Le regard porté sur les pratiques violentes de l’escorte institue ainsi un champ d’expertise et de contre-expertise, construit sur le mélange de savoir médical et de prises physiques, qui requalifient l’usage de la violence contre les étrangers et les relations de pouvoir dans lesquelles s’inscrivent ces politiques de renvoi forcé. En effet, ce qui apparaît clairement dans la technicisation de la violence n’est pas tant le mouvement vanté de civilisation et d’« humanisation » de l’usage de la force publique, qu’une perte d’intersubjectivité. La perfection technique d’une force qui cherche à maintenir les fonctions vitales de celui qu’elle contraint se donne pour objet de désamorcer l’idée même de résistance en désactivant la mise en jeu de soi.
C’est à ce titre que la notion de biopolitique est souvent convoquée, à raison, pour aborder les formes gestionnaires qui s’appliquent à des « catégories » de populations, que ce soient des étrangers – de l’extérieur mais aussi de l’intérieur, je pense ici aux Roms en Italie et ailleurs – ou des groupes définis par de nouveaux éléments du politique, comme le sexe, la race, etc.