Et si je la tuais maintenant ? Sans même chercher à savoir... Si je la tuais et la brûlais ?
Il frissonna. De telles pensées confortaient la vision qu'il avait du monde, un monde horrible où le meurtre paraissait plus simple que l'espoir.
Une seule pensée l’habitait : la cause du vampirisme était là, sous la lentille du microscope. Des siècles de superstition apeurée s’étaient vus réduits à néant à l’instant où il avait aperçu le bacille. (Folio SF, p.113)
La morale, après tout, avait sombré en même temps que la société.
La puissance du vampire tient à ce que personne ne croit à son existence...
Le concept de "normalité" n'avait jamais de sens qu'aux yeux d'une majorité
- (…) Leur statut leur vaut l’admiration et le respect de chacun. Comment voudrais-tu qu’ils se comportent ? Ce ne sont que des hommes, après tout. Les hommes peuvent prendre goût au meurtre. C’est une histoire vieille comme le monde, Neville.
Sa libido avait décliné pratiquement jusqu'à disparaître. C'est ce qui devait sauver les moines, pensa-t-il. Il fallait que l'instinct se mette tôt ou tard en sommeil, sans quoi aucun homme normal n'aurait pu se consacrer à une existence d'où le sexe était banni.
La croix... Il en serrait une dans sa main, une croix dorée qui étincelait au soleil du matin. Encore une chose qui éloignait les vampires. Pourquoi ? Y avait-il une explication logique à laquelle il pût se raccrocher, sans glisser sur la pente savonneuse de la superstition ?
Il s’était endurci, rendu imperméable aux images du passé. Seul le présent existait encore pour Robert Neville, un présent qui consistait seulement à survivre, au jour le jour, sans connaître ni joie ni peine.
« J’appartiens désormais au règne végétal », se disait-il parfois. C’était ce qu’il voulait.
p.131.
Voilà qui donnait à réfléchir : si un chien, avec son intelligence limitée, avait réussi à survivre, comment un être doué de raison n'en aurait-il pas a fortiori fait autant ?
(Folio SF)