La richesse de l'univers d'un écrivain vient souvent de sa capacité à se renouveler. A l'aune de ce critère,
Dominique Maisons doit être richissime. Son imagination et sa faculté à créer des ambiances totalement différentes le rendent vraiment unique.
Que ce soit par le thriller ou le roman policier historique (l'éblouissant :
On se souvient du nom des assassins), il trace une route sinueuse, avec un réel goût pour le virage à 180 degrés.
Ce nouveau virage à de quoi donner le tournis, le long de Mulholland Drive, dans cette jungle urbaine qu'est le milieu hollywoodien. Rien à voir avec le Paris de 1900, théâtre du précédent roman.
Au casting : Rose Century, vingt ans et star planétaire du grand écran. Borderline, traînant son mal-être bien loin de l'image « paillettes et sourires émaillés ». Il faut dire que sa famille a tout du stéréotype de la success story à l'américaine.
Ça peut paraître assez banal comme sujet ? Vous n'imaginez pas combien ce n'est pas le cas, non vous n'imaginez pas… Il n'y a qu'à se référer au titre du livre,
Tout le monde aime Bruce Willis, aussi énigmatique qu'alléchant. Quelle intrigue peut bien se cacher derrière un slogan pareil ?
Dominique Maisons s'amuse et sait jouer avec le lecteur. Cette histoire semble n'être qu'une plongée dans les coulisses d'Hollywood, sujet rabâché. Mais Maisons n'est pas un écrivain lambda, et cet univers n'est pas tout à fait ce qu'il semble être.
Oui, on sent que l'auteur a voulu se lancer dans un projet plus « léger » (j'insiste sur l'importance des guillemets), plus ludique. Ça n'empêche pas ce livre d'être un vrai roman noir. Tout comme une satire et tout comme un thriller, parfois. Inclassable, comme son géniteur.
Je ne dirai pas un mot de plus sur l'histoire, ce serait un gâchis criminel. Je peux cependant vous dire que l'auteur y dépeint la partie sombre du rêve américain, le cauchemar derrière la machine à rêves.
Ce récit est vraiment bien plus singulier qu'il n'y paraît. Par son ton tragi-comique, par ses surprises impossibles à anticiper, par le sentiment jouissif qu'on ressent au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue.
Bruce Willis, l'acteur, résume à lui seul ce monde de l'image, y compris par sa représentation décalée dans l'imaginaire collectif (sourire en coin de rigueur). Un monde d'apparences que l'auteur nous raconte avec un talent unique. Pour preuve, ses personnages épatants, avec cette héroïne à laquelle il nous fait profondément nous attacher, alors qu'elle a tout de la tête à claque au début de l'histoire.
Tout le monde aime Bruce Willis est un roman noir aussi distrayant que jubilatoire. Une plongée décalée et surprenante derrière le rideau hollywoodien.
Tout le monde devrait aimer
Dominique Maisons !
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