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3,77

sur 1469 notes
Livre intéressant sur le cheminement et les reflexions de son auteure apres avoir regardé une vidéo qui va remettre en question ses convictions et la vision de sa propre histoire familiale.
Un livre poignant et touchant abordant deux sujets délicats : la peine de mort et l'autre je ne vous dis rien vous le découvrirez bien assez tôt.
Une écriture sensible, car l'histoire personnelle de l'auteure est bouleversante.
En retraçant le parcours de ce tueur d'enfant condamné à mort puis à la prison à perpétuité, l'auteure ouvre les portes sur son propre passé, non sans douleur.
Sa quête de vérité va transformer toute sa vie, ravivera les non dits familiaux, sa carrière professionnelle prendra un tournant inattendu.
Un roman autobiographique, une enquête journalistique approfondie, une belle plume, un livre que je n'ai pas lâché.
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L'empreinte, écrit par Alexandria Marzano-Lesnevich, est un livre au croisement de plusieurs formes narratives. C'est avant tout une autobiographie à la précision saisissante, mais l'histoire nous prend à la gorge et nous tient en haleine tout au long des pages tel un thriller. Se mêlent alors dans un merveilleux entrecroisement savamment dosé, deux chemins : le récit d'investigation d'une affaire judiciaire dans la Louisiane profonde et celui d'une introspection dans la propre existence de la narratrice. Les deux récits vont faire écho et se parler avec fracas et émotion...
Mais par-delà la richesse narrative, la première qualité de ce livre est de nous bouleverser, de nous déranger aussi.
J'ai trouvé ce livre puissant, magnifique, émouvant par son intelligence et sa lumière.
Car il faut convoquer la lumière pour décrypter les chemins les plus effroyables...
Ce livre est d'une force inouïe par ces deux seuls mots qui résonnent encore en moi alors que je viens à peine de le refermer, le mot comprendre et celui de vérité...
C'est une vidéo datant d'une dizaine d'années, qui est le point de départ de ce récit. Alexandria Marzano-Lesnevich est alors étudiante en droit, nous sommes en 2002, elle a alors vingt-cinq ans et est farouchement opposée à la peine de mort.
Cette vidéo va dans le même temps lui faire connaître un jeune homme originaire de Louisiane, Ricky Langley et remettre en cause ses convictions morales les plus ardentes. Dans cette vidéo l'homme confesse avec froideur et cynisme l'agression
sexuelle suivie du meurtre qu'il a commis sur un petit garçon de six ans, Jeremy Guillory.
Certes ce récit a tout du thriller, pourtant il ne s'agit pas de trouver l'assassin, remettre en cause les faits puisqu'ils sont indéniables, mais plutôt de jeter ses pas dans les méandres de l'humain.
Après avoir visionné cette vidéo, la jeune femme s'entend dire cette pensée sidérante : « Je veux qu'il meure. »
Alexandria Marzano-Lesnevich va alors s'engager dans un voyage prenant, tirer le fil de deux histoires, celle de Ricky Langley, remonter le cours de la vie du jeune homme, sa famille, son enfance, remonter même bien avant sa naissance... Et celle de sa propre existence, son enfance, sa famille. Cette affaire réveille en elle des choses enfouies, son grand-père qui abusait d'elle quand elle était toute petite fille, le silence tout autour car il ne fallait surtout pas en parler...
Au fur et à mesure qu'Alexandria Marzano-Lesnevich se plonge dans le récit du parcours de Ricky Langley, qu'elle fouille les nombreuses archives depuis l'enquête, les lourds dossiers, l'intégralité des actes des procès qui vont successivement juger Ricky Langley, de sa condamnation à mort jusqu'à ce qu'elle soit transformée en perpétuité, le corps de la jeune femme se souvient, la mémoire de son corps se réveille alors et les cicatrices encore présentes, tant physiquement que dans ses souvenirs de petite fille, redeviennent brusquement douloureuses...
La façon de juger un homme tient forcément compte de la propre histoire des jurés, des avocats aussi, de leurs croyances, de leur religion, des accidents qui ont pu jalonner leur existence. Alexandria Marzano-Lesnevich décortique le chemin qui mène jusqu'au verdict, comprendre... Il y a mille façons d'écrire, réécrire une histoire, l'histoire des autres à travers le prisme de son propre chemin.
Comprendre l'effroi et les élans du cœur...
Comprendre pourquoi aussi la mère de l'enfant assassiné témoigne brusquement pour que l'accusé parvienne à échapper à la chaise électrique...
Le récit mené avec intelligence et sensibilité soulève peu à peu le drap posé sur le passé, fait surgir les silences, les non-dits, le poids des secrets de famille, les blessures de l'enfance, les signes, les appels au secours, les causes qui permettent non pas d'expliquer, non pas forcément de pardonner, mais simplement de comprendre...
Comprendre l'humain parmi l'ambiguïté des êtres que leur propre histoire façonne...
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Quel texte surprenant, totalement hybride, entre roman et témoignage ! Quel récit fort également qui narrent la vie et les procès de Ricky Langley, pédophile et meurtrier du jeune Jeremy Guillory dans les années 90, tout en racontant l'histoire personnelle de la narratrice. Cette dernière, étudiante en droit quand elle découvre l’affaire, decide d’explorer ce dossier pour en déterminer les tenants et les aboutissants mais aussi les causes, l'origine de ce mal, qui fait tant écho au sien. Pour se faire, elle va se plonger dans l'histoire familiale de Ricky et Jeremy mais surtout dans la sienne, entremêlant les deux récits. Et c'est passionnant, notamment sur le poids et les impacts du silence parental, sur le pardon, sur les conséquences du passé. C'est aussi d'une grande violence. Sur un sujet difficile, Alexandria Marzano-Lesnevich réussit un écrit d'une grande maîtrise et parfaitement réfléchi, très émouvant et éprouvant. Un texte que l'on n'oublie pas. Merci à Netgalley et à Sonatine pour cet envoi. #Lempreinte #NetGalleyFrance
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Alex Marzano - Lesnevitch est une étudiante en droit à Harvard.
Elle s'oppose à la peine de mort jusqu'au jour où elle étudie le dossier de Rick Langley, accusé de l'assassinat et d'atteintes sexuelles sur un jeune garçon de son quartier dont il avait souvent la garde et ce, malgré des accusations de pédophilies connues contre lui mais pas par les gens de son voisinage .
Alexia va enquêter, fouiller le dossier, disséquer la personnalité de l'assassin et de sa famille.
Le côté assez insoutenable de l'affaire, c'est que tout cela va faire resurgir un passé personnel de traumatismes qu'elle - même a subis dans son enfance.
Insoutenable ou libérateur ? Je crois que je n'ai pas le droit d'aller plus loin.
Je peux quand même dire qu'en analysant la genèse de la famille du tueur, elle agit de même pour les membres de sa famille et cela va lui permettre de maîtriser beaucoup d'éléments de sa propre histoire.
Alexia ne montre aucune émotion inutile dans ce récit qui tient beaucoup d'une chronique mais pas froide pour autant.
Elle se rend compte qu'en tant qu'avocate, elle serait totalement incapable de défendre de tels criminels.
Évidemment, je me suis posée la question du titre " L'empreinte" et pour moi, il s'agit de l'empreinte de l'histoire familiale sur une personnalité future.
J'ai lu le livre entrecoupé de lectures plus douces car certaines scènes sont fort dures. de ce fait, une distance s'imposait malgré le fait que le récit est vraiment intéressant grâce à l'analyse de l'auteure et à son implication personnelle dans l'histoire.
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J'habite un petit village situé aux portes d'un des plus grands aéroports du monde. Il est 22h00 et le ballet incessant des atterrissages a commencé. À ma gauche, les lucioles les unes derrière les autres. À ma droite, quelques décollages impatients.

Pourquoi je vous décris ce spectacle nocturne ? Parce qu'il me ramène à un rythme de vie fascinant. Des gens qui partent et qui reviennent, qui vont travailler, qui voyagent. Quelles que soient leurs douleurs.
Parce que ce cinéma en plein air me coupe de ma lecture comme une délivrance.

Pour l'instant, je ne parviens pas à aboutir à la fin de ce livre. Il m'épuise. J'ai pourtant bien avancé. Je suis en cours de chapitre, page 367. Au début, je n'ai pas réussi à rentrer dans l'histoire. Comme un déni.
Maintenant j'y suis. Trop même.

"Partout je regarde, je vois des traces des gens dont les noms reviennent dans les dossiers. Alcide, avec sa casquette roulée dans son point, sur un chemin de terre à Hecker, ses filles sur ces pas. Bessie en train d'ajuster la béquille qui lui mordait l'aisselle, puis se penchait pour faire les lits des enfants avant qu'ils rentrent à l'école. Et à présent Bessie et Alcide sous une dalle de béton, dans le sol. La chaleur étrangle les champs, elle a poussé tout le monde à s'enfermer. Ce territoire ressemble à une ville fantôme, un lieu qu'une histoire a emporté tel un ouragan."

Des films empreints de violence, j'en ai vus un nombre certain, car l'aspect dramatique l'exigeait. Les livres soutenus par la fureur font partie de mon quotidien. Je suis métalleuse, j'aime les groupes agités par la tempête.
La violence, je ne l'aime pas pour ce qu'elle représente à l'état pur, mais pour ce qu'elle contient. de tout ça, j'ai une grande distance et beaucoup de recul.

Le thème de la pédophilie transpire ici dans chaque ligne. Plusieurs enfants. Des familles entières décimées par le fléau. L'enfance est touchée et meurtrie de plein fouet. Arrachée. Je n'ai aucun recul. Je prends tout, j'aspire, une éponge. Je suis fatiguée.

Alors je regarde passer les avions. Je cherche un endroit calme dans un parc où je croise beaucoup d'enfants, avec leur innocence.
Ce témoignage nous rappelle la nature du crime qui agit telle une épidémie. Dans vos vies personnelles, quand vous creusez chez vos proches, vos amis ou en vous, il est si fréquent de découvrir une empreinte indélébile. Si souvent. Des témoignages, de près ou de loin, j'en ai trop entendus. Il suffit d'un pour changer votre vision du monde. Alors, pour l'instant, je suis essoufflée.

Alexandria Marzano-Lesnevich est troublante de vérité. J'aime ses mots, parfois soumis à une certaine maladresse, où elle se sent obligée d'expliquer que la vague qui déferle en elle, avec sa petite amie, n'est pas un orgasme, mais la terreur. J'avais compris, nous avions compris. Je sens ce besoin irrépressible de nous expliquer, animé par la peur d'être incomprise.

J'ai commencé l'empreinte mi-août. Je suis partie en voyage quelques jours avec un autre livre. Une coupure nécessaire.
Mon salon est parsemé de livrets, bandes dessinées ou récits de tout type. Plusieurs échappatoires.

Ce roman, je le terminerai. J'espère que mes propres mots partagés en confiance, avec vous, parviendront à apaiser la suite de ma lecture, avec le recul nécessaire.

Ce livre est une cicatrice ouverte.

Commencé le 19 août et terminé le 19 septembre 2019.
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Le livre s'ouvre sur un fait-divers devenu un des cas exemplaires soumis à la sagacité des étudiants en droit aux États-Unis. Ce fait-divers est l'aboutissement d'une chaîne de causalités mais si l'aboutissement ne fait aucun doute, comment retrouver la cause première?
Yves Montand chantait un problème analogue:
"Maudit soit le père de l'épouse du forgeron qui forgea le fer de la cognée
avec laquelle le bûcheron abattit le chêne dans lequel on sculpta le lit où fut engendré l'arrière-grand-père de l'homme qui conduisit la voiture dans laquelle ta mère rencontra ton père." (J'ai omis les Douwidouwidou wawa papapa payapa)
Ricky Langley a tué, c'est une certitude. Mais est-il le seul coupable? Quid des services de l'État qui n'ont jamais répondu à ses appels au secours? de son enfance fracassée? Des soupçons de pédophilie qui pèsent sur d'autres protagonistes de l'histoire?
Évidemment, menée par n'importe qui d'autre, cette enquête serait accusée de laxisme bêlant visant à nous apitoyer sur le sort de malheureux z'assassins. Mais Alex Marzano-Lesnevich est elle-même une victime et si elle s'est plongée dans les méandres de cette sordide affaire de meurtre sexuel, c'est qu'elle-même a été abusée pendant son enfance, et par son grand-père.
Le droit dit la culpabilité, c'est son rôle.Alex Marzano-Lesnevich a arrêté sa carrière d'avocate pour écrire des histoires: car seule la fiction peut s'approcher des mille et une vérités de l'intime. "L'Empreinte" reprend sans cesse les mêmes faits avec des variations infimes, variant les éclairages, qui dépendent à la fois des coupes faites dans l'histoire (Où la commencer?) et de ceux qui la racontent. Les différents témoins du procès de Ricky Langley n'ont pas tous le même discours sur l'accusé. Et, au fur et à mesure de son cheminement dans sa propre histoire, la narratrice non plus n'analyse pas les faits de la même façon.
Que son grand-père ait été lui-même abusé dans son enfance le rend-il moins coupable? Non, répond Marzano-Lesnevich qui n'a pas la moindre envie de s'imaginer un avenir de prédatrice sexuelle. Ses parents, sa grand-mère sont-ils d'odieux complices qui ont permis à leur père et époux de ne jamais répondre de ses actes? Oui. Et non. Parce que chacun fait ce qu'il peut pour maintenir l'équilibre précaire de sa vie et affronter ses propres démons. Personne ne peut être résumé à un acte unique.
Alors, que faire? Sinon refuser le silence, dire, écrire, vouloir comprendre. Et j'ajouterai: lire, aller vers les autres pour comprendre sa propre histoire, refuser les évidences et les jugements hâtifs, accepter les zones grises, l'indécidable et les nuances.
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Difficile de chroniquer cet ouvrage. Ce n'est pas un roman, ni une autobiographie, ni un documentaire pénaliste. C'est tout cela à la fois.
Du haut de ses 40 ans, Alexandria Marzano-Lesnevich raconte sa vie dans le New Jersey. Elle raconte sa famille d'avocats, mi-latine mi-slave, ses silences, ses secrets, ses extravagances. Elle raconte son mal être, sa quête d'elle-même, ses douleurs, ses terreurs, ses convictions. Elle raconte aussi la vie de Ricky Langley, emprisonné pour avoir tué un petit garçon de 6 ans en Louisiane. Elle raconte comment ce sordide fait divers, étudié alors qu'elle était étudiante en droit et opposée à la peine de mort, a bouleversé son fragile équilibre. Elle raconte la pédophilie de Ricky Langley, et celle de son propre grand-père.
Au début, ce livre m'a un peu fait penser à "De sang froid" de Truman Capote, par sa description clinique du meurtre. Mais Marzano-Lesnevich a tôt fait de réduire la distance entre son sujet et elle, en intégrant de la compassion pour toutes les existences fracassées qui traversent son ouvrage. Elle en fait un témoignage sur la pédophilie, le droit, le pardon, la misère humaine, et l'amour, mais un témoignage mâtiné d'imaginaire, ce qui en fait une oeuvre littéraire, et non une note de synthèse. J'ai aimé sa courageuse célébration de l'âme humaine dans toutes ses distorsions. J'ai également apprécié son absence d'exhibitionnisme : elle relate pour servir son propos, non son égo.
C'est donc une lecture inclassable, mais qui vaut qu'on s'y arrête car ce qu'elle porte est universel et se révèle, paradoxalement, bon.
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Juin 2003 l'auteure a 25 ans, elle est en première année de droit à Harvard, elle milite contre la peine de mort et effectue un stage dans un cabinet d'avocats de la Nouvelle Orléans qui défend des individus accusés de meurtre. le visionnage d'une vidéo dans laquelle un homme condamné à mort, Ricky Langley 26 ans au moment des faits, avoue le meurtre d'un petit garçon de 6 ans (Jeremy Guillory) va la renvoyer à sa propre histoire puisqu'elle a été elle même abusée par son grand-père durant son enfance. 12 ans plus tard alors qu'elle a arrêté le droit pour se consacrer à l'écriture et enseigne à Harvard, elle reprend l'enquête et remonte petit à petit le fil des évènements.
L'auteure alterne récits autobiographiques dans le New-Jersey et récits relatifs au meurtre de Jeremy Guillory en Louisiane, entrecoupés de procès verbaux d'audiences. Elle remonte peu à peu le fil de l'histoire, que ce soit sa propre histoire ou celle de Ricky Langley pour tenter de comprendre ce qui a poussé ce dernier à commettre ce crime pédophile.
Elle a su trouver les mots justes et intelligents pour parler d'un sujet difficile qui plus est la concerne. Son roman est extrêmement bien structuré. Elle ne suit pas nécessairement l'ordre chronologique des évènements et utilise des procédés tels que le "flash back", ce retour voulu tout au long du roman qui a une valeur explicative, et nous apporte petit à petit des informations. Elle utilise aussi des procédés d'anticipation en annonçant certains faits en avance pour les développer plus tard dans son récit ce qui a pour effet de nous tenir en haleine.
Ce roman m'a mis une grosse claque, Alex Marzano-Lesnevitch a su se mettre à nu en ce qui concerne son histoire personnelle et a réalisé une prouesse qui est celle de m'avoir fait ressentir à un moment donné de l'empathie pour l'accusé.

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L'empreinte est un récit fort. Prenant. Qui touche à toutes les cordes sensibles de l'humanité et de l'enfant devenu adulte qui sommeille en nous. Car nous portons tous notre histoire.

Pour certains, cette empreinte est comme une tache indélébile, douloureuse, qui gangrène à l'intérieur de soi car le silence l'enracine jusqu'au pourrissement.
"Si nous ne mentionnons que les moments de bonheur, peut-être seront-ils les seuls à exister."
Mais les traumatismes ne cessent pas d'exister parce qu'on ne les nomme pas.
Non plus lorsqu'on les dit et qu'ils ne sont pas entendus.
Bien au contraire, ils creusent leurs sillons, leur empreinte. Profondément.

C'est l'histoire d'un pédocrimminel.
C'est l'histoire d'une enfant abusée qui n'est pas sa victime.
C'est l'histoire de ce qui relie leur histoire.
Car nous sommes des écrans sur lesquels se projettent les fragments de ce que l'autre nous renvoie de nous-même. Au-delà de l'abus - par un auteur, sur une victime - que peuvent avoir en commun ces deux êtres ?
Tant de choses en réalité et c'est cela qui est absolument fascinant dans ce docu-fiction.

"(...) Il s'agit d'un livre sur la façon dont nous comprenons nos vies, le passé, sur la façon dont nous nous comprenons les uns les autres. Pour y parvenir, nous créons tous des histoires."

"Quelle que soit la nature des événements passés, le récit s'est chargé de les réécrire sans vergogne. le récit est devenu la vérité."

J'aurais bien envie de recopier encore plusieurs passages qui comportaient une réflexion sensible et frappante dans ce récit qui nous ébranle, nous bouscule, nous malmène même parfois, tant on se surprend à éprouver des émotions d'horreur, d'effroi, mais aussi de compassion parfois là où on n'attendait pas l'empathie...

A mi-chemin entre "Rien ne s'oppose à la nuit" (Delphine de Vigan) et "La petite fille sur la banquise" (Adélaïde Bon), deux très beaux livres, ce récit passionnera ceux que la psychologie humaine et son infinité de possibles et d'émotions intéresse. Tous ceux aussi que l'histoire familiale, ses silences et les prétendus hasards que la vie dépose sur nos routes troublent et questionnent.

Un très beau livre dont, bien que le thème soit dur, ne doit pas faire craindre un étalage gratuit de détails difficiles.
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« L'Empreinte » est un récit édité chez Sonatine et il est tout sauf un bréviaire où l'auteur brandit une vérité indivisible et faconde. Ce récit est celui d'une femme qui s'interroge sur les fils qui relient une affaire de meurtre d'un jeune garçon, par un dénommé Ricky Langley, avec son histoire intime d'enfant abusée par un membre de sa famille. Nous tissons ici les liens du transgénérationnel. de ce qui subsiste en nous après un traumatisme aussi effroyable que celui du viol d'un(e) enfant. « L'Empreinte » est signé Alexandria Marzano-Lesnevich. Retenez bien ce nom car il porte en germe les promesses d'un talent d'écrivaine hors norme. Au croisement du genre autobiographique, de l'enquête d'investigation, mais aussi réflexion sur la justice, sur le droit, sur la tentative toujours vaine de trouver LA vérité là où ne subsiste, le plus souvent, que des flashs de lumières au coeur des ténèbres. Alexandria Marzano-Lesnevich sonde l'âme humaine en cherchant à comprendre ce qui a pu conduire son grand père à abuser d'elle alors qu'elle n'était qu'une enfant. Ce qui la conduit à cette autre affaire de pédophilie, celle de l'assassinat de Jeremy, 6 ans, par un jeune homme, Ricky Langley. L'autrice remue les tréfonds de son histoire personnelle qui rencontre son désir de mettre des mots sur ce qui est par définition innommable. Étudiante en droit à Harvard, elle explique la mécanique, les rouages de l'appareil judiciaire qui broie tout afin de transformer un récit en vérité selon les stricts lois du code pénal. La vérité n'est pas purement diaphane, elle est aussi faite de pointe d'opacité. On y parle de la peine de mort, de la souffrance des victimes de pédophilie. On scrute aussi les erreurs de la machine judiciaire ou bien encore des centres de soins pour les personnes souffrant de troubles psychiques. le style d'écriture est ciselé, précis, sublime. La fulgurance de cette plongée dans la psyché des différents protagonistes de cette histoire est vertigineuse. On ressort de cette lecture où il est beaucoup question de deuils, de souvenirs douloureux, de traumatismes, de façon assez surprenante, avec ce sentiment que la vie reprend le dessus, qu'elle triomphe et se sublime même face aux pires épreuves que l'on puisse nous infliger. On suit l'évolution de son ressenti de femme abusée, alors qu'elle n'était qu'une enfant, et qui reprend possession peu à peu de son corps et de son désir de vivre avec ce passé sans qu'il n'occulte l'intensité du présent et les promesses de l'avenir. J'ai été happé, emporté par le cours de cette histoire et le talent d'une écrivaine dont on n'a pas fini d'entendre parler. Un grand livre assurément !
Lien : https://thedude524.com/2019/..
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