans une douleur aussi injuste que celle de la perte d'un enfant. A la lecture de ce roman, il semble impossible de se questionner soi-même et de le questionner.

C'est enfin, et surtout, un roman très poignant, très bien écrit qui relate avec une sincérité incroyable, ce sujet. Il est vecteur d'un message fort d'espoir et de lumière, qui donne envie de prendre du recul sur les futilités de la vie, de dire bonjour plus souvent à son voisin quelque peu ennuyant et d'emmagasiner toute sa force et son courage pour l'envoyer aux parents de toutes les Rose.
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