Richard Matheson est l'une des dernières étoiles de l'âge d'or de la Science-Fiction. Il nous a quitté en 2013 pour rejoindre les astres de cette littérature. de son passage sur Terre, il nous aura légué des écrits mémorables et de belles collaborations avec les grands noms du cinéma – Stephen Spielberg pour ne citer que lui.
De son premier succès «
Journal d'un monstre » – courte nouvelle, mais stupéfiante –, il enchaîna avec le très décevant «
les seins de glace ». «
L'homme qui rétrécit » (1956) est son quatrième roman qui fait suite après le très célèbre «
Je suis une légende » (dont la traduction française a erroné le sens du livre, « Je suis légende » correspondrait mieux).
Richard Matheson agit avec nos peurs ataviques. Si on se réfère à « I am legend », l'être humain est conforté à l'effroyable idée d'être le dernier sur Terre. D'autres de ses récits s'interrogeront sur la possible vie après la mort. Ici, l'immonde veuve noire donnera des sueurs froides aux arachnophobes. Mais «
L'homme qui rétrécit » n'est pas que cela, c'est bien plus profond. le personnage principal – Scott – se voit confronté à la perte son identité.
On découvre
Scott d'une taille de Lilliputien enfermé dans le sous-sol – sa geôle. Son quotidien se résume à survivre pour récupérer une miette de pain sur la table en territoire hostile, un lieu détenu par une araignée, de boire l'eau de la chaudière et de constater chaque matin qu'il a encore perdu quelques centimètres.
Dès lors on se pose des questions. Comment a-t-il bien pu arriver ici. Que lui est-il arrivé. le récit est entrecoupé de souvenirs où l'on voit cet homme rétrécir depuis un étrange événement.
On ne peut ressentir toute la souffrance de cet homme qui voit sa vie basculer. Tantôt disséqué par une troupe de médecin, devenu une bête de foire par la presse, humilié par un pervers ou bien encore par une bande de gamins, terrifié par un chat et bien plus encore. On assiste impuissant à sa lente agonie où l'on suit sa vie de famille s'échapper. Pourtant, il restera un être humain avec tous ses besoins physiologiques et émotionnels.
Le livre est immersif et, à l'instar de « I am legend », nous plonge au coeur de l'être humain. L'auteur apporte une vision presque philosophique sur notre existence et nous distille quelques précisions pertinentes (sur la veuve noire, tout comme l'ail dans « I am legend »). L'écriture fluide et concise de l'auteur permet à ce très court roman de ne presque pas souffrir de tares. On notera quelques répétitions qui pourront nous agacer. Toutefois la copie reste impeccable. Ce livre est davantage à cataloguer dans le fantastique – voire surnaturel – que dans la Science-Fiction. Je déplore toutefois la divulgation de la raison de cette malédiction. J'aurai même préféré ne pas connaître pourquoi Scott rétrécissait. La fin, quant à elle, me donnait l'envie de poursuivre son odyssée.