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EAN : 9782262025960
648 pages
Perrin (11/10/2012)
4.09/5   27 notes
Résumé :
Une nouvelle histoire de la Révolution écrite hors des idées reçues et indépendamment des écoles de pensée.
La Révolution n'a pas été la réalisation d'un seul projet, incarné par un seul groupe, mais la rencontre de projets réformateurs et utopiques concurrents, dans un pays fragmenté par de fortes identités régionales, religieuses et politiques. Ce livre, appuyé sur une vaste bibliographie tant française qu'étrangère et laissant la place aux apports anglo-sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Jean-Clément Martin, avec le talent qu'on lui connaît, arrive à décortiquer les passionnants faits historiques qui marquent encore durablement la société française du XXIe siècle. En France, il demeure toujours difficile d'aborder sereinement les nombreuses questions soulevées par les événements liés à la Révolution. Pourquoi, plus de deux cents ans après 1789 et la mort du roi Louis XVI survenue le 21 janvier 1793, en sommes-nous encore là ? Dès les premières lignes l'auteur livre une intéressante réflexion : « La Révolution fascine ou dérange. Qu'elle soit morale, sexuelle, économique ou politique, elle porte un imaginaire qui séduit ou révulse mais ne laisse jamais indifférent. »

En même temps, comment en serait-il autrement ? 1789 semble être l'horizon indépassable pour l'écrasante majorité des acteurs de la vie politique française, comme si de 496 – date du baptême de Clovis – au 5 mai 1789 – ouverture des Etats Généraux -, il n'y avait presque rien eu entretemps. Pourtant, Martin rappelle que « même si la France continue de se dire Patrie des droits de l'homme, elle se réclame moins de son héritage révolutionnaire qu'elle ne le fit jusqu'au milieu du XXe siècle ».

Les raisons de ce relatif abandon intellectuel sont multiples : mondialisme, faiblesses intellectuelles et historiques chez la grande majorité du personnel politique et l'inventaire de la Révolution est de plus en plus connu… Cela étant, un homme situé à l'extrême-gauche de l'échiquier politique républicain n'a pas hésité, tout récemment, à commettre une oeuvre dans laquelle il assume se reconnaître dans l'héritage jacobin (1).

Quoiqu'il en soit, la France républicaine reste imprégnée par la Révolution, et l'auteur écrit, avec selon nous une pointe d'ironie, que « son hymne national, qui revendique de faire couler le sang de ses ennemis dans les sillons, est toujours chanté dans les stades du monde entier ». Nous citerons également, entre autres : la Marianne, la devise Liberté-Egalité-Fraternité inscrite aux frontispices de nombreux bâtiments, officiels ou non, autant de symboles qui démontrent tous la mainmise idéologique de la Révolution sur la France contemporaine.

De fait, ce n'est donc pas un hasard si « la force de cet imaginaire est telle que l'année zéro des temps modernes français est toujours identifiée à 1789. Tous se rejoignent sur ce point, qu'ils regrettent la monarchie idéalisée, qu'ils voient 1789 ou 1793 comme la première marche vers le totalitarisme, ou bien au contraire qu'ils demeurent convaincus que 1789 jette les bases d'une ère nouvelle pour l'humanité, ou qu'ils puisent plus simplement dans les rebondissements des événements révolutionnaires des enseignements pour aujourd'hui. »

Pour comprendre les bouleversements historiques, encore faut-il prendre le temps de les analyser loin des passions. Effectivement ces dernières obscurcissent souvent la vue et embrument les capacités de réflexion. Martin estime que « c'est le processus révolutionnaire lui-même qui est à examiner pour ce pour quoi il se donne : une inventivité politique, économique, sociale, religieuse, culturelle, qui commence sous l'effet des expériences européennes et américaines dans les années 1785-1787 et qui est accompagnée, en permanence, par les contre-courants provoqués en retour ». Pour saisir l'essence de la Révolution, il faut constamment avoir à l'esprit comme le dit Martin que « la Révolution est dans cette optique une création et une affirmation ininterrompue d'expériences, créant une attente à jamais insatisfaite et une angoisse de l'échec ». Très rapidement, les révolutionnaires en sont venus à se poser la question suivante : « Comment finir la révolution ? », car le vide institutionnel créé par la mort de Louis XVI fut en définitive difficile à combler, comme beaucoup s'en aperçurent, souvent à leurs dépens.

La période Révolutionnaire fut marquée par la guerre intérieure et aux frontières, par des exécutions officielles – approuvées par l'Etat de droit (3) – et non officielles – violences des populations non encadrées par les différents gouvernements révolutionnaires – ainsi que par des rivalités politiques très puissantes. Martin n'entend bien sûr pas fermer les yeux sur ces nombreux épisodes : « Il ne s'agit pas d'exonérer les acteurs de leurs responsabilités. Ce qui est en jeu est la compréhension des moments révolutionnaires, de ces périodes pendant lesquelles des façons de voir s'imposent, des groupes s'emparent du pouvoir, des personnalités sont reconnues et suivies. »

L'intention de Martin ne repose pas sur la volonté de défendre ou d'attaquer la Révolution : « le but du livre a été d'inscrire ces moments dans la période révolutionnaire tout entière – ce que Maistre appelait l'époque – en respectant les engrenages minuscules qui ont régi les rapports entre les individus et les groupes. » Après une lecture attentive et critique, nous pouvons dire que l'objectif est atteint, même si nous ne suivons pas l'auteur dans toutes ses intuitions et analyses.

Martin nous présente en effet une étude passionnante et réellement originale sur la Révolution française. Nous saluons son érudition et surtout son grand talent de pédagogue pour expliquer des situations complexes dont le profane ne mesure pas toujours les implications puissantes. La bibliographie se montre conséquente et exhaustive. Elle permet de repérer d'excellents ouvrages pour creuser les sujets qui nous intéressent. L'auteur ne se départit jamais de son rôle d'historien et, quand il analyse les faits historiques, il ne défend pas une cause politique. Il énonce même que la révolution – mais par le haut ! – fut initialement lancée par Louis XV, et maladroitement reprise par Louis XVI… La suite est connue : révoltes, Révolution, espoirs de la mise en place d'une société nouvelle et d'un Homme nouveau, libéralisation de la violence, stabilisation des institutions qui restent malgré tout fragiles, pour finir par Bonaparte prenant le pouvoir. Onze ans après avoir tué leur roi, les Français voyaient à Paris un étrange paradoxe : un général de la Révolution – soupçonné un temps d'avoir été jacobin – devenir Empereur en présence du Pape Pie VII. Quel roman que l'histoire française, pour reprendre une phrase très connue de Napoléon…

Pour conclure, rappelons que dès le début des émotions populaires, l'attente exprimée par les Français vivant à l'heure de ces soubresauts politiques atteignait des sommets. Martin note qu'il n'y a « pas lieu de s'étonner que nombreux soient ceux qui, au moment de l'ouverture des Etats Généraux en France et surtout après la prise de la Bastille, parlent de l'heureuse révolution qui se déroule sous leurs yeux ». Leurs espoirs seront douchés. Cela arrive généralement quand on accorde – trop légèrement ? – sa confiance aux politiques.

Nous laissons le mot de la fin à l'auteur : « le scandale de la Révolution tient depuis la fin du XVIIIe siècle à ce qu'elle a été « une promesse dont l'échec est inscrit dans la nature même de la promesse » pour reprendre une formule saisissante de M.-C Blais ». Rien à ajouter !



Franck ABED



(1) Alexis Corbière, Jacobins !, Paris, Éditions Perrin, 2019



(2) Jean-Clément Martin, Robespierre : la fabrication d'un monstre, Paris, Éditions Perrin, 2016



(3) Etat de droit révolutionnaire, notion difficile à discerner, à défendre et à légitimer au vu des différents coups de force (parfois meurtriers) opérés par les révolutionnaires pour s'approprier le pouvoir et le garder…
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Wouah j'ai reussi a finir ce pavé ! Faut vraiment s'accrocher ! le propos est obscurci par des débats de concepts ou de mots (régénération plutôt que révolution ? ) pas toujours clairs pour le lecteur et qui plombent le déroulement de la démonstration et rallonge considérablement la lecture.
De plus, ce livre suppose une culture sur cette partie de l'histoire qui oblige sans cesse à aller chercher ailleurs certaines définitions ou explications.
 Dommage parce que souvent, en s'en tenant au fait, l'auteur nous embarque dans L Histoire et arrive à nous faire vibrer.
Il reste que l'érudition et la maîtrise du sujet sont la pour nous accrocher à ce passage crucial de notre histoire, en redonnant un sens à une foule de détails, de micro événements aussi importants qu'imperceptibles.
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Bouquin de 800 pages beaucoup plus rébarbatif que le titre le laisse penser.
Tentative de le lire (et l'apprécier !) jusqu'à la page 400 mais c'était désespéré : avec 6 à 8 pages lues par soirée, il y en a pour plus de trois mois ...
Le style est long, décousu, compliqué, pas haletant pour deux sous.
Décevant.
A réserver aux intellocrates pétris de culture.
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Une lecture de Pierre, qui l'a d'ailleurs relu plusieurs fois : "Un livre de grand qualité, avec des références historiques solides. Grand plus, les références sont nombreuses, précises et limpides. J'ai été impressionné par ce bouquin. Arriver à rendre compte de l'ambiance de l'époque n'est pas évident, mais l'auteur y arrive à merveille."
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Une excellente somme sur un sujet qui n'en finira pas d'en nécessiter, années après années.
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critiques presse (1)
NonFiction
29 mars 2013
Une synthèse réussie et atypique par un des meilleurs spécialistes de la période.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L'opinion "publique" cesse d'être la source attendue de la légitimité, les observateurs reconnaissent que compte d'abord l'opinion dominante.
Ils forgent alors l'expression d'"opinion dominique" pour qualifier cette bizarre configuration qui se met à contrôler la vie publique.
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L'insurrection américaine crée un courant de pensée incarné par les patriotes qui voient dans cet évènement une aube de l'humanité. Parmi les radicaux anglais qui s'en inspire, Thomas Paine, plus tard député de la convention en France, conclut dès 1776 que ce sont les temps qui éprouvent les âmes des hommes. Les Etats Unis deviennent dans les années suivantes la terre d'accueil d'une partie de ces patriotes hostiles à la monarchie anglaise et partisans de la révolution française, au moins jusqu'en 1792, puis de français désireux d'échapper à la guillotine.
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