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3,87

sur 185 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Marie est une jeune femme qui gère son budget de façon très méthodique. Elle a perdu sa mère à l'âge de douze ans. Son père est devenu hypocondriaque psychotique à la même époque et a ensuite été licencié. Quant à sa soeur Victoria, elle a prétexté l'amour fou pour les abandonner et disparaître.

Marie a réussi tout de même à obtenir un bac pro option chaudronnerie industrielle. Elle est aujourd'hui serveuse au Havre et doit passer voir son père tous les jours ou presque. Et voilà qu'elle va s'enticher d'un gars Alexandre, brillant, très cultivé et beau parleur, qui, lui aussi en naïf romantique est attiré par sa douceur et sa sensualité, mais rapidement, il ne répondra plus aux messages de Marie. Celle-ci sent que la différence de culture entre eux est la cause de cette rupture. Elle se sent humiliée. Voulant s'expliquer avec lui, elle va tenter de le revoir et malencontreusement, par un geste incontrôlé, va se retrouver face à un juge. Elle ne sera pas incarcérée mais devra s'acquitter d'une somme qu'elle n'a aucun moyen de régler. Lui sera alors proposé par le juge un marché bien particulier et ce sera le début de l'éveil de sa personnalité.
Comme beaucoup de gens dans ce pays, Marie apprend ce qu'est l'humiliation et le mépris. Si, au départ, elle va se sentir complexée par ses origines modestes, petit à petit, elle va prendre conscience qu'elle peut évoluer et se rebeller contre son destin. Ce ne sera pas facile, loin de là, elle aura beaucoup d'obstacles à franchir mais elle comprend qu'elle peut désormais être maîtresse de son destin.
Changer le sens des rivières, c'est transformer un destin qui semble tracé d'avance, c'est mettre à mal ce fameux déterminisme social et Murielle Magellan, dans ce roman montre qu'avec une volonté d'acier, c'est possible.
J'ai trouvé ce roman d'une complète actualité. L'auteure nous montre à quel point rien n'est jamais défini d'avance et qu'il faut toujours se battre, ne pas céder au fatalisme et ne pas baisser les bras. Elle démontre également que tout passe par la culture.

Un excellent roman qui se lit d'une traite !
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Ca commence par de la violence.
Marie ne supporte pas se sentir méprisée par Alexandre, féru de culture cinématographique, passionné par François Truffaut. Elle, elle n'a qu'un bac pro en chaudronnerie, et ses journées, elle les passe au bar, à servir. Ses soirées, à soigner son père hypocondriaque sévère.
Marie aime Alexandre, pourtant. Mais elle le repousse brutalement lorsqu'il veut rompre à cause de son manque de culture. Et voilà Marie devant le juge.

Ca continue par la curiosité. Curiosité intellectuelle. le monde s'ouvre à elle par l'intermédiaire de ce juge. Et c'est l'occasion à nous aussi de picorer le monde, à travers son regard frais.

Ca se développe par la cassure des codes de toutes sortes et ça me plait.
« Je hais les phrases toutes faites. Méfie -toi des phrases toutes faites : « On n'a rien sans rien. Il n'y a pas de fumée sans feu. IL faut être deux pour danser la valse ! » Conneries. Les riches et les pauvres. Les dominants, les dominés. Les discriminants, les discriminés. Les gentils, les méchants. Dès que ta pensée tombe dans ce puits débile et binaire, arrête-la ! »

Marie change, et elle change le cours de sa vie.
« C'est une vie, c'est la mienne » : cette phrase du Dernier métro de François Truffaut, elle la fait sienne.
Quelle belle leçon d'ouverture !

Phrases courtes, mots nets, images parlantes, message non conventionnel et rempli d'espoir : ce roman aide à s'interroger sur le monde et à devenir meilleur, sans leçon de morale édifiante, mais tout simplement en suivant Marie, la brave petite jeune fille du Havre.

Murielle Magellan séduit, entraine, pousse à changer le sens des rivières, mais par la douceur.
Interpellant !
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Qui pourrait "Changer le sens des rivières", qui pourrait écrire à une jeune femme ces mots étranges, "tu as été mon point d'orgue" ? Les réponses elles aussi sont surprenantes, à la hauteur du très beau et du très émouvant roman construit par Murielle Magellan autour de ces deux énigmes.


J'aime à flâner dans les flottements de sa pensée, au style sobre et poétique. J'aime me laisser guider par les mots de Murielle Magellan, à l'humour efficace, des mots qui se déplacent au gré du vent, changent de sens, vont de l'impasse à l'autoroute, pour fuguer et disparaître, ou qui empruntent un rond point pour mieux assimiler que par moment, la vie n'a pas de sens, pas d'issue.


A l'adolescence on se cherche, et plus encore dans les bras de l'autre. Moi Marie je l'aime, mais lui Alexandre, pourquoi l'aime t-il, pour une bonne ou une mauvaise raison ? La jeune Marie était insouciante, elle ne se posait pas de questions sur son avenir, malgré une formation de chaudronnière, et son Job de garçon de café. Alors, quand Alexandre lui demanda, est-ce que tu connais Truffaut ? Elle dit non. Car c'était si peu important pour elle de connaître Truffaut ou Fleitour ou Magellan, elle s'en moquait.


Tous les mondes d'Alexandre , s'écroulèrent, tout s'écroula car ne pas connaître Truffaut ou Zizou pour un marseillais, c'est une injure, ça n'a aucun sens, c'est juste intolérable !
A ce point là du livre, Marie et Alexandre s'en tapaient , du sens des rivières, à tel point qu'une violente dispute éclata, et son dénouement sous l'oeil goguenard d'une patrouille de la police, accusa Marie.


Le ciel s'assombrit face au juge Doutremont. Sur comparution immédiate la peine était en sursis, mais l'amende fût sévère pour Marie orpheline dont le père était un coûteux fardeau. Et quel juge, non, si, lui, c'est celui du café, celui sur lequel elle a renversé par mégarde une tisane.


Quel juge ! Un juge taciturne, encombrant, un père de plus à surveiller, conduire, écouter sans rien dire, un fardeau, même si le marché conclu avec Doutremont lui permettra de payer l'amende. Cette cohabitation dans le huis clos de sa voiture va virer au cauchemar. Pointilleux, il a au bord de ses lèvres de procureur, cette pensée obsessionnelle, Marie ne doit plus approcher Alexandre.


Rien ne se déroulera comme imaginé par la jeune fille. Doutremont lui ouvrit des fenêtres sur le monde, s'indigna à la pensée que Marie pu éprouver un sentiment d'infériorité qui s'allongeait avec le temps. Un code civil, plus le film le Dernier Métro, plus de bonnes doses de débats entre justice et injustice et les neurones de Marie se remirent à vibrer. Marie, s'informait depuis sur le droit des minorités et sur les génocides, et de tant d'autres sujets... le marteau et l'enclume ne servait plus qu'à déplier les mots tordus, écraser les idées mal dégrossies.


Le drame éclata sur la rivière de l'abandon amoureux, sur le pardon d'Alexandre, murmuré d'avoir cru Marie indigne, sur les échanges de SMS trop visibles pour un Juge.


A qui s'adressait l'énigme, qui pouvait Changer le sens des rivières. Pour Marie , le sens de l'abandon dans les bras d'Alexandre accompagnait le sens de sa vie, où pour la première fois elle s'imagina porté par le courant de l'amour.


Mais lui scotché à son petit fleuve tranquille de juge, mais terrassé par sa culpabilité, pouvait-il avec son compagnon imaginer ce point si particulier, ce point d'orgue possible, se réconcilier avec sa conscience ?


Les êtres ne sont-ils pas faits pour se comprendre. La personnalité de Marie, sa lucidité, son insondable énergie à donner de la joie et de l'espoir, et même de l'esprit creuse un chemin de traverse, un itinéraire lumineux pour ses proches. Changer le sens des rivières est une fable sur l'éveil, et plus encore sur le renoncement à ces longs fleuves tranquilles, mornes et insipides jusqu'à leur embouchure dans un tout où l'intime disparaîtra.


Marie est comme le portrait à peine estompé de l'auteure. Murielle Magellan dont l'énergie, défit les murailles, sans oublier les petites choses de la vie, comme les oiseaux, chez elle, on se cache pour y vivre.
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J'ai adoré ce roman que j'ai fini le sourire aux lèvres. J'ai aimé sa poésie, son optimisme, ses personnages vrais et attachants : Marie la généreuse , Alexandre le rêveur, Gérard le méticuleux. Leurs interactions sont formidables, pleine de peps et réalistes. C'est bien sûr un roman social mais c'est surtout le parcours d'une battante. Un vrai bonheur de lecture !
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Ce que j'ai ressenti:

La nuit tombe tôt ce soir, et je m'étonne encore. Je m'étonne encore de petits riens, d'un livre qui t'attire juste pour son titre, juste parce qu'en ce moment, le mot « sens » devient plus urgent, plus présent que jamais…Changer le sens des rivières, que de poésie déjà et quelle audace aussi! Alors je m'étonne, et je commence cette lecture. Toute la force du mot sens prend sens, dans les directions contrariées de Marie, dans les valeurs fondamentales de la vie et puis l'ébullition du corps quand l'amour se pointe droit devant. C'est tellement tendre que ça me colle au siège de la petite Fiesta, et que je me dis en avant pour l'aventure! Impossible de lâcher ce livre, Marie a quelque chose qui nous ramène à elle obstinément, et la plume de Murielle Magellan a tout ce que j'aime, avec des notes de vigueur et ce brin de poésie, et je m'étonne juste, de ne pas l'avoir lue avant…

"Tu en vois, toi, des poètes? Hein?"

Parce que le juge Doutremont, lui, ne s'étonne plus de rien, alors je contrebalance en m'étonnant de son aspect bourru, d'homme qui en a trop vu. Marie le fait aussi, à sa manière, et avec tellement de douceur que dans cette relation d'entraide un peu farfelue, ils y trouvent tous les deux, assez de bénéfices pour continuer à sillonner les routes, à regarder ensemble la nuit qui tombe, à parler de musique et autres paraboles…

Ce Alexandre par contre, il ne m'a pas étonnée, avec ses grands airs là…Et puis, Marie qui s'accroche à lui jusqu'à qu'il lui mange le coeur…J'aurai voulu encore m'étonner des bizarreries de l'amour, de ces choix étranges et de ces relations qui ne mènent nulle part…Mais non, je savais bien que l'amour à ses raisons, sa dynamique incompréhensible et des mystères qu'on ne comprendra jamais…

"On ne peut pas lui manger le coeur impunément."

Sans trop vouloir vous spoiler, je dirai que ce livre m'a étonnée et que j'ai adoré ça! C'était pétillant! J'aime cette façon de voir la vie en couleurs, de ne pas se laisser enfermer dans un cadre, d'aller toujours plus loin grâce à la volonté, de mettre la culture et la persévérance à l'honneur. Bravo Murielle Magellan vous m'avez captivée et peut être aussi, redonné un peu de sens dans ma douceur, que je ne m'étonne plus de transmettre avant que la nuit ne tombe trop tôt…

"Rien ne l'oblige au désespoir."


Ma note Plaisir de Lecture 9/10
Lien : https://fairystelphique.word..
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Je remercie les Editions Julliard qui m'ont fait découvrir, via net galley, Changer le sens des rivières de Murielle Magellan.
Peut-on changer le cours de sa vie ? À vingt ans, des rêves plein la tête, Marie n'a pas eu la chance d'étudier. Elle n'a connu que la galère des petits boulots et le paysage industriel du Havre.Aussi, lorsqu'elle rencontre Alexandre, garçon brillant et beau parleur, son coeur s'emballe.
Mais comment surmonter ce sentiment d'infériorité qui la poursuit ?
Financièrement aux abois, piégée par un acte de violence incontrôlée, Marie accepte le marché que lui propose un juge taciturne, lui servir de chauffeur particulier pendant quelques mois.
Une cohabitation qui risque d'être houleuse, compte tenu de la personnalité de ces deux écorchés vifs...
Changer le sens des rivières de Murielle Magellan est un très joli roman, tout en sensibilité.
Marie est une jeune femme qui a peu d'instruction. Jusque là cela ne l'a pas dérangé. Mais elle rencontre Alexandre.. qui, lui, a plus d'instruction qu'elle. Quand il constate qu'elle n'a pas les mêmes références que lui, qu'elle ne connait pas François Truffaut, il se sent mal. Se sent t'il supérieur ?? Peut-être un peu.. Surtout, il pense qu'ils n'auront rien à dire sur le long terme et qu'ils vont s'ennuyer ensemble.
J'avoue avoir eu un peu de difficultés avec le personnage d'Alexandre car j'ai trouvé ce gamin très arrogant. Qu'est ce que ça peut faire qu'elle ne connaisse pas Truffaut ? Je ne suis pas certaine d'avoir vu un de ces film et personne n'en fait tout un fromage ! Il étudie le cinéma, pense que pour être bien avec quelqu'un ils doivent avoir les mêmes références, aimer les mêmes choses. Il est un peu obtus.. mais je lui pardonne car après tout il est bien jeune.
Marie n'a pas d'instruction, elle ne répond pas aux perches tendues par le jeune homme. A un moment elle s'énerve, ça fait des étincelles et lui rapporte des ennuis ! A cause de ceux-ci, elle va se retrouver à faire le chauffeur pour le juge Gérard. Contre toute attente, cette rencontre va l'aider, la faire évoluer.
Plus les pages se tournent et plus j'ai apprécié le juge, bourru au premier abord.
Marie est une jeune femme qui m'a beaucoup touché. J'ai trouvé ça dur pour elle la façon dont elle a compris qu'elle n'avait pas beaucoup d'instruction et que ça pouvait lui poser problème dans l'avenir. Jusque là elle vivait très bien sans connaitre cette donnée sur elle. Il y a de jolies rencontres dans ce roman, notamment celle avec Charlie ou avec Lydia, la fleuriste. Car oui, de brèves rencontres peuvent changer une vie, donner envie d'évoluer...
Quand à la fin, elle clos parfaitement ce très beau roman, qui est joliment écrit.
J'ai eu un coup de cœur pour Changer le cours des rivières qui attendait tranquillement dans ma tablette que je le dévore. Et je ne comprends toujours pas pourquoi j'ai tant tardé !
Ma note : un très gros cinq étoiles.
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Jeanne connaît les fins de mois difficiles. Confinée entre un père hypocondriaque et un travail au bar routinier, elle s'embrase vite pour Alexandre, bien qu'il soit bien plus cultivé qu'elle. Malheureusement, pour le jeune homme, cet obstacle est rédhibitoire. Alors c'est la descente aux enfers, Jeanne dérape et, ironie du sort : le seul être qui lui vient en aide est le juge qui la condamne avec sursis.
L'auteure cherche un équilibre entre amour, justice... et culture - non pas le vernis mais celle qui transforme.
Une quête menée avec naturel. Les personnages sont bien dessinés et présents dans leur rôle. La vie bifurque sur des chemins de traverse... et finalement, on accueille l'étincelle de félicité avec plaisir.
Une pépite.
Lien : https://partagerlecture.blog..
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"Je chante un baiser
Je chante un baiser osé
Sur mes lèvres déposé
Par une inconnue que j'ai croisée
Je chante un baiser"

C'est un air, ne me demandez pas pourquoi, qui m'a accompagnée le long de ma lecture; je ne savais pas encore que le titre du roman était aussi tiré d'une chanson de Souchon (La Beauté d'Ava Gardner, pour les plus curieux).

Et le titre, déjà, parlons-en. C'est lui qui m'a attirée vers ce roman et qui m'a poussée à le demander lors de la dernière masse critique. Et il prend tout son sens au fil de la lecture.

Ce roman est d'abord l'histoire de Marie.
Marie a 23 ans.
Marie est jeune, jolie, un peu naïve.
Marie a perdu sa mère à l'adolescence et a pour père un hypocondriaque professionnel.
Marie ne peut pas compter sur grand monde, sa soeur s'est barrée on ne sait où, et Marie est en quelque sorte devenue le parent de son père.
Marie, qui n'a pour seul bagage qu'un bac pro chaudronnerie, dont elle a raison d'être fière, travaille dans une brasserie du Havre et n'a d'autre horizon que la ligne grise du ciel et son petit appartement.
Mais Marie va s'enticher d'Alexandre, un client de la brasserie. Alexandre le Grand; Alexandre le Conquérant. Alexandre qui vient d'un milieu social un peu plus élevé, qui a des rêves plein la tête et qui va faire tourner celle de Marie. Alexandre le prince charmant. Jusqu'au drame...

Et il y a Gérard.
Gérard est un vieux juge, proche de la retraite.
Et pour Gérard, les drames, c'est son quotidien, il n'en a malheureusement vu que trop défiler dans son bureau.

Gérard et Marie, qui n'auraient jamais dû se côtoyer, vont se reconnaître et un lien singulier va s'instaurer entre eux.
Chacun saura alors se nourrir de ce que l'autre a à lui apporter.

C'est un roman qu'on lit d'une traite, on a envie de suivre les déambulations et l'évolution des personnages, de savoir où va nous mener l'auteure.
C'est un roman, réaliste, que j'ai trouvé à la fois poétique et visuel. J'imaginais le film qu'on pourrait en tirer, sorte de comédie sociale sur fond d'humanité. Le Juge a eu tour à tour les traits de Gérard Depardieu (ce qui ne serait pas possible, ceux qui liront le roman comprendront) puis de Fabrice Luchini, même si son physique ne correspond pas au personnage.

La plume de Murielle Magellan est très agréable, j'ai souri à divers endroits en imaginant le double sens des phrases et mots utilisés. J'ai d'ailleurs relu certains passages plusieurs fois.

C'est un joli roman, loin des clichés et bourré d'optimisme. Il donne la parole aux gens lambdas, qui pourraient tout aussi bien être votre voisin ou votre collègue. J'ai refermé le livre le sourire aux lèvres. Après l'avoir lu, je crois en effet qu'il peut être possible de changer le sens des rivières.


Merci à Babelio et à la Masse critique du 16 janvier 2019
Merci à Murielle Magellan et aux éditions Julliard
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Ce roman se déroule de nos jours, au Havre.

Marie, diplômée d'un bac pro en chaudronnerie, est serveuse dans une brasserie. Très organisée elle gère la maladie de son père, lui consacrant une partie de sa vie et de son maigre budget. Jusqu'au jour où elle croise Alexandre qui rêve de devenir réalisateur. Marie ne connait pas François Truffaut, et Alexandre coupe les ponts.

Marie dérape et va devoir payer son acte violent. Elle ose demander de l'aide au juge, client de sa brasserie, et se retrouve "chauffeur particulier". Il la rabroue et la secoue mais l'incite à chercher.

Ce sexagénaire, bien cabossé lui aussi par la vie, sera son puiseur de merveilles, celui qui va lui donner le goût de..

Je me suis attachée aux personnages : Marie a un profond sentiment d'infériorité envers sa soeur aînée, Victoria, qui a quitté la maison, Alexandre, Gérard le juge. Elle n'a aucune conscience de ses capacités, se contente de survivre et se contenter de peu.

Gérard, le juge, se veut équitable et droit. Sans pitié mais juste.

Il y a aussi Charlie, transexuelle qui a osé s'assumer

Et il y a le bonsaï de grenadier que Marie va découvrir,acquérir et cultiver.

Marie a osé : ne pas suivre Victoria et Inge, demander de l'aide, découvrir, s'émerveiller, partager, aimer, se cultiver, apprendre, évoluer, rêver et agir.

Et sans le savoir, elle est devenue "le point d'orgue" du juge, a donné du sens à la vie d'Alexandre,

Quel bel exemple à suivre !

Lien : http://www.unebonnenouvellep..
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Quelle drôle d'idée que cette illustration de couverture que d'aucuns pourraient trouver hideuse et peu vendeuse ! Elle ne ressemble en rien à ce que l'on pourra découvrir derrière sauf peut être la Ford Fiesta ( mais dans cette silhouette noire, difficile de reconnaître un modèle particulier), la vieille quasi épave de Marie l'héroïne. Certes sa vie n'est guère sautillante, même si le roman débute par une jolie scène de séduction qui tournera court. Mais qui peut se targuer d'enchaîner les jours avec un bonheur constant ? Sûrement pas les trois personnages principaux de cette histoire. Pas Marie, jeune serveuse qui doit s'occuper d'un père hypocondriaque, ni Alexandre étudiant qui cherche à percer dans le cinéma, ni Gérard, juge obèse et très taciturne. Tous ne se rencontreront pas forcément mais seront liés par un film de François Truffaut ( "Le dernier métro") qui leur permettra de trouver des liens que l'étanchéité d'une société bien cloisonnée ne leur aurait sans doute pas permis. Il faut dire que ces trois sont à des stades différents de l'échelle sociale. En haut, Gérard, rejeton d'une famille de surdoués, exerce la profession enviée de juge, plus bas, Alexandre, jeune homme très cultivé, vient d'un milieu plus modeste avec ses deux parents instits et occupe pour le moment une place au milieu, tandis que Marie, issue d'un milieu ouvrier passé à côté de toute culture qui brille ou qui pétille, se contente du dernier barreau, en bas.
Avec ses trois personnages, Murielle Magellan va tresser une très jolie histoire qui verra chacun se débattre dans une vie qui semble inexorablement tracée mais que chacun, inconsciemment ou pas, essaiera de faire sortir des rails. Il y sera question d'ostracisme social, d'altérité ( mot à la mode mais ici traité avec une profonde humanité), de différences culturelles. Avec une écriture claire et limpide, sans jamais tomber dans l'angélisme ni dans les clichés de la lutte contre les élites, le lecteur se trouve embarqué, non pas dans un des nombreux cargos ( quoique...) mouillant dans le port du Havre où se déroule cette histoire, mais dans un récit qu'on ne lâche pas. En brossant parfaitement ses personnages, les rendant ainsi immédiatement crédibles et attachants, l'auteure parvient avec talent à nous faire frémir, trépigner, râler, lorsque son héroïne prend une direction qu'on ne lui souhaite pas ou nous émouvoir fortement lorsque les paroles de certain(e)s se libèrent. On referme "Changer le sens des rivières" ( titre extrait de la chanson "La beauté d'Ava Gardner" d'Alain Souchon) avec le sentiment heureux d'avoir lu une très jolie histoire, à l'émotion constante et au message plein d'espoir : Il existe pour tout le monde, quelque part, souvent dans la culture, une petite clé qui peut changer une vie...
Lien : https://sansconnivence.blogs..
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