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Citations sur Requiem pour une apache (53)

Et, même s'il avait acheté leurs terrains au prix fort, une promesse est une promesse, surtout si elle est signée, paraphée en bas à droite sur chaque page, lue et approuvée contractuellement.
Il a eu des procès. Il a perdu des procès.
Reconnu coupable, il a culpabilisé.
Il a eu des amendes, il s'est amendé.
Il a payé des dommages et des intérêts, des préjudices. Il n'a rien négocié, il a tout payé.
Mais la société ne pardonne pas si vite. Il était devenu l'escroc mégalo. Il resterait l'escroc mégalo.
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C'est ce soir-là que Jésus a inventé le “velours des Carpates”. Il désirait quelque chose de fort et de doux, un cocktail qui ressemblerait à Jolene. Un truc qu'on n'aurait pas vu venir. Il a pressé des citrons verts, sorti une bouteille de sirop de gingembre dont il n'avait jamais su que faire et ajouté une bonne dose de vodka.
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Jolene s'est retournée et lui a fait signe d'arrêter.
Elle a fait un nouveau pas.
Elle s'est plantée à un mètre de monsieur Gaz, a posé son verre sur le comptoir et lui a expliqué qu'ici, on disait bonjour. Tous les jours, on disait bonjour. Que l'on soit patron, employé, client ou représentant, on disait bonjour. C'était une règle un peu vieillotte, légèrement surannée, mais on y tenait. Bon-jour.
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Il aurait fallu commencer par le début, mais le début, on l'a oublié. Ça a démarré bien avant nous. Et bien avant elle.
Rome ne s'est pas faite en un jour, la légende de Jolene non plus. On la présente aujourd'hui comme la meneuse d'une troupe d'insurgés. Plutôt que d'insurgés, ça tenait davantage d'une cour des Miracles contemporaine accueillant les trop maigres, les trop gros, les trop petits ou trop grands, les trop ceci ou trop cela, les roux, les Arabes, les Noirs et les Chinois.
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Jolene, avec ses pulls informes, ses jupes mal taillées et ses grosses lunettes, n’était pas la fille la plus élégante du collège. Et comme elle n’était pas non plus la plus drôle, ni la plus intelligente, ni la plus sympa, ni la plus branchée, ni la plus quoi que ce soit, on avait fini par se moquer d’elle. Elle avait eu droit à quelques surnoms désobligeants. En cours de sport, on l’avait comparée à Oliver Hardy. C’était la seule fois où elle avait pleuré en public. « J’ai pas pu empêcher mes larmes de monter. Je l’avais pas vue venir, celle-là. Et si j’ai pleuré, c’était pas tellement à cause de l’allusion à mon poids, en plus, j’étais pas si grosse, juste un peu ronde. C’était parce qu’on me comparait à un homme, comme si j’étais trop moche pour être comparée à une femme. »
Je me souviens que lorsqu’elle m’a raconté cette histoire, ça m’a fait penser à Janis Joplin, profondément meurtrie lorsqu’elle avait été élue « le mec le plus moche » de son lycée. Jolene s’était promis de ne plus se laisser insulter publiquement. La colère est revenue après les larmes.
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Après que Jésus eut remis les verres à niveau, Marc a poursuivi en expliquant que c'était pas tant le métier que son image qui lui donnait envie d'arrêter. Il commençait à avoir mal au dos, mal aux épaules. Et ses genoux fatiguaient de monter et descendre de la marche du camion. Il en avait ras le bol des voitures qui klaxonnaient dès qu'ils obstruaient une rue, des regards méprisants, des regards détournés lorsqu'ils rencontraient des gens à qui il disait qu'il était éboueur, des absences de regard. Il avait eu trop souvent l'impression d'être quelque chose qu'on préférerait ne pas voir. Un invisible de la société. Sauf dans les yeux des enfants. Tous les jours, il en croisait de ces regards admiratifs de voir la benne se lever et se baisser pour avaler des centaines de litres d'ordures. Pour les enfants, c'était un manège, un avion, un train, un robot mangeur de détritus, un tour de magie, quelque chose de fascinant au même titre qu'un camion de pompiers. Et encore, un camion de pompiers, c'est rien qu'un gros camion rouge avec une sirène et une échelle. Un camion poubelle, c'est quand même autre chose.
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Depuis, une ou deux fois par semaine, elle prenait Antonin dans une main, un bouquet de fleurs dans l'autre et annonçait à sa mère son futur mariage, lui offrant à chaque fois le plus beau jour de sa vie.
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"Vous tous, vous m'appelez Jolene. Je l'aime bien ce prénom, même si dans la chanson c'est la méchante. Jolene, c'est un prénom élégant. Pas comme le mien. Dans mon prénom, y a écrit ma classe sociale, mon milieu, entre chaque lettre y a écrit que je suis caissière. J'ai pas honte d'être caissière, y a aucune raison d'avoir honte d'être caissière. Mais pourquoi tous les clients ont besoin de connaître mon prénom ? Pourquoi ? J'ai pas de nom, juste un prénom. Comme les chiens ou les chats. Quand le patron se pointe, il a pas de badge avec son prénom et on doit lui dire "Bonjour monsieur", y en a même qui disent "Bonjour monsieur le directeur". On connaît même pas son prénom, on doit pas en être dignes. Lui, il nous tutoie et nous appelle par notre prénom en vérifiant nos badges et en nous matant les seins au passage. Mais comme c'est pour regarder le prénom, il a le droit."
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Il ne participait jamais à nos discussions et lorsque nous lui demandions son avis, il répondait par un haussement d'épaules ou sa phrase fétiche : "Vous savez, moi chui rin qu'un ouvrier."
Rin qu'un ouvrier.
C'est ce qu'on lui avait mis dans la tête.
Il avait passé sa vie accroché à une chaîne de montage sans avoir la moindre idée de ce qu'il fabriquait.
Pendant dix ans, il avait vissé une pièce A à une pièce B.
Pendant trois ans, il avait vissé une pièce C à une pièce D.
Pendant sept ans, il avait limé une pièce E.
Le reste du temps, il s'était occupé de ce qu'on lui demandait de faire. "C'est ça, être ouvrier, tu fais ce qu'on te dit et rin d'autre. C'est les patrons qui réfléchissent. J'ai plumé des volailles quand fallait les plumer et j'ai vissé des pièces quand fallait les visser."
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Il n'avait pas tort, en y réfléchissant deux secondes, chacun des dix commandements découle de cette idée. On ne vole pas son prochain si on l'aime. On ne le tue pas non plus. Peut-être que lorsqu'il avait gravé les fameuses Tables de la Loi, Dieu s'était dit qu'une seule ligne, ça faisait un peu maigre. Alors il s'était creusé la tête et avait fini par en écrire dix, au risque d'être un peu redondant. Jésus - celui de l'hôtel, pas celui de Bethléem - racontait que Dieu ne devait pas avoir une confiance folle en son lectorat et qu'il avait jugé utile d'appuyer son propos. Force était de constater que c'était encore trop dur à comprendre pour certains : jusqu'à preuve du contraire, après "Tu aimeras ton prochain", il n'avait pas fait ajouter un astérisque indiquant " A condition qu'il te ressemble" ou "Dans la limité du stock d'amour disponible".
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