Il va bien, mais... Une phrase à, certes, ne pas dire à un tout nouveau papa... La maman va très bien mais le bébé, lui, a une particularité singulière : il a un violon dans la tête. Un cas encore isolé sur lequel bon nombre de médecins se pencheront. Le bébé et le violon grandissent en parfaite harmonie. Le gamin ne prendra réellement conscience de sa différence que plus tard. Car, hormis ses parents qui le surprotègent, l'empêchent de jouer avec son frère aîné et de fréquenter les bancs de l'école, personne n'est au courant de cette différence. Les médecins, eux, malgré les nombreux examens en tout genre, ne comprennent pas ce qui se passe et ne peuvent prévoir, à long terme, les réactions du violon. Et pourtant, ils donnent aux parents l'aval pour que l'enfant, alors âgé de 6 ans, puisse aller à l'école. Là encore, les élèves ne remarquent rien jusqu'au jour où une douce musique remplit la salle de classe. Une fois le secret révélé, celui qui est surnommé Stradi, suscite alors un mélange de curiosité, de moqueries, d'exclusion ou d'indifférence. C'est en Max, lui aussi différent avec une jambe boiteuse, que Stradi trouvera un véritable ami...
Quoi de plus naturel que de se faire appeler Stradi quand on a un violon dans la tête. Qui plus est, un violon qui joue harmonieusement. Mais, cette différence invisible fait de Stradi un personnage à part. Curiosité, jalousie, incompréhension, exclusion... Autant de sentiments ressentis par l'entourage éloigné du jeune garçon. Gilles Marchand traite avec pudeur, fantaisie et sensibilité du handicap, soit-il visible (en la personne de Max) ou invisible (en la personne de Stradi). Ce dernier, de par les regards qu'on lui porte, se sent différent même si au fond de lui, il ne le ressent pas ainsi. C'est dans un monde complexe, où le langage des hommes est parfois incompréhensible, que le garçon puis l'homme tentera de s'adapter sans renoncer à ce qu'il est, de trouver sa place. Une place non pas inconfortable mais en harmonie avec les autres et avec soi... Autour de Stradi, personnage très attachant et sensible, l'auteur dresse une galerie de personnages tout aussi loufoque ou charmante, que ce soit le papa du jeune garçon, chercheur-inventeur de son état, ou encore Max, passionné de musique, ami véritable et sincère avec qui Stradi partagera de nombreux moments. Entre onirisme et réalité, Gilles Marchand nous livre un roman fantaisiste, poétique et délicat.
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« J'étais « bizarre » .
Mes camarades ne savaient pas sur quel pied danser avec moi.
Je suscitais un mélange de curiosité , d'indifférence et de moquerie . »
C'est l'histoire de Stradi qui naît avec un violon dans la tête .
Trimballé d'hôpital en hôpital , au centre de questions sans réponses , l'école réussit par lui apprendre ce qu'était la norme , ses camarades pouvaient jouer au foot et à tout ce qu'ils voulaient ..ils étaient presque tous aussi forts que son frère ..
L'invisibilité de son handicap lui donne un statut à part , teinté de suspicion....
Je ne ferai pas un long commentaire , je suis restée un peu en dehors de ce conte moderne , une fable imagée, optimiste , originale, décalée à propos du handicap .
L'écriture est fluide , bien adaptée à cet univers particulier ., de la difficulté à ne pas être comme les autres: l'intégration, l'adaptation , l'incompréhension, mais aussi la fantaisie , l'ignorance et la souffrance , la légèreté , un contexte surréaliste , onirique, absurde , une espèce de roman d'apprentissage et d'acceptation de soi .
C'est un livre original, pétri de tendresse, mais la rencontre avec un demi- chien , un plombier loufoque, un musée papier cadeau, un lord n'apportent rien au contexte .
Vrai, faux, droit à la différence, drame , fantastique , humour qui fait réfléchir , sourire ou agace.
« Celui qui n'était pas comme les autres »où « il y avait pire que nous »: Stradi et Max.
Un livre qui fait du bien mais j’ai un peu de mal avec ce genre .
C'est une histoire qui ne ressemble à aucune autre.
Je ne connais pas l'auteur .
Les oiseaux sur la première de couverture et le titre ont participé à mon choix .
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"J'étais bizarre"!
Voici Stradi, celui qui a un violon dans la tête.
Fable moderne, vivante et décalée, conte sur la différence, joliment troussé, littérature onirique, poétique, roman d'apprentissage, d'approche du handicap et de l'acceptation de soi... tout ceci raconté sur le ton de la fantaisie et de l'absurde.
Je vais être la petite note discordante dans un concert d'enthousiasmes, tout simplement parce que je suis hermétique à ce genre de littérature, entre réel et imaginaire. Rien n'y fait, je m'y ennuie ferme.
Cet avis n'est donc pas une critique, mais un ressenti tout personnel. J'ai voulu faire du zèle en sortant de ma zone de confort de lectrice et l'expérience n'a pas fonctionné. J'ai simplement dégusté l'écriture fluide et imagée, parfaitement adaptée à cet univers très particulier.
Un livre délibérément optimiste. Je vous engage à essayer, vous aurez sans doute/peut être le plaisir d'aimer.
(Bon! Moi aussi, je me sens bizarre à bloquer sur ces livres qui font du bien à l'âme)
Remerciements #MRL17
Rentrée littéraire 2017
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Il y avait les vagues, il y avait le sable. Il y avait le vent aussi. Il y avait les pins, leurs pignes et leurs épines. Il y avait les écureuils. Il y avait les dunes ou plutôt une grande dune qui s'étirait à perte de vue. Il y avait les chemins qui cheminaient, les marcheurs qui marchaient, les vendeurs qui vendaient, les bronzeurs qui bronzaient, les pêcheurs qui pêchaient, le sable qui sablait et les mouettes qui mouettaient. Tout était en ordre.
Le violon a pleuré, des touristes ont pleuré, l’épicière a rendu la monnaie en s’essuyant les joues avec son tablier, un chien a hurlé à la mort, l’église a sonné le glas, un rideau métallique c’est abaissé, un verre s’est brisé. L’arc-en-ciel s’est senti indécent de nous imposer ses couleurs naïves et s’est déplacé vers un rivage où il dérangerait moins.
« Ma mère ne s’était jamais enorgueillie de ses lectures. Pour elle il s’agissait d’un plaisir et d’une manière de s’enrichir.Certains couraient, d’autres allaient au casino, jouaient aux cartes ou allaient dans les bars . Ma mère lisait.
Tout le temps ou presque.
Compulsivement.
Je ne manquais pas d'approvisionnement.
Bien sûr , je ne comprenais pas tout , et avais quelques doutes sur le sens du romanesque de Paul Claudel que je trouvais moins abouti que celui d’Alexandre Dumas ou Victor Hugo.... »
Il y a eu ce « ça me fait plaisir de te revoir ». Je n’avais pas envie de ce plaisir, j’avais envie d’amour, de son amour. J’avais envie qu’elle me dise qu’elle n’avait jamais cessé de penser à moi pendant toutes ces années. J’avais envie qu’elle se mette face à moi et qu’elle me prenne la bouche, qu’elle m’enlace et qu’elle me propose de rentrer chez moi pour faire cet amour que nous n’avions jamais fait.
Je me suis toujours senti comme un funambule. J'ai avancé dans cette société en prenant mille précautions. Légèrement au-dessus, un peu en-dessous ou complètement à côté, je ne sais trop où, mais jamais en son sein. Je me suis maintenu en équilibre tant bien que mal, sachant que je pouvais chuter à tout instant.
Une présentation enthousiaste, par Florent, libraire Payot, du SOLDAT DESACCORDE, de Gilles Marchand, Prix des Libraires 2023.