Ce tome contient les épisodes 110 à 115 de la série, ainsi que les 3 épisodes de la minisérie "First born".
Sara Pezzini est enceinte et l'accouchement se rapproche de jour en jour. Une série de corps calcinés réclament l'attention de la police de New York, et en particulier de
Patrick Gleason (le co-équipier de Pezzini). La horde de l'Angelus attaque Cyberforce pour trouver une hôte à sa chef, avant de se rabattre sur Celestine (une ex-ennemie de Pezzini). Pendant ce temps là; Jackie Estacado (The Darkness) s'introduit chez elle pour lui apprendre qui est le père de l'enfant à naître. Comme une vieille connaissance n'arrive jamais seule, Magdalena (Patience) intervient pour se ranger au coté de Witchblade afin de protéger l'enfant à naître.
Pezzini peut également compter sur l'aide de Danielle Baptiste, la nouvelle porteuse de Witchblade. Les différentes factions sont en place, les alliances se forment et l'affrontement pour savoir qui aura en charge l'enfant est sans pitié, ce qui est incompatible avec un accouchement sans douleur. Une fois le sort du nourrisson réglé, Sara Pezzini essaye de retrouver une vie normale, et Danielle Baptiste continue de s'adapter à son rôle de balance cosmique.
Ça faisait assez longtemps que j'avais arrêté la lecture de Witchblade (trop de plans racoleurs, pas assez de scénario). Et puis le nom de
Ron Marz au scénario m'a incité à jeter un coup d'oeil ; les illustrations de
Stjepan Sejic m'ont convaincu de tenter la lecture d'un tome. Si vous êtes puriste, vous préférerez peut être commencer avec le premier tome écrit par
Ron Marz, "Witch Hunt". Sinon ce tome comprend tout ce qu'il faut pour le lecteur qui ne connaît pas cet univers : 4 pages d'introduction présentant les personnages principaux, et un récit qui prend le temps de rappeler qui est qui.
Ron Marz a écrit tous les épisodes sauf 2 écrits par
Ian Edginton (113 & 114).
L'histoire est très linéaire, très facile à suivre. le moteur du récit carbure aux décharges d'énergie produites par la lutte du bien contre le mal.
Ron Marz introduit quelques variations dans ce schéma classique : les anges sont du coté du mal et les ténèbres sont du coté du bien. Pour autant, il n'y a aucune portée philosophique, aucune profondeur religieuse. Ce récit se veut un grand spectacle d'aventures dans les 6 premiers épisodes et le but est atteint. Les 2 épisodes suivants écrits par Edginton ne volent pas très haut. Il faut attendre le retour de
Marz pour que le récit retrouve une dynamique satisfaisante.
Marz se concentre essentiellement sur le personnage de Sara Pezzini qui apparaît comme une femme dotée d'un solide caractère avec des idées reçues sur l'enfantement et une vision très pragmatique de la vie. Les autres personnages sont surtout là pour lui donner la réplique et guère plus.
Parmi les 9 épisodes contenus dans ce tome (pour un prix très raisonnable), 3 sont illustrés par
Stjepan Sejic. Ce créateur a recours à l'infographie pour créer ses dessins et le résultat flatte la rétine d'une manière incomparable. Il faut voir pour le croire la finesse de la texture des armures des anges, les ailes auxquelles il ne manque aucune plume, le doux miroitement des parties métalliques de Darkness, le niveau de détail des immeubles vus du ciel, etc.
Sejic marie à bon escient les éléments importés de photographies, les capacités de création de textures et de motifs par infographie, les touches de pinceau également à la palette informatique. Il se révèle aussi doué que
Clint Langley (Slaine - The Books of Invasions) pour insérer des trames complexes générées par ordinateur dans ses images. Par contre, il est moins obsédé du détail que Langley et il amalgame volontiers plusieurs styles pour un résultat qui présente une grande cohérence visuelle. Les différents morceaux ne s'anéantissent pas, ils forment un tout harmonieux (au moins à mes yeux). Par contre il faut reconnaître que son rendu des visages reste dans un registre simpliste et un peu figé. Mais globalement, c'est une fête visuelle que de voir un illustrateur prendre des risques esthétiques pour un parti pris graphique qui sort de l'ordinaire.
Les autres épisodes sont dessinés tour à tour par
Luke Ross (classique et efficace avec un sublime encrage de
Kevin Nowlan),
Stephen Sadowski (très basique, avec également un sublime encrage de
Kevin Nowlan),
Rick Leonardi (difficile à regarder par moment, mais un encrage encore plus magnifique de
Kevin Nowlan) et Sami Basri (agréable à l'oeil, bien qu'un peu fade) dans une technique conventionnelle.
J'ai retrouvé avec plaisir le personnage de Sara Pezzini pour des aventures au rythme rapide et faciles à lire. J'ai été enchanté de découvrir
Stjepan Sejic et ses illustrations ambitieuses même si elles ont besoin d'un peu de maturation. Je pense que je lirai le tome suivant Witchblade 6, avant de me lancer dans le crossover "Broken Trinity".