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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce titre bizarre est le nom de la méthode de défense mise au point par les abeilles japonaises pour lutter contre les attaques meurtrières des frelons chinois. La question posée est : le peuple tunisien pourra-t-il, lui aussi, en se réunissant et en agitant les ailes pour produire de la chaleur, griller les indésirables, ces fanatiques religieux qui ont un jour surgi dans le pays ?
Le récit achevé, la question reste posée, avec, tout de même, une petite note d'espoir.
C'est dire qu'il s'agit là d'une fable, l'histoire d'un brave homme, apiculteur dans un douar isolé et pauvre (nommé Ouallou), dont les ruches sont un jour ravagées par ce frelon arrivé dans des frusques importées, distribuées à la population en échange d'un petit bulletin de vote. L'histoire est alertement menée, avec beaucoup d'humour : le peuple des campagnes, habitué à sa misère et à ses traditions, a vu placidement un dictateur (Le Beau) en remplacer un autre (Le Vieux), puis la nuée des fous de Dieu envahir le village – la scène du sermon de leur imam et des réactions des paysans est irrésistible. Les personnages sont bien esquissés, en général sympathiques, les malheurs récents de la Tunisie post-révolution du jasmin rappelés avec cocasserie et le style est plein de trouvailles, comme ces deux amis qui s'étaient perdus de vue et qui, se téléphonant d'un continent à l'autre « tombent dans la voix l'un de l'autre ».
Une très jolie lecture, très amusante.
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Que voilà un beau petit roman prenant sa forme du conte mais concrètement vissé à la réalité. Campé dans un des pays d'Afrique du Nord qu'on ne nomme jamais, le récit se déroule autour d'un homme (le Don) et de ses ruches peuplées de reines et d'abeilles qu'il appelle ses filles. Dans son village reculé, le vieil apiculteur savoure sa solitude et récolte un miel des plus doux et sucré. Jusqu'à ce qu'une attaque virulente d'un essaim de frelons géants bouleverse sa quiétude et celle de ses butineuses.
Yamen Manai parle aussi des suites de la révolution dite du printemps arabe, de la montée de l'islamisme radical, du pouvoir de la littérature et des effets néfastes de l'ignorance couplée à la dévotion dévorante d'une religion tyrannique.
Ne serait-ce que pour découvrir le sens du titre, il faut lire L'amas ardent, étonnant roman mariant le vol frénétique des abeilles aux parcours erratiques des hommes sur terre.

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"L'Amas ardent" de Yamen Manai est écrite sous la forme d'un conte, offrant un portrait profondément enraciné de la Tunisie post-révolution de 2011. Au coeur de cette histoire, se trouve le personnage du Don, un apiculteur vieillissant dont les ruches sont décimées par un mal mystérieux. Avec l'aide de ses proches et des habitants du village, le Don entreprend un voyage pour comprendre et résoudre ce problème qui perturbe la quiétude de leur paisible contrée.

Ce récit se révèle être une métaphore puissante et subtile des bouleversements politiques et sociaux qui ont secoué la Tunisie après la révolution. le mal qui frappe les abeilles est une représentation des forces extérieures de l'obscurantisme et de l'intégrisme politique qui menacent la stabilité du pays. L'auteur utilise cette allégorie avec brio pour explorer les défis auxquels est confrontée la Tunisie moderne. L'un des passages où les « barbus » déposent des vêtements, des caisses d'affaire utiles dans le village m'a beaucoup heurté dans ce côté manipulation… Ou comment se servir de la misère pour endoctriner…

Le style narratif de Yamen Manai est à la fois comique, insolent, parfois teinté d'humour noir, philosophique et attentionné, mais aussi sans concession. Cette variété de tonalités reflète la complexité de la situation politique et sociale à l'époque, tout en ajoutant une réflexion au récit. L'auteur offre également des clins d'oeil subtils à l'actualité, tout en critiquant avec intelligence et satire ces extrémistes religieux. J'ai envie de dire que les abeilles sont la raison et l'occasion de dire ce qu'on souhaite, montrer et placer au grand jour.

Les abeilles symbolisent bien plus que de simples insectes. Elles incarnent la pureté, la vitalité et la précieuse harmonie de la nature au sein d'une communauté rurale tunisienne. Leur mystérieuse disparition, causée par un mal venu d'ailleurs, représente la menace qui plane sur cette tranquillité, parallèlement aux perturbations rencontrées dans le pays. À travers les abeilles, l'auteur nous invite à réfléchir à la fragilité de l'équilibre entre tradition et modernité, tout en soulignant la nécessité de préserver la beauté et la vitalité de la nature pour l'avenir.

En bref : "L'Amas ardent" n'est pas qu'simple divertissement, car il offre une réflexion profonde sur les enjeux sociaux et politiques de la Tunisie et du monde contemporain. Il célèbre la résilience et explore la manière dont la tradition et la modernité s'entrelacent et s'affrontent. Une lecture riche, nuancée, pleine d'émotions et d'humour.
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Le Don élève ses abeilles, ses filles. Appréciant le calme et la quiétude de cette vie retirée dans un village d'un pays qui ressemble à s'y méprendre à la Tunisie.

Ce pays a eu à sa tête un Vieux, chassé par un Beau, lui-même expulsé du pouvoir par une révolution...toute ressemblance avec une situation ayant existé n'étant clairement pas fortuite.

Un jour, le Don observe un phénomène inquiétant : des milliers de ses filles sont mutilées par un ennemi inconnu de tous... S'ensuit une recherche effrénée pour trouver une solution, pour sauver les autres ruches d'une mort certaine.

Ce roman est un vrai coup de coeur, une oeuvre poétique et puissante.

L'on y parle d'abeilles, certes, mais de tellement d'autres choses. Cette lutte pour sauver ces insectes est une formidable allégorie, une image de la vie, menacée par l'obscurantisme.

Yamen Manai nous montre comment l'espoir d'une révolution populaire a laissé la place à des fanatiques.

Comment la pauvreté a facilité l'appropriation de la révolution par des hommes qui ont bien compris qu'un bulletin de vote peut s'acheter à coût de caisses de vivres ou de vêtements.

Comment les femmes ont été enfermées ou se sont enfermées volontairement dans un monde rigoriste.

Comment la culture et la connaissance cèdent le pas au consumérisme. À l'égoïsme forcené.

À l'inverse de cette obscurité, la lumière et la sagesse du Don, celle de la création face à la haine des autres résonne comme un oasis d'humilité et de bonté.

Si la tristesse se ressent à chaque page, face à ce gâchis venu et à venir, il n'en demeure pas moins qu'une grâce et une espérance sont également présentes.

Ce roman dont j'ai savouré chaque page est encore une très belle découverte aux éditions Elyzad que je vous invite à découvrir.
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Prix des cinq continents de la francophonie 2017, Yamen Manai nous offre un conte dont la magie ne cesse de grandir au fur et à mesure que les pages se tournent.

Le Don, apiculteur amoureux de ses « filles » qui le lui rendent bien en lui donnant le meilleur des miels, vit en marge de Nawa petit village de l'arrière pays tunisien.
La vie est paisible, douce, simple, loin de la montée en puissance des fanatiques de Dieu. Mais un matin tout bascule: les abeilles de l'une de ses ruches ont été massacrées.
Alors, tendit que le pays change inexorablement, touchant même son village reculé, une seule chose va animer le Don: sauver ses ruches même s'il faut pour cela aller au pays du soleil levant.
L'auteur met en lumière les espoirs déçus d'une révolution populaire et le fanatisme ravageur d'un pouvoir autocratique.
Dans un style mêlant poésie, ironie, nous nous laissons emporter par la sagesse du personnage principal et la beauté de la campagne tunisienne.
Le seul bémol expliquant le 4* et non la note maxi, un premier chapitre assez décousu, sans réel intérêt que le lecteur devra accepter de passer s'il veut découvrir cette petite pépite.
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Bel abîme que je viens de lire et qui m'a subjuguée, m'a donné envie de connaître un peu plus Yamen Manai. Son livre L'amas ardent a attiré mon attention par sa couverture et surtout par son titre insolite. Dans ce roman il est encore question du pays natal de l'auteur, cette fois Yamen Manai nous emmène dans l'arrière-pays tunisien où les habitants de Nawa vivaient certes pauvrement, mais paisiblement. le Don y vivait heureux auprès de ses filles, les abeilles, qui peuplaient ses nombreuses ruches. Jusqu'au jour où débarquèrent des hommes barbus, tout de noir vêtus, qui Au nom de Dieu, distribuèrent des biens : vêtements , nourriture… ”Encore une fois, l'homme en quête de territoires distribua à ses semblables la peste dans les plis de ses offrandes”. Au nom de Dieu, les villageois récupérèrent le tout, gratuitement ou presque, il leur suffirait en échange de leur reconnaissance, lors des futures élections, de cocher le pigeon, signe du Parti de Dieu.
Les abeilles de Don, elles aussi, vivaient heureuses, leur miel était un délice, une fierté et une richesse, jusqu'au jour où de gigantesques frelons noirs débarqués de Chine les attaquèrent. de nombreuses abeilles périrent au grand dam de leur cher apiculteur.
Il est alors aisé d'établir un parallèle entre l'ascension au pouvoir des hommes en noir du Parti de Dieu et l'attaque des noirs frelons asiatiques. Comment dès lors éradiquer ces espèces nuisibles ? Ce ne sera pas une mince affaire.
Entre conte et fable, Yael Manai dépeint la situation fragile et tragique de la Tunisie de la post-révolution. En cinq parties - le chaos, la discorde, la confusion, la bureaucratie, l'aftermath - ce livre relate et met à la fois en garde contre les éléments et les événements qui ont pu ou pourraient bien se produire, ailleurs. Un roman intéressant et fort bien écrit. Yamen Manai a vraiment du talent. Ne manquez pas l'explication de l'amas ardent, une remarquable stratégie qui confirme combien la nature est bien faite. L'homme devrait davantage s'en inspirer.
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Dans les situations de guerre comme pour Les Abeilles Grises ou l'Apiculteur d'Alep ou de crise la figure de l'apiculteur apaise, équilibre et offre un contraste avec la folie destructrice des hommes.

L'Amas Ardent se déroule dans un village perdu de Tunisie dans l'effervescence de la campagne électorale qui a suivi la révolution tunisienne. le village de Nawa vit en dehors de toute agitation politicienne : ses habitants sont très pauvres, pour la plupart, illettrés, et la plus grande ville proche s'appelle Walou! 

Les Nawis ont à peine entendu parler de la destitution de Ben Ali surnommé le Beau mais ils sont sollicités par les factions pour les élections. Une première caravane électorale leur laissera un bureau de vote préfabriqué et un paquet de tracts dont personne ne comprendra l'usage. Les islamistes qui viendront avec des cartons entiers de vivres, couvertures et vêtements seront bien plus convaincants, avec des prêches enflammés ils embarqueront les plus naïfs dans leur djihad.

Le Don, l'apiculteur, a d'autres soucis : ses abeilles sont décimées par un ennemi nouveau qu'il va traquer. Il connaît les barbus, il a travaillé autrefois en Arabie Saoudite et ne se laisse pas influencer.

L'Amas Ardent traite donc de ce double sujet : l'arrivée des islamistes au pouvoir en Tunisie et l'arrivée des frelons asiatiques (peut être apportés malencontreusement par les premiers). Certaines abeilles ont adopté une stratégie pour se défendre : celle de l'Amas ardent les villageois trouveront ils la leur ? 

Ce court roman 220 pages se lit très facilement, c'est une lecture agréable. Au début, j'ai  un peu tiqué devant des jeux de mots faciles puis je me suis laissé prendre. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Yamen Manai - 2017
Ce roman a eu notamment le Prix Comar d'Or et le Prix des Cinq Continents de la francophonie
Il s'agit d'une fable pleine d'humour, satire d'un pays qui vient de faire sa révolution, où les djihadistes ne sont pas à l'abri de l'agressivité des "frelons asiatiques".
Le héros de ce roman est un apiculteur dans le village de Nawa, au fin fond de la Tunisie. Quand il découvre un jour une de ses ruches décimée, il cherche à comprendre et découvre que cela provient de frelons inconnus jusqu'ici en Tunisie.
Par cette fable, l'auteur a choisi l'apiculteur qui fait l'apologie de la vie alors que les "fous de Dieu" font l'apologie de la mort.
Je suis certainement passée à côté du début du roman car j'ai essayé de faire le lien avec l'histoire de la Tunisie que je connais peu mais j'ai été ensuite emballée de la suite.
L'interview de Yamen Manai sur le site des éditions Elyzad (Youtube) sur ce roman est très intéressante.
Je vais transmettre ce roman à mon entourage et je pense le relire dans quelques années.



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L'amas ardent, c'est une technique développée par les abeilles asiatiques pour vaincre un dangereux prédateur, le frelon asiatique géant : elles l'englobent pour faire monter sa température et le faire rôtir. Mais les abeilles tunisiennes ne connaissent pas ce savoir-faire et lorsque, par le biais d'une cargaison destinée à la corruption politique, un nid de frelons asiatiques arrive dans la région où le Don élève ses abeilles, il est prêt à tout pour sauver ses « filles » de ce prédateur, qui débarque en même temps que les islamistes…

J'ai beaucoup aimé ce roman. J'ai aimé le style, un peu naïf, comme si le narrateur nous lisait un conte.
J'ai aimé l'histoire, celle d'un homme en symbiose avec son environnement et qui inspire ses proches par son abnégation et son harmonie.
J'ai aimé les thèmes : celui de la sauvegarde des abeilles et, en arrière-plan, de la révolution tunisienne. le Don est tellement proche de ses abeilles que plusieurs scènes m'ont fait penser aux Fourmis de Bernard Werber.

Ce roman est presque trop court, j'aurais beaucoup aimé rester plus longtemps auprès de Don, de ses abeilles et des villageois !
Cette lecture a été très agréable, c'est une jolie surprise !
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Voici une allégorie. L'auteur nous parle d'abeilles, une espèce indispensable à la vie de l'homme et qu'on laisse s'éteindre faute de se soucier de la nature, et qu'un frelon noir venimeux originaire d'Asie décime effectivement. Ce frelon voyage, ici d'Arabie Saoudite, une des pétromonarchies, en Tunisie, dans un village très reculé, dont les habitants vivent à l'écart des accidents du monde, illettrés et très pauvres. Au même moment, Ben Ali (le Beau) enfui, ce sont les premières élections dites libres, et le parti des hommes de Dieu, qui savent ce qu'ils font, distribue argent, nourriture et vêtements à des nécessiteux en échange d'un billet de vote. Qui sont ces Frères musulmans ? Des fondamentalistes, qui veulent revenir aux sources de l'islam. Des gens rigoristes, austères, puritains, qui ont Dieu à la bouche mais dont certains ont dans la tête la pensée obsédante du pouvoir. Des gens qui veulent réformer les moeurs pour revenir à celles des pieux ancêtres (al-Salaf al Salih) et forts de leur vérité, tuer ceux qui ont un autre point de vue.
le héros de l'allégorie , où une chose est signe d'une autre chose, est un apiculteur, le gardien de la pérennité de l'homme, et il s'appelle Don, comme la première partie du nom de Don Quichotte. Il vit en ermite. Depuis qu'il a connu l'humiliation (devoir se courber devant un autre homme) dans les années 60 quand il s'occupait d'abeilles en Arabie Saoudite et que leur miel, aux vertus naturellement médicales, versé dans des vasques pleines de billets de banque permettait à de jeunes prostituées qui s'y asseyaient et s'y agitaient sous le regard du prince et de ses amis, de se coller nombre de billets sur le corps. de retour chez lui, il ne s'intéresse qu'à ses abeilles, qui sont ses filles véritables. Quand il en découvre une partie exterminée. Que s'est-il passé ? Lui-même se met en quête des assassins, aidé par les villageois, et le lecteur est emmené dans une montagne sèche, aride, que traversent de bons bougres de soldats que le fanatisme de religieux et de pauvres et naïves recrues détruisent dans un piège. Il capture un frelon, qui avec ses compagnons, se trouvait dans les tuniques made in Asia offertes par les fous de Dieu, et l'identifie grâce à sa nièce et à son mari qui est doyen de l'Université. Sa nièce sacrifie les économies destinées au hadj pour aller au Japon, où le doyen contacte un ancien élève à lui, chercher les abeilles (au nombre de dix) qui peuvent, grâce au battement de leurs ailes et à la chaleur (45°)qu'elles dégagent ainsi, brûler à mort les frelons qu'elles encerclent. Bel exemple de solidarité et de collectivité au service de la survie et de la continuité du monde. Malheureusement, la bêtise administrative en fera mourir neuf.
S'il n'en reste qu'une, je serai celle-là. Ce qui peut être le leit-motiv de tout homme qui veut que les choses changent, et qui s'emploie à faire qu'elles changent. Pour reconstruire un monde de paix, où les abeilles, en toute sécurité, et dans la beauté de la nature riante, font leur travail de pollinisation.
Yamen Manaï est un homme de cette volonté-là, qui écrit pour dire qu'il y a un autre Islam que celui des wahhabites, et qu'il est grand temps de se préoccuper d'écologie. Il livre son combat avec les armes de la satire et de la poésie.
Sa maison d'édition, Elyzad, qui publie de la littérature de langue française, veut établir des passerelles du Sud au Nord, de la Méditerranée à l'ensemble des pays francophones, pour faire lire le monde dans sa pluralité.
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