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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« Robespierristes, antirobespierristes, nous vous crions grâce ; par pitié, dites-nous simplement : quel fut Robespierre ? » suppliait l'historien Marc Bloch. Jean-Clément Martin, grand spécialiste français de la Terreur et de la guerre de Vendée, tourne la question autrement : « Dites-nous ce qu'on en a fait ? » En effet, Robespierre est l'un de ces hommes dans la figure réelle se confond tellement avec la légende qu'il est devenu extrêmement difficile de dissocier l'une de l'autre. Depuis des siècles, les chercheurs de tout poil s'entredéchirent sauvagement pour trancher entre le tyran et l'humaniste, le boucher et le martyr, le monstre et le saint (au passage, je ne peux pas m'empêcher de vous raconter l'anecdote de cet historien communiste qui déchira rageusement sa carte du parti en apprenant que Staline préférait Danton à Robespierre. Comment osait-il, cet ignoble moustachu ?!).

L'ouvrage de Jean-Clément Martin sera-t-il celui qui mettra fin à des décennies de polémiques ? Grave question. A laquelle je serai infoutue de répondre d'ailleurs. A mon avis, il y a quelque chose de si profondément viscéral dont le lien entre Robespierre et l'écrasante majorité de ses biographes que les amateurs d'eau tiède peuvent aller au diable : contre vents et marées, les robespierristes resteront robespierristes et les antirobespierristes idem. Les autres liront sans doute avec intérêt cette courte biographie qui tente de replacer l'homme dans son siècle en le comparant à ses pairs et à leurs idées, dont il se distingue finalement assez peu – du moins pendant les premières années de la Révolution.

Repoussant tout jugement anachronique, Martin montre que la légende du « Révolutionnaire monstrueux » a été en majeure partie forgée par les Thermidoriens, soucieux de justifier leur prise du pouvoir et de trouver un bouc-émissaire à la Terreur. Il considère également que la légende dorée découle directement de la légende noire : si Robespierre est présenté comme l'unique responsable de la Terreur, pourquoi ne serait-il pas également responsable de tout ce que la Révolution a produit de beau et de bon ? Idées intéressantes auxquelles on adhérera ou pas, mais qui ont le mérite d'être exposées avec clarté et de façon convaincante.

Reste que la biographie m'a paru assez difficile d'accès. Jean-Clément Martin s'adresse clairement à un public averti, connaissant déjà les événements clés de la Révolution et ses très nombreux protagonistes. Si la période m'intéresse beaucoup, mes connaissances viennent presque intégralement de la lecture d'Alexandre Dumas (qui, comme on le sait, nourrissait un rapport très décomplexé à la vérité historique) et j'ai été rapidement un peu perdue sous cette avalanche de dates et de faits assénés à toute vitesse et sans s'embarrasser d'explications. « Les fédérés ? Gné ? C'est qui les fédérés ? Et les sections ? Mais quelles sections ? Et c'est quoi encore ce nouveau comité ? Ils en n'ont pas ras-le-bol d'inventer des comités ? ».

Autre problème à mon goût : « Robespierre – la fabrication d'un monstre » est une biographie politique. Si les opinions de Robespierre y sont disséquées en détail, l'homme lui-même reste un mystère devant lequel l'auteur avoue parfois son impuissance. A force de vouloir éviter la psychanalyse de bazar et peut-être par excès de prudence (surtout ne pas se classer dans un camp ou dans l'autre…), Martin construit finalement un portrait sans relief et échoue à donner une dimension humaine à son sujet. A la fin de cette biographie, je suis comme Marc Bloch : je ne sais toujours pas qui était Robespierre. Mais j'ai peut-être effleuré du doigt ce qu'il n'était pas, c'est déjà un progrès…
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Maximilien Robespierre, voilà un personnage qui laisse l'historien bien pantois. Comment le qualifier ? le mot venant le plus rapidement à l'esprit semble être : tyran ! Vraiment ? Jean-Clément Martin, Professeur émérite de l'Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, ancien directeur de l'Institut d'Histoire de la Révolution française, publie, aux éditions Perrin, ce remarquable, instructif, et presque touchant Robespierre. La fabrication d'un monstre.

« La fabrication »… là est l'une des clés de notre perception de ce personnage adulé puis décrié (le mot est faible). Finalement la chanson est connue, une fois l'homme de pouvoir tombé, il est toujours de bon ton de nier que nous ayons été en accord avec lui. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Et si en plus nous pouvons le rendre responsable de toutes les misères du monde, pourquoi s'en priver ?

Nous ne le répéterons jamais assez, le travail de l'historien est de se fonder sur des sources ! Concernant Robespierre elles sont assez peu nombreuses et ont été minutieusement décortiquées, trop même ! Et de ce fait l'auteur n'a « pas cru bon de traquer les mystères supposés de sa personnalité, estimant par exemple, que son goût pour les oranges et son habitude de boire de l'eau rougie n'expliquaient rien de son action politique. » Et de ça, nous le remercions.

Mais nous voilà bien avancés. Comment pouvons-nous essayer d'en dresser un portrait le plus fidèle possible sans donner foi aux « racontars » d'après 1794 ?

La suite sur : www.actualitte.com
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Tout l'intérêt de ce livre réside dans son sujet, tout l'ennui qu'on y trouve appartient à son auteur.
Certes, ici ou là, on trouvera quelques idées fortes (cf. ma citation sur 1793-1917), plutôt vers la fin du livre pour être bien cachées. Mais dans son immense majorité, le texte de J.-C. Martin est plombé par sa peur de froisser des sensibilités (quitte à aseptiser son propos), sa manie de nuancer la nuance (au risque de rendre le récit désincarné et chiant), et son style d'écriture parfois bizarre. Donc, d'un point de vue littéraire, ce livre n'est pas recommandable.

D'un point de vue historique, ce n'est pas non plus une référence. La thèse générale du livre consiste à banaliser les actions de Maximilien et de ses comparses (députés, membres du CSP, juges, sans-culottes, etc). Lui, comme les autres, a agit comme il lui semblait logique et naturel d'agir, en se dépatouillant énergiquement entre la tournure des évènements et les stratégies politiciennes. Il a fait comme il a pu. Il est un homme normal, ni un saint, ni un diable.

Pour le reste, l'explication de son élévation puis de sa chute (l'irrésistible tendance vers les idées égalitaires dont il est le meilleur avocat dès 1789, l'immense purge qu'on nomme la Terreur y mettant fin, puis la "centrisation" de la vie politique dont il est victime, enfin sa personne érigée en bouc-émissaire après sa mort) est classique (cf. Penser la Révolution française de François Furet qui est, à mon sens, un des meilleurs livres d'histoire de l'Histoire... et c'est un lecteur marxisant qui vous le dis).

En somme, peu de choses apprises, peu de plaisir à la lecture. Reste la vie même de Robespierre et le récit des années 1793 et 1794 que je ne peux relire sans ressentir un furieux sentiment d'injustice.
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