Ce brillant morceau de scène est, à la fois, une pièce à suspens dont il faut éviter de déflorer l'épilogue et un drame psychologique à l'ambiance étouffante.
Nous sommes en 1941, dans la rade d'Alexandrie, à bord du "Valiant", un cuirassé anglais.
C'est la guerre.
Deux plongeurs italiens ont, au péril de leur vie, accroché une mine à la quille.
Ils sont faits prisonniers. L'un est grièvement blessé.
Le commandant du "Valiant" les interroge mais se heurte à leur mutisme.
Ils ne diront rien.
Ont-ils réussi à placer leur engin ? Où l'on-t-il placé ?
Quand doit-il exploser ?
Le commandant a pris sa décision : les italiens, s'ils ne parlent pas, exploseront avec le bâtiment et son état-major.
Plusieurs objections surgissent.
Du médecin-chef, d'abord, dont le devoir est de sauver un homme qui se meurt.
Puis du pasteur qui demande à réconforter l'âme de ce mourant.
Et enfin, de l'officier en second qui évalue les chances de sauver le bâtiment et son équipage.
Pourtant le commandant fait front et s'entête...
"L'équipage au complet" est la la première pièce du romancier, du poète et de l'homme de radio qu'est
Robert Mallet.
Elle a été jouée, pour la première fois, le 30 janvier 1957, au théâtre de la Comédie de Paris.
C'est une pièce assez courte.
Un homme, isolé, contre l'avis de tous, prend une décision.
Il repousse l'angoisse grandissante de la mort.
Un équipage subit, crâneur et terrifié, l'issu d'une lutte dont l'issue sera peut-être fatale...
Les tableaux se succèdent rapidement. le rythme ne faiblit pas.
La présence du danger envahit de plus en plus la scène.
Le lecteur d'aujourd'hui, comme le spectateur d'hier, est tenu en haleine.
A la suite de la répétition générale, en 1957,
Jacques Lemarchand a écrit dans le "Figaro Littéraire" que cette pièce, faite d'interrogatoires, de silence et de temps qui passe, était un navire où nous sommes tous embarqués.
La pièce n'a pas vieilli.
Aujourd'hui encore, sa lecture, dans ce numéro de l'Avant-Scène, réserve un grand plaisir.