1361 : Blanche, une petite fille noble arrive au Domaine des Murmures avec son père et elle est fiancée au fils de Haute-Pierre, maître du château. C'est une rousse malicieuse, voulant tout apprendre et tout savoir, ayant une dévorante envie de vivre... Pourtant, elle est morte à douze ans et aujourd'hui, c'est la vieille âme qu'elle est devenu ainsi que l'âme de sa -courte- enfance qui nous raconte son histoire mêlé avec la grande Histoire...
J'avais aimé
du Domaine des Murmures, livre du même auteure ayant gagné le prix Goncourt des Lycéens 2011. Des années plus tard, c'est un plaisir de revenir sur ce territoire empli de légende et de conte, avec toujours cette ambiance cruelle, mystique et sensuelle. Deux siècle plus tard seulement mais toujours une "double' âme pour nous conter.
L'écriture est enchanteresse, très poétique et imagée, musicale parfois, s'accordant parfaitement au temps fascinant qu'est le Moyen-Age. Et en plus, par la parole des deux âmes, la vielle âme et la petite fille d'alors, ce qui fait une double narration intéressante...
Si Blanche est différente d'Esclarmonde, elle est tout aussi passionnante : c'est une jeune fille qui veut tout découvrir, voulant se dérober de l'autorité de son père, homme dur et intransigeant dont on découvrira un côté intimiste et tendre inattendu plus tard. Curieuse sur le monde, elle ne veut pas être fixée sur son sort. Avec elle, la métaphore entre : elle communique avec la mystérieuse Dame Verte, une géante habitant dans la Loue, une rivière impétueuse.
La nature est très présent dans le livre, surtout la fameuse Loue, dont on commence et on termine le récit, redoutée des hommes mais d'une puissance magique.
Les personnages sont variés et incarnant tous l'image de l'époque : Blanche, la petite noble voulant se rebeller, Aelis, sa "belle-mère" femme mal mariée et souffrant d'un amour non redevable, Aiglantine, sa douce fille qui risque le même sort que sa mère, Aymon le fils, un adorable idiot qui sympathise avec les animaux, Eloi, jeune charpentier complice et travailleur, Haute-Pierre, le seigneur gras et jovial, Guillemette, la cuisinière-magicienne dont les enfants morts lui rendent visite... une galerie de portraits. Et évidemment, La Dame Verte, qui n'est d'autre qu'un personnage connu dans
du Domaine des Murmures.
La rêverie et la réalité se mêlent et s'entrecroisent, si malheureusement les ravages de la Male Mort (la peste noire) se font toujours sentir, il y a toujours une part de poésie.
Le Moyen-Age est toujours bien marqué : son organisation sociale, ses chansons, les prénoms, les vêtements la période historique, on s'y retrouve vraiment...
Si le récit est magnifique, il y a toujours des langueurs et des passages qui sont longs et un peu surfait. Et il y a aussi la fin que j'ai un peu mal compris mais bon.
Une histoire digne d'un conte à découvrir, à plonger dans une époque reculée mais digne d'intérêt. Mais il faut prendre garde à la Loue...