« La folie des hommes n'est pas comparable à celle des femmes : les hommes l'exercent sur les autres ; les femmes, sur elles-mêmes ».
Et pourtant, c'est les femmes qu'on enferme, au 19e siècle.
Ce roman m'a emmenée aux confins de la folie, la folie des hommes : les pères, les époux qui ne veulent pas être contredits par leur femme, leurs filles… et qui les enferment pour toujours dans ce lieu appelé « La Salpêtrière ». Là, les médecins, dont le célèbre Charcot, exercent sur celles-ci une influence puissante dont elles sont incapables de se dépêtrer, comme l'hypnose provoquant des crises épileptiques (en vue de les guérir ? ) devant un parterre d'hommes curieux et souvent goguenards, lorgnant seins et fesses.
J'ai suivi Eugénie, qui voit les morts, et que son notable de père a reléguée là-bas, pour éviter la honte. J'ai suivi Louise, violée trois ans auparavant par son oncle et qui, depuis lors, fait crise sur crise. J'ai suivi Thérèse, l'ancienne prostituée, qui a poussé son homme dans le canal tellement il la battait. J'ai suivi Geneviève, l'infirmière en chef responsable de dizaines « d'aliénées », traumatisée par la mort de sa jeune soeur des années auparavant.
Je les ai accompagnées dans leur calvaire et leur volonté farouche de vivre.
J'ai adoré ce roman prenant, décrivant si bien les couloirs sinistres de cet endroit, le dortoir immense où s'entassent les mélancoliques, les dépressives, les exaltées, les traumatisées de la vie, souvent à cause des hommes.
J'ai aimé cette ambiance mêlant le réel au monde de l'au-delà, auquel le spiritisme en vogue à l'époque veut accéder mais qui est vu comme la folie suprême.
Ayant lu et apprécié «
La salle de bal » de
Anna Hope il y a quelque temps déjà, j'ai commencé ce roman avec un peu d'appréhension, ayant peur de la comparaison. Mais s'il s'agit du même thème, celui-ci n'est pas traité de la même façon.
Alors j'ai dansé, dansé avec les folles…