Complice, évidemment. Tous les banquiers le sont. Tu connais un seul banquier qui renoncerait à opérer une grosse transaction simplement parce qu'elle lui paraîtrait illégale ?
- Parlez-moi des produits dopants au F. C. Lisle.
- Il y en a comme partout. Les joueurs en prennent toujours, quoi qu'on fasse. Par peur, par angoisse, pour tenir, ou tout simplement pour être meilleur. L'idéal olympique. Toujours plus haut, toujours plus fort.
Reynaud, blanc, sans voix, secoué de tics, cherche à se dégager, Daquin le maintient un instant, puis le lâche en souriant. Danjou prend Reynaud par le bras, l'entraîne vers la porte des tribunes, en lui parlant à voix basse. De façon assez violente, semble-t-il.
Toutes les conversations, maintenant, portent sur les péripéties du match."Il y avait pénalty. Si dans ce cas-là il n'y a pas pénalty, c'est qu'il n'y en a jamais... Hernandez, il a un sens inné du but. Mais c'est le foot de rue. Il joue toujours perso..." Entre amateurs éclairés, les clivages sociaux s'estompent et des relations nouvelles s'esquissent.
Daquin se lève, saisit le cou de Larribi d'une seule main, les doigts sur la carotide, et le soulève de quelques centimètres, avec la chaise. Menotté, incapable de faire un geste, tétanisé, les yeux agrandis, Larribi sent monter la perte de conscience. Daquin le lâche, il se tasse sur lui-même, reprend son souffle par petits coups, recommence à claquer des dents. Avec le froid, une sensation de vide dans les poumons, et la claire conscience, enfin, d'être complètement coincé.