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« Nous l'avions vu s'avancer vers nous dans le café avant qu'il ne soit devenu une part de nos souvenirs. » (p. 79)

Quelle belle découverte que ce roman de Malek Niroz, un auteur que je ne connaissais pas qui, en une succession d'une cinquantaine de courts chapitres, ou pourrais-je dire de tableaux, rend compte de la vie du narrateur dans la ville occupée d'Alep, en Syrie, où les bombes n'ont de cesse de tomber, coupant l'électricité et détruisant les immeubles. En estompant tel qu'il le fait si poétiquement la frontière entre les vivants et les morts, l'auteur réussit particulièrement bien à faire ressentir la proximité constante de la mort, de même que l'angoisse de vivre dans l'attente de l'anéantissement. Absolument un de mes coups de coeur jusqu'à présent.
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Niroz Malek a choisi de ne pas quitter la Syrie, et de raconter, au jour le jour, en de brefs fragments, d'une ou deux pages, qui répondent aux bombardements et tirs quotidiens à Alep, la vie qui doit se poursuivre, pour ceux qui sont restés, envers et contre tout.

Par ces fragments, souvent poétiques, l'auteur raconte la mort, principalement, la survie, également, mais aussi ce qui reste pour rendre la vie supportable à travers elles : des petits instants heureux du quotidien, empreints d'amour, d'amitié, de nostalgie, parfois d'espoir.

Malgré sa poésie, et une publication qui a désormais plusieurs années, c'est un témoignage rude à lire, évidemment, poignant, indéniablement, et, encore aujourd'hui, essentiel.
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Ce livre regroupe un peu plus d'une cinquantaine de textes courts, qui ont tous en commun la Syrie, Alep, la guerre. Un auteur( l'auteur ), reste dans la ville d'Alep envers et contre tout et s'évertue par la grâce de son écriture à retranscrire ce qu'est la vie à Alep.

On pouvait s'attendre à de grandes descriptions où le sang serait la toile de fond et les bombardements le décor mais, on est bien au-delà de ça. Par la qualité des textes, on perçoit tout ce qui est la guerre mais aussi la douceur de la vie "d'avant". C'est le contraste entre les deux qui donne l'ampleur des désastres de la guerre, sans que l'auteur éprouve la nécessité de jouer du sensationnel ou du pathos . Ces textes, si joliment poétiques, sur un sujet qui ne l'est absolument pas, m'ont fait ressentir la tristesse de ne pas avoir connu la douceur de la vie d'avant la guerre et le doute qu'un jour la vie revienne sur les terrasses des cafés pour que des hommes, des femmes s'y arrêtent juste pour discuter....

J'ai été émue par la beauté des textes et la noirceur de la situation, une lecture qui, sans violence , en dit bien plus qu'un entre-filet aux infos sur le conflit qui a lieu,en donnant corps et âme à ce pays que je ne connais pas .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Alors que la guerre dévaste la Syrie, Niroz Malek, écrivain, a choisi de rester dans son appartement à Alep. Il n'a pas eu la force de fuir, de quitter cette ville qu'il chérit tant.

Témoin du chaos, survivant, l'auteur côtoie la mort au quotidien. Elle rôde, inlassablement menaçante et les victimes innocentes s'accumulent.

Sur le papier, il confie sa cohabitation avec la peur, les coupures d'électricité, les bombardements et les tirs de snipers. À chaque pas qu'il effectue à l'extérieur, sa vie est en danger. Alep se noie sous les bombes et il assiste, impuissant, à ce terrible spectacle.

Un livre qui rassemble de courts textes, indépendants les uns des autres, sur un ton qui n'est jamais larmoyant. Des mots pour évoquer le présent mais également les souvenirs de Niroz. Il repense aux jours heureux pour échapper à l'insoutenable réalité. le lecteur se perd dans le dédale des pensées du syrien, entre rêves et cauchemars, aux côtés des vivants et des morts.

Par le biais de textes forts, poétiques et poignants, Niroz Malek raconte de l'intérieur l'effroyable guerre qui a ravagé Alep. Des fragments de vie, peuplés de fantômes, pour tenter d'exprimer l'indicible. Témoin de la folie des hommes, ses mots nous ébranlent, nous bouleversent.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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Merci aux éditions La Martinière et à Babelio qui à travers l'opération masse critique m'ont permis de croiser « le promeneur d'Alep ».

Syrie, rebelles, armée Syrienne, barbus, Kurdes, Iran, Russie et au milieu de tout ça Alep. Et au milieu de tout ça des hommes, des femmes, des enfants, qui vivent chaque seconde en se demandant où tombera le prochain obus, quelle cible atteindra la prochaine balle du snipper d'en face, combien de temps encore à « vivre » ? Il y a ceux qui partent vers des horizons où ils ne sont malheureusement pas les bienvenus et puis il y a ceux qui restent. Niroz Malek est de ceux là.
Le promeneur d'Alep, quel titre!!! Il résonne comme une provocation à la folie des hommes, comme un appel à une résistance pacifique, comme un renoncement au fatalisme. Il fait allégeance à la vie.
Un titre est souvent trompeur…
Souvent oui mais là, non. On est en plein dans la protestation, dans la lutte, juste parce que l'auteur est là, parce qu'il reste par choix. Un combat sans armes gagné d'avance car même la mort ne met pas ce genre d'homme à genoux. Il n'y a pas d'héroïsme, juste de la dignité malgré la peur.
Niroz Malek est ce promeneur. Il va nous faire visiter ses émotions et sa ville à travers un passé décomposé. Si la mort règne apparemment sans partage sur la ville, même si c'est difficile à dire, l'impression est trompeuse car il reste toujours quelqu'un debout.
Au fil des pages les vivants déjà morts côtoient les morts encore vivants dans le souvenir. Passé et présent se mêlent, rêves et cauchemars embrasent les braises toujours chaudes de la vie d'avant.
Une vie d'avant comme une résurrection, l'espace d'un instant, où les lieux renaissent de leurs cendres, où les anciennes conversations animées avec les amis viennent bousculer fugitivement la routine des bombes. Une vie d'avant pour s'enivrer d'un souffle de liberté. L'ivresse est forte, la gueule de bois est rude. A chaque image sortie des combles de la mémoire de l'auteur succède la triste réalité et soudain le café rempli de vie n'est plus que ruines fumantes, le car de ramassage scolaire qui l'emmène à l'école n'est plus que carcasse carbonisée, victime d'un attentat de plus. A chaque évocation répond la destruction, la disparition.
J'avoue que l'écriture ne m'a pas transporté, la traduction peut être. A chaud, j'ai aimé moyen car je ne m'attendais pas à ce genre de promenade mais une fois décanté… je me rends compte que l'angle choisi par Niroz Malek pour dire son quotidien, ses peurs, ses espoirs, est original et atteint son but. On repense à ce livre dans les jours qui suivent la lecture, enfin de mon coté j'y ai repensé. Il laisse une empreinte, une respiration… fragile, comme la vie.
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“J'ai peur, leur dis-je, que cette folie de guerre autour de moi me projette dans un autre monde, c'est le moins qu'on puisse dire, celui de la mort.”
Folie, guerre, mort....et la ville d'Alep, que Noriz Malek refuse de quitter .
Sous forme d'une écriture fragmentaire, en courts uppercuts littéraires, témoignage directe d'une ville où la frontière entre la vie et la mort n'existe plus.
Je laisse la parole à l'auteur, car je n'ai pas assez de mots pour exprimer ce que je viens de lire,
“les gens qui se font tuer sans raison.”,
“des hommes cagoulés qui lui couraient après et qui avaient poussé autour de nous comme des champignons vénéneux.”,
“Et parfois, à d'autres moments de la journée, tu te vois encerclé par deux chars grondant dans une rue bondée et chacun d'eux tente de t'écraser avant l'autre.”
“Le silence est total que déchirent seulement, par intervalles, des tirs d'armes automatiques.”,
“CHER lecteur : Ce qui se passe dehors crève l'oeil de la nuit.”.....
Je vous laisse découvrir le reste. Une très belle prose, bien que “belle” soit un adjectif inapproprié dans ce contexte horrible et poignant. L'auteur en accentue l'absurdité par l'usage de l'artifice du fantastique. Et pourtant, dans cet enfer sur terre, il réussit à y insérer un reste d'humanité, une lueur d'espoir avec l'amour et un « seau de yaourt ». Donc tout n'est pas perdu tant qu'existent des poètes comme Noriz Malek !
Inutile de vous dire , Lisez- le ! , si le fond et la forme vous intéresse.

“Je suis convaincu qu'un jour la lumière jaillira à nouveau de l'obscurité qui s'est abattue sur nous…”

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Cinq étoiles parce que je ne peux pas en mettre davantage.

De notre côté du miroir, le conflit syrien c'est surtout la crise migratoire, l'exode massif des migrants, la traversée de la Méditerranée, la route des Balkans. On parle rarement de ceux qui sont restés au pays. Parmi eux, Niroz Malek, écrivain et poète syrien d'origine kurde, issu de la communauté yézidie, est né à Alep en 1946 et n'a jamais quitté sa ville. Pour lui, rester là n'est pas tant une question de courage. Paradoxalement, c'est plutôt une question de survie : "Comment pourrais-je quitter ma maison, m'éloigner de mon bureau ? [...] Est-ce pour sauver uniquement mon corps ? Tu sais que derrière moi, dans ce bureau, ce ne sont pas des livres, des bibelots et des photographies que je laisserais, mais mon âme. le corps pourrait-il survivre sans âme ? Ai-je poursuivi. C'est pour cela que je ne partirai pas de chez moi, car il n'y a pas de valise assez grande pour contenir mon âme". Alors il est resté dans sa maison, et continue à écrire pour témoigner, pour résister face à la barbarie, pour tenir le coup devant la folie et le désespoir. Ce livre est un ensemble de saynètes très courtes, quelques pages tout au plus, dans lesquelles la violence aveugle empêche toute vie normale. Personne ne sait, quand il sort de sa maison pour faire des courses ou prendre l'air, s'il en reviendra vivant. La mort peut surgir de partout, d'un chasseur bombardier, d'un sniper sur un toit, d'une rafale de mitrailleuse tirée depuis l'un des innombrables barrages par un soldat ou un milicien arrogant qui n'est pourtant lui-même qu'un cadavre en sursis. Hantés par la mort et la peur, les textes sont très souvent oniriques, comme pour permettre à l'esprit de se réfugier dans l'imaginaire et échapper ainsi à une réalité atroce. Les souvenirs aussi sont un abri où duper la douleur : devant un bistrot détruit par une explosion, on se rappelle des conversations sans fin avec les amis ; devant l'abattage des arbres du jardin public (parce qu'il n'y a plus d'autre bois pour se chauffer), on se rappelle les générations d'adolescents qu'on a vus graver leurs noms sur les troncs. Réaliser alors que les jours heureux appartiennent au passé, mais nourrir un espoir fou : "Je suis convaincu qu'un jour la lumière jaillira à nouveau de l'obscurité qui s'est abattue sur nous".
L'écriture de Niroz Malek est simple et sobre; point n'est besoin de pathos pour rendre ce texte déchirant et bouleversant. Pour supporter ce quotidien insupportable, il s'adresse souvent à "celle qui se trouve au loin" et lui parle d'amour. Quelle force d'âme a-t-il trouvée/conservée pour invoquer, face à cette sale guerre aussi absurde que cruelle, la poésie et la lumière de Chagall et de van Gogh, ou la musique de Beethoven ?
Respect.

En partenariat avec les éditions du Serpent à Plumes/La Martinière (que je remercie pour l'envoi et le mot d'accompagnement), via une opération Masse Critique de Babelio.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Aujourd'hui en Syrie, aujourd'hui ailleurs, dans des villes autrefois comme les autres, il y a des hommes, des femmes, des enfants pour qui la guerre est le quotidien.
Certains, comme Niroz Malek, racontent. La guerre vue du dedans.
Ici, de courts chapitres (munis d'un titre) décrivent des situations parfois terribles, tendres ou même absurdes où la vie s'écoule. Beaucoup de choses s'ecroulent. La vie continue cependant. Il y a peu d'espoir et beaucoup de souvenirs. Niroz avance et témoigne sans pour autant faire un récit larmoyant. Il ne peut quitter Alep, car il ne peut simplement pas "quitter son âme". Alors ils nous parle de ses proches, de ses voisins, de ses amoureuses d'école, de sa ville... de tout ce qui disparaît mais aussi le peu qui reste. Comme un hommage discret.
La mort est omniprésente, (il la frôle après avoir été torturé), il la vit, il la rêve. Tant qu'il passera à côté, il témoignera par ses écrits.

Les lire et les faire lire, c'est bien là la moindre des choses que nous puissions faire...
Un grand merci à l'opération Masse Critique et à La Martinière.
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Un écrivain et professeur syrien a décidé de rester chez lui, à Alep, au milieu de ses livres – sa chambre est une bibliothèque – & de sa vie d'avant. Malgré les barrages de militaires, les bombardements incessants, malgré le chaos qui se déroule en bas de chez lui.

En de bref chapitres, l'auteur nous offre des scènes et des instantanés de ce chaos. Il rencontre les fantômes de son passé, ses amis, oubliant un instant qu'ils sont morts. Il raconte les petits détails de ce quotidien terrifiant, les annonces de décès placardées par dizaines sur les immeubles…

L'écrivain use également de son imagination pour s'extraire de cet effroyable quotidien ; il convoque ainsi ses auteurs et ses oeuvres préférés. Il cherche à réenchanter le quotidien grâce aux voix de l'imagination… L'art et la culture demeurent pour lui une source de consolation. Il garde ainsi toujours un pied en dehors de la réalité, malgré les cauchemars récurrents.

Un récit qui provoque de l'effroi et qui glace le sang… Une écriture poétique, pudique, dénuée de pathos ou d'excès, dont les mots m'ont émue et transpercée.
Lien : https://folavrilivres.wordpr..
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actualités. C'est à Wadi Rum que des touristes français, connectés, m'ont appris que des Syriens avaient été gazés...que Trump avait réagi...

Ce recueil de textes poétiques est le journal d'un écrivain qui n'a pas pu quitter Alep et qui témoigne de l'enfer quotidien de ses habitants.

"- le corps pourrait-il survivre sans âme? C'est pour cela que je ne partirai pas de chez moi, car il n'y a pas de valise assez grande pour contenir mon âme"

Texte très courts racontant le quotidien dans la ville, entre bombardements et barrages, parfois prosaïques, de celui qui malgré tout rencontre des amis, va au café, tente une promenade, retrouve ses souvenirs de jeunesse ou d'enfance dans un square où jouaient les enfants....

Textes hallucinés entre vie et mort. le narrateur est-il encore vivant, est-il échappé de la morgue comme celui qui grelotte de froid dans le chaud été syrien?

Des personnages interviennent, on ne sait pas si l'enfant nu est un fantôme...si la jeune fille amoureuse survivra à son fiancé... des histoires de vivants se trament quand même.

Un texte que je ne suis pas prête d'oublier.


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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