Elle n’avait plus sa tête, elle n’avait pas assez dormi et la terreur faisait des ravages au fond d’elle-même. Lilly lui manquait tellement. L’odeur de ses cheveux, une odeur de draps séchés au soleil, son rire, qu’on pouvait entendre partout dans la maison. La peur de ce qui pouvait être en train de lui arriver la rendait folle. Tout ce qui comptait était de la retrouver. Il fallait qu’ils la retrouvent ! Aujourd’hui ! Le groupe se sépara et les gens partirent dans des directions différentes en criant le nom de Lilly.
Il ressemblait un peu à ces peluches avec lesquelles ses enfants jouaient quand ils étaient jeunes. Celles dont on pouvait remonter le mécanisme et qui avançaient maladroitement sur le sol. Mais il y avait un cœur qui battait dans celui-ci, elle pouvait le sentir. Son pelage était encore un peu humide. Est-ce qu’il fallait l’emmener chez un vétérinaire ? Elle réfléchit, mais il lui semblait que le chien ne souffrait plus à présent. Peut-être que c’étaient les épines coincées dans son pelage qui lui avaient fait mal.
Elle n’avait jamais vu Bello dans cet état. On aurait dit qu’il était en colère ou apeuré. Il sentait quelque chose. Elle savait que les chiens avaient un bon odorat, et qu’ils étaient capables de trouver quelque chose juste en reniflant. Ça ne sentait pas très bon à l’intérieur de la voiture. À l’école, ses professeurs lui avaient appris que les animaux avaient un sixième sens. Est-ce que c’était pour ça que Bello se comportait de cette façon ?
Elle lui avait crié qu’il était stupide et sûrement moche en plus. Elle avait frappé la trappe de toutes ses forces jusqu’à ce qu’elle l’entende s’enfuir en courant. Cela faisait un bon moment qu’il n’était pas revenu.
Lilly ne comprenait pas pourquoi ses parents la laissaient regarder des films aussi effrayants, Janus et elle n’en auraient jamais eu la permission. Et s’il y avait beaucoup plus de rats que celui qu’elle avait vu ? On aurait dit qu’il y en avait plus ce soir. Ils pouvaient l’attaquer et la manger pendant son sommeil. Lilly prit une inspiration si profonde que sa poitrine lui fit mal et qu’elle sentit sa tête lui tourner.