out bougeait au ralenti dans le cerveau de Nickie. Comme dans un mauvais rêve. Était-ce bien elle, assise sur la banquette arrière d’une voiture de police? Elle venait de quitter la morgue où elle avait identifié son amant. Fernand Morin, le seul qui savait l’écouter des heures sans lui poser de questions. Qui l’accueillait dans ses draps en silence. Fernand, qui la gâtait comme un père sa fille, qui réparait sa voiture, qui lui prêtait des sous et oubliait de se faire rembourser. Il voulait l’aider. C’était sa manière à lui. Au début de l’été, il avait perçu son désarroi. Elle n’était plus la même, au bar. Il voyait en elle. À travers elle. Elle lui avait raconté pour l’autre. Comment il l’avait laissée tomber au moment où elle était le plus fragile. Elle avait voulu mourir. Il l’avait recueillie comme un petit oiseau tombé du nid. Il lui avait sauvé la vie et voilà que c’était la sienne qu’elle avait détruite.
Heureusement, sa fragilité mentale n’avait pas affecté la perfection de ses traits. Beaucoup plus jeune que lui, elle avait encore ce corps si particulier qui l’avait séduit: une carrure fragile à la Jane Birkin, des traits anguleux, une peau diaphane dans laquelle on pouvait se perdre. Peu de femmes aujourd’hui savaient s’abandonner et se laisser faire au lit comme sa Jocelyne. Elles croyaient toutes, et combien à tort, qu’il les préférait actives et prenant les devants. Toute cette agitation sexuelle le lassait. Il s’était découvert un véritable univers de plaisir dans la passivité féminine. Rien ne l’excitait davantage que cette position que Jocelyne savait prendre, allongée sur le dos, le bras replié sur ses yeux, la tête légèrement tournée vers le côté comme pour échapper à un supplice.
Durant les cinq années où elle avait enseigné le difficile métier d’enquêteur, elle n’avait jamais rencontré un esprit aussi vif. Judith Allison était vraiment douée. Elle avait tout de suite saisi que la certitude absolue n’existait pas. Que, dans la conduite des interrogatoires, c’était la vérité qu’il fallait d’abord traquer et non la culpabilité. Un coup de nostalgie l’assaillit. Toutes leurs soirées inoubliables passées ensemble à philosopher sur les notions multiples de cette vérité: le possible, le plausible, le crédible… Des questionnements qui ennuyaient la plupart des nouvelles recrues, mais qui les passionnaient toutes deux.
Les hommes ne changeaient pas. Elle en savait quelque chose. Agresseur un jour, agresseur toujours. C’était un expert en manipulation. Il les avait roulés une première fois. Pourquoi ne leur échapperait-il pas encore?
Tu ne dois pas croire tout ce que ta mère t’a raconté. Elle était romancière. Elle aimait inventer des histoires.
Trois entrevues en solo et en rafale avec des auteur.rice.s autour d'un même sujet: le polar. Enquêtes, trafic d'armes, justice… le polar se développe à travers des histoires haletantes de crimes, de fugitif·ve·s et d'inspecteur·rice·s. Venez à la rencontre de ces auteur·rice·s contemporain.e.s qui font augmenter notre rythme cardiaque au fil des pages: Maureen Martineau (Criminelles), Marie-Ève Bourassa (Tout écartillées) et André Jacques (Les gouffres du Karst). Animation: Morgane Marvier.
Avec:
Maureen Martineau, Auteur·rice
André Jacques, Auteur·rice
Marie-Eve Bourassa, Auteur·rice
Morgane Marvier, Animateurrice
Livres:
Les gouffres du Karst
Criminelles
Tout écartillées
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