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La compagnie K est un livre sur la guerre et plus précisément sur la première guerre mondiale. Cette compagnie est composée de centaines d'américains qui vont se battre de décembre 1917 à Novembre 1918. Plutôt que de parler de souvenirs comme des centaines d'ouvrages l'ont fait, l'auteur choisit un procédé narratif original. Chaque paragraphe représente les paroles d'un militaire présenté par son grade et son nom. William MARCH suit la chronologie également : les préparatifs avant de partir, l'arrivée puis le front. l'armistice et enfin le retour. par contre nous n'échappons pas à ces souvenirs horribles. Mais la phrase qui décrit le mieux cette boucherie vient du "soldat Andrew Lurton :
"J'aimerais que les types qui parlent de la noblesse et de la camaraderie de la guerre puissent assister à quelques conseils de guerre. Ils changeraient vite d'avis, parce que la guerre est aussi infecte que la soupe de l'hospice et aussi mesquine que les ragots d'une vielle fille".
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Je n'avais jamais entendu parler de ce livre, paru en 1933 en Amérique. Je m'empresse de dire qu'il devrait rejoindre les grands classiques de la der des Der, les Français Barbusse, Genevoix, Chevallier, Dorgelès, les Allemands Junger, Remarque, l'Anglo-australien Manning, l'Italien Lussu et tous les autres. La compagnie K, c'est 113 hommes. Et dans ce court bouquin ils racontent tour à tour un moment de leur vie au front. Deux pages maximum pour chacun, beaucoup de "simples" soldats, quelques sous-officiers et et quelques officiers sous les ordres d'un capitaine. C'est tout. Ni fioritures ni envolées lyriques. Des faits.

Compagnie K, c'est le Bois Belleau, dans le sud de mon département, c'est l'Argonne, c'est cette Picardie et cette Champagne, des roses et du breuvage d'or. Je l'ai écrit mille fois, je suis d'une terre de cimetières et d'obus. Bien des Américains reposent là-bas. Mais William March, qui fut l'un de ces deux millions d'Américains qui traversèrent l'Atlantique, reste à hauteur d'homme, c'est des fois pas très haut, la hauteur d'homme, chroniquant en quelques dizaines de lignes des scènes précises et acérées. Nobles quelquefois, immondes aussi, humaines plus simplement.

Parfois carrément cocasses (le soldat Martin Passy évoquant une diseuse de bonne aventure qui lui porta chance, les sautes d'humeur de Mamie la mule de la roulante), les billets prodiguent souvent une émotion brute, brutale, un peu comme un K.O. en quelques dizaines de secondes. La mort, c'est parfois expéditif et William March vous laisse un peu groggy. Ces "nouvelles" de la guerre, sur la guerre et parfois l'après-guerre, sonnent toutes comme des rappels, des injonctions, sur les multiples traumatismes du conflit mondial. Ici un officier exécute sommairement des prisonniers, là une gueule cassée voit sa promise craquer au moment ultime "Si tu me touches je vomis". La construction précaire d'un ponton, quelques mots d'un aumônier, un soldat américain vole la médaille du fils, mort au front, du couple qui l'a accueilli. Pas toujours sublime, litote.

Les petitesses de l'âme humaine accompagnent les grandeurs discrètes au long de ces témoignages tout sauf grandiloquents. Tous les textes sont bouleversants, et je le répète, l'humour cotoie le désespoir. Marchant dans la campage picarde je songerai encore davantage aux gens de toutes sortes et sous tous drapeaux, couchés en cette terre de douleur.
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Ecrit il y a 80 ans par un vétéran de la première guerre mondiale, ce roman propose une suite d'instantanés, en une ou deux pages, correspondant à des moments déterminants de la vie d'une centaine de soldats de la compagnie K du contingent américain. Avec une économie de moyens remarquable, l'auteur, par ce patchwork, dresse un portrait sans concession de la Grande guerre et de son horreur. Mais ce qui distingue ce livre de beaucoup d'autres sur le même thème, c'est la force de chaque chapitre pris individuellement, véritables nouvelles à part entière, suscitant l'émotion en quelques lignes. Les travers et les plus bas instincts de l'être humain y sont décortiqués avec talent rendant mémorable la destinée de ces soldats anonymes.
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J'ai adoré ce livre.
La construction en est vraiment terrible.
Par petites saynètes, par toutes petites touches, William March, donne une vision inacceptable de la guerre. Chacun sa réaction face aux atrocités. Il raconte des micro événements, des faits qui semblent sans importance et dresse ainsi un tableau de la première guerre mondiale dans toute son horreur, toute son inacceptabilité. Chaque mini chapitre est une anecdote racontée par un membre de la compagnie k. Et à force d'anecdotes, vécues du front, des tranchées, de l'arrière, à force de sang, de sentiment de culpabilité, d'envie d'oublier, de faim ou d'absurdité, le lecteur ne peut que voir combien l'apologie de la guerre, les valeurs d'honneur et de patrie pour envoyer les paysans, les ouvriers, les étudiants mourir à la guerre ne peuvent être qu'absurdes et criminels.
C'est intelligent, c'est simple et humain. Juste une accumulation de petites anecdotes, sans explication.
C'est génial.
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Un livre qui fait écho au roman "A l'ouest rien de nouveau" avec des témoignages et des réflexions sur cette guerre vue par des soldats américains.
Des passages difficiles, violents, qui racontent cette guerre mais aussi des anecdotes qui m'ont fait sourire. Des réflexions justes sur l'horreur des batailles ou la bêtises des hommes. Un livre que l'on peut picorer car il se présente sous forme de lettres de quelques pages, ce qui permet d'en "digérer" les passages.

Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
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«Le bruit des hommes qui rient, hurlent, jouent ou prient…le bruit même de la guerre.»

La compagnie K de l'US Marines Corps débarque en France en décembre 1917.
William March (1893-1954) raconte la Grande Guerre telle que l'ont vécue les soldats américains.
«Compagnie K» publié en 1933 est son premier roman.
Les très belles, très recommandables, voire indispensables éditions Gallmeister nous offre, dans sa collection Americana, pour la première fois en français, la traduction de ce roman saisissant.

Cher lecteur avide de commémoration, si vous ne savez pas quoi lire pour le centenaire de la guerre de 14-18, vous pouvez déjà réserver ce livre inoubliable.
A empiler sur «Le feu» d'Henri Barbusse, «La main coupée» de Blaise Cendrars, «14« de Jean Echenoz et «Au revoir là-haut» de Pierre Lemaitre.

La littérature ne démontre pas, elle montre.
Essentielle et vitale littérature !

«Au début, ce livre devait rapporter l'histoire de ma compagnie, mais ce n'est plus ce que je veux maintenant. Je veux que ce soit une histoire de toutes les compagnies, de toutes les armées. Si ses personnages et sa couleur sont américains, c'est uniquement parce que c'est le théâtre américain que je connais. Avec des noms différents et des décors différents, les hommes que j'ai évoqués pourraient tout aussi bien être français, allemands, anglais, ou russes d'ailleurs.»

Ce livre pourrait être LE livre de toutes les guerres : Vietnam, deuxième guerre mondiale, celles d'hier, d'aujourd'hui…de demain !

Et c'est là la grande force de ce roman de William March.

De l'embarquement pour la France au retour au pays, en passant par les tranchées de la mort, March nous crie à la figure, de mille et vives voix, la guerre.
Soldat, sergent, caporal ou lieutenant, venus des lacs de l'Alabama ou de la campagne de Virginie, ces hommes vont mourir et survivre, rire et pleurer, trembler et tuer devant nos yeux.
Des lâches et des courageux, des intrépides et des peureux, des déserteurs et des mutins…des hommes quoi.

Après deux semaines de traversée entassés dans un navire voilà nos «boys» américains débarqués sur notre sol prêts à en découdre contre des «teutons» aussi inconnus que le pays où ils viennent combattre.

Bienvenue dans les tranchées : vermine, rats, froid, boue, faim…et fin pour beaucoup !

Puis les assauts, les «nids» de mitrailleuses, les pluies d'obus et les combats au corps à corps à la baïonnette.

Terrible !

Comme la rencontre avec cet allemand blessé, agonisant, qui fouille dans sa veste pour sortir de sa poche…la photographie de sa fille.
«Le barbu a levé la main pour fouiller à l'intérieur de sa veste. J'ai cru qu'il allait nous jeter une grenade et je lui ai vidé mon pistolet dans le corps.»

Insupportable !

Comme ce soldat américian qui refuse de partir à l'assaut et qui sera froidement exécuté d'une balle par son supérieur.
«-Sors de là ! il a crié encore.
-Je vais pas plus loin, j'ai dit. J'en peux plus.»

Révoltant !

Comme ce courrier adressé aux parents d'hommes tombés au combat.
«…il avait compris que toutes ces choses auxquelles vous, sa mère, lui aviez appris à croire sous les mots d'honneur, courage et patriotisme, n'étaient que des mensonges…»

Hilarant !

Comme cette scène où tout un bataillon de soldats américains se retrouvent nus comme des vers dans un champ près de Belleville pendant que leurs vêtements cuisent dans une étuve.
C'est l'épouillage.
«Au bout d'un moment, le champ s'est retrouvé entouré de spectateurs, surtout des femmes, qui s'étaient assises dans l'herbe pour regarder…»

Emouvant !

Comme ce soldat américain qui clame : «J'apprendrai à lire ! Quand la guerre sera finie, j'apprendrai à lire !…»

Horrifiant !

Comme ces descriptions de blessures.
«Sa mâchoire avait été en partie emportée et elle pendait, mais quand il nous a vus il a tenu l'os décroché dans sa main et il a émis un son qui exprimait la peur et la soumission.»

Désespérant !

Comme ce jeune soldat qui vient de tuer un homme pour la première fois et qui pleure : «Je ne ferai plus jamais de mal jusqu'à la fin de ma vie…Plus jamais…Plus jamais !…»

Démoralisant !

Comme le retour au pays avec une gueule cassée, défigurée. Les retrouvailles avec celle qu'on aimait, avec elle qui vous aimait.
Celle qui vous retrouve et vous regarde et dit : »Si tu me touches, je vomis.»

La compagnie K a combattu dans l'Aisne, la Marne, la Meuse, à Verdun.

Rendons leur hommage en lisant ce livre remarquable de lucidité.
Dénonçons la guerre, toutes les guerres et ses planqués de généraux qui jouent aux petits soldats dans des salons onctueux de honte en lisant ce livre remarquable d'humanité.

Un chef-d-oeuvre ?
Peut-être…à vous de lire…à vous de le dire…

«La seule chose qu'on sait, c'est que la vie est douce et qu'elle ne dure pas longtemps.», dernières paroles du soldat Manuel Burt.
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Soufflée. Essouflée. Magistrale démonstration, à la fois humaine et littéraire. A propos de la guerre, n'importe quelle guerre, tout est dit dans ce livre. Tout. Jusqu'à la prochaine.

Il aura fallu attendre 2013 pour que ce roman écrit en 1933 - premier roman en témoignage, inspiré par l'expérience vécue par l'auteur, soldat américain durant la Première Guerre Mondiale - soit traduit en français.

Roman choral avec ses pas moins de cent treize voix qui ( nous ) racontent en narrations chronologiques. A la façon d'un reportage, des récits très courts donnant la parole à chaque homme pour un souvenir qui peut sembler anecdotique, toujours significatif, et le pire, c'est que quelques uns arrachent une misérable grimace de sourire triste. L'armée, la guerre, l'histoire personnelle se mêlent, les hommes se croisent : de la caserne d'instruction aux Etats-Unis avant l'embarquement aux tranchées françaises entre 1917 aux années 20 du retour avec les " bleus ", les vétérans, les gradés. A chacun son moment et ses mots face à ceux des discours sur le patriotisme, l'honneur et le courage; à chacun ses convictions perdues ou confirmées qui se rencontrent ou se confrontent, ses défaillances et ses questions en mémoire. Mémoires, d'outre-tombe parfois, de la peur, de la douleur, de l'obéissance aux ordres - tous les ordres -, de la faim, du froid et de la crasse, des massacres des combats de baïonnettes, d'obus et de gaz, de la propagande et des femmes, des blessures et de la folie, de l'absurde et de la détresse.
Un tableau vivant de la guerre, de tout ce qui meurt, en kaléidoscope sombre qui ne joue pas sur le noir et blanc. Il s'agit bien d'un bourbier. Sous les mots, les soldats sont rendus à la vie, à leur vie, des personnes et des personnalités. Et c'est aussi ce qui est saisissant lors de cette lecture, cette parfaite cohérence et limpidité de la lecture sur ce contexte éprouvant en variations de tons, en quelques lignes de descriptions si évocatrices. L'écriture est directe, presque factuelle, sans pathos apparent. Et pourtant, ce roman, c'est à la fois un chant funèbre et un cri d'alarme.
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"La compagnie K a engagé les hostilités le 12 décembre 1917 à 22 h 15 à Verdun (France)et a cessé le combat le 11 novembre 1918 au matin près de Bourmont". Mais sous les chiffres, se cache une réalité pétrie d'humanité, laide ou belle.

Paru en 1933, ce roman, basé sur l'expérience de William March au cours de la première guerre mondiale, est composé de courtes vignettes titrées du nom d'un combattant, soldat ou gradé. La préparation à l'envoi sur le champ de bataille jusqu'à la fin des hostilités et la période suivant le retour dans les foyers se dessinent petit à petit. Héros, lâches, petits chefs, chanceux, petits malins, fortes gueules, râleurs, tous sont là. Quelques allemands, quelques français.

De ce livre écrit sans fioritures et effets de manche, surgit souvent l'émotion. le moment le plus fort, évoqué au début et à la fin dans ses conséquences à long terme, est raconté en plein milieu, à savoir l'exécution des prisonniers allemands.

Faut il ajouter que Compagnie K est à lire absolument?
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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A travers les récits des 113 soldats de la compagnie K, nous découvrons un témoignage poignant sur la guerre 14/18 et sur la guerre en général. La forme est intéressante : elle donne la parole à des individus aux personnalités diverses, plus ou moins courageux, plus ou moins honnêtes, affaiblis par des conditions de vie effroyables. Ce sont de jeunes américains qui viennent combattrent auprès des Français contre les Allemands mais qui sont étrangers à ces querelles européennes. C'est l'horreur des morts violentes, des blessures inguérissables, physiques comme psychiques. Certains reviendront à une vie normale, d'autres seront marqués à jamais, d'autres ne reviendront pas. C'est la cruauté de la guerre qui désigne comme ennemi celui qui aurait pû devenir un ami, qui éttouffe tout sentiment d'amour au nom du combat pour la survie.
Une série de textes courts, émouvants, évoquant des instants de vie aussi puissants que des images, servis par une écriture étonnament moderne, précise, concise et claire. Un très beau livre à découvrir à l'occasion de l'année du centenaire de la grande guerre.
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William March (il s'agit de son de plume) est un authentique combattant de la première guerre mondiale. La bataille de Verdun, il peut dire qu'il y était !
Ce recueil est largement inspiré de son expérience de combattant.
Compagnie K, c'est 113 voix, 113 hommes, 113 soldats tous grades confondus. C'est 113 anecdotes, ou véritables drames. C'est 113 instantanés scellés pour l'histoire, le plus souvent pas plus longs qu'une page.
Compagnie K c'est 113 occasions de sourire ou de pleurer, 113 occasions de redire, et redire encore ce qu'a été cette guerre pour nous français, et pour ceux qui sont venus nous aider à la gagner.
Compagnie K, c'est 113 instants de vie du plus anodin, au plus tragique. C'est le doux réconfort d'une fille aux seins lourd, et la détresse d'un homme qui vient de tuer un adversaire.
Compagnie K, c'est un moment de fraternité, ou la honte d'un autre devant le vol d'une médaille.

113 très beaux textes !

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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