Achille vient d'acheter un appartement et doit faire quelques travaux de rénovation avant de prendre totalement possession des lieux. Il a trois mois pour remettre l'appartement en état ; entre les week-ends et ses vacances d'été qui arrivent, il devrait y arriver. Il doit aussi apprendre à éviter la concierge suffisamment volubile pour ne pas être envahissante… mais qui peut parfois être source de précieuses informations…
Quoi qu'il en soit, les travaux vont permettre à Achille de se défouler et de changer d'habitudes ; sa rupture affective est encore (trop) présente à son esprit…
… s'user, s'acharner… un peu comme dans ces textes de Pérec ( « Espèces d'Espaces » aux éditions
Galilée)… voilà qui aide à se vider la tête. En décollant le vieux linoleum de l'entrée, il découvre une lettre adressée à l'ancienne propriétaire par un certain « Tristan Vlanek » en 1976 ! Achille finit par ouvrir l'enveloppe et découvre une lettre d'amour pleine de tendresse. Il apprend aussi que Tristan s'est installé à Marseille et après une rapide recherche, il constate qu'un « Tristan Vlanek » vit toujours dans la cité phocéenne.
Il décide finalement de profiter de ses vacances pour aller remettre cette lettre à Tristan. Les travaux attendront son retour. Il prépare quelques affaires, enfourche son Vespa et descend dans le Sud de la France.
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En avant pour un road-trip que l'on espère ressourçant. On perçoit très vite l'intérêt que ce voyage peut avoir pour le personnage principal. Bien sûr,
Grégory Mardon n'en dit rien (du moins pas de façon frontale). Il laisse son personnage suivre son petit bonhomme de chemin et se briser l'échine à poncer le plancher. Il le laisse attraper doucement cette idée d'aller remettre cette lettre à son expéditeur.
On coupe. A l'instar du personnage, on quitte la ville et son rythme, sa morosité qui peut faire ressasser. le scénariste part, en même temps que son personnage. Il fait défiler le paysage. La Bourgogne et ses cépages, le Rhône, l'Ardèche… il dévore les kilomètres, le paysage change, se vallonne, la route serpente entre les cols. Canaux, lacs, rivières… on descend jusqu'à la mer en profitant de ce vent de liberté sans aucune contrainte ni souci du temps qui passe. Un instant si rare.
Les dessins de
Grégory Mardon sont très agréables et accompagnent cette fuite à peine déguisée. le lecteur s'accroche à cet homme en sursis ; privé d'amour, il est au bord de l'étouffement. Il s'obstinait, il s'entêtait et se perdait dans sa propre vie jusqu'à ce qu'il enfourche son scooter. Il trace, il met de la distance et kilomètre après kilomètre, il trie ses souvenirs, range sa mémoire, isole son ressentiment et commence à se reconstruire.
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