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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La terre qui penche exerce une étrange force d'attraction dans l'esprit du lecteur. le langage très poétique de Carole Martinez nous emporte dans un univers parallèle, où l'on se penche pour mieux entendre son histoire. On défie le temps et l'espace afin de se rapprocher au plus près du message qu'elle veut délivrer.

En mêlant fantastique, conte et légendes du moyen-Age, elle rappelle la condition des femmes qui étaient totalement soumises et n'avaient pas le droit à l'éducation.
Il est inutile d'essayer de démêler le vrai du faux car l'auteure utilise les codes du genre pour visiter les tréfonds de nos émotions.

Ce récit s'échappe vers d'autres rêveries inattendues sans que l'histoire en souffre puisque Carole Martinez sait se saisir d'images pour en faire jaillir la vie brute, sans fard, pleine d'une lumière qui rend sa langue encore plus expressive.
On en ressort ensorcelé, des histoires brodées dans l'esprit.


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Un moyen-âge à demi rêvé, un conte pour adultes pas sages, une initiation à la maturité, par la magie du don d'enfance, une préparation à la perte et à la mort d'un optimisme ensoleillé, un récit terrien et pourtant plein de secousses et de déluges..

Une fois encore, dans cette langue généreuse, charnelle et lumineuse qui n'appartient qu'à elle, Carole Martinez sait nous ensorceler, nous emmener, loin des sentiers battus...

Pourtant on reconnaît d'abord le domaine des Murmures, perché sur cetteTerre qui penche vers les bords de la Loue, la rivière -une Vouivre séductrice, tour à tour maternelle ou maléfique. Au coin d'un bois dansent les petites filles rouges de la Cuisinière des délices, mais ce sont des petites mortes, et l'Ogre les guette toujours, homme ou cheval, prédateur ou bête de guerre, appelé Bouc, pour achever de nous brouiller la raison. Entre le château et les bois, sautille Aymon, petit enfant sauvage, garçon-chien, homme-oiseau, qui vit dans les arbres, une sorte de Peter Pan médiéval, qui se nourrit d'affection et de tendresse.

Le conte, on le voit, n'est jamais loin, ni la chanson , populaire ou savante, chanson des rues ou chanson de troubadour, qui fait danser le récit. Sarabande, pavane ou danse macabre, c'est selon...

L'Histoire met aussi ses jalons plus convenus : pestes, famines, bûchers, clercs et manants, seigneurs et serfs, tournois et belles dames, mariages forcés et adultères à la Tristan et Yseult..

Et l'histoire avec un petit H musarde entre ces deux grands sœurs, la légende dorée et la réalité historique.

Elle suit les pas menus d'une petite Blanche aux cheveux roux, qui ne sait pas encore écrire mais ne veut déjà plus obéir. Une petite flamme toute droite de colère contre son tyran de père, qui, on le sait dès le début, doit mourir à 12 ans.

C'est sa vieille âme qui nous le dit, elle qui flotte encore, plusieurs siècles après, sur ce paysage comtois enchanté et farouche. Et la petite Blanche vit pas à pas le présent qui la rapproche de ce terme fatal mis à son enfance, tandis que sa vieille âme, sereine, apaisée, accueille son récit dans l' océan indifférent du temps.

Je me serais presque laisser charmer par ces chants amoebées si je n'avais pas trouvé à cette alternance un petit caractère d'artifice, comme à l'histoire elle-même d'ailleurs, qui s'allonge et s'étire, avec ses redites et ses refrains, comme les méandres paresseux de la Loue, mais ne déferle pas, vive et forte, comme l'échappée belle du Cœur Cousu ou ne se déploie pas, intense et concentrée, comme le formidable récit de la recluse Du Domaine des Murmures.

J'ai aimé retrouver au fil du récit, comme le Petit Poucet ses cailloux blancs, les personnages des contes de l'enfance, les mythes élémentaires ou littéraires, le fredon joyeux des chansons de toile ou de rue..mais jamais sans me départir d'un petit soupçon, d'une légère réserve qui freinait mon enthousiasme....

Complaisance, trucage ou simplement manque de pertinence dans le propos?

J'aime toujours Carole Martinez, mais elle m'a moins étonnée, moins pétrifiée d'admiration qu'à ses deux précédents livres... J'ai sans cesse été retenue au bord de cette Terre qui penche sans m'y laisser rouler...
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Ce magnifique roman n'est pas réellement la suite de du Domaine des murmures. Il en est la continuité historique et géographique, mais sans plus de lien (sauf défaillance bien possible de ma mémoire) qu'une courte allusion.
C'est une très belle histoire, ou du moins la qualité de la narration à deux voix me l'a fait ressentir ainsi. Les faits sont relatés par une toute jeune fille, Blanche, qui raconte sa vie, décrit ses sentiments, souvent d'une grande pureté (bien qu'elle remarque bien combien le monde autour d'elle est rempli d'arbitraire, de souffrances et de mensonges). Les faits et les pensées sont aussi commentés par une autre personne -je vous laisse découvrir ce qui les unit- avec plus de recul, plus d'amertume aussi. On comprend vite que Blanche, à douze ans, va quitter son cocon familial pour la terre qui penche, être mariée ? On craint assez vite aussi que cette histoire ne se termine mal, tant ce monde est dur et durcit les hommes.
Ce moyen âge est décrit par l'exemple, il ressemble à celui je croyais connaître un peu (mais pas à celui de mes livres d'histoire de l'école primaire), et je pense que Carole Martinez est bien renseignée ; sûrement elle m'a appris des choses vérifiables et m'a incité à repenser ce temps et ses rapports de classes. La peste ! Les mauvaises récoltes ! Les jacqueries ! Et la fin de la guerre de cent ans qui a permis à des troupes ne sachant que se battre, tuer et voler d'accroître la misère des campagnes.
La géographie de cette Franche-Comté est aussi un sujet toujours présent, La Terre qui penche permet seulement de cultiver la vigne et les plaines sont rares. Surtout, la Loue, rivière paradisiaque mais aux crues meurtrières est finalement aussi un personnage, féerique, dont le rôle est capital.
Dans ce décor se déroulent des vies, des morts, des amours, des trahisons, avec beaucoup de personnages dont la première apparence n'est souvent pas la vraie. Tout cela est très riche et encore magnifié par l'innocence de la première narratrice, le long pessimisme de la deuxième et la magique Loue.
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"La Terre qui penche" est un roman à deux voix :celle de la vieille âme, morte la veille de la terrible crue de la rivière mystérieuse "la Loue" en 1361 et de la petite fille qui est le même fantôme qui raconte sa vie d'enfant.
La vieille âme et la petite fille forment donc une seule et même personne.
La vieille âme a des souvenirs plus troubles tandis que la narration de la petite fille se fait au présent.
Cette enfant a un caractère bien trempé : elle parle sans cesse du diable , veut apprendre à lire et observe son père. Celui-ci la bat pour éloigner les vilaines pensées qu'elle exprime en parlant tout haut pendant son sommeil .
Un jour, elle est emmenée au domaine des murmures et tout un mystère entoure sa personne.
La cohérence du récit est moins importante que l'ambiance, le style d'écriture, les images, les expressions qui sont parfois surprenantes.
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Carole Martinez se dit avoir été hermétique au Moyen-Age lors de ses études littéraires, et pourtant, elle a consacré deux de ses romans, le Domaine des Murmures et celui-ci, à cette époque. C'est qu'elle a été nourrie de fables et de chansons médiévales...
Le Moyen-Age qu'elle nous donne à voir, ici, n'est pas celui des livres d'histoire et on n'apprendra pas grand chose sur la grande Histoire; en revanche, on y vit les ravages de la Peste, les tournois, le temps des seigneurs et des vassaux, la totale soumission des femmes-objets livrées à 12 ans au mariage arrangé.

On entre tout de suite dans la peau de Blanche, petite fille encore que son père, veuf et père de multiples bâtardes issues de copulations à la va vite devant la cheminée, échange contre un soutien financier à Hautepierre dont le fils est idiot.
Mais Blanche et Aymon l'idiot, l'Enfant, partagent encore le même imaginaire enfantin et la même innocence; tous les deux, ensemble vont se bercer sur la Loue, rivière dangereuse qui cache la Dame Verte, morte sous les coups et vengeresse.
Avec ce livre, on plonge dans un Moyen-Age mythique, violent et onirique auquel Blanche comprend peu de choses.
Je reprocherais à ce livre d'un peu trop se disperser en son milieu et d'être complaisant par moments, inégal avec un début et une fin très bien écrites et qui se relâche entre les deux.
une belle découverte malgré ça, et une envie de découvrir ses autres livres.
Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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Quel roman épique que celui-ci ! On se retrouve au temps d'antan, à l'époque des preux chevaliers et des douces châtelaines, où le merveilleux est présent tout au long du livre.

Ce roman est fait de peur, de crainte, de cruauté, de misère, de désespoir, de joie, de tendresse, d'amour.

Au-delà de ces émotions, il y aussi les personnages auxquels on s'attache, que l'on plaint, pour qui l'on craint. Il y a Blanche, qui veut absolument savoir lire, Aymon, personnage combien important dans ce roman, son promis, simple d'esprit mais tellement débordant de vie et d'amour envers tout ce qui vit, tout ce qui est floral, minéral ou animal. Et tous les autres qui sont liés à Blanche et à Aymon. Ainsi que la Loue et « la Vieille Ame ».

Comme pour ses deux autres romans, il suffit de se laisser porter par l'écriture de Carole Martinez qui nous enchante et nous fait traverser les temps pour nous retrouver au 14ème siècle et vivre l'enfance de Blanche jusqu'à…

Carole Martinez vous prend dans ses rets pour mieux vous ensorceler.

Que j'aimerais avoir son don de conteuse ainsi que son imagination !

Je me suis remémorée mes souvenirs d'enfance, lorsque je me pelotonnais au coin du feu pour écouter ou lire un conte qui m'emmenait par-delà le monde.
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Blanche est conduite par son père au domaine des murmures, cette drôle de terre qui penche. Elle doit y épouser le fils du seigneur des Murmures, le surprenant et attachant Aymon. Elle n'a que 12 ans mais on sait qu'elle va mourir puisque sa voix de petite fille et celle de son âme vieillit nous conte sa triste histoire.
C'est donc depuis la tombe que Blanche et sa vieille âme s'adresse au lecteur. Blanche est une jeune fille qui souhaite apprendre à lire et être libre. Mais son père en a décidé autrement. Il a besoin de son union pour des raisons financières. Arrivée au domaine des murmures, elle aura la chance de suivre les cours d'un précepteur qui lui permettra de commencer l'instruction à laquelle elle aspire tant. Au fil de sa courte vie au domaine elle découvrira le secret de sa naissance, de la mort de sa mère et découvre qui est, réellement, son père. Dans ce récit, se mêlent à l'histoire, des croyances, des expériences surnaturelles.
Comme à son habitude et grâce à cette plume inimitable, Carole Martinez nous emporte dans son monde. Un monde où se côtoient les humains et leur folie mais aussi un fort rapport avec la nature où la rivière est très présente.
J'ai été ravie de replonger dans son monde. Si seulement elle pouvait ne pas attendre 4 ans avant le prochain titre.
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D'aucuns vous diront que si vous avez lu un livre de Carole Martinez, vous les aurez tous lus…

N'empêche, une fois encore, je me suis laissé ensorceler par sa plume enchanteresse, par son art qui, sans avoir l'air d'y toucher, fait éclore des émotions enfuies au plus profond.

Dans La terre qui penche, nous revenons sur les bords de la Loue, rivière faite femme, femme devenue mythique. Par delà la tombe c'est l'âme de Blanche qui s'adresse à la petite fille qu'elle était tandis que l'enfant se raconte au présent, qu'elle conte ce passage si particulier de la fille à la femme. Roman initiatique au féminin, thème cher à son auteure, au réalisme magique, entre conte et légende, La terre qui penche nous transporte par-delà le temps et l'espace en un hymne à la vie.
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L'histoire de Blanche petite fille de 11 ans au Moyen âge , plus précisément en 1361 , époque où les petites filles n'ont pas droit à la parole , se marient encore enfant , alors que Blanche veut apprendre à lire et écrire son nom .
C'est un récit poétique , cruel sur les us et coutumes de l'époque , la peste a fait des ravages , les orphelins sont livrés à eux mêmes , les prédateurs arrivent à donner le change , Blanche va se révolter , va essayer de prendre son destin en mains .
Mais l'époque n'est pas propice à la réalisation des rêves , surtout de jeunes en rébellion .
L'histoire de Blanche résonne encore en moi même s'il y a plusieurs mois que j'ai lu ce livre , cela est dû à la magie de l'écriture de Carole Martinez , même si je n'ai pas retrouvé la puissance de l'écriture du Domaine des murmures , il y a un charme indéniable , une petite musique douce qui parvient jusqu'à nous .
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Carole Martinez nous entraîne dans ce roman dans un dialogue entre une jeune fille, fille d'un seigneur au Moyen-âge, et de son âme, des siècle plus tard. La vieille âme apporte ainsi un regard avec du recul sur l'histoire que nous raconte la jeune fille.
C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé la Franche-Comté dans ce livre. La Loue, source intarissable de légendes, la nature partout présente, le relief, l'isolement, la vouivre... C'est une peinture qui rend hommage à cette région que l'auteure doit beaucoup apprécier, au regard du portrait qu'elle en dresse.
J'ai parfois été gênée par la violence présente dans ce texte, pourtant très poétique. Mais cette violence est justifiée, tellement elle est une composante importante de l'époque. On s'attache à notre petite héroïne, a son caractère libre qui s'affirme, si proche de la nature dans laquelle elle évolue.
Encore un beau portrait de femme de la part de Carole Martinez.
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