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UNDER PRESSURE

C'est dingue la pression que l'on se met parfois, ne pas foirer une chronique... Alors que le compte dont je suis le titulaire est somme toute confidentiel, le barreau de l'influencite sur lequel je me situe est dans la cave, SOUS l'échelle.

Et pourtant, je veux rendre justice à Ohio de Stephen Markley.

Choisir un angle d'attaque. Mais quand le livre est protéiforme et développe plusieurs problématiques qui finissent par se rejoindre ?

Je me focalise sur les années lycée ? Socle de la psyché américaine, de notre inconscient collectif, avec son enfilade de casiers, la déification de l'athlète, l'érotisation naissante et la course à la popularité ou du moins se fondre dans son orbite. Les protagonistes de Ohio se construisent à l'aune de ces années-là, et cela remue quelque chose en nous, cela convoque nos souvenirs à nous, lectrices et lecteurs.

À moins que le vecteur pertinent ne soit la peinture de cette Amérique en crise, cette bulle immobilière qui n'en finit pas de se distendre et d'éclater. Son lot de maisons abandonnées, de pelouses en friche et de vies broyées. Ohio est un paysage dévasté, petite ville américaine concassée par la crise de 2008, paranoïdée par la chute des Tours. Ces USA post-2001 où la mère patrie envoie ses fils les plus pauvres se faire flinguer à l'autre bout du monde, Fortunate son des CCR a encore de beaux jours.

Ohio ou l'immersion totale, rendre palpable l'émotion qui étreint le coeur à la lecture de ce roman.

Tant d'autres choses encore. Arriver à la fin du post sans avoir tranché. Se souvenir des larmes aux yeux qui brouillaient les pages, de poser le livre comme pour reprendre sa respiration. Ralentir pour ne pas les quitter. Ce final inattendu comme une vodka glacée en plein soleil.

Souligner que le livre d'après Ohio, je lui souhaite bien du courage, et puis non, je l'ai déjà utilisé ce truc pour Les dynamiteurs de Whitmer. Ohio est de ces livres trop dense pour se soumettre à une politique d'utilisation, ma peine était perdue d'avance.

Lisez Ohio...
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Pas de quoi fantasmer le rêve américain à New Canaan, Ohio. Quatre anciens lycéens de passage s'y croisent fortuitement. Bill le contestataire désabusé et ses cocktails de stupéfiants, Stacey l'ancien garçon manqué, Dan le militaire cérébral hanté par ses souvenirs de Moyen-Orient et Tina l'ingénue bigote et bafouée. de leurs souvenirs suinte le désenchantement d'une génération angoissée, née d'un territoire ravagé par la crise. Leur jeunesse s'abîme dans la consommation effrénée d'alcool, de sexe et de drogue. Leur avenir se dérobe, happé par les overdoses, la guerre et l'ennui. le concept de No Future trouve là une juste incarnation. Mais c'est tout le talent des bons auteurs américains que d'insuffler au sujets les plus sombres une énergie incroyable. Dans cette fresque de souvenirs adolescents où d'expériences glauques en déceptions amoureuses, la mémoire glisse sur les visages des amis perdus; éclate cette exceptionnelle vitalité d'écriture typiquement américaine. Un souffle épique emporte ce constat générationnel cru et quasi-documentaire via une capacité à émouvoir, à retranscrire les nuances d'un paysage, d'une époque, d'une pensée, à s'immiscer dans la psyché des personnages avec acuité et empathie. le don du Romanesque finalement.
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Un roman choral d'une belle densité que je me suis surpris à apprécier au fur et à mesure de mon avancée dans la lecture, n'étant d'emblée pas très emballé.
A travers presque deux décennies (de 2000 à 2017, environ) et une galerie d'adolescent qui deviennent adultes dans des circonstances particulières (et pas forcément idéales), l'auteur brosse sa vision d'une Amérique "provinciale" qui vit dans sa chair les soubresauts d'une civilisation confrontée aux conséquences des attentats de septembre 2001, son cortège d'existences gâchées par le "va-t-en-guerre" ambiant et la médiocrité de vies plongées dans la paupérisation économique et l'indigence intellectuelle.
On en vient même à se demander si cette jeunesse n'est de toute façon pas condamnée à ce type d'existence, indépendamment des attentats, des guerres et de la crise qui ont suivi...

J'ai trouvé le procédé narratif ambitieux : de longs chapitres qui épousent les points de vue de quatre personnages qui gravitent dans le microcosme géographique et mental de la même petite ville, avec d'incessants allers-retours passé/présent (que certains lecteurs ont parfois trouvé trop bourratifs, et je peux comprendre leur ressenti)

Ca n'est à mon sens, pas écrit dans un style mémorable ; c'est de sa structure narrative à tiroirs que l'auteur tire son épingle du jeu, surprend le lecteur et l'accroche comme le ferait un thriller bien troussé (car en fin de compte, c'est bien d'un roman mainstream qui finit par virer au "whodunit" dont il s'agit).

D'une façon générale, quelle que soit la qualité de l'écriture, le lecteur sait qu'il tient un très bon roman lorsqu'il a l'impression d'avoir vécu avec les personnages fictifs et qu'un soupçon de nostalgie le saisit lorsqu'il termine le livre.
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Ohio est une mosaïque hallucinée qui s'ouvre sur des funérailles (avec cercueil rose de chez Walmart) et se referme sur un décès (dont la narration est d'une grande beauté)
Ohio est une fresque sociale dont chaque tableau est un récit de désespoir, de désillusion, d'aliénation, de violence, de perversité, de défaitisme, d'errance, de rage
Ohio est le portrait d'une nation qui se dissout dans l'acide des crises économiques et morales
Ohio est une virée en ville, le temps d'une nuit, le temps d'une décennie, de voix en voix, d'écho en écho, de non-dit en non-dit, de cicatrice en cicatrice
Ohio est un album d'instantanés mélancoliques et fulgurants
Ohio est une affaire de mues douloureuses
Ohio est un opéra de souffrances sourdes et aiguës

Ohio bouleverse, ébranle, chavire mais jamais ne désespère
Ohio est un roman sombre qui chatoie
Ohio éblouit
Ohio est un bijou.
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Qui mieux que les auteurs américains pour nous embarquer dans des récits aussi construits sur plus de 600 pages alors qu'il s'agit encore une fois d'un premier roman .
L'auteur nous dit avoir mis quatre ans pour cette création et on ne peut que saluer ses efforts. Stephen Markley nous narre le passage d'un groupe d'amis d'enfance de l'adolescence à l'âge adulte . Confrontés aux dures réalités contemporaines : drogue, attentats, guerres, pornographie, personne ne sera parfait, mais certains, malgré une courte vie, resteront fidèles à leurs principes. Au total six récits vont s'emboîter à la fin du roman révélant la densité et la complexité de ce superbe roman.
Son livre me fait penser à celui de Nicolas Butler « Retour à Little Wing » également un premier roman.
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Loin des lumières de New-York et du soleil de Californie, Stephen Markley nous plonge au coeur de l'Ohio comme l'indique le titre de son roman. L'histoire a pour cadre la ville fictive de New Canaan qui se veut un concentré de toutes les affres récentes qui ont touché cette partie de l'Amérique que l'on désigne par les termes de Midwest et Rust Belt. Il y a les délocalisations d'usines, la crise des subprimes, le fléau des overdoses d'opioïdes, les jeunes du pays qui meurent en Irak, les destins brisés, les illusions perdues de la classe moyenne blanche américaine. Il ne faut pas chercher de lumière dans ce roman dur, cru, âpre, rude et sale. le récit est centré sur quatre enfants du pays qui reviennent dans leur ville natale afin de régler leurs comptes avec un passé qui leur a laissé des cicatrices qui ne se sont jamais refermées. Bill, Stacey, Dan et Tina ont tous été ensemble au lycée. Ils ont eu des trajectoires divergentes mais dont les liens les feront converger à nouveau sur New Canaan un soir d'été lourd et moite.
À travers son premier ouvrage, Stephen Markley nous offre une plongée sans jugement dans cet Ohio crasseux dont il brosse un excellent portrait sociologique. Ohio n'est pas le roman le plus agréable à lire si l'on souhaite se dépayser mais il est une lecture recommandée à toute personne qui souhaite comprendre la société américaine dans sa complexité et sa diversité.
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Un roman à quatre voix, une peinture de la société américaine et surtout une action dramatique, voilà un premier roman de grande qualité. L'auteur ne craint pas d'aborder de nombreux thèmes sensibles, l'engagement de jeunes hommes dans les conflits internationaux, les attentats du 11 septembre, la violence, la drogue et le viol, pratiques fréquentes dans la jeunesse, l'usage du sport et le prestige qu'il apporte, les crises sociales qui brisent les projets de cette jeunesse. Il n'y a aucun instant de joie dans ce livre, tout est rude. Mais la construction est très intéressante. Ce livre pousse à la réflexion et provoque des critiques très intéressantes.
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Pour un premier roman, c'est un sacré coup de maître ! On a même du mal à y croire, tant l'intrigue et les personnages sont travaillés, aboutis, tant l'écriture est maîtrisée.
"Ohio" est une fresque sociale qui décrit une certaine jeunesse américaine au début du 21 ème siècle.

Le roman se présente sous forme de quatre grandes parties, chacune mettant en scène plus particulièrement un personnage, de retour dans la ville de leur jeunesse, chacun pour des raisons différentes.
Quatre parties qui s'emboîtent et qui, au terme de la lecture, offrent une vue globale complète.

Entre présent et passé sous forme de retours en arrière, le récit se construit un peu comme un puzzle et forme un tout riche et passionnant.

Alcool, sexe, violence, vengeance, guerre...mais également amitié et amour, des sujets forts pour un roman fort. Il serait dommage de passer à côté !

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Le personnage principal du premier roman de Stephen Markley est sans aucun doute New Canaan, cette petite ville de l'Ohio. Dans le quart nord-est de cet état vivent surtout des Blancs de niveau social différent. La ville a changé à la fin des années quatre-vingt avec le départ des gros employeurs et l'arrivée de l'immigration. Lorsque Bill Ashcraft revient dans sa ville natale en 2013, il ne voit que des activités abandonnées, des portails rouillés et des maisons à vendre.

De ses jeunes années, il ne lui reste qu'une photo prise en 2002 lors du bal du lycée avec tous ses amis, Rick Brinklan, Ben Harrington, Kaylyn, Lisa, Stacey Moore, Dan Eaton et Hailey Kowalczyk. C'était la période de l'insouciance, des amours, des sorties entre amis avec parfois quelques ragots douteux comme la circulation d'une cassette pornographique ou l'idée d'un meurtre qui n'a jamais existé. Les attentats du 11 septembre ont commencé à diviser cette petite bande, notamment Rick et Bill. Depuis, Rick Brinklan, engagé dans la guerre en Irak est mort au combat en 2007. Ben Harrington, chanteur, est mort d'une overdose. Lisa a disparu.

Stephen Markley construit son roman en cinq parties. Chacune donne la parole à un ancien de la bande revenu à New Canaan un fameux soir de 2013, un soir où les ombres du passé vont refaire surface.
Nous commençons avec le retour de Bill Ashcraft, activiste et toxicomane, porteur d'un objet mystère interdit qu'il doit livrer à une personne de New Canaan. Pendant le déroulement de cette soirée où il rencontrera KayLyn, Bill nous fait part de faits du passé. Notamment sa divergence de vue avec Rick Brinklan.

« Rick était parti se battre dans une guerre inutile, une arnaque impérialiste bénéficiant à une petite élite, et il en avait payé le prix. »

Ce même soir, Stacey Moore revient à New Canaan à la demande de Bethany, la mère de Lisa. Elle redoute de rencontrer cette femme qui l'avait chassée en apprenant sa liaison avec sa fille. Aujourd'hui Bethany n'a plus que Stacey pour tenter de retrouver Lisa qui envoie parfois des messages d'Asie. Elle en profite aussi pour déposer une lettre à son frère, un aumônier qui n'a jamais accepté l'homosexualité de sa soeur.

« Ce sont les autres qui doivent se défaire de leurs peurs et de leurs préjugés. »

Dan Eaton revient voir Hailey ce même soir. Elle était l'amour de sa vie mais il a préféré s'engager pour une troisième mission en Irak plutôt que de la suivre. C'est à la guerre qu'il découvre la valeur de l'amitié. Si il perd un oeil au combat, beaucoup y perdront la vie. Dans un livre sur l'Ohio pendant la guerre de sécession, il comprend cette phrase d'un général de l'Union.

« A la vue de ces hommes morts tués par d'autres hommes, quelque chose l'avait quitté, une habitude de toujours qui n'était jamais revenue : la certitude que la vie était sacrée et impossible à détruire. »

Nous parcourons ensuite les rues de New Canaan avec Tina Ross. Aujourd'hui vendeuse dans un Walmart de van Wert, elle est mariée à un homme gentil qui la rend heureuse même si elle n'aime pas son physique. C'est peut-être grâce à lui que ce soir, elle est prête à affronter son passé. Adolescente, sa passion pour Todd Beaufort l'a poussée à accepter l'inacceptable.
Larguée par cet être infâme, elle s'était vengée sur son corps en l'affamant et le scarifiant.

La dernière partie fait le lien entre tous les évènements, avec l'attentat d'une mosquée. le roman est particulièrement bien construit, alternant présent et passé et cheminant astucieusement pour explorer tous les liens entre les personnages. Des personnages complexes, des jeunes qui rêvaient de prouesses sportives pour intégrer la meilleure université, qui vivaient l'insouciance de leurs amours avant que la réalité ne vienne exploser leurs vies.

Stephen Markley utilise tous les codes pour ferrer son lecteur. La réalité sociale et politique se niche sous les destins contrariés de jeunes américains. L'intrigue se cache sous les récits du passé de trentenaires désabusés. de l'âge insouciant où l'amour et l'amitié font loi à cette soirée de 2013, nous avons le temps de connaître toutes les facettes des personnages, comprenant ainsi aisément leur personnalité et leurs désillusions.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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New Canaan est une petite ville de l'Ohio sans charme et appauvrie par la fermeture de son aciérie et la crise de 2008.
Un soir d'été quatre trentenaires, anciennes connaissances de lycée, s'y croisent, par hasard, et c'est l'occasion pour chacun de se remémorer ces années clés pour leur vie future, celles qui les ont préparées plus ou moins bien à rentrer dans l'âge adulte.
Bill, Stacey, Dan et Tina, 4 personnages principaux et 4 parties dans ce roman foisonnant qui nous donne à vivre cette fameuse nuit avec chacun d'entre eux. Les retours dans le passé pour raconter leurs années lycée et les liens qui les unissent sont parfaitement maîtrisés.
Petit à petit on comprend comment les blessures d'adolescents ont laissé des cicatrices mal refermées. Qu'est ce qui a conduit Dan à aller combattre en Irak, Bill à se droguer, Stacey à voyager, Tina à se venger, tous à quitter New Canaan pour tenter de se sauver, quand pour ceux qui restent tout finit par aller mal.
Sans être un polar, ce roman noir nous tient parfaitement en haleine. Quel drame s'est joué ? Qui sont les victimes ? de qui et de quoi ?
C'est extrêmement dur, la violence est partout chez ces lycéens, dans les relations amoureuses et amicales, l'usage de drogues.
Des pages véritablement bouleversantes et révoltantes sur l'ultra violence et le non sens de la guerre en Irak.
Ces jeunes sont le fruit d'une Amérique déroutée par la crise économique, divisée par la guerre, sexiste, celles des années Bush et qui ne voit pas arriver de grands changements sous l'administration Obama, une Amérique décrite de façon ultra réaliste et qui ne fait pas rêver.
Très grand premier roman !
Traduction Charles Recoursé
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