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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Très certainement le tome qui m'a le plus plu. Il m'a emmenée dans une contrée ou je ne pensais pas que le polar puisse m'emmener…

Mallock nous fait un aller/retour entre présent et passé, et nous montre l'ignominie humaine sans doute sous son plus mauvais jour, tout en reprenant une partie de notre histoire pas très glorieuse non plus.


L'imagination de l'auteur est fertile et franchement je me plais a suivre les aventures de ce commissaire hors norme. J'aime le personnage , son physique, sa franchise, ses peines, ses faiblesses, enfin Mallock a lui tout seul est un sacré personnage , très humain, très sensible. Et puis la petite touche de fantastique distillée avec soin apporte un atout franchement à ces polars assez sombres.

Et puis il faut que j'avoue que je reverrais de m'attabler avec ce Amédée qui semble maîtriser la cuisine a la perfection…. le temps doit s'arrêter , et on doit y passer un moment merveilleux.
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Le cimetière des hirondelles .... Au début de ma lecture , je me suis demandé mais quel est le rapport entre le titre et une histoire qui débute à Saint Domingue par un assassinat des plus étranges ?Avec de plus un coupable tout désigné qui justifie son geste par " Je l'ai tué parce qu'il m'avait tué"...
Mallock ( l'auteur ), nous mène par le bout du nez dans cette histoire qui commence sous le soleil des Caraïbes et se termine dans un Paris glacial et enneigé .
A l'issue de ces 427 pages j'ai eu toutes les réponses à mes questions et je ne peux dire qu'une chose : chapeau ! Que ce soit pour l'originalité de l'intrigue et surtout pour ce style inimitable qui font que j'adore cet auteur et ses livres...
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Manuel Gemoni traverse va au bout du monde pour assassiner un vieillard qui lui est totalement inconnu. Aux policiers qui l'arrêtent, il ne trouve qu'une seule chose à dire : " Je l'ai tué parce qu'il m'avait tué ".
Pour lui éviter la condamnation à mort, le commissaire Amédée Mallock devra dé montrer la parfaite véracité de cette déclaration ! Il traversera une jungle hostile, une chambre d'ambre en feu, des forêts de boue peuplées d'ogres, un cimetière de certitudes et un Paris englouti sous la neige. Poupée russe diabolique, derrière chaque énigme se cachera un mystère, et sous chaque mystère, l'attendra la véhémence d'un secret plus lourd encore.
Dans cette troisième Chronique barbare, Mallock nous entraîne dans une aventure littéraire en technicolor. La première partie, " verte ", nous plonge dans la moiteur de jungles abyssales, au fond de mines d'ambre et sous la surface de marécages putrides ; une seconde partie, " brune ", en France pour affronter une forêt hantée de chiens fous et d'uniformes vert-de-gris. La troisième et dernière partie est " Blanche ", immaculée comme la neige qui recouvre la capitale et limpide comme la vérité.
Dans le Puits aux hirondelles, le style est, une fois encore, singulier et d'une qualité exceptionnelle, loin du simple polar. le Cimetière aux hirondelles est un thriller littéraire est de très haute volée.
Quant à l'énigme elle-même, posée à Mallock comme au lecteur, elle se révélera tout à la fois inédite, diabolique et fascinante. La résolution de l'affaire, certes stupéfiante, se révélera parfaitement logique et sans la moindre faille.
Se pourrait-il que le coeur d'un homme assassiné puisse encore battre et chanter pendant des siècles ?


Lien : https://collectifpolar.com/
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Après les Visages de Dieu et le massacre des Innocents, Mallock change d'éditeur et frappe encore plus fort : le cimetière des hirondelles (que l'auteur appelait anciennement "Le puit aux hirondelles") est le meilleur opus de la série.

Accessible aux nouveaux lecteurs sans aucuns problèmes (aucun spoiler), le nouveau Mallock s'inscrit dans la pure tradition des précédents, habile cocktail de thriller, de polar et de fantastique. Plus que jamais, Mallock réussit le tour de force de réunir une intrigue originale et exigeante, avec une fin exceptionnelle, et un style d'une poésie rare dans la littérature de genre. Moins violents que les précédents, ce volet est l'occasion d'un voyage dans les Tropiques où l'auteur fait preuve d'un humour inattendu.

Bref, un véritable coup de coeur ! On a autant hâte de lire la suite que de voir Mallock s'essayer à d'autres genres littéraires.
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Le commissaire Mallock et son équipe sont soumis à rude épreuve. le frère de Julie, l'une des plus proche collaboratrices du commissaire, l'un des cinq doigts de sa main, a été arrêté en République Dominicaine. Manu, cet homme bon, historien, mari exemplaire et jeune père, a quitté le domicile familial après le visionnage d'un documentaire, a pris un vol pour la République Dominicaine et a tué un homme. Quelle est l'explication de ce geste insensé pour un homme aussi équilibré.


Dès qu'il est mis au courant de cette étrange histoire, Mallock prend la direction de la République Dominicaine pour récupérer Manu dont le transfèrement a été négocié entre les deux États. Manu ayant été grièvement blessé lors de l'assassinat de Darbier, Mallock ne peut l'interroger tout de suite. le commissaire commence donc son enquête. La culpabilité de Manu ne fait aucun doute. Quand Manu est enfin apte à être interrogé, Mallock est anéanti. Manu serait-il devenu fou. Il affirme avoir tué Darbier car celui-ci l'avait déjà tué dans le passé. Mallock ne sait pas par quel bout prendre cette affaire, faute d'idée il se rend chez une voyante du cru qui lui fait ingurgiter une potion qui lui fait voir des images effrayantes.


de retour à Paris, l'enquête s'oriente vers la piste insolite de la réincarnation. Manu, interrogé, répond par la voix d'un lieutenant décédé pendant la première guerre mondiale, suite aux tortures d'un ogre nazi. Mallock va donc enquêter sur la vie de ce lieutenant pour vérifier le témoignage de Manu. Tout concorde. Mais comment innocenter Manu? Comment faire avaler à la justice cette théorie de la réincarnation? Mais cette piste est-elle la bonne? Réincarnation ou manipulation?


Dans ce roman passionnant et merveilleusement écrit nous suivons les doutes, les interrogations de Mallock, misanthrope au grand coeur, un homme pétri de douleur (il a perdu sa femme et son fils) et d'humanité. Un ours au coeur tendre terriblement attachant.

"Mais qu'est-ce-que c'est que cette société de merde, se mit à grogner Mallock, où l'on ne pouvait plus rouler, manger, fumer ou travailler tant qu'on peut, et dire toutes les vérités qu'on veut, les mots qui nous viennent? C'était quoi ce putain de purgatoire, où les Hommes, nivelés par le bas, ne vivaient plus qu'émasculés, assistés, assurés , botoxés, lobotomisés, loto-misés, liposucés, flashés? Putain de vie molle, où on allait, queue baissée, autocensurés, à petits pas comptés, chercher ses recommandés ou les résultats dûment remboursés de sa coloscopie."


Une enquête passionnante du début à la fin. Un récit émaillé de réflexions sur notre société, servi par une plume à la fois acérée, tendre, humoristique, poétique. Un excellent moment de lecture, à mettre entre toutes les mains.

"Dans les couloirs et les salles d'attente du bâtiment public croupissait la foule des petites gens. Ils attendaient en guenilles, le regard brillant d'espoir naïf une justice en loques, une salope au yeux bandés qui ne montait qu'avec ceux qui pourraient s'en payer les charmes."
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Je l'ai tué parce qu'il m'avait tué... C'est la seule explication que fournit Manuel Gemoni, jeune papa et homme sans histoire, à Mallock. Un matin, il est parti tout au bout du monde, à Saint-Domingue, assassiner un vieillard qu'il ne connaissait pas. Indirectement lié à Manuel, Mallock va tenter de résoudre cette affaire, mais comment faire pour innocenter un coupable ?
Balloté entre la chaleur suffocante de cette île des Caraïbes et Paris recouvert de neige, Mallock aura bien du mal à relever le défi.

Tout dans ce thriller m'a plu, absolument TOUT. D'ailleurs, je ne sais même pas par où commencer !
L'intrigue proposée par Mallock - il faut savoir que le héros et l'auteur portent le même pseudonyme - est tout simplement incroyable. On commence par l'arrestation du coupable et on va remonter le fil d'un mystère qui prend sa source il y a longtemps, on découvre dans ce roman, un récit à tiroirs qui nous entraînera sur les traces du commandant Jean-François Lafitte. A la fois polar contemporain et récit historique, Le cimetière des hirondelles est aussi un roman riche en personnages : Mallock en tête, homme qui aime vivre, homme taciturne, homme amoureux qui refuse de se l'avouer, homme proche de ses équipiers, un personnage fort qui incarne le roman à lui tout seul, le porte sur ses épaules robustes

Sans oublier la Reine Margot - l'amoureuse - et les personnalités qui composent le Fort Mallock : Jules et Julie, en couple à la ville et soeur de Manuel, le touchant Bob Daranne, le geek de la bande Ken et la dernière recrue, Jo. Ils sont tous travaillés, crédibles et on s'attache à ce petit groupe avec facilité.
Et puis Le cimetières des hirondelles, c'est surtout une plume, celle de Mallock. Une plume géniale, drôle, bouleversante, poétique qui manie la noirceur aussi bien que le fantastique, le romantisme aussi bien que le récit historique. J'ai d'ailleurs remarqué que l'auteur joue beaucoup avec le son et la lettre K tout au long de l'histoire.
J'ai adoré les réparties de Mallock, ses propos politiquement incorrects, ses sarcasmes "Tu sais, à force d’appeler les aveugles non-voyants, les sourds non-entendants, on devoir baptiser les cons, non-comprenants, et les hétéros, non-enculants, et pourquoi pas les Blacks, non-Blancs ?"
Ce roman a été un véritable coup de coeur avec cette histoire pleine de rebondissements, de suspense, qui nous tient en haleine du début à la fin, et cette écriture enlevée, unique qui nous fait passer par tous les sentiments possibles. Une nouvelle révélation qui, est-il besoin de le préciser, m'a donné envie de me plonger dans les autres romans de l'auteur.
Lien : http://revoir1printemps.cana..
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C'est sur le conseil de l'auteur lui même que j'avais offert ce tome à mon papa pour le lui faire découvrir. Ayant déjà lu moi-même Les larmes de Pancrace ainsi que Les visages de Dieu, je l'ai donc lu avec un certain recul.
Manu Gemoni, le frère de Julie, la Julie de Mallock, un de ces cinq flics qui l'entourent et le soutiennent dans la résolution des enquêtes, chacun avec ses qualités et ses connaissances particulières, vient d'être arrêté pour meurtre en République dominicaine. À son interrogatoire il a avoué son crime et l'a expliqué par une phrase sibylline : "je l'ai tué parce qu'il m'avait tué". C'est sur cette énigme que notre bon commissaire part vers Saint-Domingue pour tenter de découvrir le fin mot de l'histoire et éventuellement d'innocenter Manu.
Sur fond de vaudou, de dictature et de torture nous découvrons au travers des yeux du commissaire ainsi que des commentaires de ses acolytes régionaux un île pleine de surprises et de contradictions.
Une chose est sûre la plume poétique de Mallock est toujours là. Les paysages, les décors, le climat même, tout semble vous sauter au visage tellement les descriptions sont pleines de vie et de couleurs.
Pourtant sa plume vous transporte aussi dans l'horreur des découvertes. Car ce semblant de paradis n'en est pas un. Ces habitants chaleureux et souriants ont hélas vécu pire que la canicule ou ces tempêtes tropicales parfois mortelles. Une atmosphère lourde parfois vous étreint le coeur à la lecture des exactions commises par les autorités en place. Et lorsque vous découvrez Manu et ses conditions de détention alors qu'il est blessé, vous avez la sensation d'être passé de l'autre côté du miroir. Mais contrairement à Alice, derrière n'est pas synonyme de pays des merveilles. Ici il serait plutôt devant. Et derrière, nous découvrons le pays des secrets, du sordide et des malheurs.
Nous découvrons aussi notre Mallock sous un jour encore plus différent que dans ces autres livres. Nous l'avons vu sensible et plein d'empathie pour les familles dans Les visages de Dieu, plein de déductions à la Sherlock dans Les larmes de Pancrace, ici nous découvrons plus avant Mallock le sorcier, Dede le devin comme le surnomme ses hommes. Et en même temps un Mallock dépassé par l'irrationnel, un irrationnel qui n'est pas, pour une fois, de son fait.
J'avoue avoir apprécié le connaître déjà. Cette découverte quasi irrationnelle, ses visions troubles pour le néophyte que nous sommes et les réflexions qui en découlent auraient pu troubler le lecteur qui le découvre seulement. Pour moi cela a été une plongée dans les affres et les méandres de son moi et de son inconscient si fantasque et psychédélique aussi. L'aide de cette vieille sorcière et de sa drogue y sont probablement pour quelque chose mais notre Mallock semble alors sortir hors de lui même et par la même occasion nous entraîner avec lui dans ses visions. Visions qui pour les connaisseurs prendront tout leur essor au fil des pages et des chapitres. Mais le lecteur sans entraînement que nous sommes parfois peut se perdre dans les méandres de ses pensées délirantes.
Alors quand après le climat chaud et humide de St Domingue, le ciel neigeux et froid de Paris nous réveille frileusement, ce retour nous sort doucement mais sûrement de cette transe irréelle. Pourtant une fois la crise mystique pourrait-on dire terminée ce bon commissaire nous reparaît comme régénéré et le fil tenu qui nous trainait encore derrière lui nous ramène dans l'enquête comme l'effet d'un élastique. Est-ce le froid revigorant ou ce changement brutal de climat ? mais notre Mallock nous entraîne toujours plus loin.
Les enchaînements de découvertes, les éléments à la fois véridiques et invraisemblables dans leur contexte, la réincarnation des âmes, tout cela nous enfonce de plus en plus dans cette enquête derrière lui.
Pour mon esprit féru de légendes, mythologies ou superstitions, le chemin que prend alors cette enquête devient pavé de tentations, de bonheurs particuliers et d'apprentissages en tout genre. Que ce soit le développement des sciences du comportement, la mise en avant de la sémiologie, ou bien celle plus ancienne de l'hypnose, notre esprit ne peut que s'ouvrir pour continuer à suivre cette enquête. le lecteur pragmatique et rationnel, refusant l'irréel ou les réponses parfois floues devra faire un effort sur lui même pour oublier ses défauts, et suivre les chemins détournés empruntés par Mallock et ses amis. Il sera alors récompensé par une enquête déroutante et entêtante qui nous entraînera vers des faits passés et présents, des histoires dans L Histoire, des visages empreints de dignité et d'autres de cruauté. Vous ne pourrez rester insensible à ce défilement d'honneur et d'horreur. Les secrets les mieux gardés ne peuvent lui résister. Car même les ombres du passé se confient à lui.
C'est encore un mélange de poésie et de vulgaire (ici dans le sens du commun, de tous les jours) que nous assène la plume de l'auteur. Vous ressentez le climat, la beauté et la cruauté de cette île paradisiaque puis la froidure et les secrets enfouis qui semblent tels des zombies affamés de chair humaine ressortir à la surface. Chaque mot pèse sur votre coeur comme sur celui des protagonistes. L'irrationnel vous semble envisageable car tout comme le commissaire Mallock vous vous laissez convaincre par les faits découverts.
En plus de suivre cette enquête, votre cerveau en arrière fond tourne en boucle une question de croyance ou de doute.
Peut-on finir par croire à l'irrationnel lorsque l'on est pragmatique ?
Peut-on oublier l'irrationnel pour ne se concentrer que sur les faits ?
Comme d'habitude la solution vous surprendra par sa simplicité et son audace. Audace car cette vérité a tout fait pour rester cachée de nous et le serait demeurée sans le flair et les déductions de notre bon commissaire. Tout alors s'éclaire et en même temps se trouble sur les dernières pages.
C'est encore une enquête menée avec brio pour notre commissaire. Mais en même temps une ode à l'amitié, la fidélité et au courage des braves ainsi qu'une dénonciation des horreurs de la guerre et des dictatures.
Merci Mr Mallock pour ce moment de lecture intense et toujours surprenante.
Lien : http://aelynah.skyrock.com/3..
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J'avais très envie de découvrir l'univers de Mallock, auteur proche de ses lecteurs que j'ai eu l'occasion de croiser sur un groupe dédié à la lecture (en tous genres).

Après mûres réflexions, nous avons décidé, avec Paikanne , d'opter pour cet ouvrage.

Je vais aller droit au but: j'ai passé un très bon moment en compagnie du commissaire et de son équipe du Fort Mallock.

Parlons tout d'abord des personnages. Lire ce roman, c'est être placé face à une galerie de personnages aux personnalités et sensibilités diverses, on ne peut que s'attacher. Seul petit "hic"; je n'ai pas pu m'empêcher d'associer l'auteur au commissaire ... bon cela ne m'a en aucun cas dérangée et puis à la réflexion, cela donne même "un petit plus en plus". Il est à noter que même les personnages "secondaires" sont habilement travaillés pour donner plus d'authenticité à l'ensemble.

L'intrigue? Elle m'a surprise et pas un peu. Jamais je ne me serais imaginée, à la lecture du meurtre de départ, me faire embarquer là où l'enquête m'a menée. J'étais tellement absorbée que je n'ai rien vu venir tout simplement parce que la plume m'a empêchée de me poser pour tenter de réfléchir, je devais lire et surtout savoir. Enquête policière rondement menée, additionnée d'une page d'histoire et d'un soupçon de sciences occultes, le mélange est détonnant et surtout captivant (et j'ose ajouter "émouvant").
Je ne compte pas en rester là avec le commissaire Mallock. Autant j'avais peur de le lire croyant en un engouement basé uniquement sur sa proximité et sa gentillesse, autant il est devenu un auteur coup de coeur dont j'espère ouvrir prochainement un autre bouquin tant sa plume nous entraîne sans nous laisser de répit.
Lien : http://desmotssurdespages.ov..
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Synopsis

Amédée Mallock, commissaire au 36 quais des Orfèvres, s’impose un vol pour San Dominge (République Dominicaine). Mission : prendre en charge le rapatriement de Manuel Gemoni en France. C’est le frère de son petit doigt, le capitaine Julie Gemoni (membre du Fort Mallock). Le commissaire prend l’affaire à cœur ouvert. Manuel, agrégé d’archéologie, enseignant chercheur au Collège de France, du jour au lendemain ; après le visionnage d’un documentaire, quitte la maison, s’envole pour la République Dominicaine et assassine Tobias Darbier, un vieil homme qu’il ne connaissait ni d’Ève ni d’Adan.

Impression

La scène d’ouverture intrigante et sanguinaire captive instantanément. Le lecteur pénètre une porte immense et béante où il entend une histoire, il s’en laisse conter avec plaisir et n’a d’autre choix que de s’enfoncer dans l’obscurité. Il ingurgite cette délicatesse déguisée. Celle-ci suscitant en lui une sorte d’émoi, le poussant à un voyeurisme macabre et l’incitant à passer au chapitre suivant.

Car ces mots, Mesdames et Messieurs – S’il veut tuer cet homme, ce vieillard immonde, c’est qu’un jour Darbier l’a tué, lui, Manuel Gemoni – assujettissent le lecteur !

Un mot sur Amédée Mallock :

« Entre Cyrano et Don Quichotte, Mallock était inadapté à son époque et à la terre tout entière. Il avait vu l’hypocrisie et le mensonge triompher, le discours des justes devenir inaudible, mais il n’en continuait pas moins à se battre pour sauver les châteaux de sable de l’avancée des vagues. Grand empereur du paradoxe et roi de l’oxymore, Mallock conjuguait dans un même cœur orgueil modeste, larmes et armes, tendre dureté, empathie et misanthropie ». (p34)

Il pourrait être Charles Ingalls, calme, romantique, amoureux, passionné. Et au-delà de ça, il frôle un Nietzsche enfermé à l’hosto, un Patrick Bateman en devenir, car sur le point de « péter une durite ». Il est intelligent, un niveau social honorable, dangereux, prêt à exploser. La perte de sa dulcinée et de son fils a inexorablement poussé Mallock à nager dans sa tristesse, boire la tasse dans sa rage contenue, plongé en apnée dans sa vie entre deux eaux. Il oscille entre la folie et la compassion. Le sage Amédée murmure au bouillonnant Mallock, l’image est complète. Une enquête à l’image du gaillard : Entre le soleil étouffant des îles, sous 41 °C et l’hiver laiteux, à - 10 °C dans Paris.

L’histoire est découpée en trois parties :

Livre I : Dans les chapitres suivants l’accroche initiale, la première centaine de pages donc, le commissaire prend la température, il constate et confirme la culpabilité évidente de Manuel. Aussi improbable cela soit-il pour un professeur d’archéologie réputé honnête et non violent, considéré comme le « Gandhi » de la famille. Amédée découvre L’île, son histoire dictatoriale à laquelle la victime a activement participé, et s’entretient à qui de droit pour la mise en place du rapatriement de Manuel. Mallock ne peut rien proposer pour dénouer la situation de son ami… Tout l’accuse, c’est limpide et suffisant pour la police locale. Il patauge, il dort éveillé. Il aura un premier entretien avec Manu, après plusieurs jours d’attentes.

Surviennent un coup de théâtre et une fin de première partie mystique. Le tout est étrange, a l’odeur de rumeur, d’antilogique et d’histoires vraies… C’est une énigme qui promet d’être succulente pour le doux et amer commissaire.

Livre II : Vous tabasse la sensibilité, vous assistez impuissant à une croissance non pondérée de l’horreur, la torture, mai ’44… On partage le brouillard du Mallock entre cauchemars, illusions et rationnel, la brutalité à chaque instant de toute époque… et peut-être au-delà des frontières du réel.

Livre III : Vous recevez comme une claque l’augmentation dans l’intensité de la devinette macabre, question pour un triste champion, Mallock doit se recadrer... Le lecteur doit connaître la fin même si ça fait mal.

Un beau coup de dé quelque part où il le faut même si cela ne change rien aux exactions innommables perpétrées par des fous, subies et tatouées au plus profond de chaque individu concerné. L’histoire ne nous corrige pas, mais il est possible de cultiver l’espoir et l’empathie parfois pour sucrer l’amère eau de vie qui nous hypnotise…

Un petit bout de + ou - : (que je voudrais évoquer sans trop en dire...)

. Le "coup" du médaillon, un peu attendu, place à un mouvement du destin ou de la coïncidence qui tombe à pic. Mais le lecteur qui a bien suivi attend l’apparition de la chose. Mallock savait, d’après les faits en sa possession, ce qu’il en était, lui et ses collègues auraient pu se diriger sur cette piste en premier, et ils auraient été fixés. L’extase du moment "..." serait restée intacte s’ils avaient trouvé l’objet au même moment que ... LISEZ LE LIVRE …

. Comment a été prise en charge la sécurité de Manuel après l’hôpital ? Il y a un petit blanc, rien de dramatique. La question est en suspens… N’est-ce pas trop allégé ?

L’auteur s’inscrit dans la lignée des auteurs français (et une Belge !) phares dans « la thriller mania » qui anime les passionnés et pour qui, Fleuve Noir se coupe en quatre : citons Franck Thilliez, Karine Giebel et Barbara Abel. Leur particularité, chacun à leur manière, c’est d’élaborer une idée novatrice, un texte aéré, fluide, des lectures rapides. En général, le principe est identique, la longueur des chapitres ne dépasse pas la dizaine de pages. Il y a une utilisation d’une technique qui consiste à incruster un élément intriguant supplémentaire au compte goutte afin d’accentuer et contrôler l’impatience et l’agitation du lecteur. Cela provoque une lecture effrénée teintée de rage nostalgique (mince ! C’est fini), de compassion (oh ! Le ou la pauvre) et d’esprit de vengeance partagée (bien fait pour ta pomme !). Dans « Le cimetière des hirondelles », l’histoire est plus centrée sur l’action, la centralisation sur le comportement d’un personnage clé (Mallock), sur le développement d’une idée divertissante et fine que sur la profondeur de l’état de la société. Au final, la manœuvre huilée propose un moment divertissant, effrayant, étonnant et idéal pour tout moment de pause, que ce soit en vacance sur une île, au ski, ou simplement à la maison. Et pour boucler la boucle, la couverture aguichante fonctionne très bien avec l’ensemble des ouvrages proposés. Un beau commerce, certes, mais surtout, et c'est le plus important, cohérent et fidèle aux attentes des lecteurs férus de ce type de matière. Un concept qui séduit et fonctionne très bien.

« Chaque livre peut se lire séparément, les histoires étant totalement indépendantes, ou bien dans l’ordre chronologique, afin de mieux suivre l’évolution des personnages récurrents. Plus d’info sur mallock.fr » (mention au début livre).
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Avec ce livre, je suis allée de surprises en surprises... Et quelles surprises !

J'ai vécu un moment extrêmement étrange, un moment troublant, le moment où j'ai eu l'impression que l'auteur parlait de moi ! Il s'agit là de passages bien précis, notamment lorsqu'une partie de la personnalité de Mallock nous est dévoilée, et ça n'a fait que créer un lien supplémentaire, que l'intrigue intelligente m'avait déjà fournie. Mais du même coup, ma curiosité n'en a été que décuplée ! Il ne me tardait qu'une chose, analyser la suite de son comportement, de ses décisions, et voir si nos personnalités se rejoignaient jusqu'au bout dans cette intrigante et passionnante affaire. C'est fou comme une simple combinaison de mots peut à ce point nous poser, telle une définition dans un dictionnaire.

Hormis cela, la dimension fantastique, paranormale, qui s'ajoute au récit, apporte un intérêt croissant et un doute omniprésent. Est-il vraiment possible que l'auteur croie en un dénouement improuvable, ou nous laisse-t-il y croire pour mieux nous berner à la fin ?

Une autre des nombreuses qualités que l'on peut attribuer à ce livre, est la richesse du vocabulaire et la qualité de la syntaxe. Il est si rare de croiser un vocabulaire si fourni chez les auteurs de thrillers ou de policiers... Non pas qu'ils en soient dépourvus, mais pensant peut-être que cela ne s'y prête pas. En tout cas ici, un vrai régal de nuances et de précision.

Enfin, la cerise sur le gâteau, mise à part la qualité du scénario, le personnage principal, notre fameux Mallock, est d'un réalisme saisissant, et je m'y suis attachée aussi vite que mon ombre ! Même après avoir découvert que lui et moi n'étions pas tout à fait des clones penseurs...
Je n'oublierai cependant pas notre phobie du retard et notre amour du manteau blanc... Mêlés à une empathie et une misanthropie toujours plus fortes.

Il est maintenant évident que j'ai envie de découvrir les autres péripéties de ce cher Mallock avec impatience... ^^
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