Antoine reste longtemps à cet endroit, pris d'une nostalgie non dénuée de sérénité. Le bien-être de se trouver ici est plus fort que les regrets. La vie est devant lui, il faut cesser de toujours regarder en arrière, vivre dans le passé, vouloir revivre les moments d'avant...
Il fat inventer l'après.
Et il sourit. Comme s'il était heureux. C'est d'ailleurs étrange, cette impression de sérénité qu'il a en lui à présent. Il se sent plus heureux qu'avant, et pourtant il était seul. Mais la solitude, quand elle est pleine et vivante, est aussi un cadeau... bien plus qu'une vie de couple bancale et insatisfaisante.
Souffrir, ça fait grandir... il le faut, parfois, non ?
S'accrocher à du concret pour ne pas sombrer dans les abîmes de la folie.
Il grave à jamais dans sa tête et dans son coeur ces images de l'aimée sans vie, parce que celles-ci ne seront jamais sur papier glacé et que toute sa vie il pourra vouloir se les rappeler.
Être aimée, c’est doux...
Vit-il une vie en accord avec son être profond? Cet être qui en ce moment même se sent ici plus en vie que n’importe où ailleurs ... et si au lieu d’avoir, il essayait d’être ?
Alors ça fait ça, l’amour? ... On n’est plus soi-même ? On devient con? Parce que Rose a la certitude de connaître le vrai Antoine..
Souffrir, ça fait grandir ... il le faut, parfois, non ?
Je suis dans un tel manque de toi que je trempe ma solitude dans des bras sans âme qui habitent des lits froids. Je sème mon malheur sur des corps qui ne m’apaisent pas. J’étanche la soif de ma colère dans des bouches avides qui ne me désaltèrent pas. J’erre dans des chambres inconnues, comme j’erre dans ma tête, avec un cœur où le sang ne bat plus.