Voici une allégorie. L'auteur nous parle d'abeilles, une espèce indispensable à la vie de l'homme et qu'on laisse s'éteindre faute de se soucier de la nature, et qu'un frelon noir venimeux originaire d'Asie décime effectivement. Ce frelon voyage, ici d'Arabie Saoudite, une des pétromonarchies, en Tunisie, dans un village très reculé, dont les habitants vivent à l'écart des accidents du monde, illettrés et très pauvres. Au même moment, Ben Ali (le Beau) enfui, ce sont les premières élections dites libres, et le parti des hommes de Dieu, qui savent ce qu'ils font, distribue argent, nourriture et vêtements à des nécessiteux en échange d'un billet de vote. Qui sont ces Frères musulmans ? Des fondamentalistes, qui veulent revenir aux sources de l'islam. Des gens rigoristes, austères, puritains, qui ont Dieu à la bouche mais dont certains ont dans la tête la pensée obsédante du pouvoir. Des gens qui veulent réformer les moeurs pour revenir à celles des pieux ancêtres (al-Salaf al
Salih) et forts de leur vérité, tuer ceux qui ont un autre point de vue.
le héros de l'allégorie , où une chose est signe d'une autre chose, est un apiculteur, le gardien de la pérennité de l'homme, et il s'appelle Don, comme la première partie du nom de Don Quichotte. Il vit en ermite. Depuis qu'il a connu l'humiliation (devoir se courber devant un autre homme) dans les années 60 quand il s'occupait d'abeilles en Arabie Saoudite et que leur miel, aux vertus naturellement médicales, versé dans des vasques pleines de billets de banque permettait à de jeunes prostituées qui s'y asseyaient et s'y agitaient sous le regard du prince et de ses amis, de se coller nombre de billets sur le corps. de retour chez lui, il ne s'intéresse qu'à ses abeilles, qui sont ses filles véritables. Quand il en découvre une partie exterminée. Que s'est-il passé ? Lui-même se met en quête des assassins, aidé par les villageois, et le lecteur est emmené dans une montagne sèche, aride, que traversent de bons bougres de soldats que le fanatisme de religieux et de pauvres et naïves recrues détruisent dans un piège. Il capture un frelon, qui avec ses compagnons, se trouvait dans les tuniques made in Asia offertes par les fous de Dieu, et l'identifie grâce à sa nièce et à son mari qui est doyen de l'Université. Sa nièce sacrifie les économies destinées au hadj pour aller au Japon, où le doyen contacte un ancien élève à lui, chercher les abeilles (au nombre de dix) qui peuvent, grâce au battement de leurs ailes et à la chaleur (45°)qu'elles dégagent ainsi, brûler à mort les frelons qu'elles encerclent. Bel exemple de solidarité et de collectivité au service de la survie et de la continuité du monde. Malheureusement, la bêtise administrative en fera mourir neuf.
S'il n'en reste qu'une, je serai celle-là. Ce qui peut être le leit-motiv de tout homme qui veut que les choses changent, et qui s'emploie à faire qu'elles changent. Pour reconstruire un monde de paix, où les abeilles, en toute sécurité, et dans la beauté de la nature riante, font leur travail de pollinisation.
Yamen Manaï est un homme de cette volonté-là, qui écrit pour dire qu'il y a un autre Islam que celui des wahhabites, et qu'il est grand temps de se préoccuper d'écologie. Il livre son combat avec les armes de la satire et de la poésie.
Sa maison d'édition, Elyzad, qui publie de la littérature de langue française, veut établir des passerelles du Sud au Nord, de la Méditerranée à l'ensemble des pays francophones, pour faire lire le monde dans sa pluralité.