Le mal-être finit par devenir une sorte de seconde nature. On y tient. On s'y vautre. Et l'auto-complaisance est une des meilleures nourritures que je connaissance pour l'alimenter.
Ariel. Noir soleil. Avec lui, j'avais enfin trouvé ce que j'ignorais chercher.
Il y a eu un nouveau silence. Le souffle du ressac, le ricanement d'une mouette. Puis j'ai posé la question que n'importe quel type banal aurait posé en la circonstance.
- Alors, j'ai demandé, qu'est-ce que tu deviens ?
Misère. Misère de l'esprit et des mots. Je m'en serais bouffé la langue.
Nos actes semblent parfois si éloignés de nos âmes. Si à l’opposé. Le sont-ils vraiment ou bien est-ce un leurre ? Dans ce dernier cas, cela voudrait dire que la face cachée est proprement hideuse, et qu’à la tombée des masques nul espoir ne sera plus permis. Chacun se reconnaîtra ; les miroirs voleront en milliers d’éclats, de terreur et de honte.
La grande confrérie des poivrots, je crois bien qu'elle existe. On se renifle, on se reconnaît, et ça crée tout de suite un lien.
Il y a certains êtres dont la seule présence suffit à vous ébranler et les sens et l'âme.
Avec lui, j’avais enfin trouvé ce que j’ignorais chercher.
The garden of love, 1794
I went to the Garden of Love,
And saw what I never had seen;
A Chapel was built in the midst,
Where I used to play on the green.
And the gates of this Chapel were shut
And “Thou shalt not,” writ over the door;
So I turned to the Garden of Love
That so many sweet flowers bore. (épigraphe du livre)
And I saw it was filled with graves,
And tombstones where flowers should be;
And priests in black gowns were walking their rounds,
And binding with briars my joys and desires.
William Blake (1757-1827)
Songs of Experience
Vous voyez, elle a dit. Cela vous dépasse, alors vous essayez de tout réduire à votre propre échelle. Comme le professeur Cyrillus. Comme Thierry Carmona. Comme tous les autres. Il vous faut un monde à votre mesure. Miniature. Au ras du sol. Un monde étriqué et sale. Mais l’univers est beaucoup plus vaste que ça. Comme l’amour. L’amour est infini. Vous n’avez même pas idée de ce que cela signifie. L’amour ne connait pas de limite. Aucune limite. Aucune, aucune, aucune. Sinon, nous ne parlons plus de l’amour. Nous parlons de ce que vous connaissez. Qu’est-ce que vous connaissez de l’amour, Monsieur Astrid ?
Tout se mélange. Comme souvent dans ces cas-là ça grouillait partout dans ma tête et dans mes veines et je laissais faire en espérant que les petites bêtes finiraient par me dévorer. Mais elles n’en veulent pas non plus. Viande périmée. Je suis tellement pourri de l’intérieur que ces saloperies de bestioles grimacent et recrachent et repartent. Je reste là. Je respire.